Le Doppio movimento s’annonce tourmenté, une force et une densité dramatique vont offrir une intensité émotionnelle extrême ( même difficile à maîtriser au piano).
« Cette troisième partie (doppio movimento agitato tel qu’il est noté) en réalité une reprise du thème reposant cette fois sur de rapides triolets d'accords aux deux mains. Malgré le maintien de la ligne mélodique et du plan tonal initialement conçus, l'expression de la musique a pourtant diamétralement changé; la voilà maintenant agitée et nerveuse ( les 3 pour 4) plus dramatique que jamais. La tension de cette partie croît de pair avec la dynamique, qui passe ainsi du pianissimo initial au fortissimo. Vers la fin (à partir de la mesure 63), la passion se déchaîne dans de puissants accords et atteint presque l'hystérie. Au moment culminant (mes. 72), le compositeur choisit d'amener la détente en effectuant un brusque passage en ré bémol majeur, à l'image d'un faisceau de lumière venant balayer la scène. La musique s'apaise un instant plus tard en revenant à nouveau dans le ton d'ut mineur, puis s'achève sur une figure délicate, dont la curieuse sonorité est obtenue grâce à la note lydienne et à la seconde augmentée (mi bémol-fa dièse) dite « tzigane ». tirée du folklore de la région de Couyavie.«
Sur ce morceau, Gide note :
« Rien de plus simple que la composition, la proposition, de cet admirable morceau; mais encore faut-il que l'exécutant les comprenne lui-même; que son jeu les fasse valoir et, en quelque sorte, les explique. Si surprenante que puisse paraître la brusque irruption des coups de vent dans la seconde partie du morceau, en majeur, d'abord si calme, si ample et solennelle, l'étonnement doit vite céder à la compréhension, à l'admission de ce rythme ternaire de la basse, dont les battements précipités, lors de la reprise en mineur, doivent être donnés avec une régularité parfaite reconquise, un triomphe de l’élément spirituel sur les éléments d’abord déchaînés. Tout est perdu (c’est-à-dire que l’on n’y comprend plus rien) si c’est le romantisme qui triomphe. Et surtout : pas de brio ! Mais ce que le virtuose nous offre le plus souvent, c’est une voix perdue dans la tempête. Chopin n’a pas voulu cela.»
Quelques petits éléments qui vous permettront d’aborder cette œuvre même si après l’on se fait chacun une idée personnelle de l’œuvre , ce qui donnera à votre interprétation une vraie grandeur et sincérité..
Bon courage Chtilli, ce n’est pas une nouvelle montagne qui va vous arrêter...

