Je pense que Platini, au moment de tirer ses fameux coups francs ne regardait ni sa chaussure ni le bas de son dos, mais s'appliquait à restituer
dans la situation présente les milliers (oui, des milliers) de coups francs qu'il avait patiemment tirés à l'entrainement. En plus en choississant des trajectoires nouvelles qui ont trompé les gardiens de l'époque.
Il choississait un but (c'est cas de le dire) et une intention, et
ensuite il faisait confiance à 100% à ses automatismes patiemment développés.
Et on pourrait multiplier les exemples...
Je peux jouer aux Echecs sans voir l'échiquier et par exemple dire
instantanément, sans aucun moyen mnémotechnique, ni calcul ni astuce si une case donnée (b2, c4, a7, c8, g6 etc...) est blanche ou noire (un echiquier a un sens, la case en bas à droite doit toujours etre blanche quand on installe l'échiquier. Le nombre de fois où j'ai vu l"erreur, au cinéma par exemple...).
Je n'ai pas appris les 64 cases par coeur,
je les "sais", c'est tout.
C'est la conséquence directe, et je dirais même involontaire, de milliers de parties jouées et/ou analysées, sur plusieurs années (quoique restituer à une demande aléatoire la couleur d'une case instantanement est considéré comme une capacité basique et on y parvient assez rapidement, pas besoin de plusieurs decennies...

).
Le plus drôle, c'est que cela me reste encore alors que j'ai arreté les tournois et toute forme de competition à 28 ans (vie professionnelle oblige).
Je n'ai aucun mérite, et c'est vrai qu'avoir fait appris le jeu et commencer la compétition à 12 ans, ça aide (de nos jours, les petits indiens et autres passionnés commencent entre 4 et 6 ans, comme au piano haha

).
Tout comme Okay, et d'autres je suppose,
connait son clavier par coeur.
Pour l'execution au piano, je pense que le kinesthesique l'emporte en grande partie car repasser systématiquement par les aires visuelles est trop lent pour le cerveau, et c'est surement, en plus, couteux en énergie et donc en fatigue.
Si on a besoin de la vue, par exemple pour les grands deplacements, c'est parce que statistiquement on est beaucoup moins souvent dans cette situation qu'au millieu du clavier par exemple. L'appentissage est donc moins abouti, les automatismes des grands gestes ont été moins frequemment sollicités, donc on est moins bons et moins à l'aise relativement aux autres compartiments du jeu.
Le cerveau a été moins souvent "exposé" à ces situations de grands gestes (surtout si on a fait beaucoup de Bach par rapport à Beethoven/Chopin/Liszt

)
J'ai tapé ce post sans passer mon temps à regarder comment poser mes doigts sur le clavier de mon ordi, tout comme pour vous, ils savent où sont les lettres...

C'est vrai pour les "a", le "e", le "p", l'apostrophe, les "e" accentués, etc... Mais quand il s'agit de "$", "{" et autres "%" c'est une autre histoire, faut le regarder ce clavier d'ordi car l'automatisme manque (mais un comptable en dollars n'aurait pas besoin de regarder son clavier comme moi je suis obligé de le faire dans ce cas là

).
Dans chaque activité, il finit par y avoir des voix plus directes, et d'autres non indispensables.
Au piano on peut jouer sans la vue mais pas sans les doigts, idem aux Echecs.
Au foot et au tir sur cible, on a besoin de la vue pour l'execution.
Qu'importe les sens en jeu, ce qui compte ce serait plutot:
_quels sont les automatismes à l'oeuvre pendant l'execution
_comment ils fonctionnent
_comment on peut (doit?) les acquerir
_la répetition, même avec des variations et de la concentration suffit elle?
_comment les perfectionner
_y a t il une limite à l'amélioration?
PS: "automatismes" n'est pas un gros mot au piano. Je crois que Monique Deschaussées l'emploie souvent dans son livre, souvent cité ici sur PM, "L'homme et le piano".