Sur nombre de piano numérique il n'y a pas de capteurs optiques mais divers systèmes de boutons ou de capteurs de pression. Le problème n'est pas la manière dont la vélocité est captée, mais plutôt comment elle est convertie en une information sonore relative à l'instrument. Les capteurs optiques ont été inventés pour tenter de pallier au problème du réglage de l'échappement sur les pianos silent, mais ils ne sont pas une généralité. Quel que soit la méthode de captation, si le clavier est d'une facture correcte il saura transmettre en effet 128 niveaux de vélocité différents (de 0 à 127), ce qui constitue bien 128 façons de faire sonner une note, du plus piano au plus forte, pour chaque mode de pédale. Ensuite cette valeur de vélocité MIDI doit être interprétée par un synthétiseur : ou bien il s'agit d'une émulation mathématique de piano, parfois très convaincant comme
Pianoteq ou
Roland V-Piano, ou bien il s'agit d'un échantillonnage, ou bien d'un mélange des deux techniques. La plupart des pianos numériques ont une technique mixte, une table d'onde PCM de samples du piano avec entre un seul et 12 ou 16 ou même 18 niveaux différents d'échantillonnage pour chaque note, du ppp au fff, avec et sans les pédales, mais aussi incluant les bruits mécaniques de clavier et des pédales, les bruits de relâchement de note et d'étouffement des cordes, puis une partie synthétiseur qui se charge de faire vivre la résonance de la pédale forte, la résonance sympathique, et d'harmoniser l'enveloppe du son en fonction de la vélocité. Il est donc possible de reproduire la totalité des caractéristiques sonores du piano et d'offrir bel et bien 128 niveaux différents et distincts pour chaque note jouée avec et sans les pédales, soit au mieux quelques centaines de façons de faire sonner chaque note. Si le travail est bien fait, le musicien a bel et bien l'impression d'une continuité et le rendu est incroyablement meilleur du point de vue du toucher et du son que sur nombre de pianos moyens. Mais le problème est que cette qualité sonore est celle d'un enregistrement : il manque en effet la chaleur du son du à la présence de l'instrument dans la pièce. D'ailleurs il est préférable de s'habituer pleinement à jouer cet ersatz au caque, puisque le piano demeure l'un des instruments les plus difficiles à sonoriser : même avec des systèmes de reproduction du son très sophistiqués le rendu est toujours synthétique et manque de naturel. Par ailleurs, même avec cette grande variété de sonorités possibles, le son est figé (c'est moins vrai pour les synthétiseurs comme Pianoteq ou bien l'excellent expandeur
GEM RP-X dont il reste quelques exemplaires en vente malgré son âge et la faillite de la marque, avis aux amateurs, pour le prix c'est très intéressant), et il s'ensuit une lassitude du musicien exigeant une fois passé le temps de la découverte. Autre problème, le clavier est généralement en plastique, et même lorsqu'il est en bois, l'absence de mécanique lui donne un rebond et un comportement général assez éloigné de la réalité d'un piano. Autre problème, les fabricants s'efforcent de compenser ce problème du clavier, par exemple en imitant la différence de poids ou de dureté ou de vitesse du clavier entre les graves et les aigus, ou bien en imitant un double échappement et son comportement, mais malgré cela (ou à cause de ces raffinements plutôt et du surcoût qu'ils induisent), ce qui est visé c'est la mécanique du piano à queue haut de gamme, qui est aussi au piano et au pianiste ordinaire ce qu'un objet de luxe est à l'ordinaire : la facilité de jouer des parties compliquées n'aide pas l'apprentissage, puisqu'une fois de retour sur un piano acoustique, on ne sait plus rien jouer si bien, et en effet on n'a aucune idée de la maîtrise du son.
C'est pourquoi certainement la solution d'un silencieux équipé de MIDI reste la seule valide : on continue à jouer sur un clavier vivant et grâce au MIDI il est possible de compenser l'âge et la médiocrité des sons internes en ajoutant un expandeur ou le son d'un logiciel récent (comme l'excellent
Alicia's Keys modelé sur le Yamaha d'Alicia Keys - cela a l'air d'un gag-gadget à gogo mais c'est un des meilleurs du moment et il est d'un prix modique)