Je rejoins Franz sur ses commentaires. J'ai juste deux choses à ajouter :
<b>Amadeus</b> est, à mon avis, aussi un film sur Salieri et sur le drame de la médiocrité face au génie. Précurseur du marketing moderne, la musique a depuis quelques siècles singularisé certaines personnes et en a fait des "sur-hommes". Raconter l'histoire de ces génies est sans doute intéressant, mais quid des autres ? De ceux qui ne sont pas allés assez loin pour être connus du public ? De ceux qui ont investi énormément et qui n'ont pas eu le retour escompté, la reconnaissance de leur mérite ? C'est donc un film où on peut s'identifier à WAM (rien d'étonnant, même sur ce forum il y en a qui s'identifient à des musiciens célèbres ;-) mais on peut aussi s'identifier à Salieri, et j'admets que c'est mon cas.
<b>L'immortelle bien-aimée</b> est un film sur le masochisme ambiant du début du XIXe siècle. Les nobles maltraitent les musiciens, les musiciens leurs élèves, et le peuple se fait maltraiter par tout le monde. Ce pauvre Czerny qu'est-ce qu'il a souffert (est-ce pour cela qu'il nous fait souffrir à son tour ?). Et surtout, et avant tout, ce fameux couple (Ludwig et la femme de son frère), a-t-il bien fallu que leur destin change à cause d'une lettre qui n'a pas été lue ? Ne pouvaient-ils pas se rencontrer et parler, voire s'engueler, comme tout le monde ? C'est une ironie typiquement américaine que d'attribuer le côté tragique d'un énorme génie à un fait divers. C'est comme si Hollywood nous disait : si vous aussi vous auriez écrit une lettre à votre copine, et qu'elle ne l'aurait pas lue, et que vous seriez deçu pour le reste de votre vie, vous auriez écrit la Neuvième...
<b>La pianiste</b>, je vous conseille de voir ce film, mais un jour où vous serez de bonne humeur, et en cercle privé (n'invitez surtout pas votre grand-mère pour le voir). C'est une prof de piano au Conservatoire de Vienne (Isabelle Huppert), qui est torturée par sa mère (Annie Girardot), et qui à son tour torture ses élèves. Jusqu'à là tout va bien. Mais on découvre petit à petit que la dite prof fréquente des salons de peep-show, et qu'elle fait certaines choses à son corps que je ne nommerai pas (mais qu'Hélène Grigri a admis, dans son livre, avoir fait aussi, à une partie différente du corps, bien sûr), qu'elle met des éclats de verre dans la poche du manteau d'une de ses élèves pour l'empêcher de jouer, etc. Et arrive un jeune homme qui tombe amoureux d'elle. Elle lui propose des jeux sado-maso, et lui... mais je ne vous gâcherai pas le suspense. Le film est tiré d'un livre d'Elfride Jelinek qui a récemment eu le prix Nobel de littérature. J'ai lu le livre, les détails sont différents, mais le fond est le même.
En quoi ce film peut être intéressant pour nous ? Je me demande à quel point la musique, et plus particulièrement le piano, permettent (voire favorisent) des comportements extrêmes, dont ce film est un exemple. Pour plus d'infos, voir
http://www.cadrage.net/films/pianiste/lapianiste.html