
L'île des morts
- Franz Liszt
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Un autre tableau pour Marie-France et les autres âmes romantiques de ce forum :

ce tableau (<i>La traversée du Rhin devant le château de Schreckenstein<i> de Ludwig Richter, 1835) n'a pas (à ma connaissance) été source directe d'inspiration musicale. Je l'ai scanné à partir de la couverture d'un livre que j'apprécie beaucoup : <i>Le romantisme dans la musique</i> (en allemand) de Peter Rumenhöller. Dans ce livre, Rumenhöller donne une caractérisation du romantisme :
<i>"Nostalgie" et "passé" sont les notions clé de la vision du monde romantique. Être tourné vers le passé — en liaison avec une insatisfaction et la critique du présent — est le résultat de l'idée ("Darstellung") d'"unité universelle perdue".</i>
et plus haut :
<i>Jadis, en des temps infiniment anciens, le monde était une unité universelle et harmonique, un âge d'or, auquel il n'y avait ni séparation, ni frontières, que ce soit entre les hommes ou entre l'homme et la nature, ou entre les arts.
Voilà une perception ("Vorstellung") profondément romantique, point de départ conscient ou inconscient de toute vision du monde ou force créative romantiques — romantique déjà pour la simple raison qu'elle a les caractéristiques de l'irrationnel, du non-réaliste : elle est ni vérifiable, ni probable, ni déduite de l'expérience directe.
Tout aussi romantique est également l'idée que cette harmonie universelle du monde a été perdue à cause d'une rupture semblable au péché originel, et que l'humanité devrait exprimer sa <u>nostalgie</u> de cet âge d'or, sa <u>souffrance</u> provoquée par la rupture, et l'<u>utopie</u> d'une <u>délivrance</u> de cette situation. Voici les trois piliers de la pensée, de la sensation et de la création artistique romantiques : la nostalgie vers le passé, la souffrance provoquée par le dégoût du présent, l'utopie de l'espoir d'atteindre de nouveau l'âge d'or dans l'avenir.</i>
Vous connaissez sans doute tout cela (je suis en train d'enfoncer des portes ouvertes), mais je me suis dit que ce raisonnement explique bien de choses, et va bien avec le tableau (ainsi qu'avec celui de Böcklin).

ce tableau (<i>La traversée du Rhin devant le château de Schreckenstein<i> de Ludwig Richter, 1835) n'a pas (à ma connaissance) été source directe d'inspiration musicale. Je l'ai scanné à partir de la couverture d'un livre que j'apprécie beaucoup : <i>Le romantisme dans la musique</i> (en allemand) de Peter Rumenhöller. Dans ce livre, Rumenhöller donne une caractérisation du romantisme :
<i>"Nostalgie" et "passé" sont les notions clé de la vision du monde romantique. Être tourné vers le passé — en liaison avec une insatisfaction et la critique du présent — est le résultat de l'idée ("Darstellung") d'"unité universelle perdue".</i>
et plus haut :
<i>Jadis, en des temps infiniment anciens, le monde était une unité universelle et harmonique, un âge d'or, auquel il n'y avait ni séparation, ni frontières, que ce soit entre les hommes ou entre l'homme et la nature, ou entre les arts.
Voilà une perception ("Vorstellung") profondément romantique, point de départ conscient ou inconscient de toute vision du monde ou force créative romantiques — romantique déjà pour la simple raison qu'elle a les caractéristiques de l'irrationnel, du non-réaliste : elle est ni vérifiable, ni probable, ni déduite de l'expérience directe.
Tout aussi romantique est également l'idée que cette harmonie universelle du monde a été perdue à cause d'une rupture semblable au péché originel, et que l'humanité devrait exprimer sa <u>nostalgie</u> de cet âge d'or, sa <u>souffrance</u> provoquée par la rupture, et l'<u>utopie</u> d'une <u>délivrance</u> de cette situation. Voici les trois piliers de la pensée, de la sensation et de la création artistique romantiques : la nostalgie vers le passé, la souffrance provoquée par le dégoût du présent, l'utopie de l'espoir d'atteindre de nouveau l'âge d'or dans l'avenir.</i>
Vous connaissez sans doute tout cela (je suis en train d'enfoncer des portes ouvertes), mais je me suis dit que ce raisonnement explique bien de choses, et va bien avec le tableau (ainsi qu'avec celui de Böcklin).
Es gab eine Zeit, wo ich nur ungern über Schubert sprechen, nur Nächtens den Bäumen und Sternen von ihm vorerzählen mögen. [R. Schumann, 1838]
- Marie-france
- Messages : 2762
- Enregistré le : mer. 16 févr., 2005 13:17
Je viens de découvrir que Max Reger aussi a été inspiré par Böcklin : Il a écrit "4 poèmes musicaux d'après Arnold Böcklin" (op. 128) : Le violoniste érémite, Le jeu des vagues, L'île des morts, La bacchanale. Ce sont des pièces pour orchestre avec violon soliste. Si quelqu'un parmi vous est intéressé je peux mettre des MP3 sur le site. Voici la couverture du disque en question :
- Fichiers joints
-
- REGER BI0601.gif (33.39 Kio) Vu 1819 fois
Es gab eine Zeit, wo ich nur ungern über Schubert sprechen, nur Nächtens den Bäumen und Sternen von ihm vorerzählen mögen. [R. Schumann, 1838]
- Marie-france
- Messages : 2762
- Enregistré le : mer. 16 févr., 2005 13:17
Voici donc l'<i>Île des morts</i> de Max Reger, dans toute sa splendeur :Marie-france a écrit :Merci yannis!
Oui, pourquoi pas entendre Reger à son tour! :)
http://omega.enstb.org/yannis/mp3/ile-des-morts.mp3
Es gab eine Zeit, wo ich nur ungern über Schubert sprechen, nur Nächtens den Bäumen und Sternen von ihm vorerzählen mögen. [R. Schumann, 1838]