De l'oreille absolue

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piano bien tempéré
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Re: De l'oreille absolue

Message par piano bien tempéré »

En relisant le fil j'ai retrouvé ceci écrit par Iouna :
Iouna a écrit : Lorsque j'ai débuté (très tard, après 12 ans...) la musique, aux dictées jouées au piano, j'avais toujours tout bon. En revanche, parfois, le prof faisait les dictées à la flute traversière, pour changer, et là, j'étais au moins aussi médiocre que les plus mauvais élèves du cours, je ne reconnaissais rien. Puis, avec l'habitude, petit à petit, j'ai reconnu le son de la flûte.
J'ai écrit que les détenteurs(trices) de l'oreille absolue "seraient" sujets à moins percevoir les fondamentaux (1° harmonique ou partiel) ... Ce qu'a écrit Iouna tendrait à le montrer ... car au niveau "densité spectrale" il n'y a pas plus mince "feuillet d'album" que le timbre émis par une flûte ... de là , son "trouble" à bien reconnaitre les notes ...
Autre conséquence de ceci serait que tout système d'accord , en présence d'inharmonicité , qui a tendance à faire trop "émerger" les partiels des cordes vibrantes , peut perturber la perception des sons par ces oreilles-là ... De là des basses , pour certains pianos , jamais juste parce que trop riches en partiels trop inharmoniques ...
J'ai en effet aussi remarqué que des unissons très ouverts , très riches en timbre , du fait de l'inharmonicité pouvaient amener certaines oreilles absolues à entendre deux sons ou plusieurs au lieu d'un seul ... Alors que l'oreille relative n'y perçoit qu'une différence de timbre (plus ou moins riche) ...
piano bien tempéré
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Re: De l'oreille absolue

Message par piano bien tempéré »

Trouvé ces commentaires humoristiques sur le site d'un accordeur :mrgreen:

oreille

En tout cas tout est dit ! =D> Devant les mêmes problèmes (aigus trop hauts par exemple) il s'est posé les mêmes questions que moi ... 8)
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egtegt
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Re: De l'oreille absolue

Message par egtegt »

piano bien tempéré a écrit :Trouvé ces commentaires humoristiques sur le site d'un accordeur :mrgreen:

oreille

En tout cas tout est dit ! =D> Devant les mêmes problèmes (aigus trop hauts par exemple) il s'est posé les mêmes questions que moi ... 8)
Merci, site trés intéressant. Il dit juste quelques bêtises sur la façon dont un piano se désaccorde mais c'est plus que compensé par le reste :)
piano bien tempéré
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Re: De l'oreille absolue

Message par piano bien tempéré »

egtegt a écrit :Merci, site trés intéressant. Il dit juste quelques bêtises sur la façon dont un piano se désaccorde mais c'est plus que compensé par le reste :)
Ah là il faut que tu argumentes , cher egtegt ! :wink:
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egtegt
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Re: De l'oreille absolue

Message par egtegt »

[
piano bien tempéré a écrit : Ah là il faut que tu argumentes , cher egtegt ! :wink:
Pourquoi tous les 12 mois et non pas à date irrégulière ?

Parce que la tension du piano monte et descend suivant les saisons : la chaleur dilate les corps, surtout allongés, donc les cordes;donc en été le piano descend. Le froid au contraire contracte les corps, donc les cordes, et le diapason monte. De plus, dans nos régions, quand il fait froid, il fait généralement humide. La table d' harmonie, qui est une membrane bombée, se gonfle alors en retendant les cordes. Et quand il fait chaud, il fait généralement sec. La table d' harmonie sèche un peu et redescend, détendant les cordes. Donc chaleur et humidité travaillent dans le même sens, ce qui accentue ce mouvement. Le diapason suit donc une courbe sinusoïdale annuelle, que voici grosso modo :
Il y a beaucoup de bétises dans ce paragraphe :
1 ) La chaleur dilate les cordes mais également le cadre, et comme la fonte et l'acier se dilatent de façon similaire, ça a peu d'influence. Par contre, le bois lui se dilate différemment, donc quand on chauffe, le cadre se dilate plus que le bois et la tension sur le chevalet évolue.

2 ) contrairement à ce qu'il dit, en France, la période séche est l'hiver et la période humide l'été, et quand il fait froid, même s'il pleut, l'air à l'intérieur des maisons est sec car réchauffé.

Donc contrairement à ce qu'il dit, le diapason à tendance à monter en été et descendre en hiver pour autant que je sache.

D'ailleurs, la chaleur travaille bien dans le même sens : elle dilate la table d'harmonie qui a donc tendance à se bomber plus et monter le diapason.

En tout cas, les effets de la température sont négligeables par rapport aux effets de l'humidité. Et puis avec le chauffage, hormis quelques semaines au plus chaud de l'été, la température est aux alentours de 21° toute l'année.
Olek
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Re: De l'oreille absolue

Message par Olek »

egtegt a écrit :[
piano bien tempéré a écrit : Ah là il faut que tu argumentes , cher egtegt ! :wink:

1 ) La chaleur dilate les cordes mais également le cadre, et comme la fonte et l'acier se dilatent de façon similaire, ça a peu d'influence. Par contre, le bois lui se dilate différemment, donc quand on chauffe, le cadre se dilate plus que le bois et la tension sur le chevalet évolue.

2 ) contrairement à ce qu'il dit, en France, la période séche est l'hiver et la période humide l'été, et quand il fait froid, même s'il pleut, l'air à l'intérieur des maisons est sec car réchauffé.

Donc contrairement à ce qu'il dit, le diapason à tendance à monter en été et descendre en hiver pour autant que je sache.
100% d'accord, c'est un accordeur qui ne vérifie pas beaucoup le diapason on dirait ! Egtet : la chaleur dilatant les cordes le diapason descend, la chaleur dilatant le cadre , il s'agrandit et retend un peu les cordes détendues par la chaleur (presque autant mais au bout de 3-4 heures, d'après des test et mesures réalisées , lus dans le magazine des techniciens américains)

La dilatation du bois, certainement, mais la table est très fine et en bois tendre, elle réagit plutot a l'humidité,comme tu le dis (IMHO).
piano bien tempéré
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Re: De l'oreille absolue

Message par piano bien tempéré »

Le temps de latence de dilation du cadre de 3-4 h me semble un peu court :? ... De plus après tous ces mouvements , les cordes , ne se dilatant ou contractant pas en même temps que le cadre , l'équilibrage des tensions au niveau du chevalet , sillet contre-sillet ne se remet pas en place de façon homogène ... avec parfois de "jolies" variantes entre les différentes tessitures :twisted: #-o
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Re: De l'oreille absolue

Message par egtegt »

piano bien tempéré a écrit :Le temps de latence de dilatation du cadre de 3-4 h me semble un peu court :? ... De plus après tous ces mouvements , les cordes , ne se dilatant ou contractant pas en même temps que le cadre , l'équilibrage des tensions au niveau du chevalet , sillet contre-sillet ne se remet pas en place de façon homogène ... avec parfois de "jolies" variantes entre les différentes tessitures :twisted: #-o
Ca me parait assez logique : la dilatation due à la température est quasi immédiate, la latence est juste due au fait que le cadre est plus volumineux que les cordes et il faut un peu de temps pour qu'il se réchauffe ou se refroidisse. Et les métaux sont en général de très bons conducteurs de la chaleur. En fait, les 4 heures me paraissent longues en ce qui me concerne.

Mais je vais me répéter : la dilatation due aux variations de température est réellement minime par rapport aux dilatations du bois sous l'effet des variations d'humidité. D'autant plus qu'un piano est rarement à l'extérieur et que les variations de température à l'intérieur sont faibles : quasi nulles de Septembre à Mai grosso modo puis une petite dizaine de degrés en été.

La dilatation d'une corde de 2 m en fer suite à une variation de 15°C est de 0,36 mm la Dilatation du cadre est de 0,31 mm (La fonte se dilate un petit peu moins que le fer) Donc une différence de 5 dixièmes, pour 15 ° !

J'ai relu l'excellent article de BM sur Pianomajeur : http://www.pianomajeur.net/index.php?op ... &Itemid=35
Il parle d'une variation de longueur de 4 cm et d'une variation de la flèche (courbure de la table) de prés de 2 cm en cas de variation importante de l'humidité. Je te laisse imaginer l'effet sur l'accord d'une table qui monte et descend de 2 cm :)

Donc on compare des variations de quelques dixièmes de millimètres dues à la température à des variations de quelques centimètres dues à l'humidité. En fait, la variation de température a plus d'effet par la modification d'humidité qu'elle induit que par son effet direct.

Donc par pitié, si votre piano n'est pas sous un hangar aux quatre vents, oubliez la température et surveillez le taux d'humidité :)
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Re: De l'oreille absolue

Message par piano bien tempéré »

egtegt a écrit :Il parle d'une variation de longueur de 4 cm et d'une variation de la flèche (courbure de la table) de prés de 2 cm en cas de variation importante de l'humidité. Je te laisse imaginer l'effet sur l'accord d'une table qui monte et descend de 2 cm :)

Donc on compare des variations de quelques dixièmes de millimètres dues à la température à des variations de quelques centimètres dues à l'humidité. En fait, la variation de température a plus d'effet par la modification d'humidité qu'elle induit que par son effet direct.
Ben tient ... Il serait peut-être intéressant de faire le comparatif entre l'effet de modif de la cambrure de la table , en tenant compte évidement des angles de cordes sur le chevalet , et l'allongement ou racourcissement de ces cordes dû à la seule température . Sachant d'autres part que le degrés de désaccord intrinsèque à la corde est variable , c'est à dire qu'un allongement de x 10° de mm ne produit pas le même désaccord en fonction des paramétre choisi pour sa longueur et son diamètre ... Qui veut s'y atteler ?
Quant au deux centimètres de variation ... hemm ... [-X
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BM607
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Re: De l'oreille absolue

Message par BM607 »

egtegt a écrit :J'ai relu l'excellent article de BM sur Pianomajeur : http://www.pianomajeur.net/index.php?op ... &Itemid=35
Merci, merci, mais c'est un peu trop.

piano bien tempéré a écrit :Quant au deux centimètres de variation ... hemm ... [-X
Sissi

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Si on suppose une courbure constante en forme d’arc de cercle, un petit calcul géométrique simple que je ne détaille pas fait qu’on obtient une flèche de 19,0 mm. Ce n’est bien sûr pas la flèche réelle qu’on obtiendra, en particulier parce que les chevalets exercent une pression importante à cause de l’appui des cordes, mais cela donne une idée de la déformée libre.
Ces phénomène de flambements sont redoutables (le flambement c'est ce phénomène qui, lorsque vous appuyez en tête d'un poteau vertical, fait qu'à un moment le poteau prend d'un coup un ventre énorme : avant celà il était en compression, brusquement la compression se détend et il peut même y avoir rupture avec certains matériaux comme les bétons).

Par contre, comme il y a comme je le dis des maintiens et appui (chevalet), la déformation réelle n'est pas aussi importante, évidemment, et de loin (ce n'est même pas un arc de cercle, mais plutôt une portion de sinusoïde ou peut-être même un cosinus hyperbolique à cause des bords maintenus), il y a une bonne partie de la déformée absorbée par compression. J'aurais aimé la calculer, il me manque des données

BM
Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira.
A. de Tocqueville
piano bien tempéré
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Re: De l'oreille absolue

Message par piano bien tempéré »

BM607 a écrit :Si on suppose une courbure constante en forme d’arc de cercle, un petit calcul géométrique simple que je ne détaille pas fait qu’on obtient une flèche de 19,0 mm. Ce n’est bien sûr pas la flèche réelle qu’on obtiendra, en particulier parce que les chevalets exercent une pression importante à cause de l’appui des cordes, mais cela donne une idée de la déformée libre.BM
Comme ça , ok 8) Maintenant quelle est l'amplitude de la déformation de la table en charge sous les efforts hygrométriques ... J'ai eu qq velléités , il ya qq années , de mettre un comparateur à l'arrière d'une table en son "centre" géométrique et de suivre les évolutions de l'aiguille ... Celà a foiré car celui qui devait me prêter son comparateur s'est défilé ... depuis je n'ai pas récidivé :roll: pas de valeur à donner pour l'instant donc ... :|
conker23
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Re: De l'oreille absolue

Message par conker23 »

Si le temps de latence est de 4 heures, c'est possible de jouer sur le piano pendant ces 4 heures. Ca peut influencer quelque chose ça ?
piano bien tempéré
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Re: De l'oreille absolue

Message par piano bien tempéré »

Si on commence à se poser ce genre de question on ne touche plus au piano de l'année ... :lol:
piano bien tempéré
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Re: De l'oreille absolue

Message par piano bien tempéré »

Je reviens aux oreilles absolues ... Sujet du fil après tout :wink: ... J'ai refait une petite expérience avec un de nos vendeurs qui l'a ... Comme il a de sérieux problèmes de perception avec les basses des pianos on va dire "courant" , je lui ai demandé de me dire à partir de quel endroit de la tessiture la hauteur perçue lui semblait "dérailler" ... Après plusieurs essais sur quelques pianos moyenne et bas de gamme , le point de césure se situait immanquablement sur la première corde surfilée et s'accentuait en allant vers le grave ... Finalement ce constat n'a absolument rien d'étonnant : la raideur , et donc l'inharmonicité , augmentent brusquement sur ces cordes à traits (filages) superposés et par contre-coup la hauteur et le timbre perçus . :wink:

L'oreille absolue à beaucoup de problèmes avec les sons à taux d'inharmonicité élevés ... Pour un absolutiste déterminer la hauteur du son d'une cloche (inharmonicité élevée et souvent anarchique) est souvent impossible et je l'ai constaté une nouvelle fois avec ce vendeur en lui demandant de me donner le nom des notes qui sonnent les quarts d'heure des cloches de l'église à proximité du magasin : impossible ! Alors qu'il me donne une note médium du piano en "aveugle" en une fraction de seconde !
Modifié en dernier par piano bien tempéré le lun. 14 juil., 2008 16:02, modifié 1 fois.
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Emlomor
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Re:

Message par Emlomor »

louna a écrit :Je pense faire partie de ceux qui ont cette "maudite" oreille absolue, en général ils en sont plutôt heureux.

Le gros bordel, c'est lorsqu'on connais un morceau dans une certaine tonalité, et qu'on l'entend dans une autre. Nous sommes perdus. Le pire, c'est quand le décallage n'est que d'un demi-ton. Je vous assure que lorsque j'entends par exemple un morceau baroque sur instruments modernes, puis ensuite le même à 415, ça fait vraiment "mal au oreilles". Et c'est vrai ! Il y a des videos sur youtube où il y a des décallages d'un demi-ton je n'arrive pas à les écouter, car je connais la pièce, et ce décallage me fait très mal à la tête (je n'exagère pas et ce n'est même pas drole). C'est très gènant même.
En fouillant dans le forum, j'ai également eu envie de déterrer ce vieux sujet :)

J'ai deux exemples qui ne sont peut-être pas inintéressants, pour relativiser ce qu'on aime à présenter comme les inconvénients de l'oreille absolue :

1- J'ai eu un prof d'écriture au CNSM de Lyon, spécialisé dans le contrepoint ancien, qui, tout en ayant l'oreille absolue, non seulement n'était pas gêné par le diapason ancien mais, mieux, arrivait à "décaler" son oreille en fonction du contexte. Un peu comme s'il se disait "aujourd'hui, je branche mon oreille absolue sur 415 Hz" lors qu'il allait bosser sur de la musique avec instruments anciens... Ce qui ne l'empêchait pas, le soir du même jour en entendant du Brahms à la radio, d'identifier correctement la tonalité du morceau par rapport au diapason à 440 Hz. Une oreille absolue "mobile", en quelque sorte. Il faut dire qu'avant de s'intéresser à la musique ancienne, il venait de la musique contemporaine (il a fait notamment la classe de composition de Jolivet à Paris), donc il est continuellement dans une logique d'adaptation, et c'est peut-être ce qui l'a préservé de cette rigidité qu'entraîne parfois cette fameuse oreille absolue.

2-J'ai vu un peu la même chose (à un moindre degré) avec une organiste-prof de solfège, ayant l'oreille absolue et étant amenée, occasionnellement à jouer sur des orgues accordés sur une autre diapason... Elle aussi "décalait" mentalement son oreille absolue (cela dit, je ne suis pas sûr que ça allait jusqu'au demi-ton), sauf que quand elle devait revenir à 440 Hz, il lui fallait parfois un peu plus de temps pour se "recaler" et oublier le diapason ancien. Mais là non plus, elle n'avait pas l'air de souffrir... Au pire, quand elle donnait un exemple vocal à ses élèves sans se servir du piano, elle avait tendance à chanter un peu trop bas, et s'en rendait plus ou moins compte ("zut, j'ai encore le vieux diapason dans l'oreille")... Mais ça s'arrêtait là, aucune notion de souffrance ni de mal de tête là-dedans, et c'était temporaire.

Bref, ça peut confirmer l'idée de "relativité" (sinon de "mobilité") de l'oreille absolue...

Personnellement, je peux dire aussi que j'ai l'oreille absolue - j'identifie la tonalité d'un morceau à la télé ou la radio, je me dis "mi bémol" à la sonnerie du métro, je peux chanter un fa dièse ou un ré bémol à la demande sans me servir du diapason, du piano ou du téléphone, et je ne le vis pas du tout comme un fardeau... Plutôt comme quelquechose de sympa, pratique, sans être indispensable non plus (tant qu'on ne confond pas "oreille absolue" avec "très bonne oreille", cf plus bas).

Mais j'ai aussi des raisons de penser que j'ai une bonne oreille relative, en plus de l'oreille absolue... Car même si ça a déjà été dit, redisons-le clairement : l'oreille absolue et l'oreille relative ne sont pas exclusives l'une de l'autre . Par exemple quand j'identifie instantanément un accord de 4 sons (par exemple : septième mineure et quinte diminuée), je ne sais pas si c'est l'oreille absolue ou l'oreille relative ???... Je crois que c'est les deux... De même pour les dictées d'intervalles, je n'ai jamais eu l'impression de procéder par déduction après avoir entendu les notes (même si j'entendais AUSSI les notes), ça a toujours été instantané... Dans mes dernières années de solfège (fin d'études, sup, médaille / DEM tout ça) , j'étais même plus fort en dictée harmonique qu'en dictée à parties manquantes (là les quelques erreurs que je faisais parfois n'étaient pas dues à l'oreille mais à la mémorisation).

D'autre part, et pour faire un contrepoids au post que j'ai quoté ci-dessus, quand j'entends un morceau dans une autre tonalité que la tonalité habituelle (diapason ancien, vinyle qui tourne trop lentement, ou toute autre raison) , je m'en rends compte, mais ça ne me fait pas souffrir, à la limite je trouve ça amusant ("tiens c'est marrant de l'entendre dans cette tonalité, je n'ai pas l'habitude"...), mais en tout cas ça ne m'a jamais donné mal à la tête (pour réagir au message que j'ai quoté ci-dessus), et ne m'empêche pas d'apprécier la musique.

Par contre, dans le cas d'une dictée où le diapason est décalé d'au moins un quart de ton, là c'est vrai que je ne suis pas très à l'aise, hésitant entre deux notes, et ça peut m'induire en erreur. Enfin quand c'est une musique tonale, ça va malgré tout... (sans doute la familiarité avec le langage qui aide...), mais en atonal, c'est là que je risque de me planter un peu (du style notes décalées d'un demi-ton une fois sur deux), surtout que l'"absolue" a tendance à primer sur la "relative" quand j'entends ce type de musique.


En ce qui concerne l"harmonicité / inharmonicité des sons, je ne sais pas... Il me semble avoir déjà identifié les notes que faisaient une cloche, mais dans d'autres situations il me semble avoir hésité, pour un même son de cloche, entre deux notes très différentes (sans doute l'un des harmoniques ?)


Au sujet de la façon dont est perçue l'oreille absolue : je trouve que beaucoup de personnes confondent ce qui relève réellement de l'oreille absolue, et uniquement d'elle, et ce qui relève d'une bonne oreille musicale "tout court". Par exemple je suis perplexe quand j'entends des réflexions de ce style : "ah les gens qui ont l'oreille absolue, c'est terrible, ils sont ch****... La moindre petite fausse note de rien du tout ils la remarquent de suite, et ça les choque... c'est infernal !!"
Mais est-ce vraiment dû à l'oreille absolue ? Une fausse note, c'est un problème de relation entre les sons, non ? Donc même "toute petite", une fausse note devrait pouvoir être entendue par une oreille relative aussi, il me semble ! A moins que chez les musiciens, l'extrême finesse d'oreille aille fréquemment de pair avec la possession de l'oreille absolue, malgré quelques exceptions ? A vérifier :-k


Par contre ce qui m'inquiète un peu plus, ce sont les témoignages selon lesquels le "diapason interne" des détenteurs de l'oreille absolue tendrait à monter avec l'âge (jusqu'au ton je crois, ce qui me paraît énorme, ou même plus... Bah on verra bien :|Il faudrait voir aussi si ça arrive systématiquement... Boulez par exemple, qui est aujourd'hui octogénaire et qui est connu pour avoir l'oreille absolue, a-t-il ce problème ?? il faudrait lui demander... :)
piano bien tempéré
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Re: De l'oreille absolue

Message par piano bien tempéré »

Merci pour ton témoignage Emlomor !

Tout ce que tu écris corrobore parfaitement mes constats de professionnel de l'accord . Il y a bien des degrés différents de précision et de tolérance chez les "absolutistes" . Beaucoup et notamment les organistes arrivent à "zapper" leurs sensations pouvant passer d'un diapason à l'autre comme s'ils tournaient un commutateur . Pour d'autres c'est absolument impossible à un point tel que pour certains , exclusivement pianistes par exemple , je suis obligé pour satisfaire leur faible marge de tolérance de faire quelques tests préalables avant de leur accorder leur piano . Ainsi j'accorde rapidement deux ou trois notes que je reporte par octaves vers l'aigu de deux manières différentes (deux progressions différentes de rapidités d'octaves dilatées) et je leur demande si les notes aigues "entrent dans leurs cases" . En fonction de leur verdict (c'est bon ou c'est trop haut ou trop bas) je sais quel système d'accord employer pour les satisfaire ...

Pour les basses malheureusement , si le piano est trop mauvais , je ne peux strictement rien pour eux !
Par contre ce qui m'inquiète un peu plus, ce sont les témoignages selon lesquels le "diapason interne" des détenteurs de l'oreille absolue tendrait à monter avec l'âge (jusqu'au ton je crois, ce qui me paraît énorme, ou même plus... Bah on verra bien Il faudrait voir aussi si ça arrive systématiquement... Boulez par exemple, qui est aujourd'hui octogénaire et qui est connu pour avoir l'oreille absolue, a-t-il ce problème ?? il faudrait lui demander...
Certain sujets ont une oreille absolue qui vieillit mal ... J'avais une cliente âgée qui entendait tout trop haut (+ 1 ton) ... Il y a des sujets où cela va jusqu'à la tierce ! :shock: #-o
Modifié en dernier par piano bien tempéré le mer. 16 juil., 2008 18:13, modifié 1 fois.
piano bien tempéré
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Re: De l'oreille absolue

Message par piano bien tempéré »

Emlomor a écrit : Par contre ce qui m'inquiète un peu plus, ce sont les témoignages selon lesquels le "diapason interne" des détenteurs de l'oreille absolue tendrait à monter avec l'âge (jusqu'au ton je crois, ce qui me paraît énorme, ou même plus... Bah on verra bien :|Il faudrait voir aussi si ça arrive systématiquement... Boulez par exemple, qui est aujourd'hui octogénaire et qui est connu pour avoir l'oreille absolue, a-t-il ce problème ?? il faudrait lui demander... :)
En réalité , cher Emlomor , c'est le diapason interne de la personne qui baisse :wink: tout ce qui lui parvient de l'extérieur lui parait par conséquent de plus en plus haut ! ... #-o Le refrain : "le diapason ne cesse de monter" ça vient d'eux ! ... :wink:
alter
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Re: De l'oreille absolue

Message par alter »

Bonjour à toutes et tous,

C’est ma première apparition sur Piano Majeur, j’entre par la porte “oreille absolue”. J’espère ne pas faire de bêtise en postant de travers.

J’ai découvert mon “don” complètement par hasard en 1990, à 23 ans. Mélomane convaincu je venais de me mettre au piano et rendais visite à un ami pianiste et accordeur. Il jouait et s’est arrêté au milieu du morceau en gardant le doigt sur une touche. J’ai reconnu la première note d’une étude symphonique de Schumann que j’étudiais. J’ai dit spontanément le nom de la note : do dièse. Mon ami était estomaqué. De mon côté je croyais que nous avions tous naturellement la capacité de reconnaître la hauteur d’un son. Cet ami m’a fait passer une petite interrogation, je ne parvenais pas toujours à énoncer la note qu’il jouait mais pouvait dire que c’était celle qui terminait tel morceau ou débutait tel autre. Mon ami me tendait alors la partition du morceau correspondant et je pouvais la nommer.

Il n’y a pas de musicien dans ma famille, je n’ai reçu aucune formation musicale dans mon enfance (bien que je l’eusse réclamée de très nombreuses fois). En revanche j’ai grandi dans un immeuble entre l'appartement d'une violoniste et celui d'un professeur de piano. Imaginez ma frustration. J’ai même fait une dépression enfantine sévère face au refus réitéré de mes parents, de plus, non, j'arrête le pathos.

Je reconnais spontanément toute la moitié gauche du clavier, j’identifie chaque note grave avec autant de certitude que je reconnais une voix.
Pour la droite du clavier c’est moins simple. Aujourd’hui encore, après 18 ans de pratique pianistique assidue je dois pour identifier une note aiguë la reporter mentalement quelques octaves plus bas.
Après m’être procuré un diapason j’ai fini par graver le La dans mon oreille… à quoi bon ?
J’ai l’impression de reconnaître autant les harmoniques que la hauteur du son, il me manque seulement la spontanéité sur la moitié supérieure du registre.

Mon oreille absolue est parfaitement inutile pour ma pratique de musicien. Elle m’apporte seulement la certitude d’avoir été fait pour la musique, tout comme mes mains. C’est aussi une source inépuisable d’anecdotes. Par exemple, la semaine dernière en faisant ma vaisselle j’ai lâché mon éponge plusieurs fois pour courir vers mon téléphone, plusieurs sonneries isolées comme autant de tentatives d’appel. J’ai pensé qu’il s’agissait d’une blague, c’en était bien une : deux verres à pieds facétieux s’entrechoquaient sur le bord de mon évier en produisant une note rigoureusement identique à la sonnerie de mon téléphone.

Depuis toujours le clavecin me dérange : il sonne faux. Je sais maintenant que son diapason est à 415, tout s’explique. Je fais toujours la grimace sur les premières notes.

Je suis sujet aux otites de l’oreille droite et lorsque l’infection entraîne une pression mécanique sur le tympan l’oreille se fausse, j’entends normalement de l’oreille gauche alors que l’oreille droite est “désaccordée”, c’est… une monstruosité. J’espère qu’en vieillissant ma stéréo ne va pas se détraquer... il paraît que cela peut se produire.

Je me demande si ce sont mes otites à répétition sur l’oreille droite qui me privent de spontanéité pour la reconnaissance des notes aiguës (mon audiogramme montre un léger déficit sur ces fréquences). Ou bien est-ce seulement l’absence de pratique au bon âge ? Les fréquences basses sont elles plus palpables ? Le mystère lui aussi est absolu. Ma mémoire fonctionne bien il est vrai.

Au moment d’acheter une voiture je ne demande jamais au concessionnaire “quelle note produit le moteur à 90km/h ?” mais c’est bien la seule chose qui m’intéresse. Le véhicule idéal pourrait être un vieux Pleyel décapotable motorisé. Si vous vous faites doubler un jour sur la route par un piano à queue ne cherchez pas, ce n’est que moi.

D’un seul coup je me sens moins seul, content d’arriver parmi vous, enchanté même, absolument. :D

Alter.
je ne suis pas né au bon endroit mais je mourrai à ma place, au piano.
(Alter)
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jean-séb
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Re: De l'oreille absolue

Message par jean-séb »

Bonjour et bienvenue.
Le récit de ton expérience est très intéressant. Surtout cette facilité à identifier les graves mais moins les aigus.
Je n'ai pas l'oreille absolue ; je le regrette parfois, mais finalement je me demande on n'est pas plus heureux comme ça !
Jean-Séb
piano bien tempéré
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Re: De l'oreille absolue

Message par piano bien tempéré »

En tout cas l'intervention de alter vient de m'indiquer une nouvelle variante de l'oreille absolue que je n'avais pas rencontré jusqu'à maintenant 8)
Modifié en dernier par piano bien tempéré le mar. 02 sept., 2008 22:37, modifié 1 fois.
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