1) Jouer du piano est-ce un jeu et seulement cela ? Pour ma part, même si je considère que pratiquer un instrument de musique peut être un divertissement, c'est beaucoup plus que cela pour moi. J'ai toute ma vie fait de la musique et si un jour je devais ne plus en jouer, il me manquerait une part importante de moi-même (enfin je le pense). En va-t-il de même pour vous ?
Idem pour moi.
Je suis sûre que pour moi, le moment que je passe au piano n'est pas un jeu, même si je pense y prendre du plaisir.
On dit "travailler son piano", mais point de labeur.
Pour moi, c'est devenu je crois quelque chose similaire à une hygiène de vie, vital presque. J'en ai besoin, c'est tout.
Et si je n'ai pas touché un piano de la journée, il me manque quelque chose.
Et lorsqu'on parle de passion, le mot est vraiment bien choisi. Ce n'est pas seulement quelque chose que j'aime beaucoup, la pratique du piano domine complètement ma raison, de manière presque nocive. (selon mes proches y compris ma prof, et ils ont raison, malheureusement).
Je crois que même chez les amateurs, il existe plusieurs catégories. Ceux-ci, décrits au dessus.
Et d'autres. Pas moins passionnés, mais qui eux arrivent à faire la part des choses, pour qui passer une journée sans musique après tout n'est pas un drame, qui arrivent très bien à concilier la musique avec le reste de leur environement. La musique fait partie intégrante d'eux. S'ils ne pouvaient plus pratiquer, il leur manquerait quelque chose, ils seraient très mal, bien sûr, mais ils arrivent à trouver un équilibre harmonieux dans leur pratique.
2) Le mot amateur est devenu à tort contraire de professionnel et synonyme de dilettante. Pour moi amateur doit être compris dans le sens littéral (quelqu'un qui aime ce qu'il fait) .Or, quand je joue du piano, je suis complètement dans la musique et je vise la perfection (ce qui est heureusement impossible !). Pour moi, un amateur peut avoir un avantage sur le professionnel : c'est qu'il ne joue et ne fait que ce qui lui plait. Evidemment, je suis bien conscient qu'à l'inverse, un professionnel a un autre bagage technique mais, comme le disait en substance Chopin, pour celui qui a du goût, la technique finit toujours par s'imposer. Donc la différence tient d'abord au temps qu'il faudra pour atteindre ses objectifs et pas nécessairement aux objectifs eux-mêmes.
Je partage tout à fait ta définition du mot "amateur", c'est exactement comme ça que je le conçois.
Concernant Chopin et la question de la technique, j'avais posté il me semble un texte de ce monsieur dans mon sujet "les beaux textes", où une de ses élèves racontait son epérience avec ce professeur : Elle bloquait devnt son morceau, et Chopin lui demandait d'imaginer qu'elle entendait la plus belle version qui soit, et que cette version, elle l'entendrait ici, sous ses doigts. C'est l'ideal, c'est sûr. Mais j'ai encore du mal à concevoir ça. C'est très difficile, se dire qu'il suffit en gros de savoir ce qu'on veut pour que le geste vienne ensuite... C'est là aussi la différence entre les bons musiciens et les autres.
Je cite Edgar Willems,
les mauvais musiciens n'entendent pas ce qu'ils jouent, les médiocres pourraient entendre, mais ils n'ecoutent pas. les musiciens moyens entendent ce qu'ils ont joué, seuls les bons musiciens entendent ce qu'ils vont jouer.
C'est bien, d'après sa classification, je serais "moyen musicien". J'entends... Mais trop tard.