Chopin op 10 6, difficile ? Début d'analyse

[Chtilli]

J'ai envie d'aborder cette étude dans le cadre de la direction plus "interprétative" que j'ai envie de donner à mon apprentissage, où je souhaite aborder des pièces moins difficiles (marre de passer deux mois sur une seule pièce) que je pourrais apprendre plus vite pour avoir encore du plaisir à les jouer une fois que je sais les jouer et passer plus de temps à travailler l'interprétation.

À l'écoute elle me paraît bien plus facile que toutes les autres, mais je suis quand même allé voir le classement Henle : 7 (?!). Fait-elle partie de ces pièces qui sonnent beaucoup plus faciles qu'elles n'en ont l'air, mais 7, vraiment, soit autant que l'op 10 3 ? Pour moi, les pièces de niveau Henle 7 ça veut dire "je passe un temps fou dessus et j'arrive à peu près à sortir quelque chose de correct après 300 répétitions", et ce n'est pas du tout ce que m'inspire cette étude à l'écoute

[Carla Rocío]

Hello Chtilli!
Pour l’avoir jouée (j’étais ado c’était trop tôt) je peux dire que les difficultés majeures que j’y ai rencontrées sont : les doigtés à trouver pour un joli legato, la mémorisation, la conduite de la tension musicale et la sensibilité à mettre dans l’interprétation (qui de mon point de vue on l’a ou on l’a pas et à mon avis c’est pas un truc qui se développe sur un piano). Donc oui le 7 j’adhère au classement.
La 25/7 est peut-être plus simple avec le même genre de défi d’interprétation ?
Si jamais il y a aussi les études op15 de Bortkiewicz : elles font un peu le même effet musical que Chopin mais se montent très vite.

[nox]

Cette étude est difficile si on veut y chercher les objectifs qu'elle se fixe :
- le travail du legato
- la gestion de la sonorité dans des mélodies lentes et très étirées
- les plans sonores

Les questions à se poser je pense sont :
1- est-ce que tu aimes ce morceau ?
2- est-ce que tu cherches à progresser sur un point en particulier ?
...et c'est tout

Quoiqu'il en soit, travailler un morceau "trop difficile" peut être extrêmement profitable, bien qu'un peu frustrant. Tu en retireras toujours quelque chose, et tu pourras y revenir dans quelques années avec un oeil neuf.

[mh_piano]

Je l'ai jouée sans trop de difficultés ainsi que récemment l'opus 25.7 alors que mon niveau relève plus du 6 Henle que du 7. Pas facile à apprendre par coeur (je n'ai même pas essayé). Les difficultés sont l'interprétation et la gestion des plans sonores. Essaye 1 page tu verras !

[Chtilli]

Quoiqu'il en soit, travailler un morceau "trop difficile" peut être extrêmement profitable,

Bien d'accord, mais là mon objectif est plutôt inverse. Je veux jouer des pièces où je ne bute pas sur un problème technique

Pour le par cœur l'analyse me sauvera la mise encore une fois. J'ai appris les 4/5 premières mesures hier soir, ça devrait être jouable si je je me lasse pas. Ce sera peut-être la plus grosse difficulté en effet

[fritz]

C'est plutôt osé de piocher dans les études de Chopin pour trouver des pièces sans problème technique. Les études lentes ont la réputation d'être plus faciles parce que la vélocité est généralement ce qui est le plus dur à obtenir mais ça reste à mon avis difficile. Et difficile aussi de juger tout seul si on étudie bien ce que ce genre de pièce cherche à faire travailler, à l'inverse d'une étude de vélocité pour laquelle on se rend compte assez facilement où on en est sans oreille extérieure

[Chtilli]

Il faudrait que je voie ce que dit Cortot de cette étude. En tout cas elle arrive plusieurs fois au bas des classements par difficulté sur internet

[fritz]

Pour moi c'est le même syndrome que le quatrième prélude qui est souvent donné à des pianistes en début d'apprentissage, tempo lent, pas de gros écarts, mélodie simple, ... Et pourtant comme c'est difficile de bien le jouer

[nox]

C'est plutôt osé de piocher dans les études de Chopin pour trouver des pièces sans problème technique.

C'est vrai que vu comme ça, c'est culotté !

Pour les études, il y a aussi l'incroyable livre de JP Marty "24 leçons avec Chopin" dans lequel il décortique dans le détail chaque étude.
Je regarderai ce qu'il dit de cette étude si ça vous intéresse.

[Chtilli]

Pour moi c'est le même syndrome que le quatrième prélude qui est souvent donné à des pianistes en début d'apprentissage, tempo lent, pas de gros écarts, mélodie simple, ... Et pourtant comme c'est difficile de bien le jouer

Je réponds avec le contre-argument classique : c'est vrai pour n'importe quelle pièce

Pour les études, il y a aussi l'incroyable livre de JP Marty "24 leçons avec Chopin" dans lequel il décortique dans le détail chaque étude.
Je regarderai ce qu'il dit de cette étude si ça vous intéresse.

Je veux bien, ça m'intéresse

[Arabesque44]

Piano library la classe en 3, c'est la seule, les autres études réputées plus accessibles comme 10/9, 25/1 et 2 , 25/7, sont à 3.5.
Mais j'avoue que ce n'est pas ma préférée.

[fritz]

Pour moi c'est le même syndrome que le quatrième prélude qui est souvent donné à des pianistes en début d'apprentissage, tempo lent, pas de gros écarts, mélodie simple, ... Et pourtant comme c'est difficile de bien le jouer

Je réponds avec le contre-argument classique : c'est vrai pour n'importe quelle pièce

C'est pas faux

[oiseau.prophète]

Pour moi c'est le même syndrome que le quatrième prélude qui est souvent donné à des pianistes en début d'apprentissage, tempo lent, pas de gros écarts, mélodie simple, ... Et pourtant comme c'est difficile de bien le jouer

Le tempo de cette étude n'est pas lent comme celui du 4e prélude, l'indication est andante

[Ninoff]

Bonjour Chtili,
Très bon choix que cette étude, tu vas exceller dans ce jeu de recherche des timbres, des combinaisons harmoniques et des modulations parfois surprenantes et très belles.
Quand même l’une des études les plus abordables..

[Chtilli]

Bonjour Chtili,
Très bon choix que cette étude, tu vas exceller dans ce jeu de recherche des timbres, des combinaisons harmoniques et des modulations parfois surprenantes et très belles.
Quand même l’une des études les plus abordables..

Exceller je ne sais pas, mais j'espère un apprentissage un peu plus apaisé que d'habitude :c'est sur ton fil que je l'ai découverte

[Chtilli]

J'ai continué de déchiffrer tranquillement l'étude. Pour retenir rapidement, je trouve l'analyse encore plus indispensable que d'habitude, ça aide vraiment énormément. J'ai envie de partager la première page si jamais ça vous intéresse. Peut-on dire que c'est très "bachien" dans l'esprit ? Quand je l'ai ré-entendue l'autre jour j'avais oublié que c'était de Chopin et j'étais persuadé que c'était de Bach. Que du très habituel dans cette ouverture, comme presque toujours, la suite sera sans doute plus complexe.

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[poppotame]

Superbe analyse, merci.
C'est une de mes études préférées.
J'ai également le bouquin de Marty (un indispensable pour les Etudes), je regarderai ce qu'il en dit sur celle - ci.

[Pos]

Tiens ça m’intéresse cette histoire d’analyse.
Le fais tu systématiquement? Dans quel but le fais tu ?
(Je m’y mets doucement, convaincue de l’utilité de la chose pour la pratique, mais le rapport énergie/résultat est parfois un peu décourageant lorsqu’on a pas les bases théoriques solides)

[Chtilli]

Oui, systématiquement. Déjà ça permet de retenir presque instantanément une mesure apprise, selon la complexité (parfois il faut plus que ça, surtout chez Chopin qui sait être très complexe) et de se faire une image mentale très condensée d'une pièce. Ensuite ça permet de comprendre la structure des pièces et de repérer certains clichés/habitudes, par exemple l'usage quasi systématique des degrés i, ii et V au début des pièces mineures et de la sixte napolitaine chez Chopin, Rachma, Liszt. J'ai conscience qu cette analyse en accords de jazz est anachronique et trop verticale et qu'il faudrait aussi analyser l'évolution des voix pour vraiment bien comprendre ce qui se passe, mais c'est déjà très utile pour la mémorisation. Dans l'idéal ça permettrait de ne jamais oublier une pièce mais malheureusement ça ne suffit pas. Ça permet quand même de la retenir plus longtemps. Ça marche pas pour tous les styles de musique : impossible d'analyser les pièces les plus impressionnistes de Debussy par exemple

[Pos]

Pour la première fois je l’ai fait sur une pièce, romantique mais sans la complexité harmonique d’un Chopin ou d’un Schumann.
Rapidement on comprend l’intérêt. Je trouve que je fais moins de fausses notes et surtout le déchiffrage est bien plus rapide. Je n’en suis pas encore au par cœur sur la dite piece. Et puis ça sert pour se raconter une histoire et ça guide l’interprétation du coup.
Alors ça m’encourage. J’adore quand en cours, prof me fait même partiellement une lecture harmonique de la pièce. Sur le 13eme prélude de Chopin, j’avais l’impression d’avoir les yeux qui s’ouvraient pour la première fois, les surprises harmoniques qui changent l’ambiance de la pièce, les répétitions de schémas, les cadences cachées, toutes les petites choses qui font le génie du compositeur.
Toi qui pratique cette analyse de façon régulière, as tu toujours besoin de temps de travail avec crayon/papier à chercher des empilements de tierces ou tu as développé une sorte de lecture verticale de l’œuvre et tu reconnais quasi instantanément sur ta partition grosso modo la direction de l’œuvre. Parceque ça doit être très efficace pour faire de la lecture à vue.
Ton expérience m’encourage à poursuivre mes efforts en tous cas !