nox a écrit : ven. 10 févr., 2023 11:40
Tout à fait, et encore heureux

Je serais intéressé que tu me partages exactement ce qui te déplait dans la version de Say de la passacaille par contre, car je veux l'inclure dans un gros programme que je suis en train de monter, et j'ai pas mal hésité sur la bonne version à prendre.
Ce qui est sûr c'est que la version de d'Albert me semble trop lourde et inconfortable, notamment dans la fugue (en même temps Say résout le problème...en virant simplement des notes

)
En fait, c’est une succession de détails d’écriture qui définissent des attitudes assez différentes vis-à-vis de l’exercice de transcription. Globalement, F. Say (FS) supprime des notes, redistribue à l’octave supérieur ou inférieur quand E. d’Albert (EA) cherche à maintenir autant que possible la progression des voix. C’est vrai que FS fait cela intelligemment, et à l’écoute, cela ne s’entend pas forcément, mais pour celui qui joue, c’est très différent. Plus profondément, il y a des choix d’interprétation reflétés dans la transcription qui me parlent d’avantage chez EA.
Il n’y a pas de doute que FS est un immense pianiste, doublé d’un compositeur remarquable. Mais EA était aussi en son temps un pianiste hors norme, et qui a aussi énormément composé. Ce qui est intéressant, c’est qu’il n’aimait pas les transcriptions de Busoni qu’il trouvait trop chargée, et cela se reflète dans sa transcription qui évite je trouve les outrances.
En guise d’illustrations, quelques observations sur la première partie de la passacaille
M8, FS met le thème en octave, alors que EA reste en note simple, ce qui me parait efficace pour ménager la progression ultérieure.
M45 : au 3ième temps de la MG, FS supprime le si bécarre/Ré (deux dernière double croches) alors que la 10ième , maintenue par EA est faisable.
M50 : FS transpose le Fa (dernière croche de la mesure) à l’octave supérieur alors que EA maintient la progression des voix en prenant fa-sol avec le 1 de la MG.
M62 : EA fait prendre par la MG les doubles mi-ré-do, ce qui permet à la MD de tenir le la b et de lier avec la mesure suivante, ce que ne permet pas l’écriture de FS.
M65 à 71 : FS indique pp sur ce passage ave la basse en note simple : je préfère EA qui met plus de sonorité avec le thème en octave et parvient quand même à garder toutes les voix ave une écriture ingénieuse alors que FS supprime quand même des notes de temps en temps…. Par exemple, FS supprime le sol au début du 4ième temps, mais la 10ième arpégée est tout à fait faisable dans la version de d’Albert, et éviter un « trou » dans le flux de doubles croches.
M80 à 96 : dans ce passage, je n’aime pas les octaves systématiques de FS, je trouve la sonorité un peu creuse, surtout dans le médium et l’aigu. EA écrit le flux de double croches en notes simples, et place des accords sf sur les notes du thème à la MG.
M88 : FS indique ff sur tout ce passage, EA est au contraire pp, en notes simples, et c’est l’inverse M97 (FS indique piano, EA met un crescendo) : je préfère la progression indiquée par EA.
M97 à 103 : dans ce passage assez scabreux, FS redistribue et simplifie quand EA s’efforce de maintenir la polyphonie au prix d’une redistribution assez difficile à exécuter. Mais musicalement, je trouve EA bien plus convaincant.
M129 –M136: EA réplique les doubles croches aux 2 mains, ce qui permet d’avoir plus de son sans forcer, alors que FS n’a les doubles qu’à la MD.
M61 jusqu’à la fin de la première partie, EA fait participer la MG aux doubles notes alors que FS fait tout faire par la MD, ce qui pour le coup est moins facile à exécuter.