Horowitz a toujours été critiqué pour les libertés prises avec le texte, d'où peut-être la réaction de ton prof, car il est vrai que depuis cette époque la tendance a été de se rapprocher au mieux des partitions originales, ce qui correspond d'ailleurs à la recherche d'authenticité du côté de la musique baroque depuis les années 80.
Cette recherche d'
authenticité peut aussi être discutée, et bien souvent elle est plutôt souvent source de disputes entre experts et spécialistes !
Au niveau pédagogique, c'est compliqué pour le prof, car il doit à la fois tenir compte de certains principes dont l'élève n'a pas forcément conscience, de détails et soucis techniques qui restent forcément à être développés.
Ensuite, pour ma part, je pense qu'il est fort intéressant de développer également un sens critique, ouvert, de remise en question, aucune interprétation ne peut être gravée dans le marbre contrairement aux affirmations de mélomanes enthousiastes (la
meilleure interprétation, le
meilleur interprète, bla-bla), et je pense qu'il est essentiel de parvenir à interpréter une même œuvre de différentes façons, et ceci peut aussi être le rôle du professeur : montrer qu'on peut avoir une vision différente, un phrasé différent, pourvu, bien entendu, que ce soit cohérent, pertinent, qu'on explique les intentions.
Le prof peut montrer une voie, expliquer pourquoi il interprète de sa manière qu'il juge la meilleure, mais je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas, justement dans le cadre pédagogique, montrer qu'on peut interpréter de façon différente !
Personnellement, à mon petit niveau, c'est ce que je fais :
joue moi ça de manière enjouée, à présent un peu moins, avec un phrasé différent qui après tout est bien aussi, etc...
Les profs eux-mêmes ont souvent été formés dans un moule, par des profs ayant été formés dans telle ou telle école, où chacune a choisi une fois pour toutes une voie, d'où l'esprit de chapelle et de mandarinat qui règne souvent dans le milieu du classique !
Rien de pire que d'être pétri de certitudes en matière artistique, même s'il est normal d'avoir ses préférences. Préférences qui peuvent évoluer, changer, au fil de sa vie musicale.
Enfin, il ne s'agit pas non plus de partir tous azimuts question interprétation et de faire n'importe quoi, mais les virtuoses à l'aube de leur carrière ont souvent plusieurs Maîtres successifs, afin justement de se forger un sens critique et ouvert.
