Doodie L'alpaga a écrit : mer. 07 nov., 2018 17:39
Quand je dis que les hommes subissent une pression pour réussir professionnellement, ce n'est pas du tout pour me plaindre, c'est pour bien faire comprendre que même si on aide les femmes à réussir professionnellement, il n'y aura pas de place pour elles tant que les hommes auront cette pression. Ce n'est pas du tout une manière de plaindre les hommes, c'est juste pour avoir une vision plus complète de la situation.
Penser la cause des femmes en commençant par aborder la frustration – certes, légitime, mais secondaire dans le cadre de cette question – de l’homme de qui on exige une réussite professionnelle, ce n’est pas aborder le problème « dans sa globalité », c’est biaiser le problème par un hors-sujet, ou l'attaquer par un mauvais angle. C’est même un peu violent pour les discriminées (mais c’est un refrain habituel, comme le dit JPS) : de la même manière, on répond à la caissière en situation précaire par les problèmes du patron : il
ne peut pas faire autrement que flexibiliser l’emploi, il doit être concurrentiel ; aux migrants de l’Aquarius qu’on éconduit hors de nos frontières, on répond qu’on
ne peut pas les accueillir parce qu’on a une dette à payer. C’est à chaque fois la réponse du privilégié qui se satisfait du système (et qui n’en a pas forcément conscience, parce que fondamentalement chacun veut le bien de l’autre, dès lors que ça ne remet pas en cause sa situation et ses plaisirs personnels). Le nœud du problème, au niveau individuel et collectif, ce serait cette question que le dominant accepterait de se poser avant de penser à ses intérêts personnels : qu’est-ce que j’accepte de sacrifier de mon confort pour que l’autre soit moins aliéné par mes propres désirs ?
De la même manière, il m’a semblé repérer d’autres indécrottables stéréotypes de la pensée dans ce fil, arguments qui semblent mis en avant pour défendre les femmes mais ne font qu'enraciner les différences :
"Les hommes et les femmes sont différents, l’égalité parfaite est un leurre." De mon point de vue, je ne vois que deux différences biologiques indiscutables entre les hommes et les femmes : 1/ sauf exception, les hommes ont la force physique (je parle ici de force mécanique et non pas de résistance parce que personnellement, j’ai beau peser 20 kg de moins que mon conjoint, je suis capable de sauter 2 repas sans m’évanouir). 2/ Les femmes portent leur enfant dans leur ventre et ont la preuve physique de leur maternité (les hommes n’ont pas la garantie de leur paternité au départ… mais ils ont su y remédier par l’instauration du mariage, de la fidélité dans le mariage, du test ADN, bref du contrôle de la sexualité féminine).
Tout le reste est grosso modo de l’ordre de la construction sociale. Je ne vois pas l’utilité de rappeler sans cesse que les femmes se maquillent, sont coquettes, n’aiment pas se salir les ongles et mettent des jupes, si ce n’est pour exarcerber les différences. On s’en fout un peu à mon avis. A la cour de Louis XIV, les hommes se maquillaient, mettaient des perruques, des talons, ne lésinaient pas sur la dentelle, et même des prothèses pour avoir les fesses plus rebondies et le mollet musclé ! (d’ailleurs à cette époque, la femme valait moins que rien). Les modes n’ont que peu d’importance, au fond, et j’ai bien l’impression que le fait de les exhiber ne fait que réduire l’autre à un rôle asservissant, tout au moins le réduire à son genre sexué. Bref, la femme est une humaine avant tout. Le reste relève de l’anecdote pour moi.
"Ne nous fâchons pas, les hommes et les femmes sont complémentaires." Ah bon ? Sur le plan strictement biologique, je veux bien, puisque il faut des hommes et des femmes pour perpétuer l’espèce. Mais sur le plan des sociétés, si l’on raisonne comme cela, quid des homosexuel(le)s ? On a bien tenté d’expliquer à Oscar Wilde que la femme était son alter ego mais le bonhomme était rétif. On l’a jeté en prison, pour qu’il le comprenne mieux.
"Le féminisme, c’est louable, mais le problème, c’est le féminisme extrémiste." Je ne suis pas sûre de la validité de ce dernier concept. Je dirais qu’on est féministe ou qu’on ne l’est pas, de même qu’on est raciste ou anti-raciste. Les seules différences que je repère au sein du féminisme, ce sont des différences d’engagement, de sensibilité, d’analyse, de militantisme, selon qu’on se sent plus ou moins concerné par la question. Je n’ai pas d’exemple de « féministe extrémiste » qui me vienne à l’idée parce qu’à mon sens… cela ne fait pas sens. Si par « féministe extrémiste », on fait référence à une sorte de passionaria qui souhaiterait renverser l’ordre pour que les femmes dominent les hommes, je dirais que celle-ci n’est pas féministe mais sexiste.
Eh bien... disons pour nous réconcilier que l'enfer est pavé de bonnes intentions...