C'est marrant que tu mettes des guillemets sur "difficiles" et "faciles", mais que tu n'en mettes pas sur "très doué" et "commun", alors que pourtant ça ne me semble pas plus objectif.
Plutôt que de parler de d'élève doué ou commun, je dirais que ça peut parler surtout à ceux qui sont dans un réel objectif de progression.
Ceux qui jouent pour leur seul plaisir, sans escamoter la progression mais sans non plus la considérer comme un objectif fondamental, effectivement pas la peine de se prendre la tête avec ce type de considération
Lee a écrit : lun. 25 sept., 2017 18:23
Merci. Je vais t'écouter je crois. Pourquoi tu cites 1er et 3ème ballade ? La 2 est aussi difficile que la 4 ?
C'est flatteur, mais fie toi plutôt à ton prof

Pour les ballades, oui la deuxième est un casse-tête aussi bien technique que musical selon moi. Rien que ces deux premières pages d'exposition, avec ce magnifique balancement à maintenir, empêchant tout rubato trop marqué. Il faut jouer vraiment sur l'aspect sonore pour animer tout ça, tout en restant dans un registre piano. C'est très compliqué de lui rendre justice. Je trouve qu'il y a beaucoup plus de pièges que dans la 3ème notamment, qui "s'offre" plus facilement à l'interprétation.
Par ailleurs, j'avais en tête à peu près un objectif pour chaque étape.
Un ou deux cycles de nocturnes : c'est un excellent moyen de faire connaissance avec Chopin, de découvrir son univers sonore, ses modulations clés. Il y en a des accessibles, mais jamais triviaux, ça permet déjà de bien réfléchir à ne jamais laisser dormir la main gauche, même quand le chant semble se concentrer à droite par exemple. Bref, ça me semble une bonne entrée en matière.
Quelques préludes : on fait connaissance avec un Chopin beaucoup plus recherché et complexe harmoniquement, dont l'univers se rapproche parfois du premier thème de la 4ème ballade. C'est un Chopin qui demande plus de réflexion, plus de recherche sonore, mais ça reste des pièces courtes. Et il y a de vrais défis techniques.
La 1ère ou la 3ème ballade : on fait connaissance avec le Chopin très narratif, ce sont des oeuvres de plus grande dimension, qui nécessitent une vraie prise de recul pour apprendre à dégager une structure, voir le travail sur les thèmes et les modulations à plus grande échelle. Ce sont aussi des oeuvres qui ne permettent pas de se relâcher techniquement, même dans les passages les plus tranquilles. A ce niveau de la "progression" (théorique

), impossible de placer la seconde ballade. Par ailleurs, la 1ère et la 3ème ballade permettent aussi d'étudier les transitions, la manière (magnifique !) dont Chopin arrive à articuler les thèmes entre eux. De ce côté, la 2ème ballade est un peu à part, car elle joue beaucoup sur les "ruptures" (mais toujours de la plus splendide des manières)
Un des scherzi : pour les techniques très digitales et le Chopin tumultueux. Il y a dans ces scherzi, qui ont pour le coup l'avantage d'être de construction beaucoup plus simple, beaucoup de "clés" qui permettent je trouve de se familiariser avec les grands arpèges chopiniens. Certaines études feraient tout aussi bien l'affaire.
Le 3ème impromptu : c'est le Chopin tardif, avec des mélodies toujours magnifiques mais plus compliquées à faire chanter, ça demande un travail très fin pour ne pas faire de contresens. Par ailleurs, c'est du bon gros travail sur les doubles notes !
La polonaise-fantaisie ou celle en fa# mineur : là on est vraiment les deux pieds dans les grandes oeuvres de Chopin, qui concilient un peu toutes les difficultés précédentes. Un vrai préambule au travail sur la 4ème ballade.
Tout ça c'est très théorique, et des considérations très personnelles bien sûr...