Okay a écrit :Les principales victimes "globales" sont Messiaen et Chostakovitch. Je comprends ou partage certaines reserves mais je trouve son jugement vraiment excessif. Après je ne vois pas le problème à trouver de la faiblesse à tel mouvement de Beethoven ou Mozart, et a contrario s'extasier sur une miniature d'un compositeur inconnu. Cette indépendance de pensée et louable, et outre l'exhaustivité et le sérieux de ce dictionnaire, une grande partie de sa valeur réside justement dans ces avis subjectifs. Il me serait presque totalement inutile s'il plaçait toute la musique sur le même rang. Lorsqu'une sonate de 40 minutes a 5 lignes et qu'une miniature a une page, ça veut dire quelque chose, ça interpelle. Vu la somme que constitue le répertoire pour piano solo, je trouve de telles opinions salutaires pour aider à faire un premier tri.
Quitte à faire des découvertes en partant d'un écrit, autant que ce soit via la plume de Sacre, élégante, immensément érudite, impossible à prendre en défaut sur le fond, et offrant le prisme précieux de l'oreille du compositeur qu'il est. Ensuite, libre à chacun de ne pas partager l'un de ses coups de coeur ou d'adhérer à une oeuvre qu'il vilipende.
On m'a offert un jour les 2 volumes de Sacre. Je les ai ouvert avec appétit, dans l'attente d'une exploration gourmande et bienveillante de l'immense répertoire pianistique. Las, j'ai essentiellement trouvé des évaluations à l'emporte pièce, exprimées avec une plume qui se veut élégante mais qui est surtout coquetterie, aboutissant à des jugements péremptoires, d'une prétention parfois incroyable, comme sur l'opus 106 de Beethoven.
Que Mr Sacre essaie de faire partager son plaisir pour la découverte de compositeurs peu ou pas connus ... c'est tout à fait louable, même si ceux qu'il essaie parfois de réhabiliter ne sont pas tous injustement oubliés....
Mais un peu d'humilité aurait été plus appropriée pour la critique d'œuvres ou de compositeurs qui n'ont pas l'heur de lui plaire. Ce d'autant que la production pianistique de Mr Sacre est de qualité probablement bien inférieure à celle des œuvres qu'il démolit.
Toute proportions gardées, pour moi Sacre est à la critique musicale ce que Michel Onfray est à la philosophie, une pseudo érudition, une tendance à déboulonner des idoles pour flatter son propre ego.
Je n'ai jamais ouvert de nouveau ces livres...
Pour ce qui concerne les Saisons, pourquoi la sentimalité des ces pièces serait-elle nécessairement une tare ?
On a fait souvent à Piotr Ilitch le procès d'une mièvrerie et d"un romantisme "trop russe". Je ne sais quel critique disait du 1er concerto de piano " qu'il sentait trop le knout et la vodka"
Je vois là le reflet d'une certaine suspicion pour ne pas dire mépris d'une culture de la vieille Europe de l'ouest pour ces Slaves Barbares...
Accepterait on de dire de la musique de Wagner qu'elle sent " le panzer et le pas de l'oie"?
J'ai donc du mal à partager l'avis d'Okay sur l'aide de Sacre pour "faire un premier tri".
Je préfère faire confiance à mes oreilles et à mes émotions...