Le 2ème cours - suite et fin
(Rappel de l'épisode précédent : "Vous allez réécrire l’arrangement, mais cette fois-ci j’espère beaucoup plus rapidement (en une heure si possible")...
Donc , dans un bel ensemble, nous voilà tous à sortir nos feuilles de scores vierges et, stylo à encre de couleur à la main, de recopier la mélodie du conducteur...
Zut, j'ai oublié d'amener mon stylo rouge. Je me rabats donc - un peu piteux - sur le bic bleu, me jurant d'aller trouver des recharge pour stylo quatre couleurs après le cours. Je ne voudrais pas retomber dans ce genre d'imper la prochaine fois, même si finalement, le bleu au simple bic, ça en jette un peu quand même.
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Intermède : le stylo quatre couleurs
A propos du quatre couleurs, il faut que je vous dise - comme quoi la vie apporte toujours tellement d'imprévu : peut-être six mois avant de m'inscrire au cours d'Ivan, j'ai retrouvé dans une boîte le quatre couleurs de mon enfance, que mon père m'avait offert quand j'avais douze ans.

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Je n’étais pas fâché de retrouver pareil stylo, ayant besoin parfois de souligner en rouge ou d’encadrer un mot en vert (mais une fois l'an). Le cas s’était d’ailleurs déjà présenté l’année d'avant lorsque j’avais dû dessiner un schéma en couleurs (sauf qu'alors j'avais juste un stylo violet à disposition).
Je démontais mon quatre couleurs, âgé de 17 ans déjà. Depuis ce temps là,tout avait évolué, sauf la chicorée. C’est chaud, mais c’est bon ! Marc et Dominique sont super fiers !
https://www.youtube.com/watch?v=r21DFx63DIU

- eclatebic.jpg (8.78 Kio) Vu 1887 fois
Mon pauvre stylo avait déjà bien travaillé. Ses recharges étaient vides sauf celle du « vert » évidemment. Quelqu’un a-t-il déjà usé complètement un stylo vert dans sa vie ? C’est impensable.
Ainsi, cet authentique quatre-couleurs, ce modèle mythique apparu sur Terre en 1969, se retrouvait soudain à l’avant-garde d'une nostalgie, de cette envie de le remettre en état de marche. Sauf qu'alors je n'étais pas allé plus loin dans la réparation, pensant que les recharges n'existaient plus dans le commerce. Je jouissais cependant de l’épingler à la poche supérieure de mon veston et de me promener comme ça rue du Jourdain. Plus aucune poche de veston n’en était garnie depuis la disparition des instituteurs à blouse grise ou des anciens releveurs de compteur à gaz.
Ce modèle, créé dans les années Gagarine, enfin juste un peu après, coiffé d’une petite boule, permettait de composer les numéros de téléphone sur les cadrans circulaires sans s’user le bout des doigts. Il avait toute sa place dans mon cœur. Une fois j’avais vu ça quand ma mère m’avait emmené avec elle à son travail. Les secrétaires d’alors pouvaient composer les numéros du bout du stylo, protégeant ainsi leurs grands ongles rouges et pointus que je portais aux nues. Je n’étais pas bien vieux quand j’ai eu mon premier quatre couleurs…
Dans ces années d’affrontement entre ceux qui étaient pour les Beatles et ceux qui étaient pour les Stones, mes amis d’école et puis moi nous amusions avec ces stylos à composer des numéros, sans décrocher bien entendu (quoique).
Bref, si ce stylo avait atterri de nouveau dans mes mains, c’était pour que je m’en occupe. Je l’avais accueilli et il fallait que je l’assume. Je n’allais pas l’abandonner, pour acheter un succédané ou, pire, quatre neufs d’une couleur. C’est idiot! Peut-être qu'en ces temps, un besoin de couleurs se faisait sentir dans ma vie.
Ma décision était prise : j'allais remuer ciel et terre pour trouver ces recharges, prêt à braver tous les dangers que celait pourrait peut-être comporter...
Hors de question pour moi au départ d’aller dans les rayons papeterie des supermarchés car on y trouve tout ce qu’on ne veut pas. Je demandai à mon marchand de journaux, qui vend des enveloppes, s’il ne vendait pas aussi des recharges. Savait-il où l’on pouvait encore trouver celles-ci ? Il se souvenait très bien de cet article, il en avait fait… mais ne savait plus rien… J’essayai de le convaincre que cela se faisait encore de nos jours... « Ah bon, tu crois ? », mais il n’en faisait plus. Car il était d’abord marchand de journaux… Simplement pour dépanner ses clients, il avait un petit rayon papeterie… Ce n’était pas son métier et ce n’était surtout pas avec ça qu’il faisait tourner la boutique, me dit-il en riant jaune pour me montrer que ce n’était pas moi qui était dans ce métier de forçat de marchand de journaux… Pour lui, c’était le bazar ! Partout et en tout lieu… Les gens ne lisaient plus de journaux… On se leurrait en vantant la profusion des titres. A part deux ou trois succès, la plupart repartaient au pilon. On n’y pouvait rien…
Selon lui, je n’avais qu’à laisser tomber cette tocade de recharges de stylo. Je n’avais qu’à acheter un stylo neuf. Je ne lui en voulais pas. Je comprenais son point de vue. A sa place, levé à 5 heures tous les jours, les mains noircies par l’encre des quotidiens, le visage rougi par la bise dans sa boutique grande ouverte aux vents, avec comme perspective une toute petite retraite, j’aurais fait une tentative de suicide pour signifier mon manque d’amour (pourtant, a priori, je trouve ça hautement bien de vendre la presse).
Après avoir tenté trois ou quatre librairies-papeteries, stop affaires et boutiques, j'avais laissé tomber pour un temps. Et puis j'avais oublié... Mais finalement, il y avait des deuxièmes chances, des rappels à l'ordre... Le cours d'Ivan en était la preuve...
fin de l'intermède
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Mais retournons à nos moutons : "Vous allez réécrire l’arrangement, mais cette fois-ci j’espère beaucoup plus rapidement, en une heure si possible"
Si vous avez bien suivi les cours précédents, vous savez déjà ce que je vais faire :
1) tout d'abord, écrire en haut du score le conducteur, ce qui consiste à recopier dans une des portées du haut la mélodie et porter au dessus de celle-ci, au crayon de papier, les accords et leurs placements rythmiques, et tout en haut, les notes "interdites" (nb : sur l'image on a l'impression que tout cet ensemble est écrit au stylo noir... nan, nan, c'est bien du crayon à papier, mais j'ai noirci l'image parce que sinon, cela n'aurait pas été très lisible...)
Voir les deux image manquantes ici
Explication des notes rayées (les fameuses notes "interdites") au dessus du conducteur :
nb : le forum ne permettant pas d'afficher des images de belle dimension, les notes rayées ne sont pas très lisibles. Je commente donc presque tout (mesures 1 à 5, à vous de faire le reste).
1ère mesure :
- 2ème croche du 1er temps : la note 9e est rayée (donc ne pas utiliser en même temps que la note de mélodie). En effet, la mélodie fait un sib. La 9e serait un la (l'accord est un G -7 à cet endroit) et l'écart la-sib (sachant que la 9e sera obligatoirement sous la mélodie [sinon, ce serait cette 9e la mélodie

]) est en écart de 9e bémol, qui ne va pas sonner...
- croche en l'air du deuxième temps, j'ai rayé la 11+. En effet, la 11+ dans un accord de G-7 est un do#. Si je la rajoutais dans l'accompagnement, pendant que la mélodie doit jouer à ce moment un ré, cela fait un écart de 9eb et cela va pas sonner
- 1ère croche du 4ème temps : j'ai rayé la 9e : en effet, la mélodie est un sib en même temps que l'accord A-7b5. Si je jouais la 9e (qui serait un si) il y aurait conflit de gamme
- 2ème croche du 4ème temps : idem, on raye la9e car cela va frotter grave avec la mélodie qui fait un do à cet instant
2ème mesure :
- 1ère croche 4ème temps : j'ai rayé la 11+, qui serait un ré dans l'accord de Ab9, qui frotterait avec le mib de la mélodie
- 2ème croche 4ème temps : j'ai rayé la 11+, qui serait un do# dans l'accord de G-7, qui frotterait avec le ré de la mélodie
3ème mesure
- 1ere croche du deuxième temps : explication = idem 2ème croche du 1er temps de la 1ere mesure
- 2ème croche du deuxième temps : 11+ est rayée au moment où la mélodie fait le ré : en effet, la 11+ d'un G-7 est un do#, qui va frotter grave
1ère croche du troisième temps : 11+ est rayée au moment où la mélodie fait le do : 11+ dans l'accord F9 est un si bécarre (ça frotte avec le do)
4ème mesure
- 2ème croche du troisième temps : j'ai rayé la 11+ sur le C-7, sachant que la 11+ est un fa#, qui va frotter avec le sol de la mélodie
5ème mesure
- 1er croche du 3e temps : j'ai rayé la 13 (qui est le fa# dans un accord de A9b, qui va frotter avec le sol de la mélodie
- dernière croche du 4ème temps : j'ai rayé la 9e (qui est la note mi dans un accord de D-7), parce que cela va frotter avec le fa de la mélodie
etc. etc (je ne détaille pas pour les mesures 6 à 10, je pense que vous avez compris ?...).
2) Construire ensuite les accords, en fonction de ce que joue la trompette (qui fait la mélodie), en considérant les 4 instruments : trompette, sax alto, trombone et contrebasse).
.... Bon et là, j'imagine qu'il y aura sûrement une question : oui mais comment on fait, avec 3 instruments, pour construire un accord complexe, genre un A7 9b 13 (mais ce n'était pas le cas ici, car c'était juste A 9b 13 ), qui suppose, outre la basse la, d'avoir ces 4 notes suivantes : réb (la tierce), sol (7ème), sib (9b), fa# (13) avec 3 instruments ? .... Eh bien, il faut penser que comme on joue en tutti (ce qu'on appelle "phrasé de masse"), et que la mélodie se balade sur l'accord, on y retrouvera forcément ses petits. Même si on n'a pu installer que 3 notes, à un moment, cela va bien passer par la note manquante...
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A savoir : normalement, la disposition la plus logique sur le score, en fonction des instruments, serait de mettre les instruments dans l'ordre suivant sous le conducteur : trompette en haut, puis sax, puis trombone, puis rythmique. Mais en fait, on a coutume de ne pas dissocier les cuivres (trompettes-trombones) les uns des autres. Les Américains mettent les saxes en haut et les cuivres en dessous, ce qui n'est pas plus logique que l'inverse du point de vue de la tessiture (tessiture dont je parlerai un peu plus tard). Cela vient peut-être du fait que dans les orchestrations classiques, les bois sont en haut du score et les cuivres en dessous. Les Américains assimilent donc les "anches" (dont beaucoup d'entre eux d'ailleurs jouent également des "vrais" bois comme la clarinette ou la flûte) aux bois, ce qui peut se justifier. Quand à nous, nous disposerons sous le conducteur les trompettes, puis les trombones, puis les saxes, puis la rythmique.
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Voilà, finalement, je finis l'arrangement en moins d'une heure, un peu étonné de ma prouesse. Mais il faut dire que cet arrangement on l'avait déjà fait précédemment (c'était l'examen pour entrer dans la classe -
j'en ai parlé dans un autre fil)... Et j'ai bien écrit les différents instruments dans leur transposition (trompette écrite un ton au dessus de la note de mélodie en ut, 1ere trombone écrit en clé d'ut 4, et sax alto écrit une tierce mineure au dessous de la note en ut).
Une fois qu'on a tous fini, Ivan nous distribue son arrangement. Parce que, nous explique-t-il,
"il va nous servir de base pour les prochaines étapes qui va consister à écrire un arrangement sur le même canevas, mais cette fois pour un orchestre bien plus conséquent : 4 trompettes, 4 trombones, 5 saxes (2 altos, 2 tenors et 1 baryton), qui joueront comme ici en phrasé de masse, auxquels s'ajouteront un piano, une contrebasse et une batterie."
Et c'est pour cela qu'il nous a distribué son propre arrangement : pour être sûr que la voix du sax alto et celle du trombone sont bien situées à la bonne hauteur (sachant qu'on aura à rajouter toute la partie des autres trombones sous celle du 1er trombone, toute celle des saxes sous le 1er alto, et idem pour les trompettes (les 3 trompettes sous la 1ère trompette). Mais là, question trompette, il n'y avait pas de lézard, sachant que la 1ere trompette faisait la mélodie et là, on avait toute les notes déjà mâchées...
Je compare la voix écrite pour le trombone et celle pour le sax alto sur mon arrangement par rapport à celui d'Ivan... Grand sourire : c'est pile poil la même chose (remarquez, c'est un peu normal parce que c'était logique, par rapport à la distribution des tessitures du sax alto et du trombone (dont Ivan nous avait un tout petit peu parlé avant de commencer le devoir.)..
Par exemple, 1ère croche, 1ère mesure, sur le G-7, sachant que la trompette joue un sol, il est logique de mettre un fa (là je parle en ut) au sax alto et un sib au trombone. Et puis, vu le dessin de la mélodie, on fera sonner la note 7 (dans le G-7), à la deuxième croche (sur la mélodie qui fait le sib) au sax alto. Et on mettra un ré au trombone.
J'espère que ce que j'écris est clair pour vous... Sinon, n'hésitez pas à me poser des questions.
Mon arrangement, mesures 1 à 5 (je vous raconte pas la galère pour faire apparaître les images ci-dessous : en fait, ce sont pleins de petites images collées les unes sous les autres)

- page1_trompette_2emecours.jpg (46.02 Kio) Vu 1886 fois
Voir les images manquantes ci-dessus ici
Image ci-dessous : mon arrangement, mesures 6 à 11
Voir les images manquantes ci dessus en cliquant sur ce lien
Donc vous avez compris la logique qui préside pour écrire un arrangement en phrasé de masse (c'est à dire que tous les instruments vont jouer tout le temps, et tout le temps sur le même dessin rythmique que celui de la mélodie [sauf pour la contrebasse]) pour un big band conséquent (ici ce sera plus tard l'exemple de 4 trompettes, 5 saxes, 4 trombones, auxquels on adjoint contrebasse, piano et batterie (qui eux, feront plutôt des tenues ) : on écrit au départ un arrangement qui tient la route avec 1 trompette (qui fait la mélodie), le sax aigu (c'est à dire l'alto) (si cela avait été un soprano, c'est lui qu'on aurait pris en compte), et le 1er trombone. Et la contrebasse qui fait les basses.
Ensuite, une fois ces voix écrites, on pourra compléter avec les 3 trompettes en dessous de la 1ère trompette (en faisant des voix différentes ou pas, ou faire jouer à la 1ere et 2ème trompettes la même chose, et une voix différente au 3ème et 4ème trompette), les 4 saxes sous ce que fait le plus aigu (pareil avec des voix toutes différentes ou pas pour tous.. ), et les 3 trombones (pareil, avec des voix toutes différentes).
Et là, si j'ai tout compris, la suite des cours devient pour moi très claire :
aujourd'hui Ivan va nous parler de l'écriture des trompettes...
Le cours suivant, sûrement de celle des saxophones
et le cours suivant de celle des trombones...
Et Pan ! Dans le mille... J'entends Ivan nous dire :
"bon, comme maintenant le but du jeu va être d'étoffer l'arrangement avec beaucoup plus d'instruments que vous ne venez de le faire, commençons par ce qu'on doit savoir sur les trompettes"...
Écriture des trompettes dans un big band
"Avant l'invention des pistons, on n'employait que les "trompettes simples" qui ne donnait donc que les harmoniques. D'ailleurs, certaines notes de ces harmoniques n'étaient pas très justes. Cela explique que, pour pouvoir jouer toutes les notes de la gamme diatonique, il y ait eu des trompettes dans pratiquement tous les tons.
Avec l'apparition des pistons, on peut maintenant jouer toutes les notes entre ces harmoniques et plus justes. Mais pour obtenir seulement ces harmoniques, il faut faire agir de façon concomitante la "colonne d'air" (diaphragme) et la langue (qui se rapproche du palais au fur et à mesure que l'on monte dans l'aigu) ; et non pas comme on l'a cru - et enseigné ! - longtemps, en appuyant l'embouchure de plus en plus fort sur les lèvres pour atteindre les notes aiguës. Les lèvres ne servent en fait qu'à vibrer et cette vibration est transmise à l'instrument par l'intermédiaire d'une embouchure. Ceci est aussi valable pour les cors et les trombones (instruments à embouchures).
Nous n'étudierons donc pas toutes les trompettes existantes, mais seulement les plus courante (C, Bb, D, Bb aigu ou trompette piccolo) et leurs derniers perfectionnements technique de construction."
Les tessitures
Et là, Ivan de nous donner, pour chaque trompette, leur étendue (limite de la note la plus grave qu'on peut jouer, à la plus aiguë)
Trompette en ut :
C'est la plus souvent utilisée en classique, rarement en jazz. L'étendue par du fa# grave (celui à une 11e sous le sol de la cl de sol) pour aller jusqu'au fa (au dessus du contre ut. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que du fa# grave au ré, c'est très peu sonore. Par ailleurs, les notes graves do# et ré grave sonnent un peu trop hautes et sont fausses...(ce qui est valable pour toutes les trompettes, qu'elles soient en ut, Bb ou D) donc en gros, pour ne pas prendre de risque, il faut considérer que l'étendue va du mi (celui sous le sol de la clé de sol), jusqu'au contre ut (c'est à dire le do 1 octave au dessus du do qui est au dessus de la clé de sol) et que les virtuoses pourront même monter jusqu'au fa au dessus du contre-ut.
Trompette en Bb :
si je parle en ut, l'étendue "tranquille" va du ré (sous le sol de la clé de sol) jusqu'au sib (une dixième mineure au dessus du sol de la clé de sol)
Trompette en D :
Presque exclusivement utilisée en classique. Si je parle en ut, l'étendue va du fa# juste sous le sol de la clé de sol, au ré (au dessus du ré qui est au dessus de la clé de sol), voire jusqu'au sol au dessus.
Trompette en Bb aigu ou trompette piccolo
Presque exclusivement utilisée en classique. Elle sonne une septième plus haut que son écriture. C'est une toute petite trompette, dont les extrêmes, aigus ou graves, sont faux ou délicats, comme d'ailleurs tous les petites instruments, tel que le sax sopranino en Eb, la flûte piccolo, la clarinette piccolo en Eb..
L'étendue (je parle en ut) va du ré au dessus de la clé de sol, au mi, deux octaves au dessus du mi au dessus de la clé de sol.
Bugle en Bb
A savoir : il existe aussi le bugle en Eb, un peu faux et presque complètement disparu. Il a existé aussi le bugle sopranino en Eb, à peu peu près complètement disparu.
Le bugle fait partie de la famille des saxhorns et se présente un peu comme un clairon sur lequel on aurait adapté des pistons. Le son est en général plus généreux que celui de la trompette, mais un peu moins sonore. Les pédales se préparent car elles sont difficiles à obtenir : donc ici ne ou deux mesures avant ou une ou deux mesures après, il ne faut rien leur écrire d'autre.
Le bugle possède un grave bien meilleure que celui de la trompette. L'étendue (si je parle en ut) va du mi (celui juste au dessous du mi de la clé de fa) jusqu'au sol (1 octave au dessus du sol de la clé de sol). Attention, le si et le do (au dessus du fa de la clé de fa) sonnent un peu faux.
IL est possible de faire des pédales graves, mais uniquement avec préparation, sur les notes sib (le sib sous le fa de la clé de fa), la (juste en dessous du sib), lab, sol.
Le cornet :
De son moins brillant que la trompette, il en est le prédécesseur. Il relie bien le cor à la trompette. Il permet une grande vélocité. Il ne joue pas les pédales, mais a, à peu près à une note près, la même tessiture que le bugle.
A propos, voilà à quoi ressemble mon cahier pour les tessitures (j'ai noté à part sur un bloc toutes les autres informations). Je remettrai tout cela plus tard au propre dans mon "beau" cahier (voir épisode précédent). Y'a du rouge..., c'est parce que mon voisin a bien voulu me prêter son stylo...


Voir les images manquantes en
cliquant ici
Les sourdines
Ivan est venu avec une petite valise et dispose sur la table 5 sourdines différentes
"Il faut savoir que les sourdines faussent le diapason de la trompette (presque un demi ton pour certaines d'entre elles) et que l'instrumentiste doit donc réaccorder son instrument lorsqu'il les utilise ou au contraire les enlève. L'arrangeur doit donc prévoir un temps (au moins 6 secondes). Par ailleurs, en dessous du C grave et au-dessus du contre-ut, il devient très difficile de jouer avec une sourdine : les notes deviennent fausses ou indéfinies et le son a du mal à sortir
Il existe un grand nombre de sourdines, mais nous allons regarder juste les cinq principales, qui sont surtout prévues pour la trompette en Bb*".
De gauche à droite :
en haut : sourdine straight ; sourdine cup ; sourdine harmon (voir ces images ici)
en dessous : sourdine velvet ; sourdine plunger :
voir ces images ici
"Bon, parlons de la "straight mute" (ou sourdine sèche ou sourdine droite)
Des bandes en lièges maintiennent la sourdine en place dans le pavillon. C'est la plus commune car utilisée aussi bien en classique qu'en jazz. Le son est aigre, pincé ; on peut le rapprocher (avec beaucoup de restrictions) du son du hautbois (tout de même très différent). Stravinsky s'en sert dans le "Sacre du printemps" (danse Sacrale : éd. Boosey and Hawkes, trompette en D, chiffre 151).
Elle est très sonore, le réaccordage est minime."
Et Ivan de nous sortir sa trompette, installer la sourdine, et nous faire entendre comment ça sonne...
"La cup mute (ou Robinson, du nom de son inventeur) ou bol
Parfois employée en classique, c'est une straight mute au bout de laquelle on a rajouté une sorte de coupelle (d'où le nom de "cup"), souvent utilisée en jazz, plus qu'en classique. Le son est beaucoup moins aigre que la straight, plus doux et se marie assez bien avec le son de la clarinette. La coupe peut être réglable pour moduler l'effet de sourdine.
Elle est moins sonore que la straight. Le réaccordage est minime. "
Et là, Ivan nous entame le début d'un blues
"La Harmon mute (ou sourdine à harmoniques)
Inemployée en musique classique. C'est une espèce de vase en fer qui, enfoncé dans le pavillon de la trompette, ne laisserait pas sortir le son s'il n'y avait, au bout de ce vase, un trou pour le laisser passer. Dans ce trou, on peut introduire un tube qui, au fur et à mesure qu'on l'enfonce, laisse filtrer un son de plus en plus aigre. L'harmon sans le tube produit un son avec beaucoup d'harmoniques : d'où son nom.
Peu sonore. Sans le tube : réaccordage indispensable."
Ivan place la sourdine et nous joue le début de "My Funny Valentine". Je reconnais immédiatement ce son caractéristique : sans le tube, cela sonne comme Miles Davis
"La Velvet mut (ou sourdine velours)
Inemployée en classique. C'est une sorte de boîte de conserve de 1kg dans le fond de laquelle il y a du coton et qui vient s'adapter au pavillon de la trompette au moyen de broches. Le son qu'elle produit est un son de trompette, mais beaucoup plus doux, proche du son du bugle, son de "velours", d'où son nm.
Pas très sonore. Réaccordage obligatoire."
Et Ivan de nous faire une démonstration...
"La plunger mute (ou sourdine wah- wah ou sourdine plongeur)"
Inemployée en classique. Au départ, c'est l'instrument en caoutchouc (sans le manche)mmm dont on se sert pour déboucher les éviers, d'où son nom. En le mettant sur le pavillon de la trompette, elle ferme presque complètement le son ; et en l'enlevant brusquement, le son produit est "ouah" d'où également le nom de wah-whah
Fermée : presque insonore et fausse."
Et là, encore, Ivan nous joue quelque chose. Sur une partition, on met le signe + lorsqu'on veut que cela soit fermé, le signe 0 quand il faut ouvrir (on peut fermer d'ailleurs et ouvrir sur la même note, dans ce cas on mettra les deux signes au dessus de la note écrite).
* Toutes ces sourdines sont surtout prévues pour la trompette en Bb. On peut utiliser la straight mute et la Robinson sur la trompette en D, en rappant les lièges (mais la velvet, harmon et plunger sont trop grandes pour le pavillon et ne sont donc pas employées). Pour la trompette piccolo en Bb aigu, on ne peut se servir des sourdines (sauf éventuellement la petite straight mute). Il n'existe pas de sourdine pour le bugle. Le cornet peut utiliser la straight
"Conseil quand on écrit pour les trompettes : N'oubliez pas de les faire respirer !!
Toutes les 10 secondes environ pour une nuance piano
Toutes les 8 secondes environ pour une nuance mezzo-forte
Toutes les 6 secondes pour une nuance forte"
Et voilà, le cours se termine. Tout m'a paru très clair.
"Devoir pour la semaine prochaine : à partir de l'arrangement simple, vous allez commencer à faire l'arrangement pour un orchestre plus conséquent ... et donc vous allez déjà m'écrire cela avec 4 trompettes au lieu d'une... A vous de jouer.
A savoir : en général les trompettes ont les superstructures de l'accord (13e, 13eb, 11e, 11+, 9e, 9b, 9#). Les saxes ont plutôt les 9e... Les trombones ont plutôt la fondamentale, la quinte, la septième. Mais attention, il ne s'agit pas forcément de ne mettre toutes les superstructures qu'aux trompettes. Mais on en reparlera..."
Je me sens moins hagard (de l'est) que la semaine dernière. Finalement, ce cours m'a paru "assez facile", du moins j'ai eu l'impression de tout comprendre.
Une seule chose me turlupine... Trouver les fameuses recharges pour mon quatre couleurs. Mes futurs conducteurs, arrangements, orchestrations le méritent bien ! Mais où les trouver ces fameuses recharges ?
Je descendis la rue Doudeauville jusqu'au boulevard et pris le bus spécialement pour me rendre dans un grand magasin du centre, un vrai Bazar, où il y avait un étage entier consacré aux stylos.
Et là, coeur battant, je découvre qu"
’on y vendait encore le modèle (mais un peu amélioré)", à ce que me dit le vendeur. Sauf qu'il y avait rupture de stock.
-« Alors, quand est-ce que vous en aurez ? » demandai-je.
« La semaine prochaine », répondit-il. J’en étais sur le derrière. L’homme du rayon me dit ces trois mots comme il aurait dit :
« bon week-end ». Par cette réponse, il prouvait qu’il ignorait tout de la prochaine commande. Il s’en foutait. Sinon, il aurait répondu par exemple :
« Nous en recevrons en fin de semaine prochaine, disons jeudi, mais ne repassez pas avant vendredi, comme ça ce sera plus sûr. » Cette phrase est crédible ! C’est comme quand je demande en vacances si un lieu est loin et qu’on me répond simplement :
« Oui ». Eh bien non. Moi, je veux savoir de combien c’est loin. Je demande donc :
« A combien de kilomètres à pied se trouve cet endroit ? ». C’est clair. Concernant les recharges, avait-on pensé à oublier d’en commander ?
Mais aucune réponse. Je compris que le vendeur me baladait. Ahhh, l'affaire était mal partie...
Voilà, j’étais maintenant complètement turlupiné par cette histoire.
A suivre...