rachmaninoff a écrit :C'est surprenant pour moi de l'entendre joué à un tel tempo, je suis habitué à la version de
Herreweghe, plus de 2 min d'écart tout de même ! (Si on va voir du côté de Karl Richter, là c'est un peu interminable je trouve...) Quand j'avais découvert ce chef-d'oeuvre, j'avais justement trouvé qu'un tempo rapide faisait perdre la noirceur et le côté si inéluctable et tragique de cette ouverture, mais finalement cela donne peut-être plus d'importance à ce bourdon lancinant (effrayant ?). Intéressant dans les deux cas !
Oulala, mais quelle version ! Merci pour la découverte, je veux l'acquérir, j'espère pouvoir la trouver

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Quel génie ce Bach et c'est dans ses cantates qu'il faut apprendre à le connaître, pas au piano... (Lee c'est pour toi).
J'ai chanté cette passion il y a plus de 15 ans, c'est la plus belle expérience de chant choral que j'aie connue, et ce choeur d'ouverture... Un pur chef d'oeuvre, un hurlement de douleur, un cri déchirant qui me chamboule complètement, même comme ça sur youtube... Bien entendu, fidèle à moi-même j'en avais acheté 7-8 versions, dont celle d'Herreweghe citée ci-dessus, splendide quoique très différente, mais en fait, la plupart des versions sur instruments d'époque sont plus rapides que celle d'Herreweghe. J'aimais beaucoup celle de Brueggen mais elles sont toutes excellentes, avec chacune sa vision. Pour moi ce choeur d'ouverture, c'est un cri déchirant qui préfigure le déchirement du rideau du temple. La vitesse communique un sentiment de tension extrême, d'angoisse, d'épouvante, pourvu bien sûr que ce soit chanté par un choeur virtuose, ce qui est certainement le cas ici. Le côté inéluctable et tragique viendra plus loin...
Dans cette interprétation, ce qui me frappe le plus, c'est la pulsation très soutenue, le rythme extrêmement marqué, de plus en plus, au point de presque sonner comme un beat de rock vers la fin... C'est sans doute voulu, signalant la marche des soldats peut-être, ou même annonçant l'inéluctable ? En même temps, je relisais cet après-midi une interview de Bertrand Chamayou parue dans Pianiste à l'été 2015, où à l'inévitable question de comparaison des orchestres, il répondait que «le répertoire germanique est davantage basé sur une conception de la pulsation sans équivoque, quand la musique française perçoit le rythme de manière peut-être plus horizontale et plus irrationnelle». Ici on entend non seulement cette pulsation sans équivoque, mais avec cet orchestre elle est plus marquée encore que même chez d'autres interprètes allemands-mais c'est un peu systématiquement le cas avec le Concert Köln.
Encore merci pour la découverte

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