Il y a aussi
Moura Lympany, dont les Nocturnes sont pour moi au même niveau que ceux de Rubinstein, c'est-à-dire au sommet. Tu risques de trouver ça un poil sobre, twodigits, au vu du style qui transparaît de tes enregistrements. À ce sujet, je me rallie à ce qui a été dit au-dessus, débutant ou pas on s'en fiche, c'est très habité, on sent que tu t'écoutes à chaque instant. Rien que ça, c'est déjà un très bon point. C'est d'ailleurs l'un des avantages de l'apprentissage en autodidacte, sans aucun doute.
J'ai travaillé ce nocturne il y a 2-3 ans, quelques pistes/remarques/suggestions qui me viennent à l'esprit, comme ça :
- Effectivement, le tempo "tangue" probablement un peu trop par moments, peut-être peux-tu réfléchir à ça, sans évidemment tomber dans un jeu métronomique. Oui, c'est en partie une question de style, mais le tempo ici est primordial, pour créer cet espèce de balancement lugubre, funèbre. C'est peut-être une marche funèbre, en un sens, cette première partie...
- Les grandes phrases musicales gagneraient je pense à être un poil plus distinctes, avec une très légère petite respiration/détente entre chacune, comme si on repartait sur quelque chose de nouveau à chaque fois, un nouvel élan dramatique. Je crois que c'est surtout au niveau des basses que tu peux tenter un petit quelque chose.
- Tu gères très bien la tension vers la fin, l'octave de do est peut-être cependant un peu faible, alors qu'elle est un peu un aboutissement de ce crescendo : c'est seulement sur les chromatismes suivants qu'il est écrit de diminuer. Sinon, ça fait un peu soufflé qui retombe !
- Mesures 15-16, peut-être pourrais-tu jouer encore un peu plus
piano. Cette nuance ne vient pas naturellement dans ce passage je trouve, et tu noteras que c'est la première que Chopin indique sur la partition : elle a son importance.
Évidemment il y a encore d'autres détails que tu pourrais améliorer et affiner, peut-être plus importants que ceux que j'ai évoqués, mais comme je l'ai dit c'est ce qui me passait par l'esprit. En tout cas, tout cela s'annonce prometteur.
Ça ne m'étonne absolument pour Pletnev ! Ton approche est assez semblable à la sienne (plus qu'à celle d'un Rubinstein ou d'une Lympany en tout cas). Quel jeu coloré, il me fascine toujours avec les sonorités qu'il arrive à faire sortir d'un piano...