Dans l'absolu, oui...si on s'adresse à un élève raisonnable et consciencieux...Okay a écrit : - Décourager immédiatement un élève de jouer une pièce très au dessus de son niveau peut couper sa motivation tout net, alors qu’on pourrait garder la flamme allumée à peu de frais. Imaginez Toto du haut de ses 2 ans de piano qui veut absolument jouer la 1ère Ballade. Est-ce que le prof doit le renvoyer dans ses cordes, lui disant que c’est un challenge même pour les grands pianistes ? Grosse erreur d’après moi. Toto rêve d’entendre la 1ère Ballade sortir du piano sous ses doigts. Très bien. La première page. Toto peut probablement se débrouiller des notes. et en plus ce sera l’occasion de lui montrer comment joliment finir une phrase, soigner un peu le legato, jouer la main gauche moins forte. Et Toto sera content car il joue un petit bout de 1ère Ballade lui-même, même s’il n’est qu’à 2% de son grand projet, il y a touché, ça change absolument tout, et désormais il a envie de continuer.
La maladie du siècle
Re: La maladie du siècle
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Re: La maladie du siècle
Ceci dit il y a des profs qui veulent decider en totalité du programme à travailler et vont arguer d'une difficulté trop grande pour mettre fin à la proposition.
Si je prend mon cas elle avait décidé que les tableaux d'une exposition n'etaient pas du tout de mon niveau au moment ou je travaillais les Papillons de Schumann ou la Pathétique de Beethoven. Je ne suis pas persuadé que certaines pièces des Papillons soient plus simples que certains tableaux.
Ce n'est pas comme si j'avais émis le souhait de jouer les EET de Liszt !
Si je prend mon cas elle avait décidé que les tableaux d'une exposition n'etaient pas du tout de mon niveau au moment ou je travaillais les Papillons de Schumann ou la Pathétique de Beethoven. Je ne suis pas persuadé que certaines pièces des Papillons soient plus simples que certains tableaux.
Ce n'est pas comme si j'avais émis le souhait de jouer les EET de Liszt !
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Re: La maladie du siècle
gervaise a écrit :Et si on prenait en compte la personne (âge, potentiel pianistique et autres aptitudes ...) plutôt que d'envoyer des généralités sur l'apprentissage.
On pourrait peut être envisager une pédagogie sur mesure!Ah certes, c'est du boulot!
Pour ma part, j’essaie toujours quand j'apprends un morceau de faire le point sur les difficultés de la pièce, mes compétences et oserais-je dire mon état d'esprit. Je mets les choses à plat sans me mettre de pression. Je sais par avance que je vais passer par une multitude d'étapes plus ou moins longues. Je l'accepte. Il y aura du découragement, de l'exaltation ...à nouveau du découragement , de l'exaltation...puis enfin une réelle satisfaction.
Finalement, je trouve que le découragement peut être formateur. Soit je trouve un nouvel axe de travail pour me remotiver sinon je laisse momentanément le morceau en le gardant dans un coin de ma tête pendant que je travaille autre chose (partir pour mieux revenir) et souvent cette mise de coté a fait murir les choses malgré moi.
Aussi, mon travail "digital" est guidé par le refus de toute souffrance physique. Je préfère étudier comme au microscope le geste qui me fera parvenir à mes fins sans ressentir de douleur. Là aussi, ça prend du temps mais je préfère ça que de me coller des tendinites et être tendue comme un string en jouant du piano.
Bref plus j'avance dans l'apprentissage plus je prends en considération ma personne et je sens que je progresse mieux qu'avant et que j'ai beaucoup moins de réticence à travailler mon piano.
Vais-je finir sur un divan?
Vos 2 commentaires me conviennent bien : Comme dit gervaise, travailler au microscope, sans se faire mal, partir pour mieux revenir, et obtenir une réelle satisfaction en fin de parcours..Okay a écrit :Oui c'est sûr, persister dans un travail de difficulté démesurée ça décourage. Il faut bien calibrer les objectifs, et je présume, toujours travailler un morceau situé dans la zone de confort lorsqu'on en travaille un autre qui vise de nouvelles acquisitions. Continuer à ne faire que ce qu'on sait faire est aussi insidieusement décourageant...Marie-france a écrit :l'étude d'une oeuvre très difficile peut amener aussi à la réaction inverse, telle celle de Kât: le découragement voire l'abandon.
Et effectivement, il peut y avoir un découragement insidieux, et même un risque de stagnation si on ne prend jamais de risques.
Il faut trouver le bon dosage, et un bon équilibre entre un travail confortable, voire reposant, et une recherche de variété, de nouveauté, de plus grandes difficultés..
edit:
Oui, j'y ai pensé quand j'ai lu ce message !..nox a écrit :Dans l'absolu, oui...si on s'adresse à un élève raisonnable et consciencieux...Okay a écrit : - Décourager immédiatement un élève de jouer une pièce très au dessus de son niveau peut couper sa motivation tout net, alors qu’on pourrait garder la flamme allumée à peu de frais. Imaginez Toto du haut de ses 2 ans de piano qui veut absolument jouer la 1ère Ballade. Est-ce que le prof doit le renvoyer dans ses cordes, lui disant que c’est un challenge même pour les grands pianistes ? Grosse erreur d’après moi. Toto rêve d’entendre la 1ère Ballade sortir du piano sous ses doigts. Très bien. La première page. Toto peut probablement se débrouiller des notes. et en plus ce sera l’occasion de lui montrer comment joliment finir une phrase, soigner un peu le legato, jouer la main gauche moins forte. Et Toto sera content car il joue un petit bout de 1ère Ballade lui-même, même s’il n’est qu’à 2% de son grand projet, il y a touché, ça change absolument tout, et désormais il a envie de continuer.
Re: La maladie du siècle
Tu voulais travailler LES tableaux ? Ou DES tableaux (et lesquels) ?pianojar a écrit :Ceci dit il y a des profs qui veulent decider en totalité du programme à travailler et vont arguer d'une difficulté trop grande pour mettre fin à la proposition.
Si je prend mon cas elle avait décidé que les tableaux d'une exposition n'etaient pas du tout de mon niveau au moment ou je travaillais les Papillons de Schumann ou la Pathétique de Beethoven. Je ne suis pas persuadé que certaines pièces des Papillons soient plus simples que certains tableaux.
Ce n'est pas comme si j'avais émis le souhait de jouer les EET de Liszt !
Les Tableaux, c'est très largement au-dessus des Papillons et de la Pathétique, même si comme tu le dis il y en a plusieurs qui sont techniquement très abordables. Les difficultés techniques sont surtout concentrées dans 4 ou 5 (Dispute au jardin des tuileries, "unhatched chicken", Limoges, Baba Yaga, voire Gnome...), et musicalement c'est la longueur du cycle, la diversité des atmosphères à restituer, et l'austérité du langage très particulier de Moussorgski qui constituent le vrai défi.
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Re: La maladie du siècle
Je suis a peu près d'accord avec tout ce que j'ai lu, y compris les bémol signalés par Okay, ne pas briser une motivation est important. En revanche, oui, la maladie du siècle, c'est vouloir tout et tout de suite, et j'imagine que c'est assez saoulant pour les profs d'être confronté à ce genre de personnes. Alors un gars qui arrive et qui dit : "j'ai 38 ans, je débute et je veux jouer des pièces d'un niveau avancé, pouvez-vous m'aider ?"
1) il faut le calmer
2) il a le droit de vouloir, mais sa question, c'est "pouvez-vous m'aider ??"
3) l'aider, c'est bien lui expliquer le B-A-BA de l'apprentissage du piano, même s'il faut différencier l'apprentissage d'un enfant de celui d'un adulte.
1) il faut le calmer
2) il a le droit de vouloir, mais sa question, c'est "pouvez-vous m'aider ??"
3) l'aider, c'est bien lui expliquer le B-A-BA de l'apprentissage du piano, même s'il faut différencier l'apprentissage d'un enfant de celui d'un adulte.
C'est sympa de parler mais jouons maintenant...
http://www.youtube.com/user/andante5133
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Re: La maladie du siècle
Je ne voulais pas tout travailler mais le début notamment avec la 1ère promenade Gnomus, le vieux château et Bydlonox a écrit :Tu voulais travailler LES tableaux ? Ou DES tableaux (et lesquels) ?pianojar a écrit :Ceci dit il y a des profs qui veulent decider en totalité du programme à travailler et vont arguer d'une difficulté trop grande pour mettre fin à la proposition.
Si je prend mon cas elle avait décidé que les tableaux d'une exposition n'etaient pas du tout de mon niveau au moment ou je travaillais les Papillons de Schumann ou la Pathétique de Beethoven. Je ne suis pas persuadé que certaines pièces des Papillons soient plus simples que certains tableaux.
Ce n'est pas comme si j'avais émis le souhait de jouer les EET de Liszt !
Les Tableaux, c'est très largement au-dessus des Papillons et de la Pathétique, même si comme tu le dis il y en a plusieurs qui sont techniquement très abordables. Les difficultés techniques sont surtout concentrées dans 4 ou 5 (Dispute au jardin des tuileries, "unhatched chicken", Limoges, Baba Yaga, voire Gnome...), et musicalement c'est la longueur du cycle, la diversité des atmosphères à restituer, et l'austérité du langage très particulier de Moussorgski qui constituent le vrai défi.
C'est vrai que le dernier trait de Gnomus est pour le moins ardu ....
Mais le point important est que cela aurait été beaucoup plus profitable pour moi de travailler "encadré que livré à moi-même. Et je pense que certaines pièces même si elles ne sont pas abouties permettent de progresser techniquement.
J'ai toujours pensé qu'il fallait travailler des pièces que l'on puisse terminer afin de pouvoir en quelque sorte valoriser son travail mais au'en parallèle il ne fallait pas hésiter à travailler certains morceaux trop difficiles tout en restant raisonnable bien sûr.
Re: La maladie du siècle
[quote="Spianissimo"] Alors un gars qui arrive et qui dit : "j'ai 38 ans, je débute et je veux jouer des pièces d'un niveau avancé, pouvez-vous m'aider ?"
On aurait envie de répondre à ce gars "Avant toute chose, réfléchissez d'abord au problème: Débutant / morceau d'un niveau avancé..
." La charrue avant les bœufs non?
On aurait envie de répondre à ce gars "Avant toute chose, réfléchissez d'abord au problème: Débutant / morceau d'un niveau avancé..

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Re: La maladie du siècle
Hé hé ça c'est bien vrai.Wandarnok a écrit :Imaginez que vous allez à un instructeur d'arts martiaux et en lui disant: «Sensei, je suis un blanc-bande (ou un débutant complet), mais je veux combattre une ceinture noire demain / mois prochain. Pouvez-vous m'aider"? Que pensez-vous du sensei vous dire? Oui, il dira que, pour atteindre le niveau ceinture noire prend du temps et beaucoup de formation, et que ce processus complexe ne peut pas être «comprimé» et a conquis la nuit, peu importe combien vous aimeriez! Il vous dira aussi qu'il ne peut vous former correctement, d'une manière étape par étape, et qu'il ne peut pas vous aider à atteindre des objectifs irréalistes (tout comme il ne peut pas vous aider à voler vers la lune sans navette!). Il expliquera également que la lutte contre une ceinture noire peut être très dangereux pour vous en ce moment, et entraîner des blessures!
Et parce qu'on a du mal à résister à la pression dans l'occident toujours pressé, on a créé des ceintures (blanc, jaune, verte, bleue, marron) pour que chacun se voit clairement progresser, et puis ça ne suffisait pas alors on a créé des ceintures intermédiaires (blanc-jaune, jaune-orange, ...) histoire de faire patienter encore plus les -toujours plus- impatients et leur montrer que si, ils progressaient bien...
Les japonnais ont (avaient ?) deux ceintures : blanc : débutant, et noire : confirmé.
Ils sont moins crétins que nous (là-dessus au moins, parce que pour d'autres domaines ça se discute).
(pour ma part j'avais rapidement refusé de passer les ceintures, j'avais passé la orange parce que je la trouvais jolie sur un karatégi blanc, et étais resté 7 ans avec cette jolie couleur mais qui commençait à être un peu usée).
BM
Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira.
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Re: La maladie du siècle
En même temps, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a des clés, selon la motivation, qui permettent tout de même d'avancer mieux et plus vite.
La lenteur, déjà très connue (même avant ma naissance.
), l'extrême lenteur, très connue également.
J'ai découvert plus récemment, la douceur, l'amour de son travail et de ses oeuvres (Voir Hélène Grimaud..), la légèreté, la décontraction, la stabilité...
et peut-être pour essayer de rejoindre okay, (bon, ne vous inquiétez pas, là aussi je pense (et espère) être à peu près lucide..
), avoir la connaissance la plus claire et lucide possible du but à atteindre (qu'on se donne), et la conscience à peu près claire de notre distance à ce but.
La lenteur, déjà très connue (même avant ma naissance.

J'ai découvert plus récemment, la douceur, l'amour de son travail et de ses oeuvres (Voir Hélène Grimaud..), la légèreté, la décontraction, la stabilité...
et peut-être pour essayer de rejoindre okay, (bon, ne vous inquiétez pas, là aussi je pense (et espère) être à peu près lucide..

Re: La maladie du siècle
Exactement ce que le débutant, et le "moins" débutant même, presque par définition, sont incapables d'avoir conscience ou de faire.zebestovol a écrit :... avoir la connaissance la plus claire et lucide possible du but à atteindre (qu'on se donne), et la conscience à peu près claire de notre distance à ce but.
Ou ne voulaient pas voir (tiens ça me rappelle quelqu'un...

Comme l'a bien décrit Marie-France au début d'ailleurs.

Modifié en dernier par Wandarnok le lun. 15 févr., 2016 17:35, modifié 3 fois.