Koll a écrit :La langue est le ciment d'un peuple, elle permet à ses membres de se comprendre, de se reconnaître; au même titre que les arts plastiques, l'architecture, la musique, elle participe à son unité.
Oui, la langue, qui ne se résume pas à l’orthographe de quelques mots.
Koll a écrit :Changer *arbitrairement* 2400 mots ou règles par un décret n'aura pour résultat que la division entre ceux qui les appliqueront et les autres, les vieux et les nouveaux apprenants.
Mais ce "arbitrairement" est un procès d'intention. Les ajustements, comme les appelle l'Académie, sont le résultat d'une réflexion qu'elle a rappelée dans sa déclaration du 5 février 2016 :
l’Académie n’a jamais été pour autant fermée à des ajustements appelés par les évolutions de la langue, et que les différentes éditions de son Dictionnaire se sont attachées à refléter.
C’est bien improprement que le terme de « réforme » est employé pour désigner les « rectifications » orthographiques proposées par le Conseil supérieur, qui ont été approuvées par l’Académie, et qu’elle a choisi de mentionner dans la neuvième édition de son Dictionnaire, en tenant compte pour chaque cas des évolutions réelles de l’usage. Il convient d’observer que ces ajustements ne concernent que quelque 2000 mots (soit 3 à 4% du lexique français) – la neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie, en cours de publication, comptera environ 59000 entrées.
L’Académie a constaté que ces ajustements étaient conformes, dans leurs principes et dans leur effet, à ceux qu’elle a elle-même pratiqués à plusieurs reprises dans la troisième édition du Dictionnaire (1740), la sixième (1835), la septième (1878) et la huitième (1935). En effet, les rectifications proposées ne consistent en aucune manière à simplifier des graphies résultant d’une évolution étymologique ou phonétique, mais visent à mettre fin à une anomalie, à une incohérence, ou, simplement, à une hésitation, et ainsi à permettre l’application sans exceptions inutiles d’une règle simple, à souligner une tendance phonétique ou graphique constatée dans l’usage, ou encore à faciliter la création de mots nouveaux, notamment dans les domaines scientifique et technique, et, de manière générale, à rendre plus aisés l’apprentissage de l’orthographe et sa maîtrise.
Par ailleurs, il est également inexact de prétendre qu'on a changé l'orthographe par décret dans la mesure où l'orthographe actuelle reste bien entendu valable. On a donc simplement donné deux graphies possibles à quelques mots.
Koll a écrit :L'Académie française, qui affirme ne pas en être à l'origine, l'a bien compris, d'où sa mise au point.
Elle n'en a pas été à l'origine puisque les propositions de 1990 émanaient du Conseil supérieur de la langue française, mais elle rappelle dans sa déclaration qu'elle a approuvé d'emblée l'inspiration et le principe des propositions, assortissant simplement son approbation d'une recommandation de prudence et de non-coercition. C'est bien ce qui a été fait, puisqu'il a fallu plus de trente ans pour que l'ensemble des manuels scolaires adoptent les ajustements, tout le monde restant libre d'utiliser l'orthographe qu'il voudra.
En 1835, quand l'Académie s'est enfin décidée, en retard sur l'usage, mais c'est son rôle de greffier, à remplacer l'imparfait en
-ois par l'imparfait en
-ais, et à modifier les pluriels des noms en
-ant (
enfants au lieu de
enfans), il y a eu aussi des résistances, comme par exemple à la
Revue des deux Mondes qui a maintenu l'ancienne orthographe plusieurs dizaines d'années. Mais à la fin, tout le monde s'est rangé du côté de la raison.
Koll a écrit :Pour revenir à oignon, pourquoi supprimer ce "i" ?
Qui dit que certains ne prononceront pas "og" "non", à l'instar de "gnome" ?
C'est d'ailleurs pour éviter cela que le "i" avait été introduit...
Pourquoi le supprimer ? Parce qu'il a déjà été supprimé des autres mots où il ne se prononçait pas comme l'ancien
"roignon" devenu
"rognon". Quand il a été conservé, alors la prononciation a généralement évolué, comme dans
"moignon" qui se prononçait encore
"mognon" sur la recommandation de Littré mais que presque tout le monde aujourd'hui prononce
"mwagnon". De toute façon, l'orthographe
"ognon" a déjà eu cours :
http://artflsrv02.uchicago.edu/cgi-bin/ ... edhw=ognon