Franchement je m'attendais à bien pire, tu as su ménager nos attentes en nous rendant inutilement bien pessimistes !
L'écoute est agréable, c'est bien su et joué avec musicalité. Vu la manière dont tu parles de cet enregistrement, tu as mis la barre assez haut sur le résultat que tu espères, je commente donc avec ça à l'esprit.
Je croyais qu'il y aurait de grosses discontinuités de son, mais ce n'est pas le cas. Il s'agit essentiellement de bons faux accents, mais il est vrai, disséminés un peu partout. Il ne se produisent pas systématiquement dans les endroits les plus délicats d'ailleurs, preuve que tu fais attention là où ça risque de se produire, mais que tu "oublies" là où c'est apparemment plus simple. Voilà pourquoi presque tout Bach est très difficile techniquement, c'est exactement la même technique de chant/polyphonie. D'ailleurs je n'avais pas remarqué, mais cette étude qui sonne comme un hommage est plus ou moins calquée (un peu en miroir) sur le prélude en fa majeur BWV 880 du 2e livre du CBT. Je pense que ça saute aux yeux rien que
graphiquement (et renouvelle l'idée que les compositeurs d'études pédagogiques vont pomper dans le répertoire et les difficultés techniques déjà inventées par les compositeurs à des fins expressives).
Le travail à venir concerne bien le transfert du poids, qui est un moyen de contrôler le son. La première chose est d'avoir à l'esprit que le phrasé doit être celui d'une mesure à 3 temps et non pas à 6 temps (Cramer note un tempo à la blanche), à l'instar du prélude de Bach qui est noté en 3/2 et non pas en 6/4. Beaucoup de ces faux accents marquent des temps imaginaires, et saccadent la phrase. Sur ces notes là, il faudrait ne plus les penser comme des repères rythmiques mais comme des notes de passage dans la ligne, qui sont causées par les précédentes et causent les suivantes. Il s'agit de comprendre comment les notes sont liées les unes autres et de prendre conscience qu'il y a en ce moment quelques impulsions verticales qui individualisent ces notes, tandis que l’énergie devrait découler horizontalement de la note d'avant.
Dans les séries de notes, il y a pour moi quatre sources principales de faux accents (une de mes théories fumeuses...). Savoir à laquelle on a affaire aide beaucoup à les éliminer car on finit par développer des gestes adaptés à chaque (c'est comme ça que le couteau suisse des outils techniques s'étoffe - j'espère que nashh va lire ça, il changera peut-être d'avis sur la nature de la technique)
- les notes conjointes sans passage de pouce
- les notes disjointes sans déplacement
- les passages de pouce
- les déplacements (peu importe si les notes sont conjointes ou disjointes)
Un jeu fluide sans faux accents se promène dans ces 4 configurations sans que l'auditeur entende quoi que ce soit. C'est terriblement difficile, et parvenir à ça c'est quasiment avoir un contrôle du son total (une quasi utopie). On le fait tous plus ou moins a des degrés divers, on peut souvent vite progresser en s'attaquant aux notes conjointes sans passage du pouce, trop souvent négligées car ça parait facile. Je ne vais pas détailler les 4 gestes car il faudrait faire 4 posts développés incluant des exemples, et j'ai déjà beaucoup écrit... l'idée générale a déjà été exposée : jouer de près, prendre conscience que le poids reçu par une note ne soit pas perdu avant d'avoir été transmis à la suivante, contrôler à l'oreille et/ou au micro. C'est comme un grand tuyau d'arrosage qui doit passer dans un jardin formant un labyrinthe, il ne faut pas trop le plier sinon l'eau va rester bloquée à un virage.
jean-séb a écrit :(je crois qu'il y a une fausse note à la main gauche dans la 1ère mesure du 5e système)
Oui, c'est le sol#, j'avais remarqué seulement en réécoutant avec la partition.