Amis parisiens, nous sommes avec vous...

[BluePhoenix05]

Mais oui, c'est vrai, c'est fou ce refus de vouloir discuter de la condition des femmes dans le cadre d'une discussion sur le concours Chopin ou sur la perception de la vitesse !
Je te rassure sur un point : si tu polluais autant de discussions avec le mode de reproduction des castors lapons, y'a des chances que je m'offusque tout autant...

En voilà une bonne idée, ça nous changerait des rappels constants de son aversion pour Bach, de son désintérêt pour les études de Chopin et manifestation de son incompréhension envers ceux qui les travaillent, de la divinisation récurrente des PMistes, des difficultés d'appliquer les conseils de profs, ... j'en oublie, tout ça dans des détours insouçonnés de fils. Si ce n'était pas aussi lassant, je dirais que c'est un exploit, comme celui de collègues qui arrivent à ramener n'importe quel sujet de conversation vers le foot et ses joueurs.

[Lee]

Ouf, ça aurait dû me faire mal, mais heureusement je suis habituée avec toi (je suis à toi comme le feminisme à Nox) et malgré toi, tu as complètement prouvé mon point.

[Moderato Cantabile]

Lee : j'ai regardé ton lien et cette femme est tout à fait remarquable , tu as raison !
Toutefois dans notre pays (qui n'est ni la Palestine ni les Etats-Unis) voilà le discours que tiennent les féministes qui furent voilées :

https://djavann.wordpress.com/tag/chahd ... essentiel/

[BluePhoenix05]

Ouf, ça aurait dû me faire mal, mais heureusement je suis habituée avec toi (je suis à toi comme le feminisme à Nox) et malgré toi, tu as complètement prouvé mon point.

Tu as toujours ta propre interprétation des intentions d'autrui sans t'apercevoir qu'il ne s'agit que de ton interprétation.
Qui d'autre parle de "piédestalisation des études de Chopin" que tu attribues aux autres à part toi ? Quels indices textuels montrent qu'untel est "gêné" par le sujet du féminisme ?

[mieuvotar]

En toute sincérité, je suis assez peiné de ce que ce fil est devenu et de la dérive qu'il est en train de connaître par rapport aux intentions premières de son initiateur et du sujet douloureux qui est à son origine. Si l'avis de ce dernier importe aux modérateurs pour leur décision de verrouiller (ou pas), qu'ils sachent qu'il y est favorable.

[Moderato Cantabile]

Mieuvotar : oui , c'est dommage , mais comme tu le sais le dérapage incontrôlé est une spécialité locale !
Cependant je trouve que ce serait encore plus dommage de fermer ce fil !
Juanito l'a particulièrement bien exprimé :
"Nous avons tous été bouleversés par ces attentats, nous sommes tous victimes. Comme je disais, il ne reste que les larmes, et il faut laisser une place à ces larmes, que nous pouvons partager sur ce forum dans notre communauté de pianistes et amateurs de piano."
Je serais donc d'avis que nos plus assidus bretteurs/dérapeurs ouvrent un autre fil où ferrailler allègrement sur les évènements , les blogueuses inconscientes et autres féministes voilées .....
Et puis sur celui-ci on pourra continuer de rendre hommage aux victimes.
Merci d'ailleurs à Presto d'avoir signalé ici le Mémorial du Monde : la lecture de ces portraits permet à tous ces inconnus de vivre encore un peu dans nos coeurs.

[Moderato Cantabile]

Et voici un petit hommage vespéral in memoriam :

On l'a évoqué dans divers fils récents , je crois, mais tant pis ! je trouve que son atmosphère est propice à l'apaisement ....

https://www.youtube.com/watch?v=aYqTh75rzaI

[JPS1827]

Merci

[Gracou]

Fermer le fil, ce serait regrettable. Par contre, que ça tourne au règlement de compte en bande organisée, c'est un peu dommage.

[nox]

Certes, si taquin que je sois, la présente discussion ne s'y prête pas. Je stoppe les (gentilles) hostilités.

[mieuvotar]

Oui, c'est ça, Gracou. Ce sont les tous derniers messages d'hier qui étaient assez attristants dans leur dimension "et paf, tiens, prends-toi ça dans les dents..." Je trouvais ça, disons, indécent dans le contexte de ce fil. (Nox, je te rassure : ce n'est pas vraiment à toi que je pense en disant cela...)

Moderato, tu as raison qu'il y a toujours sur PM cette propension à dériver, et parfois à se taquiner, ça ne me gêne en rien (j'en suis moi-même parfois - souvent ? - un acteur) mais dans les derniers messages d’hier, je trouvais que ça allait à l'estocade personnelle, assez vive et même plutôt méchante, et franchement, ce n'était pas ici le lieu.

S'il y a consensus pour conserver à ce fil son sens initial, et respect de ce consensus, alors oui gardons-le ouvert, au moins d’ailleurs le temps de l’hommage national d’aujourd’hui, si jamais des PMistes souhaitent partager leurs sentiments ou émotions. Mais après, comme avec le fil de Charlie Hebdo, je pense quand même qu'à terme, le fermer n'est ni brutal ni un acte de censure. Il s'agit juste de l'attacher dans la temporalité de la tragédie. Le figer, sans pour autant tomber ni dans l'oubli, ni dans le détournement progressif et probablement inévitable de son objet initial.

@Moderato : merci pour ce moment de sérénité. J'avais aussi beaucoup aimé cette transcription que j'avais découverte dans l'autre fil à ce sujet.
@Lee : le TED de cette journaliste palestinienne était aussi très intéressant (bien que pas tout à fait à sa place ici). C'est d'ailleurs une photographe extrêmement talentueuse !

[Lee]

Je voudrais m'excuser, je n'arrivais pas à me taire en lisant ce que j'ai aperçu un trahison des victimes, j'étais convaincue bêtement qu'ils auraient dénoncé quelques propos lus ici s'ils étaient parmi nous. Ça n'excuse pas mes messages, j'en suis consciente. Pardon.

Je me permet de citer entièrement le hommage du Monde à Guillaume Le Dramp, que son esprit vive toujours. Les larmes n'arrêtent pas.

Guillaume Le Dramp,
33 ans
Ils étaient quatre copains, qui s’étaient rencontrés en première littéraire, au lycée de Cherbourg : Thomas, Nicolas, Guillaume et Guillaume. Ils se marraient en cours en reprenant les répliques des Bronzés, ils ont passé le bac, puis fait des études. Thomas est devenu journaliste, Nicolas enseigne l’histoire, Guillaume œuvre dans la sécurité informatique, et Guillaume travaillait comme barman, dans un café du Marais. C’est peu dire qu’ils étaient unis : quatre mousquetaires de l’amitié, avec Guillaume dans le rôle de l’optimiste par excellence.

Juke-box ambulant, capable de chanter tout le répertoire français, amateur de cinéma, cet adepte de la sociabilité de rue pouvait passer des nuits à parler à des gens qu’il ne connaissait pas. S’il avait une mélancolie, Guillaume la tenait secrète. Il savait faire le clown, il aimait plaire et il était aimé. « Je ne connais personne qui vous dira : “c’était un con”, dit Thomas. Mais que c’était une belle personne, un humaniste, oui, tout le monde vous le dira. »

Après le bac, Guillaume avait étudié l’italien en LEA (langues étrangères appliquées), à l’université de Caen. L’Italie était son pays de cœur, et Parme, sa ville. Il y était allé d’abord dans le cadre d’Erasmus, puis, plus tard, pour y vivre. Ces derniers temps, il avait repris des études pour devenir professeur des écoles. Tous les mois, quoi qu’il arrive, il dînaît avec ses trois copains, qui n’ont pas envie d’entendre dire que leur génération de trentenaires est sacrifiée : « Notre jeunesse était joyeuse. Guillaume faisait partie de la France positive, généreuse. » Et ouverte.

Dimanche 15 novembre, ses deux sœurs, Lucie et Anaïs, qui vivent dans le Cotentin, sont allées pour la première fois de leur vie dans une mosquée, à Octeville, dans la banlieue de Cherbourg. « Pour qu’il n’y ait pas d’amalgames, ont-elles déclaré.Guillaume avait des amis dans toutes les religions, y compris des musulmans. Il aurait aimé qu’il en soit ainsi.》

[BluePhoenix05]

Effectivement ce fil ne se prête pas aux débordements futiles.

Hier j'ai entendu parler d'un concept de la pensée bouddhique qui s'applique bien aux événements du vendredi 13. Un concept pour désigner l'imprévisible, l'inexplicable, le fait que les victimes n'avaient rien à voir avec ce qui leur est arrivé et ne pouvaient pas s'y attendre. Je ne crois pas que ce soit le concept d'impermanence mais je n'arrive pas à retrouver ce que c'est.

[Presto]

Je n'arrive jamais à réaliser ces barbaries. L'hommage du monde est remarquable. Se taire, s'informer, écouter le Bach / Petri me semblent être les seules choses raisonnables à faire. Prier si on y croit, moi pas.

[Midas]

Effectivement ce fil ne se prête pas aux débordements futiles.

Non, en effet. Par contre, si Nox veut nous faire un exposé sur la vie sexuelle des castors de Laponie, nous sommes suspendus à ses lèvres.

Je peux amorcer l'exposé par un fait scientifiquement démontré: la queue plate des castors vient de leur penchant amoureux pour les ornithorhynches.

[Moderato Cantabile]

Midaaaas !!! va jouer ailleurs , steuplééééé !

[Moderato Cantabile]

J'étais ce soir à un concert du Quatuor Voce . Mozart . Brahms. Ravel. Schuler. Très beau .
Avant le début du concert l'organisateur nous a fait un petit speech parlant des attentats et rappelant entre autres que la musique haïe des barbares incarne la liberté d'expression et de création. Il a terminé en disant que ce concert était dédié aux 130 morts du 13 novembre.
Et quand j'ai ouvert mon programme , j'ai eu la surprise de voir que la page centrale contenait la liste des victimes. Le premier moment d'étonnement passé , j'ai trouvé que c'était une très bonne idée.

[Moderato Cantabile]

Et comme , décidément non ! on ne va pas les oublier, je vous propose ce soir cette lettre émouvante de dignité du père d'une des victimes :


13 novembre 2015 : Le moment où notre humanité a vacillé

Hugo, mon fils était allongé, un drap blanc remonté jusqu’aux épaules. Il dormait, son visage était serein et magnifique, rayonnant comme celui d’un jeune adulte de 23 ans. Je me suis surpris à imaginer de quoi allaient désormais être peuplés ses rêves : de rock au Bataclan et d’informatique, de l’amour de son amie Lise, de celui de sa famille et de ses amis. J’ai dû à regret quitter cette pièce froide comme la mort, où séparé de mon fils par une vitre, je venais lui dire l’amour de sa mère et de tous les êtres qui avaient croisé sa jeune vie.

Les cris de douleurs de la centaine de familles rencontrées à l’institut médico-légal résonnent encore dans ma tête. Les yeux rougis des volontaires de la croix rouge, de la protection civile et des fonctionnaires que nous avons croisés, témoignent aussi de leur engagement et de leur empathie.

Je ne connais par les personnes qui ont pris la vie de ces jeunes adultes. Je n’ai pas de haine pour vous car il n’est possible de haïr que des êtres humains. Par vos actes, vous êtes à jamais déchus de cette condition humaine. Vous souhaitez le chaos et la division du peuple français en vous servant de Dieu comme alibi alors qu’il ne vous demande pas de générer cette ignominie. Je pense d’ailleurs à vos parents qui vivent à cet instant la perte d’un enfant qui s’est transformé en bourreau. Sachez de toute façon vous n’aurez ni notre haine ni notre dignité. Il peut être fort celui qui abat, mais il est encore plus fort celui qui se relève.

De jours sombres s’annoncent, pour accompagner Hugo dans son dernier lieu de repos. Et puis il y aura après. Quel monde avons-nous à créer pour cette génération de jeunes adultes et pour le petit frère de Hugo, citoyens du monde ?

D’une part, jamais nous ne devrons succomber à la tentation du repli nationaliste et de l’extrémisme. D’autre part sortons de cette naïveté de croire que l’homme est foncièrement bon et naturellement enclin à aimer l’autre. Dans le monde réel, Il faut combattre l’obscurantisme, l’illettrisme, le dogmatisme, le racisme sous toutes ses formes et dans tous les sens. Sous prétexte d’être le pays de la tolérance, nous ne devons pas accepter que s’exprime librement l’intolérance. Il ne faut plus tolérer des agissements et des mouvements de haine qui peuvent conditionner les plus jeunes et les plus faibles d’entre nous. Hugo se moquait parfois de moi parce que j’avais fait mon service militaire. Cela lui semblait étrange et surréaliste. Pourtant c’est lui qui avec tant d’autres sont morts pour la France, parce qu’ils étaient Français. Ce qui va me hanter, c’est que parmi les lâches qui les ont assassinés, il y avait des français. Quel sens à donner à tout cela ?

Hugo n’avait rien d’exceptionnel à part le faire pour sa mère et moi d’être notre fils. En 23 ans il n’a jamais proféré un seul mot raciste ou violent. Avec une adolescence compliquée par la séparation de ses parents, les premiers amours, les choix d’études il se sentait dans le doute et l’angoisse. Nous étions au Japon tous les deux en 2011 et il m’avait dit combattre ses démons et mon amour était impuissant à l’aider. Il m’avait dit qu’il devait avancer et que le jour où il se sentirait libéré de tout cela il se ferait tatouer sur la poitrine les 2 kanji qui forment le mot « Liberté » en japonais.

Fin octobre 2015, il est rentré de vacances du Japon et a passé la soirée chez moi à Paris. Tard dans la soirée il nous a montré les 2 kanji sur sa poitrine. C’est la dernière fois que je l’ai vu et son merveilleux message a été de me dire : Papa, je suis libre et prêt à avancer dans la vie.

La police m’a expliqué que Hugo a pris une balle dans l’aine. Sans vraiment comprendre pourquoi, j’ai pensé au poème de Arthur Rimbaud « Le dormeur du Val ».

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Repose en paix Hugo, ta mère, ton frère, ta belle-mère, tes grands-parents, tes oncles et tantes, tes cousines et tes nombreux amis te gardent à jamais dans le cœur.

Dors sous le soleil mon fils, mon bébé, mon ami et mon confident. Que tes rêves éternels soient peuplés d’espoirs et d’étoiles.



Stéphane Sarrade

[jean-séb]

Il dormait, son visage était serein et magnifique, rayonnant comme celui d’un jeune adulte de 23 ans.

Plusieurs témoignages ont parlé des visages sereins des morts, peut-être de ceux qui ont été fauchés très rapidement, sans s'en rendre compte, sans souffrir. Puisque nous sommes tous voués à la mort, celle-ci n'est peut-être pas la pire.
Mais pour les blessés graves, quel calvaire en perspective pour eux-mêmes et leurs proches. Une fois l'émotion nationale passée, ils se retrouveront seuls au milieu des pires difficultés morales, physiques et matérielles.

[Arabesque44]

Une fois l'émotion nationale passée, ils se retrouveront seuls au milieu des pires difficultés morales, physiques et matérielles.

Espérons que les difficultés matérielles au moins leur seront épargnées. Les enfants des victimes sont "pupilles de la nation", mêmes mesures de protection ( fiscalité, éducation, subventions ) que pour les enfants de policiers et militaires tués ou blessés dans l'exercice de leur fonctions.
Mon fils, artiste de variétés, ( il joue dans 2 groupes dont un de death metal) se produisait hier à Paris au "Petit Bain" ...ça s'est bien passé apparemment, mais ce devait être une ambiance spéciale. Il a joué aussi ( à Tours) le lendemain des attentats.
Je me rends compte à quel point mes deux fils sont , typiquement , de la "génération Bataclan". Le second, qui vit à Paris, fêtait un anniversaire avec des copains, dans un bar tout près du Bataclan où ils ont été confinés jusqu'à 3 h du matin. Le boss était un ancien du Bataclan, et recevait les nouvelles en direct, plusieurs de ses copains ont été tués ou blessés.