leLama a écrit :Virgule, je suis bien d'accord avec toi qu'il y a plein de criteres subjectifs qui interviennent dans l'evaluation au piano et ailleurs, et que le sexe en est un. Plein de choses que je partage dans ton message.
Mais un truc qui m'interpelle, c'est ta volonte' de voir les femmes au plus haut niveau dans toutes les activites' humaines. Les femmes realiseront ton souhait lorsqu'elles auront _en moyenne_ les memes comportements competitifs que les hommes. C'est franchement pas un horizon qui me fait rever. Je prefererai qu'on change de point de vue et qu'on valorise les personnes qui partagent, qui cooperent, plutot que les personnes qui passent leur vie a essayer de gagner des concours.
Pour dire les choses autrement, on peut essayer de casser les hierarchies. En te donnant comme but de faire monter les femmes dans la hierarchie, tu valorises la notion de hierarchie et tu prends le risque de renforcer les hierarchies.... Au lieu de s'emerveiller devant ceux qui gagnent les concours de piano, on peut plutot s'interroger sur le sens d'une vie egocentrique qui consiste a travailler aussi dur dans le but d'arriver devant les autres.
Très intéressant comme commentaire. LeLama, tu es un homme ou une femme ?
En fait, je suis 100% d'accord avec toi

. Mon 'but' n'est pas de faire monter les femmes dans la hiérarchie, il est plutôt d'en venir à ce qu'on reconnaisse l'excellence chez les femmes autant que chez les hommes. Pour moi, atteindre les plus hauts niveaux d'excellence n'implique pas automatiquement de le faire dans une structure hiérarchique. Malheureusement, dans un monde encore dominé par les hommes, évaluation égale compétition, et plus que jamais aujourd'hui alors que nous vivons une période totalement axée sur la 'compétitivité'--vraiment beaucoup beaucoup plus que dans ma lointaine jeunesse. Je déteste cet esprit de compétitivité à tout prix. Mais je ne suis pas contre la compétition non plus, sous une forme 'douce'.
Prenons un exemple pas trop polémique, sortons du monde du piano... J'ai eu dans ma jeunesse des amis, une amie en particulier, qui faisaient de la compétition sportive, du genre qui peut mener aux Olympiques, et j'ai donc un peu fréquenté ce milieu. Chez les sportifs, on est entraîné à se comparer à soi-même, pas aux autres. On cherche à améliorer sa propre performance, pas à être meilleur que son collègue. Les compétitions sportives sont une façon de se motiver, de se donner des objectifs, et en général on est amené à se dépasser dans ce contexte. On aime gagner, oui, mais comme on aime gagner quand on joue aux cartes. C'est un jeu. (Oui je sais que certains prennent ça plus au sérieux, mais à la base c'est comme ça qu'on est entrainé).
Malheureusement, en dehors du contexte sportif, ça devient souvent tout à fait autre chose. J'ai passé ma vie dans un milieu où on évalue continuellement les autres, où on met les gens en rang du meilleur au moins bon, du plus productif au moins productif--un milieu complètement dominé par les hommes--et dans ce milieu, pour décrocher un poste ou pour obtenir des fonds, une femme doit non seulement compétitionner, mais être nettement meilleur que tous les hommes--selon leurs critères à eux.
Dans le monde du piano professionnel, actuellement les concours sont le moyen d'avoir de la visibilité--et plus que jamais avec les transmissions en live sur internet. Comment on vous perçoit peut alors faire la différence entre pouvoir gagner sa vie et devoir changer d'orientation de carrière. Dans ce monde, actuel, pas encore changé, je voudrais qu'on ait davantage la perception que les femmes sont aussi bonnes que les hommes et qu'il y a place pour d'autres genres de femmes pianistes que les Yuja Wang et les Khatia Buniatishvili, très talentueuses mais qui n'hésitent pas à exploiter leur sex-appeal pour faire carrière (elles m'enragent). Ça aussi, ça a beaucoup changé depuis ma jeunesse: la femme-objet est plus vivante que jamais et certaines sont complices!