Deux grands types de pianisme ?

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Hizu
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Re: Deux grands types de pianisme ?

Message par Hizu »

Ah ah, j'en suis bien content aussi !
Si les deux modérateurs adorent Bach, je dirais qu'ils ont bien raison ! J'aime beaucoup aussi, et je joue quelques-unes de ses pièces. Enfin, merci de me prévenir quand même ! :P J'imagine en tout cas que je vais découvrir les goûts des membres actifs au fur et à mesure, ce qui est fort intéressant.
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JPS1827
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Re: Deux grands types de pianisme ?

Message par JPS1827 »

Yapluka a écrit :
JPS1827 a écrit :Pour moi c'est clair, mon apprentissage et mon répertoire de base (Beethoven, Schumann, Schubert… en partie dicté par mon style de jeu, j'ai dit que mon prof d'enfance avait tendance à donner aux élèves "ce qui leur allait" pour les concours) me mettent dans le groupe "lourd".
Tiens c'est curieux : je ne mettrais pas Schubert chez "les lourds" 8) ...
En fait ça dépend un peu de ce qu'on considère chez Schubert. Si tu fais allusion à la première série d'Impromptus je te donne raison. Si on considère la seconde série, ou des sonates comme celles en ré majeur ou en ut mineur ou la Wanderer-Fantaisie, on se rapproche beaucoup plus du piano de Beethoven.
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Caralire
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Re: Deux grands types de pianisme ?

Message par Caralire »

Je m'inscris du côté léger :mrgreen:

Par contre, je serais bien incapable de dire ce qu'il en est des dieux : je les écoute pas assez.

J'ai bien quelques avis par contre sur les PM-iste, mais tous ne veulent pas forcément être étiquetés.

Alors, est-ce une question de technique faiblarde qui me place du côté léger "pour compenser". Du coup, j'ai tendance à choisir des morceaux pas trop techniques, compte-tenu de ce qu'on pourrait attendre après le nombre d'années de piano que j'ai faites, mais je travaille tout de même beaucoup le son.

Je me demande si c'est une limitation physiologique cette histoire de technique : car des gammes et des tenues et du poignet et du Hanon, et du Czerny et même du Bach, j'en ai fait un bon paquet, toutes les semaines. Ou alors c'est que pour passer un palier supplémentaire, il aurait fallu passer encore beaucoup plus d'heures au piano. Notamment les premières années, pour "gagner du temps". Mais bon. Il ne faut pas dégouter les enfants non plus, alors on m'a encouragée à aller au piano, mais passé 1/2h, on me laissait partir.

Je pense aussi qu'il est bien plus facile de classer les amateurs que les pros : ces derniers n'ont pas eu le choix que de développer toutes les facettes du jeu, y compris celle qui n'était pas dominante. Par contre, les amateurs que nous sommes ont tendance à cultiver ce dans quoi ils sont bons. Voire même à apprécier spécifiquement ce qui fait, chez les autres, une dominante similaire à la notre propre.

Par exemple : j'apprécie particulièrement les enregistrements de Lee, malgré des faiblesses techniques détectables, qu'elle revendique d'ailleurs. Ces faiblesses ne me gênent pas, n'attirent pas mon attention. Je suis séduite par la sensibilité qui transparait dans ses interprétations, et qui fait écho à mes propres recherches quand j'étudie un morceau.

En revanche, (Zeb, j'espère que tu ne m'en voudras pas, pour ma démonstration, je t'inscris chez les lourds), je suis beaucoup moins réceptive aux enregistrements de Zeb. Alors que qualitativement parlant, il serait ridicule de dire que l'un est meilleur que l'autre : ils ne jouent pas les mêmes choses, et n'ont pas les mêmes points forts. Et, je vais plus loin : Zeb est, lui, très réceptif à une interprétation rigoureuse, précise, faite par un pianiste du même camp que lui, pour lequel nos camarades du camp léger ont du mal à reconnaître les qualités. Je fais référence à une discussion récente, je crois que c'était dans le fil des études de Zeb.
Modifié en dernier par Caralire le mer. 20 mai, 2015 0:36, modifié 1 fois.
mieuvotar

Re: Deux grands types de pianisme ?

Message par mieuvotar »

Finalement, à lire toutes ces contributions passionnantes, je me dis que la ligne de démarcation n'est ni lourd/léger (formulation un peu - tu ne m'en voudras pas, Okay.... - triviale), ni masculin/fémininin, ni yin/yang. Mais plutôt entre esthétique dionysiaque vs. apollinienne - délinéation qui d'une certaine manière recoupe l'ensemble de ces autres lignes de partage. (Voir ici la version courte et la version longue)
Et dans cette distinction, oui Bach est clairement apollinien et Chopin dionysiaque. Nietzsche, lui, affirmait que Wagner rassemblait les deux ( peut-être le troisième type proposé par Yapluka ?).Et oui Caralire, tu as aussi raison : Lee est un superbe échantillon dionysiaque là où Zeb est un bel exemple apollinien.

D'ailleurs, pour étayer ma démonstration, Lee a reconnu bien aimer le fruit de la vigne, et je me souviens d'avoir lu au détour d'un fil que quelqu'une avait vanté le physique avenant de Zeb... :mrgreen:
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Re: Deux grands types de pianisme ?

Message par Wladyslaw »

mieuvotar a écrit : Lee est un superbe échantillon dionysiaque

Personnellement, je ne suis pas sûr que je le prendrais très bien ... :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:
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Hizu
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Re: Deux grands types de pianisme ?

Message par Hizu »

Ah ah effectivement, en ces termes on touche directement au sublime ; ce que la musique qui est jouée par ici mérite peut-être d'ailleurs !
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Lee
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Re: Deux grands types de pianisme ?

Message par Lee »

Je précise prendre toujours bien ce que Mieuvotar écrit. :wink: Je confirme vivre par les émotions, l'instinct et dans le chaos, surtout pour la musique et un verre en main.
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Re: Deux grands types de pianisme ?

Message par jean-séb »

BluePhoenix05 a écrit :
Okay a écrit :Bach... comment dire... ce n'est pas du piano je crois ?
Comment peut-on laisser passer ça ??!!
Bach est un pianisme tout à fait particulier 8)
Disons que Bach, c'est sûr, n'a pas écrit pour le piano, mais pour le clavier, et avec des claviers qui réagissent sous la main de manière très différente entre celui de l'orgue, du clavecin ou du clavicorde, son instrument chéri. Il reste que, quand on interprète Bach au piano, on a souvent le choix du pianisme qu'on veut ou qui nous correspond le mieux.
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Lee
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Re: Deux grands types de pianisme ?

Message par Lee »

Hm, l'autre question qui me vient pour Okay et JPS : vous pensez travailler l'autre coté de vos dispositions naturelles. Vous faîtes par jouant justement les compositeurs de l'autre coté ? Ou...comment ?
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Okay
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Re: Deux grands types de pianisme ?

Message par Okay »

Je crois que ça ne marche pas vraiment pour moi. Je peux faire pencher ma technique du côté du style "lourd" dans certaines pages, mais désormais j'oriente mes efforts pour rendre davantage tout-terrain mon naturel "léger", y compris dans le répertoire typiquement "lourd" (Brahms, Beethoven...). Je suis certain qu'on peut tout jouer très bien avec les deux styles.
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Lee
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Re: Deux grands types de pianisme ?

Message par Lee »

Oui, je cogite ça encore ! Radu Lupu est camp "leger", non ? La raison pour laquelle je pose la question, je le trouve merveilleux en Brahms, camp "lourd". Finalement peut-être que les "croisements" sont les plus intéressants : Rubinstein jouant Chopin, Gilels jouant Rachmaninoff, Pires jouant Mozart, Okay jouant Beethoven... :wink:
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dilettante
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Re: Deux grands types de pianisme ?

Message par dilettante »

Débat intéressant.
Je me classe dans la pratique du pianisme "lourd" mais je souhaite migrer vers le "léger".
Autrement dit j'ai l'impression que durant la phase d'apprentissage, j'ai une exécution un peu trop en force, je fais donc de gros efforts pour minimiser mes gestes et mes appuis.

Plus généralement je fais un parallèle avec la façon de pratiquer un sport.
J'ai constaté qu'il y a au moins deux façons antagonistes de procéder.
D'une part la technique très souvent pronée par les entraineurs qui serait le pendant du pianisme lourd, et qui consiste à toujours "se battre" contre un adversaire imaginaire (ou pas).
Par exemple en course à pied, si on a du mal à finir son semi-marathon on va lutter, contre soit, contre son corps, contre les autres concurrents etc.
D'utre part ce que j'appelle "l'harmonie".
Je pratique cette dernière méthode lors de mes footings. Cela consiste à justement ne pas se battre, mais à écouter, à sentir, à se mettre en symbiose en quelque sorte avec l'univers.
Oui, ça parait un peu pompeux dit ainsi, mais c'est comme ça que je le ressens. En pratique au lieu de lutter pour finir mes derniers kilomètres, je me détends, je relâche tous les muscles que je contractais sans raison, voire je souris.

Je recherche cette voie de l'harmonie au piano aussi (sans jeu de mots, mais il y a un lien avec l'harmonie musicale au sens strict) et je crois que ça pourrait être le pianisme "léger"
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