Lee a écrit : C'est l'oreille musicale qui compte, de pouvoir écouter et entendre la qualité et la sonorité des notes joués qui est important, ce n'est pas pouvoir juger l'exactitude de fréquence et Hz qui compte, qui est toute autre chose.
Okay a écrit :
Oreille absolue/relative, utilité limitée d'après moi. Par contre, une excellente oreille tout court est indispensable, et ça, ça peut se travailler en apprenant à porter son attention active sur ce qu'un auditeur entend. C'est bien l'important. Je pense que le piano se joue autant avec les oreilles qu'avec les doigts. Une très bonne oreille entend vraiment tout ce qu'il se passe sur le moment, elle est attentive aux plans sonores, à la qualité du son, du phrasé, du legato, de la profondeur des basses, du timbre des aigus, de l'égalité de la ligne, est heurtée par les faux accents, par la pédale qui bave ou n'attrape pas bien ce qu'elle devrait, par le dureté, par la fébrilité, etc...
"Oreille musicale" regroupe énormément de choses, j'y accorderais volontiers une place importante à l'oreille relative (mais j'y incluerais en toute première place un sens rythmique aiguisé). Par exemple si on module dans le ton de la dominante, il faut faire sentir ce déplacement vis à vis de la tonique, générateur de tension, qui retombera quand on reviendra dans la tonalité principale. Sinon on ne crée pas de relation (donc pas de musique) entre le ton de la dominante et la tonique. Pour moi c'est en grande partie l'oreille relative qui doit écouter et faire entendre cette relation. En tant qu'interprète, on doit écouter/faire écouter énormément de choses, qu'un auditeur lambda percevra dans sa globalité et tous ces détails feront quelque chose de musical ou non. Autre exemple : si je plaque do-mi-sol n'importe comment, je ne crée pas de relation entre ces 3 notes, il n'y a pas de vrai "accord". Si j'essaie d'écouter la caractéristique de l'accord (un accord majeur), je crée une relation, cela change la façon dont je vais le jouer. Je peux créer d'autres types de relation, en faisant ressortir davantage sol, ou davantage mi, et en les pensant pas rapport aux autres, càd les intervalles do-mi, do-sol, mi-sol. Pour moi c'est de l'oreille relative (faute d'autre terme) qui entre en jeu. Si on n'utilise que l'oreille absolue, on n'entend "que" do, mi et sol, juxtaposés, sans vrai lien. (+ ça me rappelle mon fil sur "intonation et travail de la justesse au piano" ...)
Au final, on joue en fonction de ce qu'on entend, et notre travail technique est guidé par ce qu'on entend/veut entendre, d'où l'importance de développer son écoute et son oreille.
En ce qui me concerne, pour accéder à un niveau plus élevé, je me dis que le frein n'est pas principalement dans le développement de la technique (même s'il y a plein de choses que je n'arrive pas à faire), je pense que le développement d'une sorte de "
virtuosité de l'oreille" compte beaucoup. C'est une expression (vague, certes) reprise d'Alain SAVOURET dans cet
entretien. Il y identifie également entre autres 3 niveaux d'écoute simultanés : micro-, méso-, et macro-phoniques.