Si mon idée de battre la mesure sur le clavier vous semble compliquée ou dangereuse, vous n'êtes pas obligés de l'adopter ! D'ailleurs pour ma part, je ne l'applique pas exactement telle quelle. Concrètement lorsque je sens que c'est instable, je bats la mesure avec une main libre (en tapant sur ma cuisse, ou avec des gestes bizarres de chef d'orchestre), j'essaie de sentir la pulsation du discours, puis je marque les temps dans ma tête en jouant des 2 mains. Chacun fait in fine ce qui lui convient le mieux ...
nox a écrit :C'est là qu'il faut faire une "utilisation intelligente" du métronome. Il faut en effet avoir conscience qu'on ne sera jamais 100% calé avec le métronome, et ce n'est pas ça qu'il faut rechercher. Il faut savoir faire la différence entre "je ne suis pas calé avec les tacs" et "je ne joue pas du tout à la vitesse des tacs".
Ce serait l'idéal, mais je trouve que c'est ce qu'il y a de plus difficile à faire parmi toutes les méthodes évoquées... peut-être une question d'habitude. Percevoir la différence entre ces deux états me semble tout sauf aisé, pourtant c'est bien ce qu'il faudrait parvenir à détecter.
En relisant le fil, je me suis aperçu que je n'avais pas vu ce conseil, que je trouve super :
Oupsi a écrit :Ce que je fais parfois c'est de jouer un passage où je pense que je suis au tempo voulu, puis je continue à compter dans ma tête et je passe sans transition au passage où je pense que je vais trop vite ou trop lentement.
Ce qui se passe derrière le rideau ici, c'est que le passage joué au tempo voulu est joué à ton "tempo organique" pour la pièce. C'est bien davantage, il me semble, que le "tempo voulu". Pourquoi tu veux celui-là et pas un autre ? voilà un secret de la stabilité on dirait : il faut "vouloir" un tempo, il n'est pas vécu comme un cadre ou une contrainte, mais comme une nécessité. Différence cruciale. Je pense que cette notion est essentielle pour avoir une pulsation régulière. En travaillant une pièce, il faut idéalement avoir à l'esprit son tempo naturel, celui où le flux musical se déroule sans traîner ni courir, celui où on ressent une sorte de confort indescriptible, comme lorsqu'on est bien assis au fond d'un sofa et qu'on n'a plus envie d'en bouger, ou comme lorsqu'on court depuis 10 minutes avec une respiration parfaitement calée sur la foulée et qu'on ne veut pas dérégler sa vitesse de croisière.
Ce n'est pas quelque chose qui se développe nécessairement au clavier, il s'agit juste de sentir la musique, de se la passer dans la tête sans penser à son exécution, jusqu'à sentir que "c'est comme ça et pas autrement" pour nous. Ce tempo organique n'est pas une référence absolue objective, pas du tout, c'est notre pilier subjectif de musicien, celui auquel on aimerait dérouler la musique si notre texte était parfaitement su.
Pour revenir à la remarque d'Oupsi, c'est donc très précieux d'avoir conscience de jouer un passage ou un thème au tempo organique du morceau. Ca permet de le décalquer sur d'autres passages en cas de doute.
C'est devenu petit à petit ma manière d'installer le tempo dans la durée. Et c'est entre autres pour ça que j'ai souvent des problèmes à rester lent dans le travail lent.
Mon tempo organique (je ne peux pas l'empêcher de se fixer) m'attire comme un véritable aimant, la musique veut se déployer exactement comme un fleuve qui descend son lit à la vitesse imposée par la gravité (je pense que cette image décrit parfaitement la "nécessité" que le flux se déroule à une vitesse donnée), même lorsque j'ai besoin de rester lent pour apprendre le texte ! je dois me faire un peu violence pour accepter de maintenir le métronome interne à un tempo qui est finalement artificiel...