Gracou a écrit :
Dans le contemporain, j'ai connu un pianiste qui travaillait du Ferneyhough. Les rythmes étaient juste monstrueux, vraiment à coucher dehors, il y avait des notes partout. Il faut commencer par décortiquer tout ça, ça prend un temps absolument considérable.
Ce qui transparaissait de cela, c'était que faire rigoureusement les rythmes, pour le coup, n'avait pas forcément de sens, mais qu'une fois qu'il les avait travaillé à fond, l'interprète s'était approprié ce matériau indigeste pour ensuite rejouer la chose comme une sorte de semi-improvisation. C'est assez particulier à décrire, mais c'est vraiment cela qu'on entendait, ça sonnait entre l'improvisation et l'oeuvre. Comme une improvisation dans un style contemporain, dissonant, mais qualité ++.
Bon après, je ne te le cache pas, au delà de l'intérêt que je pouvais y trouver en tant qu'auditeur privilégié, d'appréhender cette démarche intéressante de composition et du travail de l'interprète qui va avec, très peu pour moi de passer des mois sur un machin comme ça (sachant qu'en plus ça avait l'air bien costaud, pour ne rien gâcher...), et encore moins de l'écouter au petit déj'...
Ca valait le coup d'avoir autant de pages de discussion pour pour lire ce témoignage, merci Gracou pour ce retour d'expérience

.
Il n'est pas inconcevable pour moi que la musique contemporaine réponde à d'autres critères d'appréciation que la musique "classique", et sorte éventuellement des paradigmes tension/détente ou attente/suspension/résolution/surprise ; mais une telle réflexion musicale sur le texte est tout autant un préalable avant de se jeter tête baissée dans l'exécution, pour connaître quels sont ces critères et ce qu'écoute le compositeur (la diversité des combinatoires dans le cas de la musique contemporaine ?)
nox a écrit :
Bon, je vais remettre un peu d'essence sur le bûcher
Haha tant que tu n'en profites pas pour mettre de l'huile sur le feu ...

ce qui n'est pas ton genre d'ailleurs, ce que j'apprécie chez toi (no sarcasm here

)
nox a écrit :zebestovol a écrit :
Il reste tout de même selon moi le fait que si les notes ne sont pas dans le bon ordre, ça implique qu'au moins une des 2 mains ne joue pas régulièrement, et si l'ordre ne s'entend pas à l'oreille, ça, ça peut s'entendre.
Cette proposition est même tellement juste que j'en appelle à sa contraposée : si les deux mains jouent régulièrement, les notes seront dans le bon ordre.
C'est beaucoup plus proche de ma conception des choses.
Malgré les truismes que peuvent sembler la proposition initiale et sa contraposée, au risque de surprendre après réflexion, ce n'est pas vraiment proche de ma conception

, au vu de plusieurs arguments dont le suivant :
Comme on n'entend quasiment pas l'ordre des notes, on ne peut pas vraiment savoir si elles sont jouées dans le "bon" et ce n'est pas ce qui compte. C'est comme le chat de Schrödinger dont on ne peut déterminer s'il est mort ou vivant (là je viens de faire un cadeau aux communautés de "cat lovers" et de "cat haters" du forum en parlant de chat

).
Et en vertu du principe d'incertitude Heisenberg

, si on essaie de "mesurer" l'ordre, cela va influencer le jeu, qui ne sera alors plus le même que le jeu final souhaité du simple fait de la "mesure". Tout cela n'est pas qu'une élucubration ésot(h)é(o)rique découplée du monde réel, cela a des implications pratiques dans la façon d'aborder le travail d'un tel passage. En ce sens, je ne suis pas loin de penser comme Okay qu'un travail focalisé sur le calage exact peut également être contre-productif, tout en conservant quelques réserves :
Okay a écrit :
Essayer de contrôler tout ça par un travail de mise en place précis est simplement contre-productif. Pour les groupes avec beaucoup de notes, il se peut très bien que des notes ne tombent pas entre les bonnes si ça donne du sens au discours. Et un simple 3 pour 2 peut se trouver déformé pour la même raison.
Par conséquent comme soutenu depuis le début, seul compte l'effet (
tunnel) musical recherché à l'aide de la
fonction d'onde.
Et voilà, cela va bouleverser toutes vos conceptions aristotéliciennes !
Gracou, tu peux oublier la musique classique (ancienne), je viens d'inventer la musique
quantique !
Recevrai-je un jour la consécration d'un prix No(x)bel pour cela ?
("Sheldon, sors de ce corps !"
)