Gracou a écrit :BluePhoenix05 a écrit :
Par ailleurs, croyez-vous à l'existence d'une "pulsation absolue" ? Vous balladez-vous constamment avec un métronome ? "Accordez"-vous votre pulsation à l'indication du morceau juste avant de monter sur scène ?
Personnellement, le métronome n'est jamais loin et mon batteur en prend un sur scène dont il se sert avant de débuter certains morceaux (avec un "bip" lumineux, en toute discrétion).Je sais que certaines choses vont fonctionner à 72 à la noire et qu'on va passer à côté si on les prend à 68.
Mes questions étaient à la base rhétoriques (je crois que c'était pas très clair

), mais le témoignage de Gracou est très intéressant. On peut se dire que ça paraît indispensable pour pouvoir jouer en groupe, alors que solo, on peut se permettre de "faire ce qu'on veut". J'ai néanmoins des doutes : est-ce que le batteur se tromperait s'il ne regardait pas son métronome ? Arrive-t-il vraiment à "rentrer" dans la pulsation extérieure fournir par le métronome ? Ne finirait-il pas par retomber automatiquement dans le tempo naturel du morceau (qui serait donc bien 72 à la noire) ? Le batteur étant celui qui impose le tempo, les autres musiciens ne devraient-il pas s'adapter au sien ? (et au cours du morceau, tout le monde s'écoute et s'ajuste pour créer la musique de groupe). Imaginez-vous un chef d'orchestre checker son métronome avant de diriger ?
Gracou a écrit :
Avant chaque morceau, la recherche du bon tempo, en me chantant intérieurement certains passages bien précis, constitue une part très importante de la concentration, de la préparation.
Je pense que c'est une excellente façon de procéder (mais pas si facile à mettre en oeuvre pour ma part

), c'est le rythme qui aide à rentrer dans le morceau, avant de commencer à jouer.
Okay a écrit :Et avant de monter sur scène, je ne pense pas au rythme, mais à la psychologie de ma musique, d'où le tempo doit découler.
C'est le rythme de la musique qui s'impose à nous, la musique (et son tempo) nous envahit avant de jouer. Tu trouves que c'est différent ?
nox a écrit :Ca ne veut pas dire qu'avant les indications pouvaient ne pas être suivies.
Non, mais je pense qu'il y a une plus grande latitude que vous semblez accepter, et que beaucoup de choses ne sont pas forcément écrites (ce qui ne signifie alors pas qu'il ne faut pas le faire, contrairement aux partitions les plus modernes). Néanmoins, je me dis que je préférerais jouer quelque chose qui me semble cohérent plutôt que respecter à tout prix "à la lettre" quelque chose que je n'aurais en fait pas compris (mais c'est dur de savoir si on a vraiment compris).
nox a écrit :Les interprètes prenaient en effet parfois beaucoup de liberté par rapport à la partition, mais ça n'était pas forcément apprécié du compositeur.
On rentrerait là dans un autre débat (n'y rentrons pas). Le compositeur est évidemment le plus à même de nous renseigner sur la musique qu'il a créée. Néanmoins, en tant qu'interprètes, on ne joue pas pour faire plaisir à quelqu'un d'autre, seul compte ce qui nous plaît nous, en espérant comprendre et ressentir le mieux possible la musique qu'on essaie de produire.
Okay a écrit :Lorsque j'ai parlé de la pulsation naturelle d'une oeuvre, ça fait en effet penser à une pulsation absolue, mais je ne pense pas que ça puisse exister. Lorsque j'aborde un morceau, je ressens sans pouvoir l'expliquer quel doit être son tempo naturel, et ça rend d'ailleurs parfois compliqué mon travail lent, car je converge involontairement vers ce tempo, attiré comme par la gravité. Ce tempo qui m'est naturel l'est au sein d'une conception plus vaste, dans laquelle s'accordent son et phrasé. Donc c'est une notion qui ne peut être que relative, car elle resulterait de la rencontre de l'interprète et de l'oeuvre. En fait, je trouve que ça s'entend terriblement losque quelqu'un joue plus lentement ou plus vite que son tempo naturel personnel. C'est "forcé", dans un sens ou l'autre, il y a quelque chose de déséquilibré, une impression de trainée ou bien de hate, tandis que chez quelqu'un d'autre, ce même tempo pourrait être naturel. Bref, je réfute l'idée qu'il existe un tempo absolu pour une oeuvre, mais je pense qu'il est difficile pour un interprète de tenir une narration convaincante s'il s'éloigne même un petit peu de son propre centre de gravité.
Je parlais de pulsation absolue en faisant un parallèle avec l'oreille absolue (et non de tempo absolu idéal immuable à travers le temps et les interprètes pour une oeuvre donnée) : êtes-vous sûr que vous de jouer un morceau su toujours exactement au même tempo ? càd seriez-vous capables de battre 92 bip/min sans métronome ? Ce pourrait être une question scientifique intéressante mais je pense qu'elle ne nous intéresse pas en tant que musiciens.
Quant au tempo qu'on juge le plus adapté à une oeuvre, je suis d'accord qu'il est tout à fait personnel et qu'on cherche à l'atteindre lors du travail, il correspond à notre façon d'entendre l'oeuvre, il fait partie de notre interprétation. Mais j'irais plus loin, même si on a l'impression qu'il est constant (mais comment le savoir?) , càd qu'on garde toujours en tête l'interprétation qu'on veut obtenir, je pense que ce tempo peut varier en fonction des circonstances, et du moment présent lorsqu'on s'apprête à monter sur scène. Ce tempo vit et fluctue avec nous.
On lit à plusieurs endroits sur le forum (ainsi que dans le Chang) le conseil suivant : travailler à une vitesse supérieure au tempo final pour pouvoir "assurer" en concert.
En fait cela me semble totalement inconcevable : on ne peut pas jouer "plus vite qu'on ne pense" ; donc si on travaille à une vitesse au-delà ce qu'on peut envisager musicalement, c'est forcément du jeu automatique/mécanique. Pendant le travail, on peut bien sûr tester différents tempi, ce qui fait partie de la recherche dans l'interprétation. A mon avis, le conseil précédent doit donc être réinterprété autrement.