Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
davsad
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par davsad »

Salut Val, j'ai été comme d'autres agréablement surpris d'apprendre que tu n'as que 15 ans, a vu de tes interventions sur le forum je te pensais bien plus âgé !
Val a écrit :
Vous avez souligné le fait que devenir musicien devait s'imposer à moi. Je partage entièrement cet avis. Je sais qu'une grande part de moi est dévouée à la musique, pourtant, je n'ai pas été enfant prodige (ou peut-être qu'on ne m'a pas laissé l'être ?)
Val a écrit : et si je m'engage dans quelque direction que ce soit, je veux arriver au plus haut niveau, sous peine d'être immanquablement insatisfait et malheureux.
Je préfère ne pas perdre de temps à t'écrire ce que je pense ou à te faire partager mon expérience personnelle car je ne pense pas te connaître assez pour pouvoir te donner des conseils judicieux et au final je ne ferai que répéter grosso modo ce qui a déjà été dit. Mais je me permets de t'envoyer ce documentaire sur la vie de Martha Argerich et Charles Dutoit au cas où tu ne l'aurais pas encore vu, c'est le passage entre 36:50 et 39 que je te conseille de regarder (et le reste si ça t'intéresse bien-sûr !).

J'ai mis deux de tes citations qui m'ont paru connecté avec ce petit extrait de la vidéo, peut-être que ça t'aidera à avancer dans tes réflexions.

https://www.youtube.com/watch?v=yHzxPPvdfD0

Tu remarqueras à quel point l'homme est dérouté par la première réponse de Martha, on sent d'ailleurs au ton de sa voix que sa question était presque une affirmation !

Juste un dernier point :
Val a écrit : Si je ne fais pas de prépa, échoue en piano, je ne pourrai pas retenter une prépa, et c'est le cas pour à peu près chaque formation.
C'est sans doute vrai pour la prépa (et encore, si ton dossier est vraiment excellent tu trouveras des prépas pour te prendre, même après avoir arrêté un an, surtout si tu as passé cette année au CNSM..) mais pas pour Dauphine, si tu as un bon dossier. J'ai d'ailleurs un ami qui a été pris à Dauphine à 20 ans après avoir arrêté ses études pendant deux ans..et puis comme l'a dis Okay, Dauphine ca a aussi ses avantages sur la prépa :!: (et rien ne t'empêche de tenter les concours en parallèle si tu es vraiment motivé, j'ai un bon ami qui est rentré à HEC comme ça, tandis que son frère réputé meilleur en classe, et qui avait donc était poussé vers la prépa, n'a obtenu que l'EM Lyon...)
Évidement ça pourrait être bien de discuter avec un conseiller d'orientation, mais encore faut-il en trouver un qui te comprenne vraiment..
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Oupsi
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par Oupsi »

Val, as-tu lu Le Jeu des perles de verre, de Hermann Hesse?
Ça t'intéresserait beaucoup.

Ce que tu écris m'y fait penser.
A mon avis, vu ta personnalité et ce qui se construit en toi, ce serait une chance pour toi de continuer dans cette aspiration polyvalente, tout en sachant que c'est quelque chose d'assez rare aujourd'hui et de pas toujours bien reconnu. Nous sommes dans une époque de spécialisation précoce dans tous les domaines et toi tu es un peu un jeune homme de la Renaissance, qui construit son esprit en cultivant toutes les facettes de la culture et du savoir.
Les artistes ont souvent cette polyvalence en eux; pas forcément dans l'action et la pratique, mais toujours dans la curiosité, l'avidité et l'ouverture d'esprit; même s'ils se sont spécialisés, ils sont quand même en dialogue avec les autres "branches" humaines. Un pianiste qui ne connait que la musique pour piano et ne parle que piano est à 30 ans un homme vidé de sa substance et forcément son jeu s'en ressentira. (je n'ai bien entendu aucune preuve de ce que je dis là, c'est juste une conviction personnelle). Disons, en prenant la chose de l'autre côté, que je constate en écoutant ou en lisant des artistes que j'aime, en écoutant des scientifiques de haut niveau, qu'indépendamment de l'immense compétence spécialisée, il y a cet humanisme en toile de fond, cette capacité d'aller chercher dans d'autres horizons. Gould que tu cites s'intéressait à énormément de choses, les sciences, la technique, la sociologie.
Il est difficile à quinze ans de savoir s'il faut choisir (donc exclure), ou s'il faut unifier (après avoir élargi progressivement les cercles d'inclusion); dans cet orchestre que j'ai en moi, quel est l'instrument dominant? Ou est-ce l'orchestre en tant qu'orchestre que je voudrais valoriser?
La difficulté étant que cette fameuse unité est difficile à ressentir, elle est un peu l'aboutissement (peut-être même l'illusion) d'un long cheminement et on ne peut commencer le cheminement en sachant d'avance ce qu'elle sera. C'est ce qui me fait penser à ce livre dont je parlais au début: l'institution prend les élèves et leur dit en quelque sorte: l'unité est au bout du chemin. L'élève y croit, fait confiance et se laisse transformer par la connaissance. Il ne sait pas d'avance ce qui va se produire en lui.
Dans ce livre il y a aussi une profonde méditation sur la musique.
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jean-séb
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par jean-séb »

Oupsi a écrit : Gould que tu cites s'intéressait à énormément de choses, les sciences, la technique, la sociologie.
Cela me donne l'occasion de signaler le danger qui guette certains profils trop brillants : l'enfermement, l'isolement. Gould, on le sait, présentait une forme d'autisme (syndrome d'Asperger). Je crois que quand on se sent des prédispositions à la solitude sociale, il n'est pas inutile de considérer que vivre en société, c'est aussi une discipline qui s'acquiert et où l'on peut essayer de s'améliorer, comme dans les autres disciplines. Un défi comme un autre !
Val, tu comprendras que ceci dépasse largement le champ de ta seule personne, que je ne connais pas. J'élargis le débat de manière purement théorique.
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jean-séb
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par jean-séb »

Val a écrit :Encore merci de vos nombreux retours, je ne peux y répondre comme je le devrais, car j'ai une connection assez faible, là où je suis actuellement.[...] Mais ce problème se posera toujours, quelque soit mon métier.
En attendant, ton français se relâche ! Ça sent les vacances ! :wink:
BluePhoenix05
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Message par BluePhoenix05 »

Ashiro a écrit :
BluePhoenix05 a écrit :Le chant c'est facile.
Si seulement....
C'était une blague, hein... ou pas. On a moins de problèmes de mémoire (comparer ça à chef d'orchestre...), on phrase selon son chant intérieur (que tout musicien possède), et en chant lyrique on essaie tout le temps de garder le même son (j'exagère, mais en gros, c'est ça, alors qu'en chant rock on change tout le temps de configuration vocale, ça me ferait perdre la tête, mais pour certains c'est plus facile). Et la concurrence me semble moins rude vu le nombre de chanteurs à la technique défaillante par rapport aux pianistes... (encore une fois, ne pas prendre à la lettre ce que je viens de raconter).
Val a écrit : Bluephoenix : C'est tout à fait ça, j'aimerais pouvoir tout savoir sur tout, ne rien abandonner. Pourquoi la vie est-elle si exclusive ? Ne peut-on pas tout faire en même temps ?
On peut faire plein de choses si on s'organise bien. Mais pas tout en même temps, ne pas se disperser. Tout en se laissant du temps pour explorer des choses (du temps "à perdre"), faire des erreurs, céder à sa curiosité. Ensuite, on est limité par notre temps sur Terre.
Il faut profiter de chaque âge de la vie. Au lycée on a beaucoup de temps (on ne s'en rend pas compte :wink: ).
Ecoute ce que dit zmarianne :)
zmarianne a écrit : dans la réalité, on peut souvent se contenter d'avancer à petit pas. Passer ou ne pas passer tel concours. Signer ou pas pour une année à tel endroit. On a aussi le droit de se tromper, de recommencer. En fait les choix sont rarement irrémédiables, il y a des passerelles, et la vie est longue...
Tu es à une période où tu t'intéresse à tout et beaucoup de choses, mais tes centres d'intérêt vont aussi évoluer, se polariser, tes priorités émerger, de nouvelles contraintes de la vie apparaître (trouver un stage, un job, monter un projet perso, etc.). J'ai envie de me mettre à l'architecture, et/ou la médecine (d'un point de vue théorique, hein...), ou approfondir la linguistique... Je ne m'intéresse plus autant à la physique théorique. Avant j'étais fan d'égyptologie. Je ne m'interdis pas de bifurquer dans un autre domaine, peut-être quand j'en aurai "fini" avec le piano... 8) Tu vois, choisir de faire quelque chose, ce n'est pas exclusif pour le reste de la vie !
Val a écrit : Et, cette sorte de "polymathie", je ne voudrais pas la perdre, je ne voudrais pas avoir à abandonner une discipline pour en garder une autre. Je voudrais que tous les arbres poussent également et en même temps, sans qu'il y ait de clairière ignorante. Je comprends, je partage cette citation désespérée de Gide ... Hélas, on ne peut rien y faire. Évoluer, c'est se spécialiser, abandonner l'idée d'une connaissance globale du monde, de son histoire, de son avenir autant que de son contenu. J'ai beaucoup de mal à m'y résoudre. J'ai longtemps dévoré des encyclopédies de toute sorte, fouillé sur internet toute sorte de choses, lu beaucoup de livres sur beaucoup de sujets, et je réalise que j'aurai beaucoup de mal à compléter ce savoir. Mais ce problème se posera toujours, quelque soit mon métier.
ahlàlà, cette tentation de l'omniscience... :) J'ai essayé de changer d'optique depuis, je me suis rendu compte que ce qui me motive vraiment, ce n'est pas savoir tout sur tout ce qui m'intéresse, mais comprendre (com-prendre), par ex quand je visite un musée d'histoire archéologique, cela m'intéresse moins de savoir comment vivaient/pensaient les gens de l'époque que de comprendre comment on est arrivé aux déductions sur la façon dont ils vivaient à partir des indices et fouilles, et ce que cela nous renseigne sur notre vie actuelle. Ou chercher à comprendre en quoi les arts martiaux sont tous des variations autour d'un même thème. Essayer de voir l'unité dans l'apparente diversité.
Val a écrit :Pourtant, dans pianiste, il y a des dimensions supplémentaires. Les arts se nourrissent des autres arts, il est même nécessaire de les connaître. Joue-t-on les Russes de la même manière quand on a lu Gogol et Dostoïevsky ? Barenboïm disait au sujet de Rubinstein : "Il ne voyait pas la musique comme une tour d'ivoire". Je partage cette vision.
Tout à fait, toutes les expériences de la vie nourissent notre art et réciproquement.
dilettante a écrit : Bon il faut relativiser tout ça. J'ai quand même un boulot que beaucoup m'envieraient, un bon salaire, et six semaines de vacances, et je peux faire du piano tous les jours.
On reste dans la discussion "de riches"...
Alors poursuivons la discussion de riches lol
Quelle chance de pouvoir faire du piano tous les jours ! J'espère trouver une solution pour y arriver. :)
6 semaines de vacances = 20 jours de congés + 10 RTT, c'est courant non ?
Ca ferait presque une (1/2-)journée par semaine dans une année, que je serais tenté de prendre pour avoir le temps de faire du piano régulièrement ^^

Mon boulot me plaît actuellement (pour combien de temps?), malgré parfois des relations peu commodes, des ratés de travail en équipe, et l'incompétence de certains collègues... de toute façon ce serait pareil autre part
Mais en choisissant de faire du piano, je ne peux pas me former à de nouvelles choses pendant mon temps "libre" (ce qu'il faudrait pour rester "compétitif" ou progresser au travail). Tant pis pour le moment. Vive le piano :D
Quelques traductions de poèmes chinois à ma sauce
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Ashiro
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par Ashiro »

BluePhoenix05 a écrit : C'était une blague, hein... ou pas. On a moins de problèmes de mémoire (comparer ça à chef d'orchestre...), on phrase selon son chant intérieur (que tout musicien possède), et en chant lyrique on essaie tout le temps de garder le même son (j'exagère, mais en gros, c'est ça, alors qu'en chant rock on change tout le temps de configuration vocale, ça me ferait perdre la tête, mais pour certains c'est plus facile). Et la concurrence me semble moins rude vu le nombre de chanteurs à la technique défaillante par rapport aux pianistes... (encore une fois, ne pas prendre à la lettre ce que je viens de raconter).
Je te réprimande pas hein :D , c'est juste qu'étant chanteur c'est un sujet qui me passionne tout autant que celui du piano.
Je pense qu'on devrait ouvrir un sujet dessus parce que c'est aussi intéressant d'en discuter mais non hélas la concurrence même si elle te semble moins rude est tout aussi égale voire même plus cruelle sur certaines choses à celle du piano. Pour mettre tout le monde d'accord je dirai même que ce n'est pas vraiment comparable. La technique "défaillante" c'était il y a longtemps alors je ne sais pas à quelle époque tu fais référence, mais maintenant avoir une technique élargie et complète c'est la base tout comme pour le piano. La différence plus cruelle se fait sur notre physionomie, on est pas tous égaux de ce côté là et certains sont plus avantagés (sonorement parlant) que d'autre. Le temps dans le chant lyrique où on uniformise notre voix pour "garder le même son" est révolu (cf. Diana Damrau par exemple), c'est tout un amas de couleurs de timbre, de nuances, etc... qui est recherché.
Je t'assure qu'on peut avoir des problèmes de mémoire tout aussi important que ceux d'un pianiste ou d'un chef d'orchestre, c'est pas parce qu'il y a qu'une portée avec des paroles que c'est plus simple de mémoriser parce que dans toute cette partition il y a un jeux d'acteur (on bifurque sur l'Art Lyrique, intimement lié au Chant Lyrique), des gestes, expressions du visage, postures, mais aussi une écoute de l’accompagnateur ou de l'orchestre se souvenir sans oublier toute la mécanique du corps.
Bon puis après l'apparence, le "charisme" ça compte aussi, un peu plus peut être que pour le piano quoique on voit quand même bien que la nouvelle génération n'est pas vilaine.
Praeludium
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par Praeludium »

jean-séb a écrit :
Oupsi a écrit : Gould que tu cites s'intéressait à énormément de choses, les sciences, la technique, la sociologie.
Cela me donne l'occasion de signaler le danger qui guette certains profils trop brillants : l'enfermement, l'isolement. Gould, on le sait, présentait une forme d'autisme (syndrome d'Asperger). Je crois que quand on se sent des prédispositions à la solitude sociale, il n'est pas inutile de considérer que vivre en société, c'est aussi une discipline qui s'acquiert et où l'on peut essayer de s'améliorer, comme dans les autres disciplines. Un défi comme un autre !
Val, tu comprendras que ceci dépasse largement le champ de ta seule personne, que je ne connais pas. J'élargis le débat de manière purement théorique.
Salut,

d'habitude je me contente de lurker ici mais je me suis connecté je pour me permettre de souligner ça. Je ne suis pas brillant et n'ai pas passé le bac à 16 ans, mais je peux m'identifier à cette soif de connaissance, ce désir d'omniscience et cette attitude méfiante (voire, dans mon cas à un certain point, condescendante et haineuse) envers toute forme de vie sociale, ou plus encore.
Je me permets donc de souligner l'intervention de jean-séb, particulièrement pertinente, surtout qu'après le bac et l'environnement du lycée on peut tout à fait se retrouver totalement seul, en particulier si on est justement dans le profil d'un musicien qui se prépare à des concours d'entrée en sup. Ça ne vaut pas le coup, c'est une perte de temps et en plus en tant que musicien on a besoin de voir du monde, de faire des rencontres, etc. ne serait-ce que d'un point de vue uniquement carriériste (mais c'est beaucoup plus riche et profond que ça, ça apporte aussi une nourriture indispensable pour l'artiste autant que pour l'artisan qu'est un musicien).
J'ai pris beaucoup de retard là dedans, la pente est dure à remonter et en plus ça ne m'a pas particulièrement aidé dans mes idéaux d'érudition (plutôt l'inverse, on part vite dans tous les sens), je ne le conseille à personne.

Sinon, les conseils qui t'ont été donnés (c'est bien accordé au moins ? :s) de laisser le temps et les rencontres t'aider à te décider sans te précipiter dans quelque chose de trop extrême me semblent les plus raisonnables. Je pense que c'est aussi ce que dirait un de mes profs, qui est au conseil pédagogique au CRR où je suis : ne pas se fermer de portes, valider plein de choses (dans la mesure du possible), rester souple en somme.
Le fait que tu essaies de rentrer dans une très bonne école privée l'année prochaine est déjà un bon pas en avant...

Par contre attention quand tu es à l'école normale - si j'ai bien compris - tu ne valides ni DEM, ni License, ni Master, ni DE, CA, etc. d'où l'intérêt de bien être au courant de comment marche le système français.
Si tu étais dans un conservatoire, je pense qu'on te dirait de déjà t'engager - si tu le peux - dans un DEM - qui est l'aboutissement du cycle d'orientation professionnel, ce qui convient exactement à ton profil - et de voir à partir de ça. Mais je suppose que ça communique pas mal entre l'école normale et les conservatoires et qu'on te parlera de ça (:
Val
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par Val »

Je suis bien conscient que l'homme, et plus particulièrement le musicien, a besoin de l'autre pour progresser, ne serait-ce que pour le simple enseignement, mais aussi pour s'épanouir, et apprendre à mieux partager la musique. Dans la situation actuelle, je n'ai pas vraiment d'ami musicien, à l'exception de ma prof. S'en faire à l'EN serait super, j'aimerais bien rencontrer d'autres pianistes, mais aussi des violonistes. Un de mes objectifs pianistiques serait de jouer la sonate pour violon et piano de Franck ... même si je n'ai pour l'instant pas le niveau. :wink:
Malgré tout, je ne veux pas "plein" d'amis, seulement quelques-uns, soigneusement choisis, pour jouer ensemble de temps en temps. Je préfère la plupart du temps rester seul devant mon piano que dehors avec d'autres personnes. Mais, qui sait, peut-être que cela changera si je rencontre les bonnes personnes ? Et peut-être que ces gens réussiront à m'apporter l'unité. Car, finalement, peut-être que le désir de l 'omniscience n'est que le signe d'un manque quelque part ailleurs. Comme l'aspartate et l'alanine aminotransférases augmentent quand le foie ne va pas bien, le désir de connaissance s'accroît quand un manque est avéré quelque part ailleurs :wink: ? Sans doute dans la sphère sociale, même si je ne ressens pas de manque. C'est à étudier.

J'ai encore un peu de temps. Je ne vais pas me précipiter, je vais prendre le temps de réflexion qui m'est accordé, tout poursuivre de front, et on verra, en utilisant mon temps libre (si j'en ai encore suffisamment !).
Si je rate mon année de terminale, et que je n'ai rien en post-bac, au moins, je serai fixé :mrgreen:

Oupsi, je me retrouve complètement dans ce que tu dis. Et, quand tu parles de l'ouverture des artistes, je ne peux m'empêcher de penser au documentaire sur Rubinstein, où l'on voyait des photos de lui en compagnie de Kennedy, de Picasso aussi bien que d'Einstein. J'en rêve, de pouvoir rencontrer des personnes comme elles ... Si j'avais à choisir, je rencontrerais Peter Higgs et Stephan Hawking (Einstein aussi, si je pouvais), Bernard Arnault, Alechinsky et Kiefer, Jean d'Ormesson ... et puis beaucoup d'autres, que j'oublie !
Je suis certain que tu as très bon goût, donc, si je le trouve chez Gibert, je le prendrai avec moi en partant en vacances :D

Davsad, la connexion que j'ai n'est pas suffisante pour que je puisse regarder le passage en question (j'ai déjà vu le film), je t'en reparlerai demain.
Je sais que certaines formations (essentiellement universitaires) acceptent des étudiants plus âgés, et que donc je pourrais s'il y avait besoin revenir en arrière, mais ça serait mauvais signe, n'est-ce pas ? Pour les autres formations, effectivement, je n'avais pas pensé aux passerelles :idea: Ça me rassure un peu, de savoir que tout n'est pas perdu.

Merci de vos retours !

J'espère ne pas avoir laissé de faute ! Pour celles que le regard acéré de Jean-Séb n'a pas omis de remarquer, mettons-les sur le compte de la fatigue et de l'heure tardive :wink:

Bonne soirée :)
mieuvotar

Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par mieuvotar »

Pour te donner quelques éléments de réflexion supplémentaires, Val, dans le genre brillant ayant su cultiver beaucoup des talents qui lui ont été donnés et garder beaucoup de portes ouvertes le plus tard possible, il y a lui aussi...
http://www.lemonde.fr/le-magazine/artic ... 16923.html
Val
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par Val »

Oupsi a écrit :Val, as-tu lu Le Jeu des perles de verre, de Hermann Hesse?
Ça t'intéresserait beaucoup.
Hélas, je ne l'ai pas trouvé, et comme je pars demain (oui, je suis très prévoyant :mrgreen:) , je n'ai pas le temps de la commander.
J'ai pris à la place Moderato Cantabile de Duras.

Mieuvotar : Effectivement, il a un CV impressionnant, auquel je ne sais si je peux prétendre ...

Davsad : Effectivement, le journaliste est un peu perdu, même son mari a l'air étonné de sa réponse. Peut-être qu'en tant qu'enfant prodige, elle n'a pas eu le temps de complètement réaliser l'importance de la musique pour elle, elle y a été poussée, sans avoir à y penser.
mieuvotar

Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par mieuvotar »

Val a écrit :Mieuvotar : Effectivement, il a un CV impressionnant, auquel je ne sais si je peux prétendre ...
L'idée n'était pas de te faire te livrer à un exercice comparatif :wink:
Mais davantage de montrer que les différentes portes qui s'ouvrent à toi à un moment déterminé ne se ferment pas forcément définitivement si tu choisis de ne pas les franchir... Et réciproquement : une porte franchie ne se referme pas comme un tombeau. Revenir sur ses pas pour reprendre un nouvelle direction est plus souvent possible qu'il n'y paraît. Dans un dilemme un peu différent du tien, on a d'ailleurs le très bon exemple de Bach_Addict...
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Lee
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par Lee »

Je dirai même qu'en entrant par une porte, on n'est pas obligé de ressortir par la même porte et recommencer à zero avec toutes les portes devant nous. Une porte peut amener à un autre endroit qu'on n'aurait pu accéder autrement. Je crois qu'il n'y a pas mal des personnes qui ont profité de leur expérience pour leur porter vers un autre métier.

Selon ce lien, on change en moyen 5-7 fois de carrière. Bon, c'est en anglais, je vous laisse Mieuvotar me dire si c'est aussi fréquent et possible en France...j'ai déjà entendu des français se plaignent qu'en France on met chacun dans son casier. Même si c'est vrai, ça doit changer plus tard.
http://www.careers-advice-online.com/ca ... stics.html
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JPS1827
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par JPS1827 »

Val, je pense comme Oupsi que tu devrais lire Le jeu des perles de verre.

Sinon, je suppose que tu as compris que le seul choix "exclusif" est celui de faire une prépa. Rien ne t'empêche sinon de faire du piano à plein temps une ou deux années après le bac puis de reprendre des études (d'autant que tu es très jeune), même dans un cursus sélectif hors prépa scientifique. A l'époque où je passais le bac, j'avais un ami qui avait fait cela. Après une année complète de piano, où il avait vraiment bien travaillé, il ne s'est pas vu préparer les concours internationaux (arriver simplement à y être admis comme candidat était incroyablement moins difficile qu'aujourd'hui) et il s'est inscrit en médecine. Il est devenu psychiatre et a d'ailleurs quasiment arrêté le piano ensuite pour se consacrer au dressage équestre dans lequel il a atteint un très haut niveau (et ça il ne l'avait vraiment pas prévu quand il avait 17 ans !). Et maintenant il se remet au piano…
Comme tu a pu le voir, beaucoup de chemins sont possibles. Si tu veux être sûr de ne pas rater quelque chose avec le piano, tu peux peut-être faire une ou deux années, en sachant seulement que ça te coupe probablement la piste "prépa" (encore qu'il faille peut-être que tu te renseignes sur la possibilité d'intégrer une bonne prépa un an après le bac, ça peut peut-être intéresser certains lycée - enfin moi ça m'intéresserait si j'étais directeur de lycée avec prépas !!)
Gracou
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par Gracou »

Val a écrit : J'ai pris à la place Moderato Cantabile de Duras.
Quel souvenir d'ennui pour moi... #-o
La différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou. Salvador Dali.
sylvie piano
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par sylvie piano »

Gracou a écrit :
Val a écrit : J'ai pris à la place Moderato Cantabile de Duras.
Quel souvenir d'ennui pour moi... #-o
Si ennui.... fort bref! ( si court roman !)

Quelle merveille pour moi....J'ai enchaîné deux lectures À la suite. ...
Et aussi" le ravissement de lol V stein. ...."
Et tout Duras.
Val
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par Val »

Merci de vos témoignages.

J'ai quand même l'impression que le monde devient de moins en moins souple, et qu'on veut vraiment nous faire rentrer dans une case. Mais au moins, peut-être que si j'ai un bon dossier, on voudra bien me reprendre dans une filière avec une année "creuse". Il faut que je me renseigne.


Je viens de finir Duras, et j'ai beaucoup aimé. Ce qui est drôle, c'est que quand on y pense, finalement, il ne s'y passe rien. On ne nous raconte rien, tout n'est qu'allusif, et donc bien plus stimulant pour l'imagination et la pensée que beaucoup d'autres romans. En fait, l'essentiel de ce livre est dans le silence et l'inaction. Il y a d'ailleurs une critique très fine de la société et des usages, une sorte de Princesse de Clèves sans ambition, enfermée dans le quotidien, dont la seule échappatoire est dans l'alcool. Étonnante aussi, la façon dont elle associe l'alcool à la liberté.
J'en lirai d'autres. Voire peut-être l'œuvre complète. C'est d'ailleurs le centenaire de sa naissance.

Je commanderai le Jeu des Perles de verre quand je rentrerai de vacances.

En attendant, Dostoïevsky !
Gracou
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par Gracou »

Val a écrit :Je viens de finir Duras (...) Ce qui est drôle, c'est que quand on y pense, finalement, il ne s'y passe rien. On ne nous raconte rien
C'est très exactement le souvenir que j'en ai. #-o
Comme quoi nous n'avons pas tous la même façon de recevoir une oeuvre. :mrgreen:
La différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou. Salvador Dali.
Jean-Luc
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par Jean-Luc »

Je rebondis un peu tardivement à cette phrase de Gracou:
Gracou a écrit :Le cas de la prof de Jean-Luc, même si on peut louer sa franchise est juste hallucinant. Etre si brutal avec quelqu'un qui est en construction, c'est limite criminel. La personne peut se raccrocher à cette idée comme à son dernier espoir, rentrer chez elle et juste se foutre en l'air
Peut-être bien en effet. Ce fut très dur à accepter, mais je n'ai jamais songé à une telle chose. Je soupçonne ma prof d'avoir sélectionné des élèves solides sur le plan psychologique. Malgré son comportement en cours qui serait vécu aujourd'hui comme inacceptable, je n'ai jamais vu aucun de ses élèves s'effondrer en larmes. Je ne sais pas comment dire, mais dans ses engueulades, il y avait quelque chose de très protecteur oserais-je dire. En tous cas, elle se défonçait littéralement pour ses élèves. Même après le pire des cours où je faisais tout de travers, je n'avais qu'une envie : me remettre au piano pour travailler encore davantage. Je ne suis pas loin de penser que tous ses élèves étaient comme ça.
A côté de ça, et ça peut paraître dur ce que je vais dire, si un élève se fout en l'air car on lui a dit qu'il n'a pas de talent, c'est définitivement qu'il n'est pas fait pour cette carrière.
Le choix d'une carrière, même à mon époque, se fait vers 15 ou 16 ans, et si les échecs et les réflexions désagréables en tous genres sont mal vécues même à cet âge de construction en effet, cela signifie que le mental n'est pas adapté à une carrière de concertiste. Le prof est là pour encourager, mais aussi pour mettre les élèves en face de la réalité qui est aujourd'hui plus dure qu'à l'époque. Il n'est pas là pour dorloter!
Bien entendu, je ne dis pas que les concertistes ne songent pas au suicide si, sur un tout autre plan que la musique ils ont des problèmes qu'ils n'arrivent pas à gérer. Car tout de même, un réel artiste est quelqu'un de sensible avec une certaine fragilité, mais qui ne devrait pas entraver le mental d'acier qu'il faut quand il s'agit d'une carrière. Je ne sais pas si c'est très clair ce que je raconte... :mrgreen:

Et puis une autre chose ; je rejoins totalement Ashiro au sujet du chant : ce n'est pas facile du tout. Je ne m'en serais pas rendu compte si je n'avais pas été le témoin, lorsque j'étais accompagnateur au conservatoire, du travail considérable qu'il faut fournir. Les difficultés n'ont rien à voir avec le piano, mais elles sont bien là. Il suffit parfois d'une goutte de salive qui tombe sur une corde vocale pour tout gâcher!

Sinon Ashiro, si tu commences le travail de scène lyrique, tu verras que ça aide beaucoup dans le chant, ça va te faire prendre du recul sur le chant en lui-même. Ca peut paraître plus difficile, mais au final, le jeu de scène aide énormément à pouvoir très bien chanter. Néanmoins, tout dépend de la mise en scène, mais si elle est bien faite et bien pensée, tu devrais faire d'énormes progrès très rapidement. C'est en tous cas ce que j'ai constaté avec plusieurs élèves.
C'est Elisabeth Schwarzkopff qui disait que rien n'était plus difficile que de chanter les lieder de Schubert (ou autres), car justement, il ne faut rien dire avec le corps ou les mains. Tout est dans le chant et l'expression du visage, il n'y a aucune rampe de secours pour aider...!
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JPS1827
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par JPS1827 »

Tu sais Jean-Luc, la prof de piano de Tchaikovsky pensait qu'il n'avait aucun talent pour la musique… alors ce genre de réflexion ! Comme tu le dis, l'important c'est de sentir qu'on ne doit pas en tenir compte.
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Midas
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Re: Suis-je prêt à m'engager dans la voie professionnelle ?

Message par Midas »

D'accord avec JPS, d'autant que le "talent" est quelque chose d'assez subjectif. Seule la technique est objective (et encore). Que de sportifs de haut niveau se sont distingués alors qu'ils avaient été sortis de l'encadrement officiel, qui ne retenait que les censément bons. Je pense au tennisman Boris Becker, par exemple. Sinon, Jean-Luc, je me demande si votre soumission à cette prof. tyrannique ne relevait pas d'une forme de syndrome de Stockholm. Ceci dit, je ne lui jette pas la pierre, c'était seulement une prof. "à l'ancienne", c'étaient les méthodes d'enseignement autrefois. J'ai connu ça pendant mon enfance (pas au piano, puisque je n'en faisais pas), mais avec moi, ça ne marchait pas du tout, au contraire, ça me bloquait.

Pour en revenir à Val, puisque ce fil nous permet de mieux le connaître, je m'associe à Jean-Séb pour relever la qualité de son français (même s'il le fait "en creux"). Si tu ne nous avais pas donné ton âge, je ne m'en serais pas douté, comme pratiquement tout le monde. Tant de talent précoce mérite de ne pas être gâché par des fourvoiements. Je te souhaite de trouver rapidement ta voie quelle qu'elle soit et de t'y engager à fond, sans regret, à l'opposé de ce que j'ai pu faire. :)
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