La "théorie musicale" telle qu'elle est enseignée actuellement/la plupart du temps, vue comme un corpus de règles de notation et d'écriture, "explique" très peu de choses (le cycle des quintes, et encore...). Par exemple : pourquoi autorise-t-on un écart plus large d'une octave entre basse et ténor et pas entre les autres voix ? pourquoi interdit-on les quintes ou octaves successives ou directes ? (ça typiquement c'est une règle de style). Dans quels cas les "fausses relations" sont-elles admises ? Pourquoi on double de préférence la sixte dans un accord de sixte ? quelle est la différence entre une mesure à 2/4 et une mesure à 2/2 ? etc.nox a écrit : Non, pas juste une description des usages en vigueur, il y a aussi toute une recherche pour noter, comprendre, expliquer, améliorer.
Ou alors Il faudrait que tu nous précises ce qui relève pour toi de la "théorie musicale".
Non, je ne crois pas que le système musical médiéval est réductible à notre système actuel (ce qui n'empêche pas d'essayer de le retranscrire avec nos notations actuelles, ça c'est pour répondre à la problèmatique d'étude de ces musiques). Il n'y pas de notion de hauteur absolue, et tous les éléments de style concernant les modes et les fonctions des notes de l'échelle sont différentes.nox a écrit :Nous utilisons aujourd'hui le même système musical que la musique médiévale, qui s'est enrichi et complexifié avec le temps. En ce sens, oui, notre théorie musicale est plus évoluée, plus riche.
Je ne saisis pas bien l'argument. En quoi l'existence ou non d'une notation intervient dans la valeur du contenu musical ?nox a écrit :La théorie musicale dans ses grandes lignes est restée la même entre le baroque et maintenant. La notation est la même, avec les nuances, les rythmes, les notes, les indications de dynamique etc...De ce point de vue, il n'y a eu quasiment aucune évolution entre Bach et Messiaen. Alors qu'il y a un monde entre la musique notée en 1300 et celle notée en 1600...
D'ailleurs la notation ne se développe qu'en réponse à un besoin. La musique de jazz essentiellement basée sur l'impro, est rarement notée exhaustivement.
Si tu veux dire que l'écrit influence la musique, ça c'est un fait, ça se passe aussi pour la langue (l'oral est influencé par l'écrit : par exemple, on prononce les consonnes de liaison issues de l'orthographe

Si tu considères la musiques de Beethoven "supérieure" à celles qui l'ont précédée, je ne retiendrai que ton jugement esthétique personnel.nox a écrit : Franchement rien ne m'agace plus que cette pensée du "tout se vaut".
Une symphonie de Beethoven est pour moi infiniment plus haut artistiquement que les premières chansons du moyen-âge. Parce qu'elle est le fruit d'une évolution musicale de plusieurs siècles transmises par la théorie écrite. C'est comme si des milliers de cerveaux avaient conçu cette symphonie. Ce n'est pas faire injure aux compositeurs médiévaux que de dire ça il me semble.
J'aime bien l'image "C'est comme si des milliers de cerveaux avaient conçu cette symphonie." mais je la comprends très différemment : Beethoven était tributaire des sons et sonorités répandus à son époque, et ce qu'il a écrit est fonction de qu'il avait "dans l'oreille" : les sonorités usuelles et les nouvelles qu'il a créées, pour se démarquer, créer des sensations différentes de celles des sonorités auxquelles l'époque et le public étaient accoutumés (Il entendait par exemple les consonances de 9e, mais pas de 11eA. Il n'avait que 2 modes, et pas le pentatonisme grégorien par exemple). Mais tout ça est valable aussi pour un musicien du Moyen-Âge.
Crois-tu que selon l'étendue du vocabulaire à disposition, le contenu de la pensée ou de l'émotion qui essaie de s'exprimer a une valeur différente ? est inférieur, supérieur ?nox a écrit :Par ailleurs, pour exprimer une certaine finesse, il faut une certaine complexité de langage. Plus un langage possède de mots, de règles et de subtilités, plus il permettra d'exprimer des nuances fines. Ca me parait assez logique, non ?
Et forcément avec une transmission orale, la complexité est très très limitée.
C'est juste l'expression qui est différente.
Le langage est toujours en perpétuelle évolution. Quand une "trouvaille linguistique" prend racine, supplante d'anciennes expressions, devient galvaudée, sa nouveauté s'émousse, c'est là où l'expression va chercher de nouvelles tournures discursives pour essayer de créer son effet. Je ne vois pas ça comme un signe du fait qu'on s'exprime de mieux en mieux au fil des âges, on a juste besoin d'inventer de nouveaux outils pour créer une émotion en s'exprimant différemment. C'est pareil en musique.
C'est aussi pour cela que je ne crois pas aux tentatives de création de langue "universelle" qui serait statique (je ne parle pas de la possibilité que dans quelques centaines d'années, on parle tous la même langue sur Terre avec des dialectes régionaux

