Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
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Gracou
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Gracou »

nox a écrit : Sors le champagne, je suis presque d'accord avec toi ! Ca ne sera jamais autant arrivé que durant ce mois de janvier. Aurais-tu pris de bonnes résolutions ?
Je pense que cela vient de toi, tu mûris énormément depuis quelques temps. :mrgreen:

nox a écrit : Les élèves voulant en faire leur profession ne sont quand même pas légion, quand il s'en présente, on ne les botte pas en touche aussi facilement tout de même.
Cela m'est arrivé une fois de participer à une discussion où deux collègues évoquaient justement ce cas d'une ado en cylce II à 16 ans. Ils ne pensaient pas à mal d'ailleurs, ils voulaient plutôt la préserver. Mais il y a tout de même plusieurs voies possibles et celle des concours, CNSM et compagnie n'est pas la seule pour faire de la musique son métier. Bon, en l'occurrence, elle était très branchée classique, donc c'est vrai que le nombre de voies se restreint… Pour la petite histoire, elle est apparemment beaucoup moins motivée pour se professionnaliser. Je me rends compte cela dit de la chance de ne pas être tombé que sur des gens comme ça lorsque j'étais élève.
La différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou. Salvador Dali.
Xiro
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Xiro »

Le problème avec la question est-ce qu'en commençant tard on peut arriver au même résultat "pro" que quelqu'un ayant commencé jeune c'est que pour tester l'hypothèse il faudrait pouvoir comparer deux groupes (un d'enfants et un d'adultes) avec le même nombre d'heures de travail, des profs équivalents....bref la seule différence étant l'âge, et ça ce n'est pas possible :shock:

Pris dans l'autre sens dire qu'on connait beaucoup de pianistes ayant commencé sur le tard qui n'atteignent jamais un bon niveau ne prouve au mieux (au mieux car on n'a pas de stats) qu'une corrélation et pas du tout une causalité, il y a des tas et des tas de facteurs non pris en compte pouvant expliquer la différence.

A titre personnel, j'ai l'impression d'avoir acquis des tas de mauvaises habitudes en étant enfant, dont je me suis débarassé ces dernières années, et j'ai l'impression d'avoir bien plus progressé en étant adulte qu'en étant enfant :D
AlexisB
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par AlexisB »

Bonjour,
Pour mettre à plat vos idées recues:

-J´ai commencé le piano il y a moins de 4 ans, en mai 2010. J´avais tout juste 24 ans.
Aujourd´hui j´ai 3 etudes de Chopin derrière moi. J´attaque en Mars l Etude des tierces et feux follets de Liszt.

Pour progresser, il faut travailler. Beaucoup travailler. La seule limite est d´ordre psychologique ET d´ordre méthodique. Je dirais également qu´un mauvais prof (il y en a beaucoup) ne fera jamais un bon pianiste.
Et pour un professeur de dire qu´un adulte débutant ne saura jamais jouer une étude à un niveau professionnel est absurde et démotivant. Celà démontre bien qu´il est mauvais professeur.

Je connais PERSONNELLEMENT deux autres cas dans mon entourage autre que moi ayant commencé tard, à plus de 30 ans, et jouant de manière professionnelle.

Travailler au minimum 4 heures par jour est une condition, pour atteindre un tel niveau, certes. J´ai la chance d´avoir le temps de pratiquer beaucoup d´heures par jour.
Alexis
nox
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par nox »

Attention, pour rappel. On entend "jouer" ici au sens professionnel du terme. C'est à dire avec une parfaite maîtrise technique, et pour un niveau de finition comparable à celui entendu lors des concours.

Personne sur ce forum, même parmi les plus avancés, n'a produit d'enregistrement aussi abouti à ma connaissance (malgré les très belles performances, cf la discussion CHOPIN par les PMistes), mais je serais ravi de découvrir la première exception à la règle, que nous avons tant cherchée jusque là ! Vos enregistrements sont-ils dispos ?
Xiro
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Xiro »

Il a 4 ans de piano à 4heures par jour, rien que le temps de travail n'a rien de comparable à un professionnel, le fait qu'il puisse déjà ne serai-ce que travailler ces études est déjà assez impressionnant. Le fait qu'il ne soit pas capable de produire une interprétation "pro" (si ça se trouve c'est le cas et alors je suis :oops: et un peu :shock: voir carrément :evil: ) :mrgreen: est relativement normal.

Ce qui faudrait c'est comparer un (et même des) pianistes de 17 ans ayant débuté à 7 ans et un pianiste de 37 ans ayant débuté à 30, avec le même temps de travail et une formation équivalente;
il est évident que quelqu'un avec 5 ans de piano amateur a un moins bon niveau qu'un pianiste qui passe tout son temps à jouer depuis 15 ans, ça ne prouve pas qu'il est meilleur parce qu’il a débuté tard
nox
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par nox »

Je suis d'accord avec toi pour dire qu'on ne peut pas conclure que l'âge soit responsable, ou seul responsable, du fait qu'il n'y ait pas d'adulte ayant commencé tard et jouant à un niveau pro.
Ceci dit, ça cadre avec les impressions et témoignages relevés au cours des discussions, il me semble.

C'est aussi ma sensation, je travaille 8 études de Chopin, dont 4 qui sont sues depuis 2 ans mais que je remets sur l'atelier régulièrement, et j'ai l'impression vraiment que malgré les heures de travail, il y a un blocage, un pallier à passer pour pouvoir non pas surmonter les difficultés de l'étude mais les maîtriser au point qu'elles deviennent imperceptibles à l'écoute, et que tout ne soit plus que musique.
Je jouerai ces études plus ou moins bien, mais jamais avec facilité, et ça restera artificiel, travaillé. On continuera de percevoir le combat derrière le résultat. Et c'est pareil même sur des morceaux plus simples, dans une moindre mesure. Il y a toujours un monde entre les professionnels et moi.

Je sens qu'il me manque une clé, un petit plus, mais que je ne l'acquerrai jamais à force de travail. C'est une sorte de symbiose avec son instrument, qui, j'en ai la sensation, se met en place pour ceux qui ont un gros niveau très jeune, et qui ne disparait plus.
C'est un rapport au piano, et même à la musique en général, qui devient naturel.
C'est à ça que j'attribue par exemple l'énorme niveau musical et pianistique d'Okay malgré des années de disette musicale. Il est allé très loin étant très jeune, et il a du coup des sensations que nous n'avons pas malgré toutes nos heures de travail, il peut mettre des mots sur ce qui est pour nous vague et indistinct, ce qui fait la valeur de ses participations. Vous n'avez pas cette impression ?

Tiens, ça ne vous est jamais arrivé de choisir un morceau, monstrueusement difficile, mais que vous aimez tellement que vous vous dites "peu importe ! Je vais le bosser à 40 à la croche pendant 6 mois s'il le faut, mais je finirai par y arriver", et après des heures et des heures de travail, vous finissez par rendre les armes ou par vous satisfaire d'une version moyenne ?
Le travail a forcément ses limites dans le domaine de l'art, pour moi.

Bref, tout ça ce n'est évidemment que du ressenti et du subjectif, mais ça cadre par ailleurs avec les observations qui montrent que ceux qui arrivent vraiment à jouer de manière pro sont ceux qui ont commencé jeune et sont allés très loin rapidement.
BluePhoenix05
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par BluePhoenix05 »

C'est un beau et touchant témoignage, nox. Je trouve tes conclusions un peu hâtives, donc j'ai envie de dire : "ne nous décourageons pas !". Il faut se dire qu'on finira par y arriver. N'est-ce pas Lee ? :wink:

Merci pour ta contribution aussi, AlexisB, ton parcours est impressionant.
Quelques traductions de poèmes chinois à ma sauce
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nox
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par nox »

Merci mais t'en fais pas, je suis pas au bord de la dépression :mrgreen: Je vous livre juste mon ressenti.
Après 20 ans de piano et un niveau relativement bon aujourd'hui, je perçois ce qu'il me manque, et je perçois que je ne l'acquerrai plus, mais ça ne m'empêche pas de dormir :) Pas besoin de jouer comme un pro pour se faire plaisir
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par bigrounours »

nox a écrit :
bigrounours a écrit : D'accord, mais à ce moment là cite moi des gens sur ce forum qui sont capables de jouer les études comme tu l'entends.
N'est-ce pas mot pour mot ce que j'ai dit dans le message que tu cites ?? Personne sur ce forum ne joue les études au sens où je l'entends ici. On est d'accord.
bigrounours a écrit : on ne pourra donc pas considérer cela comme une statistique permettant d'affirmer que "seul les gens qui ont commencé le piano jeune peuvent jouer les études de Chopin comme cela".
Et pourquoi donc ?
Encore une fois, cela ne fait que montrer que le fait de commencer jeune n'est pas suffisant, comme tu l'as toi même dit.
Pourquoi ?
Parce que oui cela montre que le fait de commencer jeune n'est pas suffisant mais ça permet pas de dire que "tu ne pourras jamais jouer très bien jouer d'étude de Chopin, car tu as commencé l'apprentissage du piano trop tard".
bigrounours
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par bigrounours »

nox a écrit :Tiens, ça ne vous est jamais arrivé de choisir un morceau, monstrueusement difficile, mais que vous aimez tellement que vous vous dites "peu importe ! Je vais le bosser à 40 à la croche pendant 6 mois s'il le faut, mais je finirai par y arriver", et après des heures et des heures de travail, vous finissez par rendre les armes ou par vous satisfaire d'une version moyenne ?
Le travail a forcément ses limites dans le domaine de l'art, pour moi.
Bien sur que ça arrive, mais c'est une erreur de vouloir jouer un morceau à la perfection alors qu'on n'a pas encore le niveau requis.
C'est comme si je disais, en natation : "tiens je vais essayer de nager 1km en papillon sans m'arrêter. Certains le font, je vais y arriver, je ne vais nager que du papillon à partir de maintenant". 6 mois plus tard, si je ne fais que du papillon, j'y serai encore, car ce n'est pas la bonne méthode pour y arriver. La bonne méthode étant de s'entrainer, faire énormément de cardio, travailler sa technique etc ... Pour le piano c'est pareil, avant de jouer les 3 mouvement d'une sonate de Beethoven, il faut travailler des morceaux plus faciles, ou commencer directement à travailler la sonate, mais se contenter d'une finition moyenne, c'est à dire ne pas y arriver finalement...
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katy
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par katy »

Certes nous ne jouerons jamais comme des pros quoique certains d'entre nous s'en approchent (enfin pas moi hein :lol: ) mais on idéalise peut-être aussi un peu beaucoup les "pros" qui ont aussi leurs fragilités et leurs faiblesses... Ils ne sont pas forcément en symbiose avec leur instrument toujours et tout le temps et cette quête que tu mènes nox ils la mènent aussi... Je pense que ceux qui vont beaucoup au concert ont tous entendu des prestations affligeantes de "pros".
Il y a quelques mois j'ai entendu un célèbre pianiste russe qui pour une raison que j'ignore n'arrive plus à aligner 3 notes (ayant trouvé sur le net des avis d'autres débâcles de ce "virtuose"...) C'était au point où il n'arrivait plus à jouer un nocturne de Chopin, tout accrochait. Prestation d'un soir certes, mais comme dit il semble coutumier du fait...Il y a de tout aussi dans ce monde "pro" et je reste persuadée qu'il y a des amateurs qui en certaines occasions pourraient en montrer à certains professionnels...Un amateur même s'il n'a pas un super répertoire peut à un moment donné être sublimement inspiré dans une oeuvre déterminée qu'il maîtrise à fond...
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Lee
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Lee »

Juste quand j'ai pensé arrêter lire ou carrément jeter les insultes après ton message à Alexis B,...
Je trouve que ton témoignage vaut bien plus que tous les arguments que tu as mis sur la table jusqu'à maintenant. On pourrait dire qu'il te laisse dans une position qui apparaît logiquement vulnérable ou subjective. C'est pourquoi il vaut tellement.

Bluephoenix a bien lu mon raisonnement. C'est fichu pour moi, mais pas pour les autres, et je ne voulais pas qu'ils soient découragés. Je trouve que mettre sur un piédestal comme exemple les pros ou un standard de pro dure et pas productive. Quand j'étais au concert de JPS, il y avait beaucoup de moments, pour moi, qui n'avaient rien différent que les concerts payants de Pleyel. Je n'ai pas l'impression qu'il fasse ces distinctions de pro ou pas pro clairement dans sa tête comme tu fais quand il joue ou quand il met les morceaux à travailler.

Bref pour moi, chaque personne est différent, avec les histoires, les points forts et les faiblesses différents, c'est pourquoi les généralisations valent rien, les études de Chopin pour toi pourrait être Warsaw Concert pour les autres. Chacun sa bête noire ou sa montagne à escalader. Et je n'aimais pas que vous utilisiez les langues comme exemple pour apprendre jeune. Si vous aviez appris l'anglais jeune, vous auriez pas cet accent formidable qui nous fait perdre la tête. :wink: Quelque part avoir un niveau comme tu as quand ce n'est pas ton job, il est plus admirable. Si tu étais en train de travailler le piano au lieu de taper au bureau sur un ordinateur sur le forum...qui sait ?
Modifié en dernier par Lee le jeu. 30 janv., 2014 19:34, modifié 1 fois.
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nox
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par nox »

bigrounours a écrit : Pourquoi ?
Parce que oui cela montre que le fait de commencer jeune n'est pas suffisant mais ça permet pas de dire que "tu ne pourras jamais jouer très bien jouer d'étude de Chopin, car tu as commencé l'apprentissage du piano trop tard".
J'ai l'impression qu'on s'y perd un peu. Je n'ai jamais dit que la population du forum offrait une statistique suffisante pour montrer quoique ce soit, mais ce n'est pas négligeable non plus.
bigrounours a écrit : Bien sur que ça arrive, mais c'est une erreur de vouloir jouer un morceau à la perfection alors qu'on n'a pas encore le niveau requis.
Bien sûr que "vouloir" jouer à la perfection est une erreur, je n'ai jamais parlé de jouer à la perfection. Ce que je dis, ce que je veux montrer, c'est que le travail ne fait pas tout. Et que parfois on se dit "il n'y a pas de raison, en y mettant le temps qu'il faut je vais bien finir par pouvoir jouer cette pièce", et on constate au bout du compte que non, même en passant toute des années sur un morceau on sent bien qu'on ne pourra pas en faire ce qu'on souhaiterait.

Pour moi la progression sur un morceau de piano (et même au piano en général) suit un peu une courbe logarithmique.
On travaille une pièce, encore et encore, on progresse, beaucoup. Et puis au bout d'un moment on ne progresse plus trop. Bien sûr si on travaille sans relâche on continue d'améliorer des choses, c'est de mieux en mieux, mais il y a un stade qu'on ne dépassera pas. Tout se joue au début du travail, et la première version "potable" à laquelle on arrive reflète souvent assez bien la version "finale", même si bien sûr on va continuer à gommer des imperfections, à travailler les traits, etc...

Prenez la campanella par exemple. Passez-y les mois, les années que vous voudrez, c'est pour moi un morceau qu'il est impossible de jouer correctement si l'on n'a pas acquis très jeune un certain niveau technique.

Tout cela, ce n'est pas un malheur en soi, personne ici ne prétend je pense être un grand pianiste.
Modifié en dernier par nox le mer. 29 janv., 2014 21:53, modifié 2 fois.
nox
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par nox »

katy a écrit :on idéalise peut-être aussi un peu beaucoup les "pros" qui ont aussi leurs fragilités et leurs faiblesses... Ils ne sont pas forcément en symbiose avec leur instrument toujours et tout le temps et cette quête que tu mènes nox ils la mènent aussi... Je pense que ceux qui vont beaucoup au concert ont tous entendu des prestations affligeantes de "pros".
Tout à fait ! Loin de moi l'idée de les idéaliser, je n'ai rien voulu dire de tel. Simplement qu'ils peuvent aller plus loin que nous, que leurs limites sont au-delà des nôtres, et ce malgré toutes les heures de travail qu'on pourrait engloutir. Ca ne veut pas dire qu'ils sont parfaits et sans faiblesse.
Lee a écrit :Juste quand j'ai pensé arrêter lire ou carrément jeter les insultes après ton message à Alexis B
Pourquoi juste à moi, et pas à Xiro (désolé ! je balance :mrgreen: ), qui a dit en substance la même chose que moi ? Je sais que tu m'aimes bien, mais pas de favoritisme stp !

Content que tu connaisses le Warsaw concert, trop méconnu en France, en tout cas :)
Les études de Chopin ne sont qu'un exemple évidemment, pour exprimer les limites de progression d'un adulte débutant, voire d'un amateur en général.

Mais on s'enfout n'est-ce pas ?? Jouer comme un professionnel, ce n'est pas le but ! Ce qui compte c'est de se faire plaisir en apprenant son instrument et en jouant les morceaux qu'on aime ! Mais bon on pose une question, je donne ma réponse :mrgreen:
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Oupsi
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Oupsi »

Je me dis que si un professeur ayant des élèves adultes tombait sur ce fil, il aimerait peut-être trouver des pistes de travail qui l'aideraient à accomplir sa mission qui est, justement, de faire aller le plus loin possible ses élèves adultes, sachant que ce "plus loin possible" est variable selon les individus. Je ne pense pas qu'un prof ni quiconque puisse vraiment positionner ni tracer cette limite de manière figée; il n'a pas la connaissance de l'avenir, il ne lit pas dans une boule de cristal. Certains élèves adultes apprennent singulièrement vite et surprennent leur professeur; d'autres se heurtent à des difficultés mentales, liées par exemple à une image ou estime de soi défaillante, difficultés très handicapantes et qui elles aussi surprennent le professeur, parce que ça sort presque du domaine de la musique proprement dite. Généralement, si le professeur a acquis l'essentiel de son bagage technique et musical pendant l'enfance et l'adolescence, il doit lui-même apprendre à se mettre à la place de cet élève adulte qui rencontre des difficultés que lui n'a jamais vraiment connues, en tout cas pas à ce point, pas de cette manière, pas si chargées de questionnements existentiels, etc. Donc si l'élève lui demande; jusqu'où puis-je aller, dans l'absolu? honnêtement le professeur ne peut pas lui répondre. C'est à l'élève de trouver cette réponse.

C'est stimulant de se fixer des objectifs, mais il est stérile de toujours comparer ce que l'on fait avec un idéal inaccessible projeté dans un avenir lointain. Quand Strumpf dit, si tu as envie de travailler tel morceau, et bien achète la partition et commence le travail, elle a raison, et ça ne veut pas dire "fais-toi plaisir dans ton coin d'amateur". Ça veut dire, je crois, que l'idéal musical peut exister, vivant, concret, à chaque instant du travail. Ce n'est pas une performance, c'est un cheminement. Je crois que l'interaction réelle avec le professeur, avec des pairs, avec ceux qui écoutent, a lieu là, et pas ailleurs.
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Okay
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Okay »

nox a écrit :
Pour moi la progression sur un morceau de piano (et même au piano en général) suit un peu une courbe logarithmique.
On travaille une pièce, encore et encore, on progresse, beaucoup. Et puis au bout d'un moment on ne progresse plus trop. Bien sûr si on travaille sans relâche on continue d'améliorer des choses, c'est de mieux en mieux, mais il y a un stade qu'on ne dépassera pas.
Ce serait trop beau que ce soit une courbe logaritmique, suffirait de s'enfermer avec son piano car y'aurait plus de limite justement :mrgreen: C'est plutôt une courbe (A x t)/(t+1), avec t le temps et A la limite.
Sur ce, je me hate de :arrow: :arrow: :arrow: :arrow:
Val
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Val »

En un sens, la musique, c'est transmettre des idées. Pour transmettre au mieux ces idées musicales, il faut avoir une technique infaillible. Donc, en supposant les limites physiques plus ou moins inexistantes (plus ou moins), faire de la musique de qualité relève plus de l'intelligence des idées musicales que d'une fusion avec l'instrument... Ce qui finalement ne concerne plus que l'intelligence (au-delà de l'aspect purement technique) la réflexion, la sensibilité, la vision globale, synthétique et précise d'une œuvre.
La technique n'est finalement que le support de l'intelligence musicale... Le génie, c'est ce qui caractérise universellement chaque grand pianiste. Et cette intelligence, finalement, c'est la même que celle utilisée tous les jours. Hélène Grimaud par exemple est une enfant surdouée, Saint-Saens était brillant sur tous les plans, ... Et tous, ou presque, dès leurs débuts au piano ont été reconnus comme prodiges...
La conclusion cruelle s'annonce : être un grand musicien, c'est à 75% de l'inné mental, à 25% de l'acquis physique.

Qu'en pensez-vous ?
bigrounours
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par bigrounours »

nox a écrit :
bigrounours a écrit : Pourquoi ?
Parce que oui cela montre que le fait de commencer jeune n'est pas suffisant mais ça permet pas de dire que "tu ne pourras jamais jouer très bien jouer d'étude de Chopin, car tu as commencé l'apprentissage du piano trop tard".
J'ai l'impression qu'on s'y perd un peu. Je n'ai jamais dit que la population du forum offrait une statistique suffisante pour montrer quoique ce soit, mais ce n'est pas négligeable non plus.
Oui on s'y perd un peu, mais ce que je te reproche c'est juste ça :
nox a écrit :Le fait qu'on ne puisse pas, en commençant adulte, apprendre une étude de Chopin, ça part d'un constat. On connait plusieurs adultes qui ont commencé tard, mais aucun à ma connaissance qui puisse jouer une étude de Chopin. Et ce constat semble cohérent d'après le ressenti de ceux qui ont commencé très tôt, et qui disent en effet pouvoir jouer de tels morceaux justement grâce à cet apprentissage précoce, d'après leur ressenti personnel.
Ca c'est le constat, c'est les faits. Ce n'est pas de la croyance.
On observe, et on déduit.
Je trouve que ce que tu dis là est faux, tout simplement. Tu poses une hypothèse comme quelque chose d'irréfutable. On observe et on déduit oui, mais là tu n'observes que ce que tu as vu toi. Tu balaies de la main des pianistes de talents qui ont commencé le piano tard. Ils existent. Tu ne peux pas te baser uniquement sur ta propre expérience pour affirmer cela. Ou alors tu dis "JE pense, étant donné MES observations, que les élèves adultes ne peuvent pas blablabla ", mais tu ne peux pas affirmer cela comme une vérité scientifique car il n'y a à ma connaissance aucune étude ni statistique, ni scientifique, qui aurait observé qu'un adulte lambda ne pouvait pas aller aussi loin qu'un enfant lambda dans l'apprentissage du piano.
Val
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Val »

Est-ce plus honorable d'affirmer que les propos de Nox sont fallacieux sans avoir plus de preuves que lui n'en a pour les affirmer ?
AlexisB
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par AlexisB »

quote="nox"]Je suis d'accord avec toi pour dire qu'on ne peut pas conclure que l'âge soit responsable, ou seul responsable, du fait qu'il n'y ait pas d'adulte ayant commencé tard et jouant à un niveau pro.
Ceci dit, ça cadre avec les impressions et témoignages relevés au cours des discussions, il me semble.

C'est aussi ma sensation, je travaille 8 études de Chopin, dont 4 qui sont sues depuis 2 ans mais que je remets sur l'atelier régulièrement, et j'ai l'impression vraiment que malgré les heures de travail, il y a un blocage, un pallier à passer pour pouvoir non pas surmonter les difficultés de l'étude mais les maîtriser au point qu'elles deviennent imperceptibles à l'écoute, et que tout ne soit plus que musique.
Je jouerai ces études plus ou moins bien, mais jamais avec facilité, et ça restera artificiel, travaillé. On continuera de percevoir le combat derrière le résultat. Et c'est pareil même sur des morceaux plus simples, dans une moindre mesure. Il y a toujours un monde entre les professionnels et moi.

Je sens qu'il me manque une clé, un petit plus, mais que je ne l'acquerrai jamais à force de travail. C'est une sorte de symbiose avec son instrument, qui, j'en ai la sensation, se met en place pour ceux qui ont un gros niveau très jeune, et qui ne disparait plus.
C'est un rapport au piano, et même à la musique en général, qui devient naturel.
C'est à ça que j'attribue par exemple l'énorme niveau musical et pianistique d'Okay malgré des années de disette musicale. Il est allé très loin étant très jeune, et il a du coup des sensations que nous n'avons pas malgré toutes nos heures de travail, il peut mettre des mots sur ce qui est pour nous vague et indistinct, ce qui fait la valeur de ses participations. Vous n'avez pas cette impression ?

Tiens, ça ne vous est jamais arrivé de choisir un morceau, monstrueusement difficile, mais que vous aimez tellement que vous vous dites "peu importe ! Je vais le bosser à 40 à la croche pendant 6 mois s'il le faut, mais je finirai par y arriver", et après des heures et des heures de travail, vous finissez par rendre les armes ou par vous satisfaire d'une version moyenne ?
Le travail a forcément ses limites dans le domaine de l'art, pour moi.

Bref, tout ça ce n'est évidemment que du ressenti et du subjectif, mais ça cadre par ailleurs avec les observations qui montrent que ceux qui arrivent vraiment à jouer de manière pro sont ceux qui ont commencé jeune et sont allés très loin rapidement.[/quote]

Bonjour Nox,

Votre commentaire et ressenti sont très intéressants. Même si je n´ai qu´à peine 4 ans d´expérience, Je me permet de penser que votre problème n´est pas d´ordre technique. Ne soyez pas aussi défaitistes, "ne rendez pas les armes aussi vite". Aussi, je vous propose d´apprendre votre prochain morceau de la manière suivante:
- Débutez par la dernière page
- Apprenez par coeur mains séparées et dans la foulée mains ensemble
- Remontez petit à petit au début, mesure après mesure.
- Jouez à un tempo lent au début et avec métronome surtout.
- Répétez de temps en temps mains séparées
- Lorsque le morceau est appris par coeur sans aucune erreur, augmentez le tempo à l´aide du métronome

Pour les enregistrements, je n´en ai faite aucun à l´heure actuelle. C´est un tord, car s´écouter est également très important. Une seule video circule sur Internet: Elle date de janvier ou février 2011, soit 9 mois environ après mes débuts. Je suis la personne qui joue l´étude op 25 n 12. La vidéo est seulement un extrait du concert des élèves de mon professeur. http://vimeo.com/20458669

Mon parcours n´a rien d´exceptionnel. Je suis en revanche persuadé qu´un travail attentif et détaillé est un facteur d´avancement. Je ne travaille jamais un morceau moins de 5 mois. je pense que c´est pour cette raison que je suis capable de jouer des morceaux difficiles. Je soigne mon répertoire également en travaillant régulièrement les pièces apprises.


A bientôt, AlexisB.
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