smsfre a écrit :C'est surtout vrai chez les baroques, pour lesquels la musique est proche de la rhétorique. Il est difficile d'argumenter sans savoir exactement où on mène son auditoire, il en va de même pour la musique. Si vous dégagez la structure globale de la pièce, vous structurez nettement mieux votre pensée car votre discours devient construit, logique. Si vous dégagez chaque structure, vous pouvez en extraire leur point d'équilibre (ou respiration, ou arsis/thesis pour avoir l'air malin) et alors ce n'est plus l'instrument qui chante, mais vous même.
smsfre a écrit :Enfin, je suis persuadé que ceux qui croient qu'une approche théorique est "froide" ou trop mécanique se fourvoient. C'est même tout le contraire. Savoir identifier des structures élémentaires permet de faire ressortir l'originalité même de la pièce, et la mettre en valeur aux oreilles de votre public.
Voilà qui est très bien dit!
"L’expression apprendre par cœur date du moyen âge. Car depuis la nuit des temps, le cœur a été considéré comme l’organe responsable de
l’intelligence, des sensations et de la mémoire. Du fait de l’accélération du rythme cardiaque lors d’une activité cérébrale intense. L’expression est encore utilisée dans plusieurs langues comme l’arabe « يَحفَظ عن ظهر قلب ».
Peut-on également parler de cœur sans évoquer l'émotion, notion assez floue mais qui devrait se trouver à la base de toute interprétation musicale.
Le "par cœur" est une expression riche qui implique en premier lieu une appréhension et une compréhension globale de ce que l'on a envie d'apprendre (difficile d'apprendre ce qui nous laisse indifférent...).
Okay a écrit :- Les poupées russes, ou baliser le morceau. Du général au particulier (et non pas du particulier au général en apprenant les notes). Comment est construite la pièce (forme sonate, rondo, séquence des sections…), quels sont les thèmes présents (pouvoir les jouer d’oreille), sections dupliquées (exact rappel, modulation, nouvel accompagnement…), contenu des sections (une phrase mélodique développée, un développement plutôt harmonique, une texture polyphonique …), les transitions entre les sections. A ce stade, on n’a encore rien appris par cœur, mais on a tout compris de l’analyse du morceau et surtout on a balisé le morceau. Au moment d'aller plus dans le détail, garder cette logique en poupées russes. Par exemple suivre la basse et le chant, comprendre ce que raconte cette basse dans le suivi de la phrase, et ne greffer le reste qu'ensuite.
C'est marrant que vous parliez de poupées russes car dans l'école russe du piano, les professeurs font souvent travailler les élèves (mêmes les plus avancés) en balisant le morceau en plusieurs sections courtes numérotées.
L'élève doit être en mesure de jouer n'importe quelle des sections dans le désordre, tout en conservant la musicalité et la conscience de ce qu'il y a avant et après.
N'oublions pas que les œuvres ont été pensées avec d'être écrites!
J'ai souvent entendu dire que connaitre un morceau par cœur c'était pouvoir le jouer mentalement dans les moindres détails, en restituant toutes les notes, sensations, déplacements, harmonies, respirations, nuances etc...
Dans un premier temps, on peut l'expérimenter en jouant mentalement lentement un court passage, se visualisant en train de le jouer.
Je vous promets, ça marche...mais c'est aussi fatiguant que de le jouer vraiment!
Ce qui est plus embêtant dans le processus de mémorisation est l'expérience que l'on a tous eu un jour d'essayer de mémoriser une pièce que l'on entend difficilement, que l'on ne "sent" pas ou que l'on ne maitrise pas techniquement.
Dans ce cas, il y a un décalage entre le niveau de la pièce et le niveau musical, émotionnel et technique de l'élève.
Doit-on imposer le par cœur dans ce cas? A mon avis, c'est du bachotage...
Le prof devrait comme vous le dites Okay, surtout veiller en premier lieu à une meilleure compréhension du texte en prenant en compte tous les éléments qui constituent une œuvre.
Le par cœur devrait être une conséquence de la compréhension et non un but en soi.
(Remarquez que beaucoup jouent par cœur sans y comprendre grand chose et d'autres avec la partition sous le nez transcendent les œuvres).....
Un truc qui marche, si vous avez la chance d'avoir un piano à queue, c'est de poser la partition à plat sur le pupitre( ou par terre)et la regarder globalement en jouant, sans vraiment lire le détail...c'est rassurant et efficace!
Autrement, on peut toujours louer les services d'un souffleur de notes comme au théâtre
