
Allez, je vais mettre un peu plus les pieds dans le plat.

Je pense qu'une chose appréciée au conservatoire par bon nombre de parents, c'est l'ambiance bourgeoise qui s'en dégage. Avoir son gosse au conservatoire, c'est autre chose que de l'avoir seulement au club de foot des pouilleux du coin.
En plus, tout le monde sait que ce n'est pas facile, que c'est élitiste (comme si c'était normal, d'ailleurs), qu'il y a de vieux profs grincheux, qu'il y a une hiérarchie entre les élèves (il y a des premiers de classes, etc, bref, une vraie mini lutte des classes

Ca vous paraît gros? Les études sociologiques concernant les instruments sont pourtant révélatrices: dans un orchestre symphonique, plus on s'éloigne du chef, plus l'origine sociale des musiciens est modeste (ça nous donne une hiérarchie cordes, bois, cuivres), sans qu'il n'y ait a priori de véritable raison à cela (l'exception concerne les percussionnistes qui sont tout au fond mais qui ont souvent un passé de pianiste, d'après l'explication retenue, qui n'est pas si extravagante que ça).
C'est un peu comme les gens qui vont à l'opéra... Parce qu'ils aiment "aller" à l'opéra, non parce qu'ils aiment l'opéra (ou comme les gens qui ont une berline de luxe alors qu'ils font 2km tous les jours

Pour sauvegarder cette ambiance, il ne faut pas trop sortir des sentiers battus. Ces gens iront donc plus naturellement vers le classique que vers des musiques plus récentes (dont en plus, beaucoup sont à la base des musiques de nègres, c'est peut-être moins anecdotique que ce qu'on pourrait croire). Les élèves ainsi formés deviendront à leur tours professeurs, la boucle est bouclée, et à part quelques brebis égarées (dont beaucoup sortent de ce système dans lequel ils sont minoritaires), l'institution peut dormir sur ses deux oreilles.
Voilà une des raisons pour lesquelles les choses ne changent pas beaucoup au conservatoire ou en tout cas qu'à la marge.