Le fait qu'on puisse entendre la plupart des grandes oeuvres grâce aux disques, internet, aux concerts, etc, doit servir à nous motiver, nous donner des idées plutôt que nous brider, mais c'est en effet à double tranchant. C'est bien dommage que Beethoven ou Chopin n'aient pas pu être enregistrés, mais heureusement qu'ils n'ont pas pu être enregistrés! Quelle liberté ça laisse à l'interprète qui serait sans cela rattaché à une version écrasante du maître en question!
On peut jouer pour le plaisir sans atteindre les sommets d'interprétation des grands musiciens comme on peut courir sans atteindre le niveau d'Usain Bolt.
Je partage aussi le côté "être acteur plutôt que spectateur". Je me suis toujours dit, et même avant de faire de la musique, que ça devait être plus marrant d'être sur scène pour faire danser les gens, par exemple, que d'être parmi les danseurs. Question de goût, de caractère, etc, j'imagine.
Je rejoins aussi Jean-Séb et les autres quant aux multiples dimensions du plaisir que procure le piano. Il m'arrive de m'asseoir et de poser les mains sur le piano, sans trop savoir ce qui va en sortir, d'improviser en quelque sorte mais pour le simple plaisir digital, d'abord, même si ça peut sonner ultra-moche, de jouer un peu au hasard. Forcément, assez rapidement, on bifurque, on retient une idée, ça peut être un petit motif mélodique ou rythmique, deux accords, qu'on essaie de développer en tournant autour, de construire, et puis on casse tout comme un sale gosse avec sa tour de légo, et on part ailleurs. C'est juste pour le plaisir du jeu. Parfois ça ne donne rien du tout, ce n'est pas vraiment drôle. Tant pis. D'autres fois on est parti dans un sacré truc, ou juste un truc amusant. Et là hop on essaie de noter un bout de rien pour retourner dessus plus tard. Vous me suivez?

La différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou. Salvador Dali.