Je ne sais pas si certains vont se reconnaître dans ce que je dis, mais je suis de ceux qui ont tendance à sortir la partition même si je sais le morceau par coeur. Il m'arrive d'ailleurs, si je n'y prête pas attention, de ne quasiment pas la regarder, et quand je la lis, ce n'est que d'un oeil hypnotisé, suivant vaguement les courbes des phrases, mais ça me rassure.
J'ai cette fâcheuse habitude, mais j'essaie de m'en débarrasser, car dans certains morceaux ça me nuit. En jazz, je suis le défilement de la grille et je sais que les choses s'enchaînent toujours un peu moins bien, vont moins loin si j'ai le nez sur les accords que si j'ai complètement intégré les choses. Je crois que finalement la question est bien là: est-ce qu'on est obligé de lire ce morceau pour le jouer car notre mémoire est susceptible de nous jouer des tours ou parce qu'on n'a pas totalement intégré la musique qui est fixée.
Cela dit, je crois que l'image du grand interprète jouant sans partition doit dater du (début?) 19°s, je dirais, corrigez-moi si je me trompe, comme beaucoup des habitudes de concert que nous avons aujourd'hui. On voit malgré tout beaucoup de vidéos avec des grands noms qui ont les partoches sous les yeux, mais c'est peut-être plus souvent des deux pianos, 4 mains, etc (je pensais à certaines vidéos avec Argercih, par exemple).
Je ne suis pas spécialiste, mais ayant eu sous les yeux certaines partitions de musique contemporaine avec des rythmes infernaux, des notes dans tous les sens, des nuances tous les 2 millimètres, etc, je félicite par avance les gens qui arriveraient à les apprendre par coeur.

Mais ça doit être possible, j'imagine, en se créant ses propres carrures, ses découpages mentaux à soi.
La différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou. Salvador Dali.