Bergamotte a écrit :Je ne trouve pas très sympa les personnes qui font miroiter des poules aux oeufs d'or sans fondement. Quand on sait qu'aujourd'hui même des gens qui sortent avec félicitations du cnsm, en y étant entré à 14 ans, peuvent "finir" prof particulier et gagnent moins que le smic... enfin bon.
Il est important de savoir qui parle et d'où il parle. Et on se rend compte qu'en réalité, à situation donnée, il n'y a pas 36 attitudes possibles. Faire miroiter la poule aux oeufs d'or quand on est soi-même bien à l'abri relève au mieux d'un manque de rigueur dans le raisonnement.
La notion de risque pris en se lançant dans quelque chose ne peut se comprendre dans sa totalité qu'en tenant compte de la situation sociale de celui qui parle. Un petit employé avec 4 gamins dont il faut assurer l'avenir ne raisonnera pas de la même façon que quelqu'un qui dispose d'un filet de sécurité. On trouvera toujours un contre exemple, mais en gros, les choses se font en fonction de ce déterminisme.
J'ai récemment une collègue qui est partie en retraite et qui nous a dit que, quelles qu'eussent été la période et les difficultés, elle était toujours venue travailler avec grand plaisir. Ce
toujours se comprend mieux si on sait que travailler n'était pas du tout une obligation pour elle et qu'en plus elle avait un très bon salaire. Bien évidemment, ce toujours a été repris par les patrons histoire de montrer aux petits personnels qu'ils n'avaient qu'à en prendre de la graine. Étant moi même ultra favorisé, je me suis empressé d'approuver
La notion de réalisation dans sa passion me semble à analyser aussi à travers ce prisme. Combien de ceux qu'on entend dire qu'ils ont fait leur métier de concertiste par passion ne sont pas issus d'un milieu cultivé et aisé qui aurait pu rattraper un faux pas?
C'est tant mieux pour eux, mais tout le monde n'est pas logé à la même enseigne, a fortiori maintenant que l'ascenseur républicain est quasiment détruit et que les différences entre les plus riches et les plus pauvres reviennent à ce qu'elles étaient dans la société du XIXème.
Enfin, cette idée d'aller vers sa passion à tout prix est trop omniprésente actuellement pour être honnête et me paraît tendre au slogan publicitaire: une passion sinon, rien! Ou alors, une autre passion, n'importe laquelle!
J'ai tendance à penser que ce qui compte est la capacité d'être heureux avec ce qu'on a, accompagné d'une ambition raisonnable. Bref, il faut cultiver notre jardin...