Le forum étant bien calme, je lance un nouveau sujet.
C'est très simple: je prends des cours avec un professeur particulier. Tout se passe très bien. Il est excellent musicien, très bon pédagogue, ponctuel, sérieux, etc. Rien à dire.
(Pour ceux qui prennent le train en marche et qui n'ont pas lu l'un de mes posts: j'ai fait du piano de 8 à 12/13 ans... j'ai arrêté pendant 25 ans... j'ai repris depuis environ 6 mois.)
La question que je me pose est la suivante: n'existe-il pas un autre parcours possible ?
J'ai bien compris que les conservatoires me sont exclus: j'ai 37 ans.
J'entends parler des Ecoles Nationales de Musique, j'ai parcouru le site de L'Ecole Normale de Musique - Alfred Cortot qui prend des élèves sans limite d'âge: http://www.ecolenormalecortot.com/
Donc:
- Un adulte est-il définitivement rangé dans la catégorie amateur ? (ça n'est pas du tout réducteur dans mes propos!);
ou bien:
- Peut-il bénéficier d'un enseignement musical et pianistique de haut niveau, sans chercher pour autant à devenir un professionnel. Et si oui, vers quelle filière s'orienter ?
Voilà.
J'ai lancé le débat. J'attends vos réponses avec impatience.
ToToF
Les pianos, c'est comme les chèques: ça ne fait plaisir qu'à ceux qui les touchent. (Erik Satie)
A ma connaissance, tu as raison, hormis le fait que je n'avais pas appris auparavant, je suis à peu prés dans la même situation, et hormis les profs privés et les écoles municipales ou privées, pas de salut. Et en général, si on arrive à avoir un bon enseignement du piano de cette façon, tout le reste : solfége, harmonie ... reste un peu de côté.
Celà dit, pour ce qui me concerne, avec une trés bonne prof de piano et autant de travail personnel que je le peux (pas toujours facile), celà me semble largement suffisant. Je ne suis pas sûr que je me plairais dans un conservatoire trés scolaire où, même s'ils sont passionnés, la plupart des éléves restent .. des éléves.
Ce sujet me tient <b><u>particulièrement</u></b> à cœur, étant moi aussi "adulte condamné à être amateur". Il faut peut-être préciser le sens du mot "amateur". Pour moi ce n'est pas l'opposé de "professionnel" (dans le sens de celui qui exerce le métier de musicien, c'est-à-dire qui gagne sa vie en faisant de la musique ou en l'enseignant), mais l'opposé de "lauréat d'un conservatoire". Quelqu'un qui a un diplôme de piano n'est plus un amateur à mes yeux. Et je pense que si je n'ai aucune envie d'exercer un métier lié à la musique (Dieu soit loué j'ai déjà un métier qui me satisfait pleinement), j'aurais quand-même envie d'obtenir un diplôme : c'est un défi, un but à atteindre (et pas des moindres), une occasion manquée dans ma jeunesse, une erreur de jeunesse que ma crise de quarantaine me voudrait rectifier maintenant.
Aux alentours de février 2005, softmouton parlait d'un manque de motivation face à la fatigue de la vie quotidienne, l'incompréhension du reste de la famille ("papa, joue-nous quelque chose de joli, pas des gammes !"). La poursuite des études pianistiques en vue d'un diplôme final, en sachant que plus les années passent plus l'effort nécessaire sera important, apporterait des tonnes de motivation...
À l'ENM ils privilégient les enfants, il y a une logique : l'enfants c'est l'avenir, nous c'est au mieux le présent, peut-être même déjà le passé. Mais je pense que l'ENM pourrait tout de même réserver une place ou deux à des adultes, pourquoi être absolus à ce point ?!?
Pour ma part, j'ai trouvé une solution intermédiaire pour l'année prochaine (croisons les doigts pour que ça marche) : je m'inscrirai en formation de musique de chambre (après dérogation spéciale). Si j'ai bien compris, je serai normalement inscrit, mais j'ignore bien sûr s'il y a un diplôme ou certificat quelconque à la fin, peut-être que je ne serai considéré que comme auditeur ("participant") libre... qui vivra verra.
Comble de l'injustice : dans les autres instruments on peut très bien s'inscrire en tant qu'adulte. Il n'y a que le piano et le violon qui souffrent d'adultophobie aigue...
C'est à désespérer.
Mais aussitôt cette réflexion faite, une petite voix se fait entendre, petite mais très doulureuse : <i>"après tout, quel intérêt ? tu as déjà vécu une bonne partie de ta vie, tu as fait tes études/boulot/famille, que veux-tu maintenant ? laisse la place aux jeunes, personne ne veut t'entendre, tu n'as rien à dire de plus, le temps d'arriver à un niveau intéressant tu auras de l'arthrite, de la presbyopie, de la presbyacousie, bref tu seras prêt pour la terre humide, donc boucle-la et occupe-toi de ton boulot et de ta famille, et basta..."</i>
Quel peut être le rôle du piano dans notre vie, à nous les "adultes", à nous les "amateurs", exclus de tout parcours "institutionnel" ? Les concerts, la carrière de virtuose, cela demande du talent, un choix de vie, et des sacrifices — je ne demande pas cela ! Un parcours <u>normal</u>, comme le parcours scolaire que nous avons tous suivi, devrait être accessible à toute personne qui souhaite s'investir et à mettre le paquet. L'université, elle, est ouverte à tous les âges, je sais que si cela me branche de devenir médécin je peux toujours m'inscrire, et, si non réussir, au moins essayer. Ce n'est pas le cas du piano, du moins pas en France, le pays où je vis.
Es gab eine Zeit, wo ich nur ungern über Schubert sprechen, nur Nächtens den Bäumen und Sternen von ihm vorerzählen mögen. [R. Schumann, 1838]
Dans le Vaucluse, il existe une école dans une petite ville (Le Thor), qui a très bonne réputation pour son niveau et qui offre une formation diplômante complète pour les adultes amateurs ou professionnels. Instrument, harmonie et composition...
Peut-être devriez-vous essayer de bien vous renseigner vers chez vous si une telle école n'existe pas.
Sinon je sais qu'au conservatoire d'Avignon, ils reçoivent quelques adultes, mais, je crois, ceux qui ont déjà un certain niveau, ou qui souhaitent passer leur médaille d'or.
Yannis tu vas nous faire pleurer!!!
On est déjà des vieux croûtons pour beaucoup de choses, à commencer pour nos enfants.
Papa t'as des cheveux blancs, maman t'as pris des rides.....
Mais on ne peut pas revenir dans le passé. Et les occasions que l'on peut avoir eues dans sa jeunesse ne se représenteront très probablement pas.
Mais c'est vrai que dans notre beau pays il y aurait des choses à changer.
Les écoles de musique, archaïques auparavant, commencent à s'ouvrir d'avantage à l'évolution ambiante.
Mais c'est comme le "mammouth de l'éducation nationale", c'est pas très maniable.
A quand le concert des retraités soixantehuitards, interprétant Messiaen.
Marie-france a écrit :A quand le concert des retraités soixantehuitards, interprétant Messiaen.
:D
Comment tu savais que j'adore les <i>Regards</i> ? Le <i>Regard du Père</i> ou le <i>Regard de la Vierge</i>, ça me fait rêver...
Ceci dit, en mai 68 j'avais six ans et toi autant, donc... on n'est pas vraiment qualifiés pour être des soixante-huitards. [pour ma part je n'ai pas à me plaindre d'avoir raté cet événement : j'ai vécu de près l'insurrection des étudiants de l'école polytechnique d'Athènes en novembre 1973, la chute de la dictature en juillet 1974, l'enthousiasme naïf des jeunes qui découvraient les idéologies de gauche dans les années 1974-1979... ça a beaucoup changé :-]
PS. En lisant les archives j'ai vu que tu n'aimais pas Messiaen, est-ce vrai même pour ces deux morceaux là ? Je comprends que tu ne supportes pas le <i>Catalogue des oiseaux</i>, mais il y a tout de même certains <i>Regards</i> qui échappent à la règle, non ? Ou est-ce que c'est une condamnation globale ?
Es gab eine Zeit, wo ich nur ungern über Schubert sprechen, nur Nächtens den Bäumen und Sternen von ihm vorerzählen mögen. [R. Schumann, 1838]
Une précision, une Ecole Nationale de Musique ou ENM est une école d'état, l'école cortot est une école supérieure privée.
J'ai intégré une ENM cette année, après trois ans en conservatoire municipal, en suivant les conseils de mes profs qui voyaient bien que j'étais plus motivé que la moyenne.
A l'époque j'avais fait une recherche sur le site de la musique pour trouver les ENM et les CNR qui acceptent les adultes, il y en a pas des masses, mais ca existe.
Sinon, l'Ecole Cortot enseigne à un niveau très élevé et délivre des diplomes reconnus, mais ca coute bonbon et je ne sais pas si il ne faut pas auditionner pour y rentrer ou envoyer une cassette ou qq chose comme ca....
Une précision, une Ecole Nationale de Musique ou ENM est une école d'état, l'école cortot est une école supérieure privée.
L'avantage de l'école, c'est qu'on y fréquente d'autres musiciens, différents profs, en ce qui me concerne dans le cadre des cours de solfège j'avais des cours de soutien en chant, le prof m'a proposé d'intégrer l'ensemble vocal de l'école en manque de voix d'hommes, on a fait un concert dans une église, etc..... bref de fil en aiguille..... en école, tu pourras surement faire de la musique de chambre, du 4 mains et toutes ces sortes de choses, qu'un prof particulier n'offre pas toujours
En tout cas bon courage dans ta quéte de solution
Les stars sont des fleurs sujettes à se faner. Les musiciens sont des arbres, sujets à grandir encore et toujours.
D'un autre côté, je pense qu'à 40 ans (je ne les ai pas encore, mais ils s'approchent à grands pas ) on n'a plus les mêmes envies ni motivations. Pas nécessairement de façon négative d'ailleurs.
L'an dernier, j'ai suivi un cours de solfége à l'école de musique locale, et à la fin de l'année, il y avait une sorte d'examen ... et là, j'ai mesuré tout ce qui me séparait de mes années scolaires : maintenant, je travaille pour moi. Je me moquais totalement de savoir si j'avais eu une bonne note ou pas, bon, j'avoue, pour la compétition, j'avais un peu envie de savoir , mais en tout cas, je savais ce que j'avais appris dans l'année et je me moquais que la prof s'en rende compte ou pas.
Je pense qu'un diplôme et les divers examens et interrogations et tests servent surtout à motiver les éléves et à les forcer à travailler, ainsi qu'à permettre au professeur de se rendre compte du résultat de son enseignement. En ce qui me concerne, tout celà est sans intérêt.
Par contre, j'aimerais pouvoir m'inscrire à un cursus complet du conservatoire, en auditeur libre, pour moi, mais en l'occurence, ce qui me manque le plus, ça n'est pas un conservatoire qui voudrait de moi, c'est le temps de le faire
Mais c'est vrai que c'est dommage, aprés tout, à ma connaissance, il n'y a pas de limite d'âge pour s'inscrire à la FAC. Je ne vois pas pourquoi c'est aussi le cas pour le conservatoire, même si je comprendrais qu'ils n'acceptent pas tout le monde sans sélection, comme ils le font pour tous les éléves?
C'est sur que vous avez raison ! pour les adultes, c'est très restrictf pour des études de piano assez approfondies .
L'école aussi, ça veut dire compétition, se mesurer à d'autres, passer des exams, se faire juger et s'ajouter un stress énorme à la musique qui devrait rester avant tout un plaisir quand justement on a l'avantage de ne pas être des professionnels.
Je pense qu'un amateur, avec un très bon prof particulier peut accéder à un haut niveau de piano sans avoir besoin de passer par le conservatoire.
Il faut bien penser aussi que nous les adultes, on a une profession à côté et qu'on court après le temps pour assurer nos heures de piano. Donc quand on s'ajoute les exams à passer , c'est 5 h par jour au piano qu'on doit rajouter pour pouvoir assurer .
Je le vois à l'audition de fin d'année et qu'on doit présenter en public deux morceaux; pour ces deux morceaux, il faut voir les heures qu'on y passe pour que ça devienne du béton alors j'imagine quand on doit passer des examens , ça doit être terrible.
C'est vrai que j'ai la chance d'avoir un excellent prof qui vraiment cherche par tous les moyens à nous faire progresser et qui nous fait travailler comme au conservatoire très rigoureusement; par contre surement que j'ai des lacunes en solfège mais on ne peut pas tout faire ....
Le principal , n'est-il pas de progresser régulièrement pour pouvoir se donner du plaisir en jouant correctement des morceaux de + en + difficiles ?? C'est comme ça que je vois mon parcours pianistique !
Cette question de la reprise de cursus en école pour les adultes, est très intérêssante.
Et est au coeur même de mon rôle auprès de mes stagiaires ou élèves.
Parce qu'elle renvoit à des questions fondamentales : qu'est-ce qu'on recherche - c'est déjà pas rien à définir, mais indispensable - et comment y parvenir.
Une remarque d'abord : le statut d'amateur - éclairé s'entend - est des plus nobles, et à bien y regarder des plus enviables : rien à perdre, tout à gagner ! Car l'amateur peut se former la tête haute toute sa vie, faire des expériences, c'est son statut. Le pro qui s'est fait un nom, lui, risque gros à se remettre en cause ou se réorienter !
Et puis, bien des pros n'ont pas le quart de la motivation (et parfois même les compétences, croyez-moi) des plus musicalement actifs d'entre nous sur ce forum. En plus, le fait d'enseigner, (peu y échappent) n'aide
pas le musicien dans ce sens, nous en parlions avec Marie France.
Notons au passage qu'il y a bon nombre de diplomés (prix de CNSMP ou autres CNR) - comme certaines que j'essais je de faire travailler dans mon entourage - qui, victimes de circonstances diverses de leur vie
(les femmes sont d'ailleurs les plus touchées), n'ont même pas de pratique musicale comparable aux notres.
Ceci étant posé. Je distingue trois choses :
1. la formation artistique :
pour l'amateur c'est pas le diplôme qui compte et qui donc manque en général, c'est la formation globale musicale : la plupart sont comme seraient des comédiens qui ne connaitraient par la grammaire, n'auraient
de formation littéraire qu'orale, et serait bien en peine de faire une simple citation par écrit !
Donc :
- soit on a une formation de base qui donne une autonomie, une certaine polyvalence musicale, et une capacité à formuler un projet personnel et on peut faire son marché auprès des stages, cours particuliers de préférence spécialisés, cursus pour adulte avancés dans les écoles délà évoquées ici...
mieux vaut cependant être riche que pauvre, car à bon niveau en privé, les compétences se négocient à partir de 100 euros l'heure...
- soit on l'a pas et il faut effectivement repasser par une école (aucun cours particulier instrumental n'y pourvoira sérieusement)
2. le travail personnel qu'on peut mener :
faut être clair si on a pas un bon quart de temps à consacrer à son art,
c'est mal barré, pour étudier comme pour pour participer à la vie musicale en tant que pianiste :
ex. il m'arrive qu'on me demande d'accompagner ou jouer une dizaine de pièces pour dans 10 jours. Si j'étais un pro pur porc, pas de problème ce serait mon job de jouer à vue ; comme c'est pas exactement mon cas faut que je travaille un bon peu pour assurer. Parfois c'est un arrangement ou une composition à finir dans les même délais.
3. la vie musicale : c'est le plus important !
Le problème est que non seulement les adultes sont mal accueillit dans les écoles, mais il n'existe pas beaucoup d'autre structure pour pratiquer la musique en collectif, rencontrer le public, en dehors d'un cursus de formation ou d'un cadre professionnel ! ça se complique donc !
Pourtant on y arrive.
Là Sebos a raison. Dans un conservatoire lambda, si on y apprend pas grand chose au fond parce qu'on est déjà avancé, que c'est trop cloisonné, et que les cursus d'enseignements excluent d'emblée tout se qui touche à l'écriture, à la création, l'esthétique, l'interpretation proprement dite etc...
on y acquiert au moins l'essentiel à mon avis : à vivre la musique dans une dynamique collective : chorale, orchestre, musique de chambre, accompagnement...
L'action musicale reste la meilleure formation : dans mon cas perso, le fait d'être "amateur" pianiste, accompagnateur, compositeur, arrangeur, éditeur et formateur spécialisé, choriste, me conduit à participer à pas mal de projets ou missions, parfois risquées, peu rentables, mais celà vaut largement une master class par le dernier péteux dont on parle... ou des beaux diplôme - que j'ai par ailleurs - rangés dans un tiroir.
Je tiens tout d'abord à vous remercier chaleureusement de l'intérêt que vous avez porté à ce sujet et aux réponses que vous m'avez fournies.
(Euh... ça fait un peu discours électoral, non ?... )
Bon.
J'ai lu et relu les avis de chacun et chacune; je constate que je ne suis pas le seul à m'être posé la question.
Dans l'immédiat je vais poursuivre ma ré-initiation aux cotés de mon professeur particulier. Ses cours sont d'ailleurs très complets puisque je travaille le solfège, les harmonies et des pièces classiques (pour info, je bosse les valses n°1 et 2 de l'Opus 69 de Chopin...)
Je pense que cela pourra être le meilleur compromis:
jouer des oeuvres à plusieurs, donc s'obliger à améliorer sa technique, sa rigueur; enrichir sa culture musicale au sens le plus large du terme. Trouver dans les autres non pas une concurrence mais une saine émulation.
Bien sûr, sans perdre l'unique but: le plaisir !
Qu'en pensez-vous ?
Bonne journée !
Les pianos, c'est comme les chèques: ça ne fait plaisir qu'à ceux qui les touchent. (Erik Satie)
par chez moi, il existe des associations qui organisent des concerts de "musique de chambre amateur"
le but est simple, on adhère à l'association, soit en groupe et c'est magnifique soit seul, (ex pianiste) et l'asso nous met en contact avec d'autres instrumentistes dans le but de former duo, trio, quatuor...
environ une fois par trimestre, on se réunit pour faire partager notre passion dans un petit concert, montrant le travail des différents groupes...
ce qui est sympa, c'est qu'il n'y a que des adultes "amateurs éclairés" travaillant seuls, ou des grands élèves d'écoles de musique.
existe il ce type d'association par chez vous ?
c'est vraiment bien, car ça permet de se retrouver entre musiciens, et pas seulement pianistes !!! et ça donne une occasion pour nous de sortir de ce fichu SPS (syndrome du pianiste solitaire)
ma prof aussi ne cesse de me répéter "vous verrez" (elle me vouvoie, c'est triste de se faire vouvoyer par sa prof...) "vous verrez, vous aurez beaucoup plus de plaisir en jouant, je connais cet autre adulte, c'est un vétérinaire, et il prend beaucoup de plaisir à jouer de temps en temps"
je cite ToToF : "Bien sûr, sans perdre l'unique but: le <i>plaisir</i> !"
pour jouer un peu à l'avocat du diable, et sans vouloir polemiquer (mes opinions sur ce sujet ont évolué, et peuvent très bien encore évoluer du tout au tout), je pense que "ne jouer que pour le plaisir" est une simplification très reductrice de la réalité. <u>On joue pour s'accomplir, pour aller plus loin, pour donner vie à ces trésors inestimables qui se trouvent cachés dans les partitions, pour meubler le silence avec du sens, pour trouver des réponses aux grandes questions, pour se tracer un chemin</u>, et pour plein d'autres raisons. Je pense que cela va beaucoup plus loin que "le plaisir"
cela étant, à quoi servirait un diplôme ?
<i>a priori</i>, à rien, du moins si je veux être cohérent avec mon paragraphe ci-dessus.
mais dans mon cas (et peut-être est-ce le cas d'autres personnes sur ce forum) il y a un facteur de plus : l'occasion manquée, l'erreur "de jeunesse". Le "j'aurais pu le faire, pourquoi ne l'ai-je pas fait ?". Cela peut paraître futile (voire complètement barjo) aux plus jeunes parmi vous, mais croyez-moi, c'est une motivation très forte. La quarantaine c'est comme le sommet d'une colline : que fait-on, arrivé au sommet ? On regarde ce que l'on a parcouru, ce qui reste à faire, et on découvre le paysage dans sa totalité.
Dans la vie, ce que l'on cherche à ce moment-là, c'est une <b>cohérence</b> de ce que l'on a vécu, un fil conducteur. Et cela concerne même le passé aussi éloigné de ses 15-17 ans (et plus particulièrement cette période, pendant laquelle on découvre les choses de la vie et on fait des choix capitaux). Et à cette époque là, le diplôme de piano était le but numéro un (au même titre que le bac), donc fatalement cela devient de nouveau un but à atteindre.
Échouer en tentant d'atteindre ce but est une chose, se dire "bof, laisse tomber, de toute façon un diplôme ne te sert à rien" en est une autre.
Le système actuel des ENM nous force, sous prétexte de manque de ressources, à adopter la deuxième attitude. Je trouve cela scandaleux et immoral.
Es gab eine Zeit, wo ich nur ungern über Schubert sprechen, nur Nächtens den Bäumen und Sternen von ihm vorerzählen mögen. [R. Schumann, 1838]
yannis a écrit :
<u>On joue pour s'accomplir, pour aller plus loin, pour donner vie à ces trésors inestimables qui se trouvent cachés dans les partitions, pour meubler le silence avec du sens, pour trouver des réponses aux grandes questions, pour se tracer un chemin</u>, et pour plein d'autres raisons. Je pense que cela va beaucoup plus loin que "le plaisir"
Tu as développé ma pensée, Yannis.
Bien évidemment, au travers de ce petit mot "plaisir", je dissimulai tous les sens profonds qu'il peut contenir, loin du simple aspect du divertissement. La musique est trop profonde pour qu'elle ne soit qu'un passe-temps, une activité de temps perdus.
C'est à mais yeux, à mes oreilles surtout, un éxutoire méditatif, un mirroir à pensées, un révélateur de doutes, un destructeur de certitudes.
Et justement, j'employai ce mot "plaisir" pour l'opposer à "boulot". Et c'est là essentiellement la différence: on ne joue pas pour se vendre, on joue pour notre... plaisir.
yannis a écrit :
Le système actuel des ENM nous force, sous prétexte de manque de ressources, à adopter la deuxième attitude. Je trouve cela scandaleux et immoral.
Tout à fait d'accord avec toi ! Et c'est certainement la raison pour laquelle un système parallèle s'est créé: école privée, école associative.
Cela me fait songer à l'une des scènes du film "De battre mon coeur..." durant laquelle, Xavier (le personnage de Romain Duris), tente d'incorporer un conservatoire (visiblement le CNSMP). La réponse dédaigneuse et hautaine du professeur qui le reçoit est révélatrice !
Qu'en est-il dans les autres pays, justement ?
Les pianos, c'est comme les chèques: ça ne fait plaisir qu'à ceux qui les touchent. (Erik Satie)
louna a écrit :par chez moi, il existe des associations qui organisent des concerts de "musique de chambre amateur"
(...)
existe il ce type d'association par chez vous ?
c'est vraiment bien, car ça permet de se retrouver entre musiciens, et pas seulement pianistes !!! et ça donne une occasion pour nous de sortir de ce fichu SPS (syndrome du pianiste solitaire)
Tout à fait, Louna.
C'est justement l'association musicale dont j'ai parlé lors d'un précédent post:
ToToF a écrit :Sinon, avec une amie qui est violoniste, on a décidé de se jouer quelques oeuvres pour piano et violon.
D'ailleurs si vous avez des idées de partitions en dans ce domaine, je suis preneur. (Pas trop compliquées les oeuvres, hein... ;-))
T'as de la CHANCE !
Piano et violon : les sonates pour violon et "clavecin obligé" de Bach (grandioses), la sonate dite "du printemps" de Beethoven (aussi belle que la Waldstein...), les sonates de Brahms et de Fauré, celle de Franck (sublime !) ...
Es gab eine Zeit, wo ich nur ungern über Schubert sprechen, nur Nächtens den Bäumen und Sternen von ihm vorerzählen mögen. [R. Schumann, 1838]
Sinon, pour ma part, je me suis inscrit hier à l'ENM en <b>formation de musique de chambre</b> (une formation de 2-3 ans avec un certificat à la clé). Je suis le seul adulte dans cette formation. En septembre on se réunit pour former des groupes et choisir des morceaux. Comme c'est une petite ENM de province, le choix d'instruments est assez limité : il y a peu de cordes et beaucoup de vents (si ça se passe je vais me retrouver à jouer la Sonate pour tuba et piano de Hindemith ;-).
Beaucoup de bonheur en perspective, et un sacré défi aussi.
Parlant de choix de morceaux, cette ENM monte tous les ans un "projet musical", l'année dernière c'était la création de 30 morceaux de Philippe Schoeller, cette année ce sera la <b>musique brésilienne</b>. J'adore Villa-Lobos, et vous ? La participation à ce projet dépend de chaque prof, donc... affaire à suivre.
Es gab eine Zeit, wo ich nur ungern über Schubert sprechen, nur Nächtens den Bäumen und Sternen von ihm vorerzählen mögen. [R. Schumann, 1838]
Le mot plaisir est assez vague mais il contient tout autre chose c'est vrai !!
et c'est aussi ce que j'entendais par ce mot là .
Qaunt à toi Totof, tu as trouvé un très bon compromis entre ce que peuvent offrir les écoles de musiques aux amateurs et çà ceux qui veulent en faire leur métier !