Fugues à 4 voix : règles d’écriture en matière de silences?

[Carla Rocío]

J’ai une petite question

En observant des fugues en matières de voix (basse, ténor, alto, soprano), je vois qu’elles ne sont pas toujours toutes présentes. Dans le sens où seules 3 voix figurent et il n’y a pas forcément de silence pour signaler la 4e. Du coup c’est ambigu, dur à dire qui reste et qui a disparu entre deux voix « adjacentes » : ténor ou l’alto, l’alto ou le soprano, etc

Y aurait-il par hasard une règle qui dit que telle voix doit toujours figurer (par exemple la basse et le soprano) à minima par un silence, mais que les autres peuvent se confondre ?

Mon but est de pouvoir jouer toute la pièce en focalisant sur une voix à la fois et donc j’ai besoin de savoir si en cas d’ambiguïté il y a une règle qui me dit quelle voix c’est, ou si je dois juste choisir ?

Je peux toujours citer les fugues en ré M et sol# mineur du CBT 1 mais je crois que ça sert à rien, il me semble que le phénomène est plus récurrent que ça.

Merci pour vos lumières!

[EusebiusLesage]

Il n'y a pas de règles pour ça à ma connaissance. Mais en général quand on regarde quand la voix rentre on voit laquelle c'était.
Par exemple mes.14 du CBT1 en Ré maj on voit que c'est la voix de ténor qui réapparait. On en déduit donc que les 3 voix des mesures précédentes c'était basse, alto, soprano.
Si vraiment t'as un doute sur un passage donne nous la référence on trouvera surement l'explication.

Pour la sol# min mes.12 c'est assez clair que c'est la basse qui disparait juste par continuité de toutes les autres voix. Et c'est confirmé par le fait que c'est bien elle qui rentre à nouveau mes 15

[Durtal]

Il se trouve que ma prof m’a justement demandé de travailler le prélude et fugue numéro 5. Je suis en plein dedans.

Je pense que la suppression des silences est d’abord un choix de présentation de la partition pour éviter la surcharge. Ce choix remonte à Bach lui-même, comme on le voit sur l’autographe :
https://digital.staatsbibliothek-berlin ... MDLOG_0005

Représenter le ténor par un silence au milieu de la tierce à la mesure 12 aurait nui à la clarté de la partition.

Mais peut-être aussi qu’une règle de copie veut que l’on évite de faire figurer le silence d’une voix lorsqu’il se prolonge dans des mesures entières. Lorsqu’une voix se tait, elle est réputée absente, et donc les silences sont inutiles. C’est une règle que l’on observe même dans l’édition moderne, il me semble. Par un simple souci de clarté.

[Jean-Pierre Coulon]

Un bonne édition comme Henle met toujours des "silences polyphoniques". Au début d'un fugue à 4 voix vous avez toujours des grosses pauses pour les 3 autres voix.

Girolamo Diruta voulait qu'on ne mette aucun silence à une main quand au moins une autre voix parle.

Quand je saisis une piece polyphonique avec mon logiciel je suis assez girolamodirutien. L'interprète peut facilement deviner les silences manquants.

[Carla Rocío]

Capito!
Merci pour vos réponses!
Donc on est parfois obligé de s’intéresser d’abord aux différents chants (réponse, contre-sujet et sujet) pour reconnaître les différentes voix.
Je m’étais dit qu’au final cet aspect était pas ou moins intéressant mais en fait c’est total complémentaire.

Ps: j’adore le néologisme de Jean-Pierre
« Girulamodirutien »
Si c’est pas de l’identité ça!!

[Jean-Pierre Coulon]

Voir premières éditions de Bach Art de la Fugue et François Roberday qui dit: je sais que c'est plus difficile mais je vous note ça sur 4 portées pour que vous compreniez bien les voix.

Certaines musiques anciennes notées sur 4 portées étaient soit pour clavier, soit pour 4 musiciens "normaux".

Girolamo Diruta vous dit comment transformer une 4 portées en une 2 portées.

Ici je vous mets le ténor en notes moyennageuses pour que vous compreniez bien les voix.

clavijo_typeset.pdf

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