Petite remarque sur les basses d'Alberti dans vos Youtube.

[Jean-Pierre Coulon]

Suite à certains de vos Youtube que vous nous soumettez mais je ne veux pas surcharger un des ces fils déjà très chargés. Souvent du Mozart mais pas seulement.

Quand il y a des basses d'Alberti et que vous faites le choix de ne pas mettre de pédale, ce serait plus joli en laissant les doigts "collés" tant que l'harmonie le permet. Se dit aussi surlegato ou pédale avec les doigts.

Un exemple très clair est la méthode de Louis Adam p. 152

Un personnage aussi instruit que C.C. Chang ne semble pas savoir ça.

[Chtilli]

les basses d'Alberti sont difficiles, mais les jouer en piqué les rend encore plus difficiles de toute manière, non ?

[fritz]

Au delà des affaires de goût, ça me semble compliqué de donner une règle aussi générique

[Jean-Pierre Coulon]

Essayez et dites ce que vous pensez

[Barcarolle]

C'est un sujet qui a été évoqué par Olga Monakh à Cagnes dimanche dernier.
Il me semble qu'elle disait la même chose que toi, et que c'est une notion qui n'est pas très connue en France en comparaison à d'autres pays. Si j'ai bien compris il me semble qu'on faisait comme ça à l'époque de Mozart et que ça s'est perdu... mais à prendre avec des pincettes car ma mémoire n'est pas claire.
Peut être qu'un autre participant à cette masterclass sur le forum aura été un peu plus attentif que moi et pourra compléter.
A priori je vais travailler du Mozart donc ça sera l'occasion d'essayer.

[Bastien]

Je regardais la partition de la sonate K.332 en Fa et sur l'édition que j'ai trouvé sur IMLSP (qui date de 1893) c'est écrit qu'il faut tenir les notes marquées, qui sont les premières notes des sections avec une basse d'Alberti..

[Jean-Pierre Coulon]

C'est un bon début mais les notes qui suivent peuvent se prolonger aussi ! Il y a la même idée dans CPE Bach, Türk, Marpurg et Monsieur de Saint Lambert avec des exemples de seulement trois notes. Marpurg dit que ça aurait été mieux de noter les vraies valeurs mais pas top pour l'ergonomie

[Jean-Pierre Coulon]

Déchiffrez la Sonate Wq. 63 No. 6 Adagio affettuoso e sostenuto de CPE Bach. Il nous dit:
Dans celui en la bémol majeur, ce cas est noté en parties séparées, afin que l'on se familiarise avec cette notation, qui est fort utilisée par les Français

[Beemahl]

Le jeu lié, une technique de la période baroque, qui perdure encore début XIXè siècle. Beethoven en recommande l'utilisation dans ses commentaires sur les études de Cramer !

[Jean-Pierre Coulon]

Vous avez encore les Bergeries de Couperin et Rondo en Si b majeur BWV Anh.183 du petit livre d'Anna Magdalena Bach.
Les Allemands font les choses bien instinctivement et il faut tout dire aux Français !

[Nick Borderline]

Si vous êtes à l'aise avec l'Anglais, voir ce passage du cours YouTube de Graham Finch (l'un des profs de mon stage à Stowe, soit dit en passant). Je vous ai calé la vidéo sur le sujet basses d'Alberti et Mozart.

[Jean-Pierre Coulon]

Très bien. J'aurais aimé un angle de vue où on voit les étouffoirs du piano, pour voir quand il met de la pédale ou non.

Et notez que do mi sol do, do mi sol mi, triolet do mi sol etc. se traitent comme des basses d'Alberti.

D.G. Türk appelle ça basses dans le style harpe. Une harpe n'a pas d'étouffoirs.

[fritz]

Une harpe n'a pas de caisse de résonnance, ni de clavier, ni de marteaux, ni plein d'autres trucs. Bref, il dit qu'il voit pas le rapport. Très concrètement pédaliser à la main comme tu le proposes sur le 1er mvt de la K545 n'est je trouve pas très heureux, à la limite le faire par touches pour varier un peu pourquoi pas mais certainement pas systématiquement

[Jean-Pierre Coulon]

quand il y a do sol mi sol suivi de si sol ré sol, le sol peut rester tout le temps mais il faut couper do et mi au temps vu qu'il ne vont pas avec l'harmonie qui suit.

Avec un piano à queue vous pouvez relever le doigt à mi course de la touche. Comme ça le son ne s'interrompra pas .

[fritz]

J'avais bien compris mais je ne trouve pas que l'effet sonore produit se défende partout tout le temps (sur un instrument ancien dans une salle à faible résonnance oui on peut y aller, sur un piano moderne dans une cathédrale pas une bonne idée ou vraiment avec parcimonie). Et si je prends les barricades mystérieuses de Couperin par exemple, quand un compositeur veut explicitement qu'on produise ce type d'effet il prend la peine de le noter comme tel, si ce n'est pas le cas sachant que les instrument d'époque avaient une résonnance moindre on peut raisonnablement penser que les pièces n'ont pas été pensées pour produire cet effet. Donc le faire par touches très bien, le faire tout le temps je ne suis pas convaincu

[Nick Borderline]

Et si je prends les barricades mystérieuses de Couperin par exemple, quand un compositeur veut explicitement qu'on produise ce type d'effet il prend la peine de le noter comme tel, si ce n'est pas le cas sachant que les instrument d'époque avaient une résonnance moindre on peut raisonnablement penser que les pièces n'ont pas été pensées pour produire cet effet. Donc le faire par touches très bien, le faire tout le temps je ne suis pas convaincu

C'est amusant que tu dises cela car la vidéo que j'ai postée commence par cet exemple précisément du Couperin, pour dire ensuite que les compositeurs qui ont suivi, ne vont pas dans ce niveau de détail et que c'est l'habitude d'exécution qui prévaut.

[diez]

. Donc le faire par touches très bien, le faire tout le temps je ne suis pas convaincu

Dans la vidéo Finch dit exactement cela.

[Jean-Pierre Coulon]

Vous avez encore la Méthode des Méthodes de Fétis et Moscheles, p. 9. Date de 1840.

[Numa]

quand un compositeur veut explicitement qu'on produise ce type d'effet il prend la peine de le noter comme tel

Il me semble qu'à la période baroque ce n'était pas le cas : les compositeurs notaient très peu et comptaient beaucoup sur la culture de l'interprète pour faire ce qui était sous-entendu dans la notation / stylistiquement approprié. Je crois que c'est plus tard que les compositeurs se sont mis à noter de plus en plus précisément.