Presto a écrit : Les clavecinistes et les pianofortistes jouent merveilleusement avec le tempo dans Scarlatti, à croire que c'est de la musique écrite pour eux (

)

Alors pourquoi les Anglais reprochent-ils à 'notre Lucas' de ne pas jouer Scarlatti comme il se doit (selon eux!) ? Ecoutez Scott Ross: que de fantaisie !
Presto a écrit : Rosen explique très bien dans son livre que les tempi de Beethoven ne sont pas aussi extravagants qu'on pourrait le croire et que l'incompréhension vient d'une tradition qui se refuse à fluctuer avec les tempi
'Dans son livre' - mais lequel ?
Music and Sentiment ?
The Classical Style ? ou un autre ?
Ma réponse à moi n'a rien de savant ou de musicologique, c'est plutôt une question: Pour qui tu joues ? Perso je ne joue jamais en public alors je joue, d'abord, au tempo qui me convient (très lentement et avec beaucoup d'émotion dans les Scarlatti que j'aime), autant par goût que pour des raisons de capacités techniques, et oui, je varie le tempo pour souligner des émotions, même dans Beethoven ou Clementi (et toujours en pensant qu'un prof me dirait 'non non' mais au diable, c'est comme ça que c'est beau !). Comme amateurs, on joue d'abord pour se faire plaisir, non ? Alors au diable les puristes.
D'ailleurs, Daniel J. Levitin, neuropsychologue auteur de
This is Your Brain on Music (je trouve pas le titre en français, peut-être pas traduit), a montré qu'en écoute en aveugle, des auditeurs, incluant des musiciens professionnels, cotent comme 'meilleure interprétation' celle qui, parmi plusieurs jouées par le même artiste, varie passablement le tempo... Il en décrit plusieurs dans son livre, mais voir par exemple cet article (en anglais):
http://daniellevitin.com/levitinlab/art ... eption.pdf
Cet article décrit des expériences faites avec piano (il en a fait d'autres avec violon si je me souviens bien). Dans le résumé:
...
In Experiment 3, timing and amplitude were manipulated independently; timing variation was found to provide more expressive information than did amplitude. Across all three experiments, listeners demonstrated sensitivity to the expressive cues we manipulated, with sensitivity increasing as a function of musical experience.
Bref, il a montré que les variations de volume communiquent nettement moins l'expression que les variations de tempo, et que plus un auditeur est musicalement expérimenté, plus il est sensible aux variations de tempo et plus il les apprécie.
Cela me rappelle d'ailleurs une chose intéressante. Lorsque j'avais une prof de piano (vraiment excellente) il y a longtemps, j'avais choisi d'interpréter des
sforzando (dans Clementi, où il y en a souvent plusieurs en succession dans un passage) non pas en augmentant l'amplitude sonore mais en soulignant par le tempo (par une sorte de suspension du temps, en faisant attendre brièvement la note marquée
sforzando pour la marquer) et elle avait réagi par un OUIIII enthousiaste !