Se mettre en condition
Se mettre en condition
Ces jours ci je pense assez souvent à ma prochaine présentation en public du Passepied, 4eme mouvement de la suite Bergamasque de Debussy. J'essaie de me mettre en condition au moment de m'asseoir devant le piano pour avoir le bon son tout de suite, et je n'y parviens pas : vive le premier mouvement de la sonate Pathétique qui commence par un grand et long accord forte, on ne peut pas se tromper, on est enveloppé de son avant de poursuivre juste quand on est prêt.
Ce Passepied m'est beaucoup plus complexe : il attaque de suite en notes piquées à egrenner sans faillir pendant deux pages, tout en se faisant discret pour laisser chanter une mélodie main droite... Rien à faire, mon premier jet est toujours au choix plein de trous ou dur et agressif.
Je soupçonne qu'en l'enchainant après le très lyrique clair de lune ça passe mieux, mais là je ne bénéficierai pas de cette introduction.
Comment faites vous pour entrer dans la musique des le début du premier morceau ?
Ce Passepied m'est beaucoup plus complexe : il attaque de suite en notes piquées à egrenner sans faillir pendant deux pages, tout en se faisant discret pour laisser chanter une mélodie main droite... Rien à faire, mon premier jet est toujours au choix plein de trous ou dur et agressif.
Je soupçonne qu'en l'enchainant après le très lyrique clair de lune ça passe mieux, mais là je ne bénéficierai pas de cette introduction.
Comment faites vous pour entrer dans la musique des le début du premier morceau ?
Re: Se mettre en condition
Il faut prendre du temps avant de commencer, tu fermes tes yeux, tu entends la musique, comme un appel pour jouer. Un peu comme une petite meditation ou une prière. 

“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
- Christof
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Re: Se mettre en condition
Tous les jours, il faut chanter le début (à voix haute), chaque main, en y mettant l'intonation...
La mg : tu la chantes (à voix haute) pom pom pom po po pom po po pom po po pom pom pom en te visualisant en même temps la jouant, en sentant que ton "pom pom pom pom" est exactement l'intonation du son que doit avoir ta main.. Tu fais cela deux minutes, puis tu te mets au piano, et tu joues la mg exactement comme tu souhaites qu'elle soit. SI ce que tu entends ne correspond pas à ce que tu veux, tu corriges tout de suite pour avoir le son.
Même chose à un autre moment dans la journée, tu chantes la md : tane tane tane-e-e-e-ta-ta-tane ta ta tane ta ta tane tane tane... et pareil, tu t'assieds au piano, et tu joues cette md, exactement comme elle doit être.
Et tu fais cela le plus souvent possible. Plusieurs jours.
Dès que tu sens que tu commences à avoir tout de suite le son que tu veux pour chaque main, tu passes maintenant à l'autre phase : te chanter maintenant, à l'intérieur, le morceau, en incorporant dans ton esprit la façon dont il doit sonner, les deux mains ensemble.
Puis tu te mets devant le piano, tu t'assoies et tu te rechantes cela intérieurement, tu te concentres là-dessus. Et tu poses tes mains et tu démarres aux deux mains tout en te chantant intérieurement. Tu verras, petit à petit le son sera exactement celui que tu voudras.
Apprends aussi à jouer le morceau tout en discutant avec quelqu'un pendant que tu joues, où si tu es toute seule, tu joues en racontant une histoire, tout en ayant en toile de fond le chant qui t'habitait. C'est pas facile à expliquer avec les mots. Si tu peux faire cela, c'est que tu connais le morceau jusqu'au bout des ongles.
Il y a aussi tout un travail de pouvoir intégrer toute la structure du morceau intérieurement, chaque partie, même si cela semble de l'abstraction pure, mais en sentant physiquement ce qui se passe à chaque instant, à chaque moment clé...
La mg : tu la chantes (à voix haute) pom pom pom po po pom po po pom po po pom pom pom en te visualisant en même temps la jouant, en sentant que ton "pom pom pom pom" est exactement l'intonation du son que doit avoir ta main.. Tu fais cela deux minutes, puis tu te mets au piano, et tu joues la mg exactement comme tu souhaites qu'elle soit. SI ce que tu entends ne correspond pas à ce que tu veux, tu corriges tout de suite pour avoir le son.
Même chose à un autre moment dans la journée, tu chantes la md : tane tane tane-e-e-e-ta-ta-tane ta ta tane ta ta tane tane tane... et pareil, tu t'assieds au piano, et tu joues cette md, exactement comme elle doit être.
Et tu fais cela le plus souvent possible. Plusieurs jours.
Dès que tu sens que tu commences à avoir tout de suite le son que tu veux pour chaque main, tu passes maintenant à l'autre phase : te chanter maintenant, à l'intérieur, le morceau, en incorporant dans ton esprit la façon dont il doit sonner, les deux mains ensemble.
Puis tu te mets devant le piano, tu t'assoies et tu te rechantes cela intérieurement, tu te concentres là-dessus. Et tu poses tes mains et tu démarres aux deux mains tout en te chantant intérieurement. Tu verras, petit à petit le son sera exactement celui que tu voudras.
Apprends aussi à jouer le morceau tout en discutant avec quelqu'un pendant que tu joues, où si tu es toute seule, tu joues en racontant une histoire, tout en ayant en toile de fond le chant qui t'habitait. C'est pas facile à expliquer avec les mots. Si tu peux faire cela, c'est que tu connais le morceau jusqu'au bout des ongles.
Il y a aussi tout un travail de pouvoir intégrer toute la structure du morceau intérieurement, chaque partie, même si cela semble de l'abstraction pure, mais en sentant physiquement ce qui se passe à chaque instant, à chaque moment clé...
Modifié en dernier par Christof le jeu. 26 janv., 2017 19:58, modifié 4 fois.
Re: Se mettre en condition
Je suis d'accord avec Lee et Christof.
J'ajoute qu'il y a peut-être une question de méthode, sur le type d'attention qu'on a lors de ce premier jet et la manière de la rendre fructueuse.
Il y a toujours un décalage qualitatif entre ce premier jet et ce que j'ai pu faire la veille en fin de séance (et là je parle du travail à la maison, sans même un public, mais avec un morceau su, que je peux jouer).
Pendant longtemps je rageais, ça me désespérait. Comme si ce que je joue en fin de séance était "vrai" et ce que je joue en début de séance était "faux" (pas moi, pas ce dont je suis capable, etc.). Du coup j'avais tendance soit à bâcler les choses en début de séance ("pas grave ça ira mieux après"), soit à tenter des exercices de méditation un peu extramusicaux pour me détendre, et finalement ça ne m'aidait pas beaucoup je l'avoue, ça me rendait encore plus nerveuse.
Maintenant je procède autrement. En début de séance, je joue donc mon morceau une fois et une seule et j'essaye d'écouter le plus possible ce que je fais, le plus finement possible, mais gentiment, sans me gronder, et je note intérieurement ce qui ne me plaît pas avec le plus de précision possible, puis je consacre une bonne partie de la séance à travailler ces aspects là précis et rien d'autre. (sans me mettre aussitôt à rejouer le morceau en boucle).
Au fil des jours ça améliore la qualité du premier jet.
c'est comme si maintenant je considérais ce premier jet comme le plus "vrai", car il engendre le travail de la séance, à ce stade. C'est paradoxal parce que d'une certaine manière je me mets davantage de pression, mais c'est une pression plus intéressante.
J'ajoute qu'il y a peut-être une question de méthode, sur le type d'attention qu'on a lors de ce premier jet et la manière de la rendre fructueuse.
Il y a toujours un décalage qualitatif entre ce premier jet et ce que j'ai pu faire la veille en fin de séance (et là je parle du travail à la maison, sans même un public, mais avec un morceau su, que je peux jouer).
Pendant longtemps je rageais, ça me désespérait. Comme si ce que je joue en fin de séance était "vrai" et ce que je joue en début de séance était "faux" (pas moi, pas ce dont je suis capable, etc.). Du coup j'avais tendance soit à bâcler les choses en début de séance ("pas grave ça ira mieux après"), soit à tenter des exercices de méditation un peu extramusicaux pour me détendre, et finalement ça ne m'aidait pas beaucoup je l'avoue, ça me rendait encore plus nerveuse.
Maintenant je procède autrement. En début de séance, je joue donc mon morceau une fois et une seule et j'essaye d'écouter le plus possible ce que je fais, le plus finement possible, mais gentiment, sans me gronder, et je note intérieurement ce qui ne me plaît pas avec le plus de précision possible, puis je consacre une bonne partie de la séance à travailler ces aspects là précis et rien d'autre. (sans me mettre aussitôt à rejouer le morceau en boucle).
Au fil des jours ça améliore la qualité du premier jet.
c'est comme si maintenant je considérais ce premier jet comme le plus "vrai", car il engendre le travail de la séance, à ce stade. C'est paradoxal parce que d'une certaine manière je me mets davantage de pression, mais c'est une pression plus intéressante.
- Christof
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Re: Se mettre en condition
Une chose très importante aussi, Sylvie piano en avait parlé : avoir les mains chaudes quand on joue.
Pour se mettre en condition, il y a aussi le fait de jouer avant à faire comme si c'était le concert. Alors avoir des gens autour de soi, disposer les chaises. Voilà, on est à Beuvray, tu viens d'entendre d'autres pianistes, et maintenant, c'est à toi.
Alors faire le vide, respirer, prendre tout son temps. Se chanter le début intérieurement, pour prendre le bon tempo, faire comme quand on jouait tout en discutant (j'en parle avant), discussion intérieure aussi avec les auditeurs, et toi assise à la meilleure place, celle où tu entends le mieux les sons, celle où tu vas investir tout l'espace. Et avant de commencer, essaie d'imaginer que tu es derrière toi, et que tu te regardes jouer, et qu'une autre personne regarde la personne qui est en train de te regarder jouer, et ainsi de suite jusqu'à pouvoir être là, aussi assise au fond de la salle, connectée à tout l'espace. Pose ta première note tranquillement, majestueusement, elle va être la juste note, et elle prendra tout l'espace.
Pour se mettre en condition, il y a aussi le fait de jouer avant à faire comme si c'était le concert. Alors avoir des gens autour de soi, disposer les chaises. Voilà, on est à Beuvray, tu viens d'entendre d'autres pianistes, et maintenant, c'est à toi.
Alors faire le vide, respirer, prendre tout son temps. Se chanter le début intérieurement, pour prendre le bon tempo, faire comme quand on jouait tout en discutant (j'en parle avant), discussion intérieure aussi avec les auditeurs, et toi assise à la meilleure place, celle où tu entends le mieux les sons, celle où tu vas investir tout l'espace. Et avant de commencer, essaie d'imaginer que tu es derrière toi, et que tu te regardes jouer, et qu'une autre personne regarde la personne qui est en train de te regarder jouer, et ainsi de suite jusqu'à pouvoir être là, aussi assise au fond de la salle, connectée à tout l'espace. Pose ta première note tranquillement, majestueusement, elle va être la juste note, et elle prendra tout l'espace.
Modifié en dernier par Christof le ven. 27 janv., 2017 10:27, modifié 5 fois.
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Re: Se mettre en condition
C'est extra Christof ton truc du chant tous les jours, je n'ai jamais essayé mais il est évident que ça doit fonctionner, merci de partager ce petit truc avec nous.
C'est sympa de parler mais jouons maintenant...
http://www.youtube.com/user/andante5133
http://www.youtube.com/user/andante5133
Re: Se mettre en condition
Pour débuter il y a un truc que j'ai changé récemment et qui semble aider. Avant je prenais beaucoup de temps pour débuter, je fermais les yeux pour me concentrer, rentrer dans la musique, etc. Maintenant, je fais absolument tout le contraire. Le moins de pensées possible,je m'assois et je démarre le plus rapidement que je peux. Après ça dépend surement des gens, mais ce petit temps entre le moment où le siège est réglé et la première note m'est extrêmement anxiogène, et je n'arrive pas à en faire un moment de concentration, plus il dure plus je peux devenir fébrile. Rien que d'y penser là, mes mains refroidissent... Alors le plus vite je commence le mieux c'est...
... ce qui suppose d'avoir bossé à mort les premières mesures. De savoir très précisément ce qu'on a à y faire à tous niveaux (chaque doigté, chaque sonorité, chaque intention, presque chaque coup de pédale...), et d'avoir automatisé ça à bloc, de pouvoir ressortir ces mesures direct même si on nous réveillait en pleine nuit pour nous mettre devant le piano les yeux encore mis clos.
En fait je crois que le plus dur c'est de se mettre en condition à un moment donné pour avoir une folle envie de jouer. L'envie fluctue, elle n'est pas simple à mobiliser si le moment n'est pas optimal. Le genre d'envie qui ne nous donne pas envie d'attendre une seconde de plus avant de jouer la première note, et nous donne envie de partager notre musique dès la première mesure.
... ce qui suppose d'avoir bossé à mort les premières mesures. De savoir très précisément ce qu'on a à y faire à tous niveaux (chaque doigté, chaque sonorité, chaque intention, presque chaque coup de pédale...), et d'avoir automatisé ça à bloc, de pouvoir ressortir ces mesures direct même si on nous réveillait en pleine nuit pour nous mettre devant le piano les yeux encore mis clos.
En fait je crois que le plus dur c'est de se mettre en condition à un moment donné pour avoir une folle envie de jouer. L'envie fluctue, elle n'est pas simple à mobiliser si le moment n'est pas optimal. Le genre d'envie qui ne nous donne pas envie d'attendre une seconde de plus avant de jouer la première note, et nous donne envie de partager notre musique dès la première mesure.
Re: Se mettre en condition
Ah ça ! le jour qui fatalement viendra et où tu devras jouer un concerto, faudra pas le faire !Okay a écrit :Pour débuter il y a un truc que j'ai changé récemment et qui semble aider. Avant je prenais beaucoup de temps pour débuter, je fermais les yeux pour me concentrer, rentrer dans la musique, etc. Maintenant, je fais absolument tout le contraire. Le moins de pensées possible, je m'assois et je démarre le plus rapidement que je peux.

"Vivi felice" Domenico Scarlatti,
Re: Se mettre en condition
Mais nan reviens ! Beethoven 4....
Re: Se mettre en condition

Je ne sais plus quel grand pianiste (mais un grand) disait que c'était l'horreur parce qu'il avait ensuite toute l'ouverture pour regretter ce qu'il n'avait pas réussi dans les 4 premières mesures !
"Vivi felice" Domenico Scarlatti,
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Re: Se mettre en condition
ou Rach 2Okay a écrit :Mais nan reviens ! Beethoven 4....

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Re: Se mettre en condition
Bonsoir Caralire
Voilà un sujet qui me préoccupe beaucoup.
Je suis d'accord avec Okay pour dire qu'il ne faut pas trop attendre avant de jouer la première note pour ne pas angoisser plus. Par contre, je crois que seuls les gens habitués à jouer souvent en public sont capables de commencer sans trop réfléchir ou alors très doués comme Okay.
Je suis persuadée que la concentration compte énormément. Je crois qu'il faut éviter de se laisser distraire par les bruits ou les pensées extérieures; Ne penser qu'à la note qu'on joue au moment où on la joue.
Pardon Christof mais ta méthode de se raconter des histoires tout en jouant ne fonctionne pas pour moi au contraire.
Par contre le fait de se chanter la partition ou de l'écouter ça peut aider.
Je crois ausi qu'il faut rester concentré au maximum le jour de la performance, être capable d'oublier les petites choses qui nous contrarient pas facile donc;
Je me rappelle d'un de mes condisciples au conservatoire qui se mettait une radio dans la même pièce pas assez forte pour pouvoir l'écouter vraiment mais suffisemment pour l'entendre. Il se forçait ainsi à ne pas s'en occuper;
Je n'ai pas essayé mais ça doit être une vraie torture.
POur moi un bruit inattendu pendant que je joue peut facilement me déconcentrer pour plusieurs mesures.
Voilà un sujet qui me préoccupe beaucoup.
Je suis d'accord avec Okay pour dire qu'il ne faut pas trop attendre avant de jouer la première note pour ne pas angoisser plus. Par contre, je crois que seuls les gens habitués à jouer souvent en public sont capables de commencer sans trop réfléchir ou alors très doués comme Okay.
Je suis persuadée que la concentration compte énormément. Je crois qu'il faut éviter de se laisser distraire par les bruits ou les pensées extérieures; Ne penser qu'à la note qu'on joue au moment où on la joue.
Pardon Christof mais ta méthode de se raconter des histoires tout en jouant ne fonctionne pas pour moi au contraire.
Par contre le fait de se chanter la partition ou de l'écouter ça peut aider.
Je crois ausi qu'il faut rester concentré au maximum le jour de la performance, être capable d'oublier les petites choses qui nous contrarient pas facile donc;
Je me rappelle d'un de mes condisciples au conservatoire qui se mettait une radio dans la même pièce pas assez forte pour pouvoir l'écouter vraiment mais suffisemment pour l'entendre. Il se forçait ainsi à ne pas s'en occuper;
Je n'ai pas essayé mais ça doit être une vraie torture.
POur moi un bruit inattendu pendant que je joue peut facilement me déconcentrer pour plusieurs mesures.
Re: Se mettre en condition
Okay a écrit :je fais absolument tout le contraire. Le moins de pensées possible,je m'assois et je démarre le plus rapidement que je peux. Après ça dépend surement des gens, mais ce petit temps entre le moment où le siège est réglé et la première note m'est extrêmement anxiogène,
Il me semble qu'un équilibre entre ces deux options dépend du jour, du moment, de l'humeur. Je suis aussi très anxieuse de la petite attente qui précède la première note. Mais se jeter dessus peut amener à oublier de prendre de l'ampleur (je vois le début d'un morceau comme si, au moment de commencer, on devait occuper davantage de volume spatial, même si on commence pianissimo).Christof a écrit :Pour se mettre en condition, il y a aussi le fait de jouer avant à faire comme si c'était le concert. Alors avoir des gens autour de soi, disposer les chaises. Voilà, on est à Beuvray, tu viens d'entendre d'autres pianistes, et maintenant, c'est à toi.
Alors faire le vide, respirer, prendre tout son temps. Se chanter le début intérieurement, pour prendre le bon tempo, faire comme quand on jouait tout en discutant
J'ai l'idée, depuis très longtemps, blague mais pas seulement...d'écrire un traité appelé "comment commencer un morceau..." malheureusement je n'ai que le titre (en passant et HS... j'ai aussi depuis longtemps envie d'écrire une liste de titres tous plus alléchants les uns que les autres, il va de soi que les livres eux-mêmes n'existeraient pas autre part que dans l'imagination du lecteur des titres... J'en ai quelques-uns en collection - que je garderai secrets, droits d'auteur oblige.
Re: Se mettre en condition
Merci pour vos premières réponses,
Abegg63, ton histoire de bruit blanc me fait rire intérieurement, et en fait je tolère très bien le bruit blanc. Voire ça m'aide ! Question d'habitude sans doute. Je m'explique : plusieurs d'entre vous ont déjà remarqué les moineaux qui piaillent sur mes enregistrements et saluent ma faculté de concentration. En fait ils m'aident... tant qu'ils ne me gênent pas physiquement ou qu'ils ne sont pas non plus en train de se disputer ou se battre. Bref, tant que la gêne est légère, je résiste, j'occulte, je m'évade dans la musique. Du coup je vais d'une certaine manière plus loin dans la concentration que dans le silence complet ou pire le silence attentif et respectueux. Dans ces conditions là, j'ai les pensées qui galopent et me déconcentrent bien plus sûrement que du mouvement autour de moi. Alors que quand je lutte contre la gêne de ce bruit, ça ne me déconcentre pas, au contraire ça canalise mes pensées hors sujet.
Pour mon morceau, je soupçonne que ce qui coince c'est un manque de maîtrise : cette main gauche est bien plus compliquée que je ne l'avais projeté, et je n'ai encore jamais fait une version zéro déchet. Je sais pas si j'y arriverai un jour. Du coup je suis gênée pas deux objectifs qui se combattent : que toutes les notes sonnent, et que ça fasse un tapis tout doux et discret.
A propos du temps préalable assis devant le clavier, je suis plutôt du genre à me jeter dans le morceau sans trop attendre non plus : je ne sais pas quoi faire de ces instants supplémentaires, je ne sais pas entrer dans la musique sans le son.
Attention, si vous êtes adeptes de ce temps de concentration, ne lisez pas les petits caractères qui suivent, car ça va ruiner votre temps de concentration pour les 10 prochaines auditions (et pour moi aussi de l'avoir tapé, rassurez vous)
HS-on, en fait, ce temps de concentration, ça me rappelle la messe quand j'étais petite : les gens allaient communier et je suivais les bras croisés, voire plus grade je communiais, et de retour à sa place on restait immobile un peu, l'air recueilli, et puis au bout d'un moment on s'asseyait en attendant que tout le monde soit passé. Et bien pendant ce temps de recueillement, je pensais à tout, et particulièrement à "combien de temps on doit rester comme ça pour que ce soit suffisant ?"... HS-off
Abegg63, ton histoire de bruit blanc me fait rire intérieurement, et en fait je tolère très bien le bruit blanc. Voire ça m'aide ! Question d'habitude sans doute. Je m'explique : plusieurs d'entre vous ont déjà remarqué les moineaux qui piaillent sur mes enregistrements et saluent ma faculté de concentration. En fait ils m'aident... tant qu'ils ne me gênent pas physiquement ou qu'ils ne sont pas non plus en train de se disputer ou se battre. Bref, tant que la gêne est légère, je résiste, j'occulte, je m'évade dans la musique. Du coup je vais d'une certaine manière plus loin dans la concentration que dans le silence complet ou pire le silence attentif et respectueux. Dans ces conditions là, j'ai les pensées qui galopent et me déconcentrent bien plus sûrement que du mouvement autour de moi. Alors que quand je lutte contre la gêne de ce bruit, ça ne me déconcentre pas, au contraire ça canalise mes pensées hors sujet.
Pour mon morceau, je soupçonne que ce qui coince c'est un manque de maîtrise : cette main gauche est bien plus compliquée que je ne l'avais projeté, et je n'ai encore jamais fait une version zéro déchet. Je sais pas si j'y arriverai un jour. Du coup je suis gênée pas deux objectifs qui se combattent : que toutes les notes sonnent, et que ça fasse un tapis tout doux et discret.
A propos du temps préalable assis devant le clavier, je suis plutôt du genre à me jeter dans le morceau sans trop attendre non plus : je ne sais pas quoi faire de ces instants supplémentaires, je ne sais pas entrer dans la musique sans le son.
Attention, si vous êtes adeptes de ce temps de concentration, ne lisez pas les petits caractères qui suivent, car ça va ruiner votre temps de concentration pour les 10 prochaines auditions (et pour moi aussi de l'avoir tapé, rassurez vous)
HS-on, en fait, ce temps de concentration, ça me rappelle la messe quand j'étais petite : les gens allaient communier et je suivais les bras croisés, voire plus grade je communiais, et de retour à sa place on restait immobile un peu, l'air recueilli, et puis au bout d'un moment on s'asseyait en attendant que tout le monde soit passé. Et bien pendant ce temps de recueillement, je pensais à tout, et particulièrement à "combien de temps on doit rester comme ça pour que ce soit suffisant ?"... HS-off
Modifié en dernier par Caralire le jeu. 26 janv., 2017 22:27, modifié 1 fois.
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Re: Se mettre en condition
Mettre au premier rang les personnes pour lesquelles on meurt d'envie de jouer.... Jouer POUR le public. Respirer, donner son souffle, faire entrer le public dans son espace musical et émotionnel.
Sylvie Piano http://courspianocollectif.com/
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Re: Se mettre en condition
Mettre au premier rang les personnes pour lesquelles on meurt d'envie de jouer.... Jouer POUR le public. Respirer, donner son souffle, faire entrer le public dans son espace musical et émotionnel.
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Re: Se mettre en condition
J'aimerais préciser que les bruits susceptibles de me gêner sont des bruits que je n'ai pas l'habitude d'entendre;
Mes voisins qui discutent pendant que je joue j'ai l'habitude;
Je suis allée aujourd'hui jouer chez un ami pour m'habituer à changer de piano il y avait un réveil dans la pièce lorsque je n'étais pas assez concentrée cela m'a gênée, j'ai eu beaucoup de mal à faire comme s'il n'existait pas.
Mes voisins qui discutent pendant que je joue j'ai l'habitude;
Je suis allée aujourd'hui jouer chez un ami pour m'habituer à changer de piano il y avait un réveil dans la pièce lorsque je n'étais pas assez concentrée cela m'a gênée, j'ai eu beaucoup de mal à faire comme s'il n'existait pas.