Lee a écrit :Bon,
Julien s'attarde trop

voilà un fil sur un compositeur avec un cerveau de génie, un coeur de passion, et les mains d'un géant. Pas une question de oui/non mais
comment.
Lee tu as bien fait de ne pas m'attendre, je reviens à peine de mon travail. Je me suis à vrai dire posé cette question hier de la qualité de la musique de Rachmaninov, parce que quand j'ai arrêté mon choix sur l'opus 23 n° 2 il y a un mois maintenant, j'ai tenu à passer en revue tout la musique pour piano seul du compositeur… Et je n'ai pas trouvé tant d'oeuvres que me donnent envie de les travailler.
J'ai découvert Rachmaninov quand j'avais 15 ans à travers le film Shine, qui soit dit au passage en donne une image très spectaculaire, et un peu sulfureuse… Il y'a peu au travail, quand j'ai dit à un collègue que je travaillais du Rachmaninov, il m'a tout de suite cité le film, et ce compositeur qui avait «rendu fou» son interprète par la difficulté de sa musique. La faute au film qui est très elliptique sur les causes réelles de la folie du pianiste. Et puis j'ai ensuite acheté les 4 concertos par Earl Wild et Jascha Horenstein: superbe version qui m'accompagne encore aujourd'hui. Je pense que les concertos sont son chef d'oeuvre.
Je suis d'accord avec Okay sur le moment musical en Si Bémol mineur et son rendu musical si sinueux et fuyant, bien loin du pianiste tout en muscle de beaucoup d'autres oeuvres du compositeur; cette oeuvre me rappelle d'ailleurs l'épisode ou je l'ai découvert. J'étais à un stage d'été à Courchevel dans la classe de Georges Pludermacher. Je joue mon programme tant bien que mal. Le piano était un Steinway assez ancien, peut être un modèle B, mais alors avec une mécanique d'une lourdeur épouvantable: rien ne sortait peut-être la faute à une mauvaise harmonisation. Je lutte pour donner malgré tout le meilleur de moi-même avec mes moyens techniques d'alors.
Puis vient le tour d'une des élèves de Pludermarcher au CNSM qui préparait son entrée en perfectionnement dans ce conservatoire; je tenais à écouter le cours comme c'est d'usage dans ce genre de stages. Elle joue alors la Deuxième Sonate de Chopin à la perfection, puis le fameux prélude. Alors le prof l'arrête pour lui indiquer la façon de faire un rubato dans Rachmaninov. Il se lève pour se mettre au piano avant de préciser: « bien sûr je n'ai pas ta virtuosité, mais bon… Une scène surréaliste pour moi
Je me suis régalé durant tout ce stage d'ailleurs par le niveau de certains candidats.