Qu'est-ce qui est le plus difficile pour un pianiste ?
Une forme de solitude, qui fait à la fois notre force et notre faiblesse. Bien qu'il y ait bien sûr un répertoire de musique de chambre conséquent et magnifique, ce ne sont en général que des formations occasionnelles.
Il manque cette sensation de faire partie d'un groupe, comme ça peut être le cas pour les orchestres ou les ensembles vocaux.
Mais c'est déjà mieux qu'à l'orgue, ou pour le coup c'est un niveau d'isolement bien supérieur
Sinon, ce qui me manque le plus, c'est aussi de ne pas pouvoir emmener mon instrument partout avec moi...
Pourquoi avez-vous commencé le piano ?
Sans raison. Quand on a eu l'âge d'entrer au conservatoire, mes parents nous y ont inscrits, mes soeurs et moi. Simplement, au contraire de mes autres multiples activités d'enfant, je n'ai jamais arrêté celle-là.
Pourquoi le piano ? Parce qu'en fait je faisais de l'orgue, donc il fallait un piano à la maison pour travailler. Et je me suis donc intéressé tout naturellement à l'instrument sur lequel je jouais.
Pourquoi l'orgue à la base ? Aucune idée...
Est-ce que les concours (remplacer par "les concerts publics" si vous voulez) vous font jouez mieux ? Qu'est-ce qu'ils vous apprennent ?
Ca permet de se fixer un but.
Un morceau, on peut le travailler toute sa vie. Les concerts/concours permettent de se fixer un pallier d'aboutissement, et de pouvoir s'y reposer. "Ouf, ça y est, j'ai travaillé ce morceau jusqu'à être capable de le jouer en public. Maintenant je peux me dire que je sais le jouer, et passer à autre chose".
Par ailleurs, c'est quand même la finalité première : on joue pour partager des émotions, pour parler à travers notre instrument. Il n'y a rien de plus triste je trouve, que de travailler longtemps un morceau, pour finalement se dire simplement "voilà, j'ai bien bossé, je le range dans l'armoire". On a besoin de cet accomplissement, psychologiquement ça compte beaucoup même si ça peut être ressenti comme une épreuve.
Qu'est-ce que vous ressentez quand vous jouez ?
Ca dépend de ce que je joue, dans quelle circonstance, pour qui etc...
Chez moi : rien de spécial
En concert : un mélange de plaisir (presque une jubilation, de partager ce que j'aime, j'ai parfois envie de crier "là ! Ecoutez ce passage comme il est beau !") et de peur naturellement. On a toujours peur d'être jugé, et encore plus de porter sur ses épaules le jugement du public vis-à-vis d'une œuvre ou d'un compositeur. Quelle responsabilité énorme !
Comment Chopin doit-il être joué ?
Si seulement ça pouvait se dire avec des mots...
Chopin est ombre et lumière, plus qu'aucun autre compositeur je trouve. Une sorte de clair-obscur permanent, mais toujours très équilibré. Malgré cela, c'est une musique qui, comme Mozart, doit paraître simple et naturelle pour toucher au cœur.
Chopin ne fait jamais de détour.