BluePhoenix05 a écrit :j'ai aussi du mal à adhérer aux interprétations "mystiques" (dont je me passe bien) de la musique de Scriabine . Personnellement je peux percevoir dans sa musique selon les oeuvres un côté nébuleux, terrifié/terrifiant, introspectif/introverti, pensif, de la noirceur, etc. Quand on joue de façon trop "mystique", j'ai l'impression que ça devient du charabia.
Je suis assez d'accord, et généralement j'évite de me polluer avec ça. Il y a quelques temps ça me mettait un peu mal à l'aise, notamment pour les oeuvres d'inspiration explicitement religieuse de Liszt ou Messiaen que tu cites. Mais je refuse de m'embarrasser avec ça. Ca n'empêche pas d'appréhender la musique pour ce qu'elle est, et il y a déjà bien assez à faire comme ça.
Une reserve cependant. On parle d'oeuvres inspirées par la foi chrétienne ou par certaines idées spirituelles non attachées à une religion. Je pense que lorsqu'on a aucun lien personnel avec ces univers, ça rend les choses infiniment plus simples à considérer, je veux dire, on peut s'en tenir sans mal au seul contenu musical. Je peux cependant imaginer qu'il en serait autrement si j'étais de foi chrétienne ou
(le seul) adpete de la secte Scriabinienne

Bref, si l'univers de l'Eglise signifie beaucoup de choses pour l'interprète, je pense que la neutralité lui est presque impossible.
Chaque religion suit ses rites, desquels on peut difficilement dissocier la musique. Il peut aussi y avoir un certain folklore qui gravite autour, et ceci n'est pas neutre si l'interprète en est personnellement proche culturellement ou spirituellement.
Je pense irresistiblement à la quasi identification de Bernstein à Mahler, dont les racines culturelles et religieuses communes y sont pour beaucoup. Dans un essai que je recommende vivement (thèses très audacieuses mais confondantes), il
évoque de manière poignante tous les conflits religieux du compositeur et plein d'exemples tirés d'oeuvre, notamment un lied peignant la famine dans un guetto du début du siècle ou le thème yiddish de la première symphonie ... lorsqu'il dirige cette musique, c'est complètement habité par ces considérations extra musicales.