Séparer la sphère de la scène pour la repenser

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Okay
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Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par Okay »

Bonjour,

Ayant cette année quelques occasions de jouer en public, je réfléchis/lis/teste beaucoup de choses concernant la dimension psychologique de cet exercice, qui est au moins aussi importante que les aspects strictement musicaux et pianistiques. J’aurais pu poster dans le fil sur le trac, mais cette réflexion a également sa place en dehors de tout trac (même si ça devient critique quand ce dernier s’en mêle). Je créé aussi ce fil, car tout ceci remet profondément en question concernant la scène tout ce que j’ai pu raconter et penser sur l’équilibre entre jeu conscientisé et spontané (il y a eu un fil avec une analogie informatique, où j’ai parlé de mode compilé).

Parmi toutes les pistes sur lesquelles je planche, j'ai récemment pris conscience d'une chose qui est nouvelle pour moi, et que Trifonov a très clairement explicitée dans le documentaire d'Arte d'hier (ça semblait évident pour lui). Dans l’interview, on lui rappelle qu’il a un jour fait un parallèle entre la scène et le surf. Il explique que sur scène, il est très important de se laisser complètement porter par la vague de la musique qu’on joue, qu’il ne faut pas essayer d’y résister. De la même façon qu’un surfer doit prendre la vague qui s’impose à lui s’il veut rester debout. Il ajoute au passage que c’est à cela qu’on reconnaît immédiatement les artistes authentiques, car les autres suivent une vague qui vient surtout d’eux-mêmes, plutôt que simplement suivre celle de la musique (cela n’empêche évidemment pas de jouer authentiquement et avec personnalité).
Un peu plus loin (c'est le point crucial), il précise que c’est vraiment une attitude qui est propre et indispensable à la scène. Alors que lorsqu’il travaille, il est plutôt dans une disposition de recherche et de contrôle qui est très différente, il n’y a pas du tout de vague à suivre à ce moment là. Ceci m’a ramené à un problème dont je n’avais pas conscience jusqu’alors : lorsque je suis sur scène, j’ai tendance à vouloir essayer de prolonger cet état mental qui m’est familier lorsque je joue seul, qui lui-même prolonge l’état mental de la phase de travail. C’est à mon avis une erreur terrible (la mienne en tout cas). La scène c’est complètement autre chose, c’est comme ça, il ne faut pas s’attendre à retrouver les sensations et attitudes familières et surtout ne pas tenter de les poursuivre pour se rassurer. Il faut accepter de plonger, de pleinement renoncer à au cadre qu’on connaît bien, dans lequel on cherche à contrôler tant de choses. Sinon on ne peut pas surfer avec naturel sur la vague du discours de l’œuvre, et on se met en danger malgré nous. La solution est évidemment de pouvoir jouer sur scène souvent, pour que ce monde là devienne tout aussi familier. Mais ça reste un monde séparé, différent, avec sa propre vie, c'est une toute autre planète.

Autre découverte, qui provient des neurosciences. On pense maintenant (les psychologues cognitifs) que la plupart de nos décisions conscientes ne font que valider par un mécanisme fastidieux une décision que l’inconscient a déjà fermement prise. Lorsqu'on rencontre quelqu'un pour la première fois, on se ferait malgré nous un avis tranché en une fraction de seconde lors de la première impression, et seulement plus tard, on construit toute une série de raisons qui vont généralement ne faire que corroborer l'impression immédiate et inconsciente. Cet argument tend à rendre inutile toute tentative de contrôler ce qu’on joue sur scène puisqu’on aurait de toute façon fait tout aussi bien que ce à quoi on essaie de penser à ce moment. Sauf que rappeler la conscience à son secours (même pour des vérifications), en plus d'être inutile, rapporte en plus une source de danger dont on se passerait bien.

Comment y parvenir ? Voilà ma toute dernière découverte, qui reste encore à tester. Il semble que le fond du problème (à nouveau le mien) soit un dialogue intérieur trop présent qui peut faire émerger certains doutes (parfois inédits), qui en plus du danger créé à cette occasion, me privent autant qu'au le public de la fameuse vague. Le changement de paradigme que je veux mettre en pratique est de passer d’une disposition où je suis fermé dans ma bulle vers une disposition où je cherche à partager au public ce que j’ai à dire. Abandonner la bulle donc, qui agirait comme une espèce de cocote minute à penser plutôt que comme une protection, pour se mettre volontairement en danger et arriver à être psychologiquement libre et puissant sur scène.

La grande interrogation est donc de savoir si (de manière contre-intuitive) il faut vraiment consentir à abandonner tous ses repères de travail sur scène, en conférant à la scène le statut d'un monde qui n’a rien en commun avec nos habitudes sans public, un monde où le fil conducteur est la vague propre à l'oeuvre qu'on va partager. Et si oui, est-ce que la rupture délibérée du lien seul/public consiste réellement en un changement de focalisation, passant du monde intérieur de la bulle vers l’ouverture à l'extérieur, faisant passer au premier plan le désir de partage direct avec le public.
Modifié en dernier par Okay le lun. 19 mai, 2014 13:17, modifié 3 fois.
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Oupsi
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par Oupsi »

Très intéressantes réflexions.
Les très rares fois où j'ai joué à peu près bien en public, j'ai senti avec acuité l'écoute des gens pour qui je jouais. J'ai senti cela comme quelque chose d'absolument "porteur". Je n'étais plus dans ma bulle. Je ne suis jamais arrivée à ressentir cela sur tout un morceau! Mais déjà, le fait de l'avoir ressenti, même si c'est de manière fragmentaire ou sporadique, me fait penser que tu as raison.
Ce qui est difficile c'est comment se fait la connexion. Pour quelqu'un qui commence à jouer en public, il y a un temps plus ou moins long où l'on se scinde en deux, il y a celui qui joue, et plus haut une sorte de personnage qui communique avec ce jeu (en mode contrôle, ou en mode jugement) et avec le public (c'est le pianiste qui commente dans sa tête, parfois même avec ses mimiques, et là évidemment il y a perte d'unité et donc perte artistique et épuisement). Ça on en a déjà beaucoup parlé.

J'en suis venue à penser que la connexion hors de la bulle, quand elle se produit de manière favorable, est une disposition au don. Ce terme peut paraître moralisant, mais c'est ce que j'ai senti. On donne, pleinement; le public donne aussi une qualité d'écoute. Il y a rencontre entre les deux, et transfert d'énergie en quelque sorte. D'où la joie que ça donne.

Pour donner, il faut bien lâcher ce qu'on a dans la main! On en peut pas donner et garder en même temps. Pour moi c'est une grande difficulté. D'abord à cause de cette détestable vanité qui fait que je m'identifie à ce que je joue; ensuite parce que le mouvement de la beauté musicale a pour nature de passer, et non de rester, et c'est peut-être pour moi le plus difficile à vivre, être dans ce mouvement en tant que mouvement. Finalement, ça s'achève dans le silence. C'est passé.

edit: j'ajoute que j'ai une autre expérience de la scène, puisque je fais du théâtre amateur. Je peux dire que là aussi il faut lâcher prise, mais la connexion se fait beaucoup plus facilement: soit on a des partenaires, et alors là le transfert d'énergie don/contre don se produit avec ses partenaires; soit on joue un monologue et là le public est vraiment là, je les sens très précisément, mais il ne me fait pas peur, c'est un moteur d'énergie incroyable, je suis capable d'aller les chercher en quelque sorte phrase par phrase. Mais on reste dans un registre langage devant langage; on ne parle pas une autre langue que ceux qui vous écoutent. Au piano, la solitude est immense, déjà parce que la musique ne se déploie pas de la même manière dans l'esprit de celui qui joue et de celui qui écoute. C'est très surprenant. J'ai mis des années à me rendre compte d'à quel point cette solitude devant le clavier, avec un public derrière, a quelque chose d'inhumain; on a tendance à "remplir' ce vide avec des mots, et les mots ne sont pas la musique; d'où la perte de repères, la sensation d'être complètement à nu, l'appel disparate à toutes sortes de "protections" comme tu le dis très bien, qui sont autant d'encombrements.

Parce que c'est un don, mais en même temps un don sans réel accusé de réception; il suffit d'écouter les commentaires du public à l'issue d'un concert pour se dire que le don est parti je ne sais où, sa transformation en mots relève de malentendus plus ou moins affligeants; ce n'est pas que le public n'a pas compris, c'est que, comme je le disais avant... c'est passé.
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Okay
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par Okay »

C'est fort, car j'ai initialement terminé mon message par le mot de "don", que j'ai même écrit entre guillemets. Puis j'ignore pourquoi, mais je me suis censuré (une fois de plus). Peut-être parce que c'est ce qui me fait le plus peur, et parce que je sais au fond de moi souffrir d'un certain egoïsme devant le clavier, alors que ce fameux don est la chose la plus importante pour franchir les barrières dont on parle et reparle. J'en suis de plus en plus convaincu. Merci de l'avoir ramené sur le devant de la scène, si j'ose dire.

Oui, il y a une solitude devant le clavier, mais pour moi le prinipal écueil de cette condition est de tomber dans une attitude introspective qui conduit à une disposition égocentrée.
Ensuite, si l'on souhaite réellement donner, rechercher l'accusé de récéption comme tu dis est le prochain écueil qui va se présenter. Il nous indique que nous donnons mal, car cette attente présuppose une dépendance au retour de notre don. Celà révèle simplement que ce don n'est pas un vrai don, puisqu'on donne alors pour recevoir, pour récupérer quelque chose soi-même. Retour à la case départ. Je pense que le vrai don se traduit par une sorte de trop plein qui doit jaillir auprès du public, qu'il y ait échange ou pas, puisqu'un don par définition est à sens unique. Je dirais que c'est une générosité qui nous est nécessaire, ce qui nous renvoie à ton observation sur le don de donner.
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JPS1827
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par JPS1827 »

Tout ce que tu dis me paraît tout à fait vrai et bien exprimé. Et très bien développé par Oupsi. Pour moi le vrai problème est d arriver à trouver une sorte d interrupteur qui me fait passer dans la sphère du partage de quelque chose avec le public. Je ne saisis pas d ou vient le fait de se retrouver dans le doute, avec le piano comme un ennemi, impression qui s est aggravée avec l âge. Mais l idée de base est la : arriver sur scène en pensant qu on va faire partager une belle musique au public et s attendre à des vagues imprévues sur lesquelles il faudra surfer effectivement. Actuellement j arrive à me mettre dans cette disposition une fois sur 8 a peu près. C est quelque chose qu on ne nous a jamais enseigné.
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Oupsi
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par Oupsi »

Hier soir en rentrant d'un joli concert dans une église j'ai écouté Lorenzo Soulès dans une émission intéressante où il parle un peu de cela, les trous de mémoire, le pianiste "humain", l'émotion, comment vivre avec et sans carapace (un artiste a affaire à ça tout le temps).
http://www.francemusique.fr/emission/le ... 2014-12-41
A un moment il a parlé d'un concert où il a été profondément ému. C'était une cantate de Bach extrêmement austère et magnifique. Rien qu'en en parlant, sa voix s'est brisée, l'émotion est revenue en lui intacte.
Puis il parle de la nécessité vitale de se défaire de la carapace, tout en sachant la remettre à bon escient car sinon c'est la folie qui guette, bien sûr.

Donc, il n'y a pas accusé de réception, disons socialement, soit; mais quand même, artistiquement (comment expliquer ça? dans le secret des âmes? en tout cas d'individu à individu), il arrive heureusement qu'on touche, et qu'on soit touché (par la grâce, par la beauté, par l'effroi, par le vertige, par tout ce qu'il y a dans le morceau) et là chez certains individus, la trace est profonde (c'est l'éveil d'une vocation chez un enfant, ce sont des larmes chez certaines personnes, ou encore c'est quelqu'un qui se lève, abasourdi en plein milieu d'une symphonie, incapable de rester assis; c'est le souffle retenu de personnes qui n'osent presque plus respirer tellement elles sont émues).
Ce registre fait un peu peur dans ce qu'il a de mouvant; cela échappe au contrôle, ça ne se réveille pas à la commande, mais la musique est bien la cathédrale vivante de cette expérience. Quand on est sur scène, c'est cela qu'on veut, ardemment. Mais il n'y a plus, dans le présent de la scène, de lien qu'on puisse contrôler entre tout le travail qu'on a fait au préalable et la probabilité que cela ait lieu. Soulès disait, au concert on invente à chaque fois. Cette part d'invention est sans doute la marge que nombre d'entre nous n'atteindrons que par intermittence, mais elle vaut la peine d'être désirée car quand ça arrive, c'est quand même grand!
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Okay
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par Okay »

Je pense que de très rares profs pourraient enseigner ça, car il faudrait qu'ils aient une solide expérience de scène, et qu'ils aient en plus pris du recul pour en tirer la quintessence après une vraie réflexion sur le sujet. Ca fait beaucoup. Finalement, ce n’est peut-être pas auprès des pianistes, ni même auprès des musiciens qu’on peut le mieux apprendre tout ça. Oupsi me fait penser que les comédiens ont sans doute plus à dire sur le sujet, tant la scène est intégrée à leur art (bien plus que pour les musiciens).

Oui, l’idée de base est exactement celle que tu énonces. Ca résume toute ma diatribe.
Tu parles aussi d’un interrupteur. Je ne sais pas si j’ai trouvé le mien, mais en me poussant dans mes retranchements, j’ai probablement trouvé ce qui peut bloquer. J’ai du sincèrement interroger ma motivation à monter sur scène, pour découvrir que je ne voulais pas vraiment m’effacer personnellement derrière ce que j’avais envie de partager. Pour transformer la peur d'affronter le public à l'envie de lui offrir la musique, il faut accepter de se faire passer au second plan. Et jusqu’à présent je l’ignorais. C’est un constat qui m’inspire certaines remises en question, ce genre de prise de conscience peut créer un déclic.
Je pense que c’est impossible si sur scène, désirer partager sa musique n’est pas beaucoup plus important que désirer être exigent envers soi-même. L’exigence est formidable, mais elle n’appartient qu’à la sphère du travail. Je n’y suis pas encore mais j’y travaille…

edit : j'ai posté avant de voir ton message Oupsi.
Jean-Luc
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par Jean-Luc »

C'est effectivement une très intéressante réflexion. Mais tes propos, Okay, me font terriblement peur... :shock: Je trouve que cette prise de de risque comme surfer sur une vague est très effrayante. Aussi le fait de ne plus être dans sa bulle, j'ai déjà tant de mal à y entrer parfois, si bien que je me déconcentre facilement.

D'expérience, les fois où je "suis content de moi" après une exécution publique (au passage, c'est terrible ce mot "exécution"... :mrgreen: ), c'est que j'étais en effet disposé à partager de la musique face à un auditoire attentif, et là je rejoins complètement Oupsi. Mais si je dois me remémorer ces instants, j'étais vraiment dans une espèce de bulle, presque déconnecté du monde réél, et n'étais disponible que pour la musique, en étant extrêmement concentré. En revanche, je ne cherche pas à jouer exactement comme à la maison, je cherche à produire la chose la plus musicale qui soit selon mes moyens techniques, et ma capacité d'écoute sur le moment. Je m'adapte constamment au son du piano, à son toucher (enfn j'essaie). Il m'arrive de changer la pédale aussi, sans que je m'en apercoive sur l'instant, mais en y repensant après coup "tiens, tu n'as pas mis de pédale à cet endroit...!" Et c'est là que le doute m'envahit : ma performance était-elle aussi bien que dans mon ressenti? En principe jamais, si j'ai l'a (mal)chance d'écouter un enregistrement.

Parfois en plein milieu d'un morceau, il y a des surprises; lorsqu'elles sont mauvaises cela me déstabilise moins que lorsqu'elles sont bonnes. J'ai sans doute peur de gâcher le bel effet par la phrase qui suit. Ca m'est arrivé dans les Cloches de Genève il n'y a pas si longtemps. Ca sonnait tellement mieux que chez moi, que ça m'a presque déconcentré l'espace d'une demi-seconde, mais je me suis repris tout de suite. Il faut dire que cette musique porte assez facilement par son extrême lyrisme.

Parfois tout se passe merveilleusement bien, et ce n'est qu'à la dernière note du morceau que je "reviens sur terre".

Donc pas de bulle, mais une protection, c'est une façon de voir les choses. C'est juste complètement psychologique. C'est une bulle pour me protéger, mais surtout pas pour m'isoler de l'auditoire.
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Moderato Cantabile
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par Moderato Cantabile »

Okay , c'est toujours un plaisir pour moi de te lire car je te trouve toujours très clair et très juste dans ta façon de t'exprimer.
Je n'ai vu que la fin de l'émission d'Arte hier et ce qui m'a frappée c'est la façon dont Trifonov transpire pendant ses concerts . C'est vraiment effrayant de voir la pluie de gouttes de sueur dont il inonde ses mains , le clavier et ses vêtements et je me disais que c'était un handicap supplémentaire bien inutile .... Les joueurs de tennis mettent des bandeaux ou des bracelets en éponge pour s'essuyer le front mais lui rien ! Rien que ses mêches détrempées qui dégoulinent dans ses yeux et ce costume à la cravate serrée qui doit lui tenir encore plus chaud sous le feu des projecteurs. Et j'étais étonnée de voir que cela ne semblait pas le gêner ...
Pourquoi ? Et bien sans doute parce qu'il est si totalement absorbé par sa musique qu'il ne se rend plus compte de quoi que ce soit d'autre . Et cela rejoint ce qui se disait dans le fil sur le trac : une concentration totale est sans doute le seul moyen de traverser l'épreuve sans dommages.
Par ailleurs ce que tu dis dans ton dernier paragraphe au sujet du don me parait très juste : un don par définition n'attend pas de retour et je crois que l'on peut se produire pour un public sans avoir à se préoccuper du déroulement du partage ou de la façon dont il est reçu.
Il me semble que c'est d'être trop tendu vers le public qui occasionne le stress : le cerveau préoccupé à la fois par la mise en scène de la prestation et par la réception perçue ou supposée de l'auditoire, ne se concentre plus assez sur la musique et le musicien n'arrive plus à donner sa pleine mesure.
Je crois que le concept de la bulle tel que tu le présentes, n'est pas une bonne idée : en fait, on n'est pas enfermé dans sa bulle parce qu'on joue seul chez soi , on est dans sa bulle parce qu'on est immergé dans la musique.
Chez moi , je joue souvent à l'intention de gens que j'aime et qui ne sont pas là , je joue parfois en me figurant la présence d'un public et d'autres fois je suis vraiment seule avec le compositeur et sa musique qui me parle et me porte.
Donc dire : on joue seul chez soi et on est dans sa bulle mais on ne peut pas le reproduire en concert , 1 parce que la bulle va craquer, 2 parce que si l'on reste dans sa bulle , il n' y aura pas de partage, me parait un faux débat. Une bulle est mouvante , elle se forme et se déforme , elle peut supporter la pression extérieure , elle n'est pas rigide , uniforme et peut donc très bien être importée et déformée dans la salle de concert sans conséquences néfastes.
Les meilleurs concertistes sont souvent ceux qui ne donnent pas l'impression de vouloir beaucoup communiquer avec leur auditoire. Ceux qui sont totalement absorbés et portés par leur musique (la vague dont parle Trifonov ?) sont en général les vrais "passeurs" de musique.
Alors certes , le public appréciera un pianiste détendu , ouvert , souriant , pour sa proximité mais un musicien peut-être plus distant mais plus inspiré aura la faveur des vrais mélomanes.
Pour en revenir au don , il y a dans les évangiles une phrase qui dit "que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite" , assurément à ne pas prendre au pied de la lettre pour un pianiste ;-)), mais très utile quand même : vas-y avec un vrai désir de partage mais une fois sur place donne sans y penser , laisse la musique chanter à travers toi et concentre-toi sur elle uniquement. Le reste se fera tout seul .....
"Il faut que cela soit si gai , si gai , que l'on ait envie de fondre en larmes ."
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Oupsi
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par Oupsi »

Okay a écrit :Je pense que de très rares profs pourraient enseigner ça, car il faudrait qu'ils aient une solide expérience de scène, et qu'ils aient en plus pris du recul pour en tirer la quintessence après une vraie réflexion sur le sujet. Ca fait beaucoup.
Une des choses que j'apprécie de mon professeur est sa capacité très généreuse de m'écouter et de parler avec moi de ce type d'expériences, d'égal à égal si je peux dire (la première fois je n'en croyais pas mes oreilles); je m'aperçois que c'est assez rare. Je ne sais pas s'il y a vraiment un enseignement sur ces questions; il y a le temps qu'on peut prendre avec son professeur pour prendre conscience des aspects les plus personnels de ce qu'on fait et de ce qu'on veut au piano; en termes de dialogue, ça peut représenter trois phrases dites au bon moment pendant un cours, qui vont ensuite fructifier dans la recherche personnelle. Mais l'essentiel c'est la capacité qu'on a, de soi à soi, à affronter l'espèce de vérité intime de cette recherche, comme tu le fais Okay en ce moment, et d'accepter que ce n'est pas évaluable immédiatement, ni très agréable toujours, c'est une autre échelle; c'est comme tenir une sorte de journal de bord d'une transformation personnelle où l'on ne sait pas très bien ce qui est "vrai" et ce qui est "encore une illusion de plus", mais avec le temps quelque chose se simplifie et s'étoffe en même temps, ça s'entend chez un musicien.
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Moderato Cantabile
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par Moderato Cantabile »

JPS : tu ne mérites vraiment pas ça ! Ni le doute , ni le piano comme ennemi , ni même l'excuse de l'âge ! :wink:
Tes possibilités sont infinies , tu ne devrais jamais douter de toi . :D
"Il faut que cela soit si gai , si gai , que l'on ait envie de fondre en larmes ."
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Okay
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par Okay »

Jean-Luc et Moderato Cantabile, vous faites très bien de me reprendre sur l’idée de la bulle. Je parlais de ma bulle à moi, qui est à mon avis néfaste, mais ça ne se généralise pas. C’est celle qui peut parfois m’enfermer dans le mauvais sens du terme, dans laquelle on est tellement centré sur soi et ce qu’on fait, que non seulement on oublie le public, mais surtout on oublie qu’on est là sur scène pour lui transmettre quelque chose (c'est très différent, et problématique pour le coup). En fait, c’est une bulle tellement opaque, qu’on se retrouve là davantage pour soi que pour le public.
Arriver à surfer sur la vague au point d’en oublier la présence du public est le plus beau cadeau qu’on puisse lui faire, finalement. Et pour réussir ça il faut bien se trouver dans une sorte de bulle, transparente cette fois.

Oui, je me suis fait exactement la même remarque sur ses suées. Apparemment c’était en Italie en plein été, j’ai compati puis ai vite vu qu’il n’était pas gêné le moins du monde. C’est vrai que sur scène, il est transporté par sa musique, la Terre peut s’arrêter de tourner. Son (ancien ?) prof, qui parlait au début, insistait beaucoup sur l’amour immodéré qu’il avait pour la musique qu’il joue, ça l’avait vraiment frappé lorsqu’il l’a entendu pour la première fois.
Mais je pense qu’une fois dehors, il a du apprécier la douche et la climatisation à l’hôtel.
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dominique
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par dominique »

Merci Okay pour ce sujet.
Oui, bien sûr, il faut lâcher prise. Mais tout comme le surfeur, il faut avoir une grande conscience de son équilibre, et comment réagir pour le maintenir, pour éviter la chute. Comme un conducteur en pleine vitesse, il faut avoir des réactions très fines et très précises pour continuer à contrôler le lâché prise. Il faut donc renforcer la pensée musicale de l'oeuvre, comme un chef d'orchestre, dans tous les détails mais aussi dans la vue d'ensemble, et travailler sa technique, c'est à dire sa connaissance de son corps et de ses mouvements, et les sensations des bouts des doigts qui renvoient en temps réel et très rapidement, en allers-retours incessants, toutes les informations au cerveau.
Et c'est en situation que le travail se fait.
A ce sujet, François Dumont me disait quand je lui parlais de mes difficultés avec le lâché prise et lui demandais comment il faisait, il m'a répondu que ce n'était que par expérience : "Mais je joue plusieurs fois par semaine en public !".
caminante, no hay camino, se hace camino al andar.
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Okay
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par Okay »

Je me suis longtemps dit que la clé était dans l'art de contrôler le lâcher-prise comme tu dis. Ca me semblait être un Graal. Cependant, j'ai l'impression que c'est ça qu'il faut repenser, que ces 2 notions (contrôle et lâcher-prise) ne savent pas cohabiter (chez moi du moins) : dès l'instant où l'on est dans le contrôle quel qu'il soit, finalement on ne lâche plus vraiment prise. C'est un peu exploratoire tout ça encore, et je chahute volontairement mes convictions en ce moment, car je pense que j'ai trop longtemps insisté dans la mauvaise voie.

Le point de l'expérience et d'une grosse fréquence de scène, c'est absolument clé. C'est ce qui fait la différence, et Dumont a parfaitement raison de mettre ça en avant. Dans la même veine, j'ai un jour entendu Chamayou de parler de "reflexes de survie". C'est intéressant, car il situe les choses dans le domaine du reflexe, qu'il confiait ne pas posséder ça à ce degré au début de sa carrière. C'est à force de jouer en public que ça s'est mis en place. Mais les reflexes ne sont pas du contrôle. Ce sont de petits mécanismes automatiques qui nous sauvent la mise malgré nous.
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par Jean-Luc »

La notion que tu décris Dominique, sur l'équilibre lâche prise / contrôle est la clé à mon avis. C'est très difficile de trouver cet équilibre, et les rares fois où cela m'est arrivé, c'est presque comme un état de grâce... :mrgreen:

Par ailleurs, je pense que pour atteindre cette quasi-plénitude dans le jeu il y a plusieurs facteurs :
- il faut avoir beaucoup travaillé pour se défaire de la technique et des doigtés, c'est-à-dire ne plus penser "consciemment" à ces problèmes bassement matérialistes :wink:
- il faut être disposé à la fois mentalement et physiquement, c'est-à-dire reposé et calme, avec suffisamment d'adrénaline pour y aller (avoir bien dormi la semaine qui précède, avec des repas équilibrés et à heures fixes, si possible faire de longues promenades en pensant à son programme).
Cette hygiène de vie permettra moins de stress, et surtout une meilleure concentration et une bonne écoute de ce qu'on fait sur le moment. La fatigue mentale et/ou psychique peut ruiner tout ça.
- il faut s'entraîner beaucoup à jouer en public, c'est la meilleure façon de se tester en quelques sortes. Ce n'est pas toujours possible pour un amateur comme moi de le faire souvent avant un événement important, mais on peut trouver des subterfuges qui peuvent nous mettre en condition.

Il y a un truc que je fais souvent chez moi, c'est que je m'imagine en train de jouer en public. J'imagine un lieu, une lumière, une atmosphère. Un peu comme disait Chopin "Jouez toujours comme si vous étiez devant votre professeur". Ca n'a l'air de rien, mais lorsqu'on y croit, il y a un mini-stress qui survient comme par hasard...

Bref, c'est une question d'hygiène de vie, d'entraînement et de disposition mentale et physique. Pas simple d'être pianiste... 8)
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JPS1827
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par JPS1827 »

Merci Moderato Cantabile pour ton gentil message. Mais Okay soulève un vrai problème qu'on peut formuler autrement : il y a les possibilités qu'on a d'une part, et ce qu'on est capable de faire avec d'autre part.
Quand je parle de l'enseignement, je pense qu'il est assez délétère sur ce point. j'ai eu, par rapport à l'époque de mes années d'apprentissage, un enseignement qui était excellent pour un pays comme la France (on ne connaissait pas du tout à l'époque les méthodes des russes). mais je n'ai jamais été formé à donner des concerts. j'ai passé toute mon enfance et mon jeune âge adulte à passer des concours (un très grand nombre en fait, ça a commencé dès l'âge de 7 ans avec le Royaume de la musique), à jouer pour un jury, dans l'idée d'être jugé (avec en corollaire un nombre incroyable de pensées parasites, qui restaient parasites car je n'arrivais pas à autonomiser toutes ces recommandations : "surtout ne pas ralentir ici, ne pas prendre son temps là, alors que j'aurais bien pris mon temps, jouer ce passage sans pédale, alors que j'en aurais bien mis un peu, ou au contraire garder la pédale toutes la mesure, alors que je l'aurais bien changée un peu, être rigoureusement en mesure ici, etc.). Bref le piano m'a été enseigné bien plus comme une activité de maîtrise dans laquelle il y avait toute une signalisation à respecter, que comme une occasion de s'exprimer artistiquement, avec bien entendu tout l'élitisme qui va avec. Bien entendu, ça ne m'a pas empêché d'exprimer des choses, mais dans un registre qui restait assez monomorphe. C'est quand il a fallu prendre du large, élargir son répertoire, rejoindre des modes expressifs moins spontanés et qui ne s'accordaient pas forcément avec tout ce à quoi j'ai tendance à me contraindre, que les choses sont devenues compliquées. En quelque sorte, jouer pour un jury faisait que partager quelque chose avec un public était une sorte de cerise sur le gâteau et que ça se faisait à mon insu. Se débarrasser de l'idée de "maîtriser quelque chose" avant tout n'est pas si facile, et c'est une des raisons pour lesquelles je suis devenu tellement méfiant par rapport à toute position "scholastique" sur l'interprétation en général.
Le problème c'est que quand on lâche prise, on s'expose plus, et qu'on y a est pas toujours prêt.
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JPS1827
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par JPS1827 »

Jean-Luc a écrit :Il y a un truc que je fais souvent chez moi, c'est que je m'imagine en train de jouer en public. J'imagine un lieu, une lumière, une atmosphère. Un peu comme disait Chopin "Jouez toujours comme si vous étiez devant votre professeur". Ca n'a l'air de rien, mais lorsqu'on y croit, il y a un mini-stress qui survient comme par hasard...

Bref, c'est une question d'hygiène de vie, d'entraînement et de disposition mentale et physique. Pas simple d'être pianiste... 8)
Ou, ça marche très bien, ça, je m'y suis mis assez récemment.
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par nox »

Je vais vous dire un truc horrible (c'est lundi, c'est gratuit) : pensez-vous vraiment que cette analyse et la recherche de solution à ce problème apporte quelque chose ?
Ne pensez-vous pas que les bons pianistes sont justement ceux qui ne se sont jamais posé autant de questions, et qui soit n'ont même pas conscience de ce problème, soit le compensent par une technique et une musicalité hors du commun (qui même diminués de 50% à cause de la présence du public, restent remarquables).

Je crains que dans notre cas, la seule voie réaliste soit de jouer en public autant que possible, en restant fort face aux inévitables vautrages dans un premier temps, et de faire une croix sur un répertoire étendu (il faut prendre le temps de rôder longtemps chaque pièce)...

Pour ma part, je me refuse à cette introspection. J'ai peur, en me posant trop de questions, de casser une mécanique qui pour l'instant ne tourne pas si mal. Un peu comme une personne se mettant à réfléchir lorsqu'elle descend les marches d'un escalier deux-à-deux...
Par ailleurs, j'ai peur aussi de ce que ça peut devenir tout ça. Je veux "juste" jouer du piano, et j'y prends du plaisir justement parce que quand je suis au piano, tout me parait plus simple, c'est ma bulle d'oxygène quotidienne.

Bref : faut-il réellement se poser ces questions ?
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par JPS1827 »

nox a écrit :Je crains que dans notre cas, la seule voie réaliste soit de jouer en public autant que possible, en restant fort face aux inévitables vautrages dans un premier temps, et de faire une croix sur un répertoire étendu (il faut prendre le temps de rôder longtemps chaque pièce)...
Là dessus, tu as raison à mon avis, mais je ne vois pas pourquoi ça empêcherait de discuter un peu :)
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par dominique »

Jean-Luc a écrit :.................... Un peu comme disait Chopin "Jouez toujours comme si vous étiez devant votre professeur".......................
C'est plutôt un conseil de Schumann ! Dans les conseils aux jeunes pianistes traduits en français par Liszt.

Maintenant, pour développer sa capacité au contrôle dans le lâcher prise, je ne connais que toutes les techniques qui font développer la conscience du corps, la kinesthésie, à savoir :
La sophrologie, la technique feldenkrais, les kinés spécialistes, les arts orientaux comme le yoga, et surtout le Qi Gong.
caminante, no hay camino, se hace camino al andar.
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Re: Séparer la sphère de la scène pour la repenser

Message par BluePhoenix05 »

Je suis d'accord avec nox (ouh là on doit avoir un problème, c'est à cause du soleil ?), mais on est peut-être en décalage avec le fonds de la discussion.

Je me suis toujours dit que je faisais du piano pour moi-même, pour mon propre plaisir. Puis petit à petit vient le curieux désir de ne pas jouer que pour soi-même, de s'exprimer devant quelqu'un et d'être écouté. Cela conduit naturellement à accueillir la scène et profiter du temps d'attention disponible donné par le public (on se dit toujours qu'on ne le mérite pas :roll: ) pour lui faire entendre quelque chose d'intéressant, avec l'envie de s'exposer à nu habillé de l'oeuvre jouée (pas de blagues svp :mrgreen: ). On "cède" au public, en croyant vraiment à ce que l'on joue/dit (je suis peut-être trop naïf).

Ca n'efface pas le stress de la représentation musicale, mais on alors a tendance à chercher à se préparer du mieux possible (travail sur les oeuvres) pour y rémédier.
(J'essaie du mieux possible de raccrocher à la discussion, mais je suis pas sûr d'avoir saisi tous les questionnements)
Quelques traductions de poèmes chinois à ma sauce
https://www.instagram.com/penseesaupinceau
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