On peut bien sûr avoir des avis différents sur la question. A mon avis, la quête de l'absolu est illusoire en musique car on ne peut atteindre la perfection dans une pratique de l'instant, ou alors une perfection qu'on dira "satisfaisante", "raisonnable" et ponctuelle. Dans l'interprétation, la question ne se pose même pas. Dans la composition, à peine plus étant donné qu'une composition évolue à travers le prisme déformant du temps et des goûts des générations successives (je ne m'étale pas là-dessus, beaucoup ne seront pas d'accord avec ça et écoute d'ailleurs tous et autant qu'ils le peuvent du Guillaume de Machaut

).
Certains grands artistes courent après ce désir de perfection. Bien sûr, on peut s'en rapprocher de plus en plus, d'autant plus à haut niveau, mais c'est une quête qu'il faut aborder avec sagesse et un certain recul si on ne veut pas vivre dans l'insatisfaction permanente et la frustration. Alors oui, on pourrait dire qu'on meurt inachevé, en effet, par rapport à un absolu qu'on ne pourra jamais atteindre. D'abord parce qu'on n'en a pas le temps matériel et ensuite parce que c'est la poursuite d'une chimère inaccessible.
Quelque part, c'est tant mieux! Imaginez un monstre de la nature, un musicien réellement parfait. Il plairait à tous sans exception, illuminerait l'humanité de sa perfection, rendant inutile aux autres la pratique de son art. Il pourrait tout exprimer, sa nature, son inverse, ce qu'il sait comme ce qu'il ignore. En somme: un dieu.
L'art est peut-être trop subjectif pour qu'on puisse y chercher de l'absolu ou de la perfection. On aurait certainement plus de chances avec des mathématiques, mais là, je manque d'éléments pour débuter un raisonnement sur cette hypothèse lancée au hasard.

La différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou. Salvador Dali.