C'est marrant. Souvent, lorsqu'on me demande mon métier (qui est chanteur), je sens que les gens sont dans l'incompréhension. Lorsque je précise "classique" (en gros et pour simplifier), je vois les visages dubitatifs. La musique classique n'a vraiment pas la cote dans notre pays. (et encore, j'explique très rarement que ma spécialisation est la musique contemporaine !!!). Si en plus j'ajoute que je suis Intermittent du spectacle, alors là, c'est le goudron et les plumes

Je passe pour un parasite de la société, une cigale, un voleur de poules et je risque de me faire lancer des pierres. Cette société a besoin de mettre à l'index certains de ses membres et la culture n'a vraiment pas bonne presse.
Mes enfants, à l'école, n'osent souvent pas avouer le métier de leurs parents, (ma femme est soprano), comme si c'était honteux pour des pré ados. Ils n'avouent pas non plus très facilement qu'ils jouent d'un instrument eux-même.
Je me souviens que c'était déjà le cas dans ma jeunesse.
Classique rime souvent avec ringard, poussiéreux, image guindée, public pédant et musiciens hautains. Pour être juste, il faut avouer que le protocole classique a contribué à instaurer cette coupure avec le grand public et que les musiciens et organisateurs de concert ou de festivals ne sont pas exempts de reproche.
J'ajoute qu'il y a aussi une certaine incompréhension entre une certaine frange du public des concerts classiques et les artistes qu'ils vont pourtant écouter. Lors des manifestations de 2003 pendant les grèves intermittentes, nous avions coutume de faire un petit discours explicatif avant le début des concerts, de façon simple, posée, sans aucune volonté d'agitation ni de prosélytisme. Les salles alors se scindaient en deux. Certains spectateurs devenaient des fauves, éructant des insultes. Croyez-moi, c'était dur ensuite de chanter devant eux... De se dire qu'on allait leur faire de la musique, essayer de leur faire plaisir, mais qu'ils nous haïssaient profondément (pas tous, hein, heureusement).