RationalPianist a écrit :on dirait que c est vraiment la seule capacité de ces musiques, suggérer la laideur et le désordre.
Voilà un point intéressant, tu mets le doigt dessus.
La musique n'exprime pas que le beau et le doux.
Dès le XIXème siècle, on voit apparaître des musiques avec des effets qui témoignent d'un désir, d'un besoin, de pousser plus loin l'expression, pour avoir accès à des sentiments qui étaient jusque là hors de portée.
Déjà dans la symphonie fantastique de Berlioz par exemple, il y a la danse grinçante et tourmentée des sorcières. Ca n'a déjà plus rien de beau pour le public de l'époque, et ce n'est pas le but de Berlioz. Il exprime quelque chose de fort, de puissant, mais il ne cherche pas à faire quelque chose de beau et agréable.
Le problème est que l'oreille s'est petit à petit habituée à ces sonorités, qui sont aujourd'hui beaucoup moins dérangeantes.
Il en résulte que l'impression de laideur, d'horreur et de désespoir ne peut plus passer par ces sonorités, désormais trop "douces".
Mais attention : ces sonorités ne servent pas qu'à exprimer l'horreur, ce n'est qu'un exemple. Elles témoignent je trouve de la complexité de notre monde et de l'esprit humain. Elles permettent de nuancer et d'affiner l'expression.
Cette musique est plus difficile à percevoir, mais sa puissance d'évocation peut être infiniment plus puissante et percutante.