Je garde ça en mémoire
Mais quand je vois les progrès que tu as réalisés seul en finalement peu de temps si j'en juge ton yt, je me dis que tu as dû emmagasiner des centaines d'heures de cours avec un excellent prof et aussi que ta capacité de réflexion/ réalisation est singulière ...
Finalement, si on met au pluriel le fil, on est dans le sujets
Et ce qu'il y a de bien dans ce forum, c'est que tous ses participants progressent !
C'est rigolo, je me demandais où mettre cette idée que je viens de lire, Presto a sorti le bon ancien fil peut-être !
Cet article parle d'une façon de penser pour conquérir nos peurs. Normalement quand on a peur de faire quelque chose, mais on pense qu'on doit faire, ou qu'on veut, on pense dans ce sens :
Je peux ----> Je veux ------> Je fais
L'article explique qu'on ne doit pas penser autant, on doit faire dans le sens envers :
Je me jette dans le bain, je fais ! --------> Ah-ha, je peux --------> Je veux
Finalement pour moi, je me rends compte que c'est comme ça. Quand j'attends jusqu'à pouvoir dire "je peux", je n'arrive jamais à "je veux" ou "je fais"...
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Presto a écrit :quand je vois les progrès que tu as réalisés seul en finalement peu de temps si j'en juge ton yt
Alors voila quelque chose qui fait sacrément plaisir ! je pensais que le principal progrès de cette chaîne était la disparition des enregistrements Silent non plus sérieusement, je ressens des progrès lorsque je joue car plus de trucs sont faits délibérément, donc je me dis que ça doit être mieux puisqu'il y a des efforts sur des choses que j'occultais avant. Mais ce n'est pas du tout si net lorsque je me confronte aux anciens enregistrements...
A propos des intentions:
A mon dernier cours mon prof m'a dit quelque chose qui m'a un peu paralysée (c'est la première fois que ça m'arrive!). Après m'avoir entendue sur mon morceau du moment (joué par cœur, je me sens bien en le jouant, je trouvais que ça passait plutôt bien), il m'a dit: comme je te connais bien, je perçois tes intentions, mais leur réalisation n'est pas aboutie, ça n'existe pas vraiment ni pleinement au plan sonore, et ça manque beaucoup de précision. Puis il est passé au commentaire détaillé et il y avait des choses à dire sur pratiquement chaque mesure.
Je suis sortie du cours assez déboussolée! Pas tellement par les commentaires, mais par le décalage entre ce que je crois que je fais et ce que je fais vraiment.
Surtout au moment où je croyais que ce décalage se réduisait! Ben non.
Pas facile, le piano!
Je crois sincèrement qu'il faut considérer le verre à moitié plein dans l'affaire. Je suspecte que ces remarques ne sont pas arrivées à n'importe quel moment, mais justement car c'est mieux.
Ton prof s'est probablement aperçu de cette nouvelle aisance, et a pu estimer que tu étais désormais en mesure d'écouter ces commentaires qui semblent plus durs qu'à l'accoutumée. Si c'est bien le cas, ce serait plutôt à voir comme un encouragement reconnaissant une progression. L'ouverture vers de nouveaux horizons, vers lesquels ton regard peut désormais se porter légitimement.
Le fait qu'il y ait plusieurs remarques par mesure, cela ne veut pas du tout dire que toutes les mesures sont mal ! Si on regarde de plus près, c'est "normal" qu'il y ait des choses à dire à chaque mesure. Peut-être qu'il essaie de te donner les clés pour réaliser ce que tu veux faire.
Ce qui m'a déboussolée, c'est le fait que précisément maintenant (où en effet je me sens mieux au piano), il entende encore et toujours ces fameuses intentions à l'état virtuel, sans que je parvienne vraiment à leur réalisation.
Quant aux remarques à chaque mesure, elles ne sont pas tombées comme des choses nouvelles dont je n'aurais pas eu idée (enfin, pas toutes). Pour beaucoup, ce sont des choses que je croyais réaliser. Comme si je donnais juste une petite indication dans mon jeu, comme si l'intention s'exprimait par une sorte de didascalie physique (geste sans réel effet sonore), comme si ça manquait de sincérité aussi (c'est ça qui fait le plus mal), comme si je n'allais pas au fond des choses. La grande montagne devant moi, c'est l'installation durable, sincère, franche, sans ambiguïté, précise, confondante de vérité d'une intention vraiment réalisée.
Et ça me paraît... impossible, inaccessible. Évidemment je sais bien qu'il ne faut pas poser les choses en ces termes mais reprendre la partition et travailler telle partie puis telle autre sans se poser de grandes questions. Mais quand même.
C'est quand même bizarre que chaque fois que je ressens un peu de bien-être au piano badaboum il me faille démolir ça, comme si c'était encore une illusion, une de plus!
Je n'étais pas là, et je fais confiance, comme toi, à ton prof, mais...il ne faut pas non plus penser que les mots de ton prof sont LA VERITE ABSOLUE. Un autre auditeur avisé aurait pu avoir une impression complètement différente. Je veux dire que ton prof t'a dit plein d'améliorations qu'il conseille, mais est-ce qu'il a entendu ces intentions pas réalisées ce jour-là de même façon qu'une autre personne aurait entendu ? Pas sûre. Il connait combien tu as amélioré et il connait mieux que n'importe quel auditeur où tu peux aller encore, j'imagine. Il te connait bien, il peut aussi penser à ton ancien jeu, mélangé voire des fausses idées avec ce que tu as réalisé avant. Il est humain.
Je crois que le rôle d'un prof est de donner, même quand le morceau est très bien, toute la place pour l'amélioration. Il ne faut pas penser non plus que ce que tu as joué était quasiment chaque mesure faux-faux-faux. Je pense même que ce n'était pas non plus "une petite indication" mais plutôt dans une vision perfectionniste de ce qui reste qui n'est pas complètement parfait. Il y a un gros différence.
Modifié en dernier par Lee le mer. 30 mars, 2016 21:02, modifié 1 fois.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
S'il a décelé ou entendu des intentions, elles ne sont pas virtuelles. Il y a à ce stade deux possibilités...
- soit ton prof te prête ses propres intentions (et toi tu réalises ce que tu veux faire, mais ce projet ne lui suffit pas)
- soit il y a une difficulté d'écoute (tu projettes intérieurement ce que tu voudrais obtenir sans pleinement prendre conscience de ce qui est effectivement réalisé)
Je pense qu'il est important de déterminer dans quel cas de figure tu te trouves. Le meilleur moyen pour ça, c'est de garder le micro ouvert, et d'écouter à froid ce que ça donne le jour où tu as enregistré quelque chose en te sentant plutôt bien. C'est le moyen le plus sûr de placer le réel sur le calque de l'image intérieure. Il n'est pas nécessaire de faire ca sur le morceau entier, trois lignes "intentionnées" suffisent. Puis tu verras s'il y a distorsion. Peut-être que tu réaliseras qu'il faut forcer le trait, juste prendre conscience qu'il faut déclamer comme un orateur souhaitant que la personne assise au fond distingue chaque syllabe, et que de s'entendre soi-même distinctement dans ce cas ne garantit pas la bonne réception du message. Peut-être que tu as l'impression de caricaturer alors qu'il s'agit simplement d'assumer l'idée.
Il n'y a rien de démoli, si les remarques portent sur des choses qu'on croit faire, généralement il ne faut pas grand chose pour les mener à destination.
Tu fais comme tu veux, mais je te suggérerais de choisir 3-4 lignes ou tu as plein d'idées. Tu les enregistres 2 fois de suite sans interruption : la première fois tu joues normalement, et la seconde tu fais délibérément une énorme caricature de tes intentions (tu exagères tout grossièrement, les nuances, les ralentis, les staccatos, etc). Ça devrait être extrêmement instructif.
Oupsi a écrit :Quant aux remarques à chaque mesure, elles ne sont pas tombées comme des choses nouvelles dont je n'aurais pas eu idée (enfin, pas toutes). Pour beaucoup, ce sont des choses que je croyais réaliser. Comme si je donnais juste une petite indication dans mon jeu, comme si l'intention s'exprimait par une sorte de didascalie physique (geste sans réel effet sonore), comme si ça manquait de sincérité aussi (c'est ça qui fait le plus mal), comme si je n'allais pas au fond des choses.
Est-ce que c'est si grave, que ça puisse être vrai ? je ne pense pas que ça remet en cause ta sincérité, au contraire. Je le comprends plutôt comme: ton intention est la bonne, mais il y a distorsion entre émetteur et récepteur, et en agrandissant l'intention tu donnerais réellement à entendre ce que tu veux et penses faire. C'est plutôt mon sens une validation de ce que tu veux faire. Ce qui serait plus gênant, c'est par exemple: j'entends une intention mais ce n'est pas du tout adapté !
J'ai remarqué que chez moi c'est plutôt un encouragement et que cela me mène à une réalisation plus efficace et plus belle (du moins quand je suis d'accord avec la remarque !), comme si on me disait: mais oui, c'est exactement ça, vas-y encore un peu plus. (c'est la même dimension quand le prof chante en même temps que je joue, dans le même mouvement... du moment que ça reste ponctuel !)
@ Okay: Je dirais que c'est le deuxième cas de figure, et je réponds indirectement à Lee aussi. Mon prof a une qualité que je trouve admirable c'est qu'il est très respectueux, dans le sens où il n'impose pas "sa" vision des choses (et d'ailleurs il faut souvent que j'insiste pour qu'il me la donne, sa vision, ce n'est pas une question de bien ou mal, mais comment dire, de richesse).
Je vais faire l'expérience que tu proposes, Okay.
Je pense qu'il y a le problème d'oser véritablement, ça c'est une première chose. Bon là j'ai encore du chemin devant moi.
La deuxième c'est de restituer à chaque fois l'intention comme si elle était nouvelle, et ça c'est le plus difficile pour moi. En me relisant je vois que j'ai parlé des gestes comme d'une didascalie vide et sans effet sonore, qui aurait phagocyté mon intention. Je m'aperçois que c'est peut-être une observation importante. Mettons que je joue très sincèrement et plutôt bien mon morceau un jour J, atteignant en tout cas une expressivité qui me plaît, le résultat de tout le travail antérieur, qui ce jour là se condense merveilleusement et presque sans effort. J'associe l'effet réussi à tel geste, à telle sensation physique. Puis aux jours J+1, J+2 etc. je répète ce geste en cherchant à retrouver la sensation physique (bien-être, plaisir au clavier, etc.) mais petit à petit l'effet sonore s'estompe parce que je perds l'écoute active. Puis je vais en cours et je fais toute cette singerie sans me rendre compte que j'imite, que je ne joue plus. Je force un peu le trait mais c'est peut-être ce qui m'est arrivé ce jour là. D'où cette sensation de jeu pas sincère (ça c'est moi qui le dis, mon prof ne m'aurait pas dit une chose pareille, mais au retour j'avais les larmes au yeux parce que je sentais que c'était ça le problème!)
@ arg. Je ne sais pas. Je dirais que la sincérité est quelque chose de tellement spontané et calme, dans l'instant, c'est comme la grâce, si on la cherche trop elle s'esquive. Ça fait partie de ces qualités ou paramètres hors volonté, hors décision, je ne sais pas vraiment en fait. Ça se travaille certainement, peut-être comme une sorte d'exercice spirituel!
Ou alors c'est peut-être juste une question de dosage. J'ai souvent l'impression qu'il faut tout changer, genre cataclysme table rase, alors que c'est peut-être des choses plus modestes mais pas forcément évidentes qu'il faut entreprendre de corriger, avec une patience et humilité d'artisan!
En tout cas merci beaucoup, ces échanges m'aident beaucoup.
oui , peut-être , mais le problème peut-être aussi ailleurs...
Je rejoins quelques phrases de Lee: Le jour de ton cours avec ton professeur, tu as sans doute joué aussi bien que ton jour J où tu étais bien.
Mais un cours de piano, ce n'est pas un concert. Tu as un contrat avec ton prof : il analyse le travail que tu lui apportes et il essaye de te donner des pistes de travail pour améliorer à la fois ta technique et ton jeu, ton interprétation. Son écoute est donc active, et réactive.
Tu le payes pour qu'il t'aide à progresser dans ton morceau .... donc il doit penser surtout à dire ce qui est utile pour améliorer... et même si c'est très bien, il y a toujours quelque chose à améliorer.
Peut-être as tu dis , avant de jouer, une phrase du genre : " aujourd'hui, je me sens bien pour jouer ce morceau et j'ai beaucoup de plaisir à le jouer et je crois que j'arrive à faire passer mes intentions" ?
C'est marrant que tu dises ça, Strumpf, tu es un peu voyante dis donc. Ce que j'ai dit en cours avant de jouer, c'est que j'avais eu un jour J une semaine auparavant, où j'avais même reçu de très aimables compliments!
Quant au contrat c'est vrai, bien sûr, mais comme je suis complètement immature sur ces questions je conçois le cours de piano comme un moment complètement donné et à chaque fois je trouve ça miraculeux d'être écoutée de manière aussi humaine par quelqu'un. (je serais bien incapable d'expliquer ce que j'entends par là. Je vis, je respire.) Je pourrais payer avec des allumettes, ou avec des muffins faits maison, ou avec des billets de monopoly, ou vider mon compte d'épargne à chaque fois, en fait ça n'a absolument aucun sens pour moi. (je vous rassure je paye mes cours hein).
Oupsi a écrit :e ne sais pas. Je dirais que la sincérité est quelque chose de tellement spontané et calme, dans l'instant, c'est comme la grâce, si on la cherche trop elle s'esquive. Ça fait partie de ces qualités ou paramètres hors volonté, hors décision, je ne sais pas vraiment en fait. Ça se travaille certainement, peut-être comme une sorte d'exercice spirituel!
Ou alors c'est peut-être juste une question de dosage. J'ai souvent l'impression qu'il faut tout changer, genre cataclysme table rase, alors que c'est peut-être des choses plus modestes mais pas forcément évidentes qu'il faut entreprendre de corriger, avec une patience et humilité d'artisan!
J'ia du mal à comprendre. Une question de dosage, oui sûrement. Mais la sincérité ? pour moi ce n'est pas un instant de grâce, bien que l'instant de grâce puisse mettre en valeur la sincérité. Pour moi c'est quelque chose comme l'expression exacte de ce que je veux jouer et que je vis en même temps. Le "je vis" c'est l'instant de grâce (s'il pouvait arriver plus souvent et surtout, à la demande, ce serait grandiose) et le "je veux jouer ça" c'est la recherche sonore avant, donc une grande part de travail, donc une part de décision quand même. Ou alors la recherche sonore qu'on fait avant de jouer le jour J, c'est ce qui aide à être ensuite hors volonté, hors décision ?
J'aime beaucoup le mot d"un pianiste célèbre (malheureusement je ne sais plus lequel, Edwin Fischer peut-être), lorsqu'il dit "ça joue" et non plus "je joue", un peu comme si ça se faisait tout seul, c'est ça que tu veux dire ?
arg a écrit :J'aime beaucoup le mot d"un pianiste célèbre (malheureusement je ne sais plus lequel, Edwin Fischer peut-être), lorsqu'il dit "ça joue" et non plus "je joue", un peu comme si ça se faisait tout seul, c'est ça que tu veux dire ?
Oui.
Pour moi c'est quelque chose comme l'expression exacte de ce que je veux jouer et que je vis en même temps.
Voilà, je n'arrive pas très bien encore à le vivre en même temps, comme tu le dis très justement.
Modifié en dernier par Oupsi le mer. 30 mars, 2016 22:19, modifié 1 fois.
mais non je ne suis pas voyante mais j'ai aussi une prof de piano....et je suis prof moi même....
Mes élèves croient souvent me rendre une oeuvre excellente quand je leur demande un travail écrit sur lequel ils ont passé beaucoup de temps. Je ne dements pas ,mais ce que je vois surtout c'est un travail qui me permet de faire un bilan et donc de batir des pistes de travail pour aller plus loin.
Ceci dit ,j'ai pris l'habitude de dire que c'est bien , très bien ou excellent quand ça l'est et de dire aussi ce qui ne va pas et pourquoi.
@Oupsi
J'ai l'impression que tu te débats avec tes propres mots ( et je n'ai pas de lecon a donner sur ce sujet ! ). Il faut peut etre essayer de penser plus "petit", ameliorer les détails précis, et écarter les questionnements généraux dont on ne peut pas faire grand chose. Les questions sur notre propre degré de realisation sont angoissantes. Ces questions nous fragilisent sans nous permettre de nous construire. Par exemple, se demander si on "realise ses intentions" est peut etre une question trop psychologique, car c'est forcement oui pour certaines intentions et certains auditeurs et non pour d'autres. On risque de se debatttre sans jamais pouvoir trouver de reponse.
Une regle de vie que je m'efforce d'appliquer ( je n'y arrive pas toujours ! ) et qui m'aide bien : ne jamais se poser de question sur ce qu'on est, sur ce qu'on vaut, mais seulement sur les choix qu'on fait et ce qu'on ressent.