Ah, alors le Chopin t'a aidé pour réussir le 4 pour 3 ? super !
Lee a écrit :Enfin, BluePhoenix, tu arrives à vraiment bien écouter un exercice ?

Bah il faudrait poser la questions aux boxeurs A
La perception de la musique c'est quelque chose de global ; quand on est auditeur, on n'entend pas que le tout est la résultante d'une grande quantité de détails que soigne et fait écouter l'interprète. Dans le travail, l'interprète doit adopter une écoute à de très nombreux niveaux (une écoute "multiscalaire"

) : la note, l'accord, les groupes de notes qui forment des "vagues", la mesure, l'"hyper-mesure" (groupe de mesures), la carrure, la phrase, la section, la partie, le mouvement de sonate, la sonate/le cycle, etc. Tout ça contribue à former le sentiment d'unité architecturale, que tout se tient, qu'on suit une direction, au fur et à mesure qu'on déroule le morceau. Quand le résultat est là et qu'on est transporté, l'auditeur vit le moment, sans être forcément conscient de tous les détails (mais qui sont bien là).
Si on veut travailler un exercice, alors pour moi, oui, il faut écouter de la même manière que pour travailler un morceau. S'il s'agit juste de laisser courir les doigts, autant faire du déchiffrage à la place.
Dans chaque note, on écoute :
- l'attaque, le son, la terminaison
Dans plusieurs notes, on prête par exemple attention à :
- la simultanéité (double note ou accord ou polyphonie), plus difficile à obtenir sans forcer qu'il n'y paraît (notamment en cas de dissonance)
- la relation avec les notes simultanées ou les notes qui suivent : ya-t-il une "parenté" (consonance, harmonie) ? si dissonance, écouter la dissonance, ne pas l'"éviter", écouter les battements. Ecouter l'écart entre les notes s'il y a un grand intervalle. Sentir les appels attractifs/de résolution.
- écouter le temps qu'on a "envie" de prendre jusqu'à la note suivante (ne pas "mesurer" le temps pris)
- écouter ce qui change dans la note/l'accord suivant, etc.
Ensuite il faut savoir grouper les notes "qui vont ensemble" (direction musicale), pour trouver les appuis, les repos, les élans, qui indiquent le phrasé, les respirations et les gestes (où relancer le mouvement ?). On peut se tromper, donc il faut penser musicalement et intelligemment.
C'est notamment grâce à tout ce travail qu'on peut espérer un jeu propre, sans hésitation, libre, et en même temps on a réfléchit sur le sens de la musique qu'on veut exprimer. Quand on voit le temps que ça nécessite, on comprend qu'il est dommage de le passer sur un "exercice" qu'on ne jouera jamais en public.
Lee a écrit :Un métronome aussi ?

Le métronome (quand je le met en marche, mais c'est encore trop peu fréquent

) il me sert de référence, pour vérifier que mon "moteur interne" est bien calé, pas pour s'y substituer. On peut mettre son "moteur" en plus ou moins arrière plan, selon ce qu'on veut travailler. Mais j'écoute la relation entre mon "moteur" et le métronome, je n'écoute pas le son du métronome intensément comme le son que j'essaie de produire au piano.
