Sommes-nous les seuls à solfier ?

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
Gracou
Messages : 2078
Enregistré le : mar. 19 juin, 2012 14:31

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Gracou »

Lee a écrit :Sauf que il veut dire que tous les autres (pays) ont tort. :twisted: Tu me deçois Gracou, je t'ai cru bien plus relatif concernant les pratiques dans le monde. :wink:
Pour être certain que nous parlions de la même chose, je parlais bien de chant, non exclusivement de solfier. Si on avance qu'on peut former des musiciens sans à aucun moment les faire chanter, j'avoue que je demande à voir. Je ne connais d'ailleurs aucune tradition musicale où cela se fait (mais il est vrai que je suis loin de tout connaître :mrgreen: ).
La différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou. Salvador Dali.
Avatar du membre
Lee
Messages : 11345
Enregistré le : lun. 09 sept., 2013 0:09
Mon piano : Pleyel 3bis 1925

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Lee »

Ben moi aux Etats-unis, on m'avait jamais demandé chanter ou nommer les notes pour jouer du piano. Avec le recul en plus de mes profs, je me souviens également colonie de piano d'une semaine et un petit projet de musique de chambre, le prof était dans la philharmonie de la ville. Aucun chant ou nommer des notes demandés. En fait ça explique pourquoi on appelle les notes par lettres C, D, E ou lieu de do-re-mi, parce qu'on ne les chante pas, les lettres se prêtent moins facilement à être chantés et différenciés, les sons des voyelles des lettres se resemblant.

Mais tu vas dire que je suis un bon example de mauvaise pianiste...donc je prends Okay comme autre example. 8)
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Avatar du membre
Marie-france
Messages : 2762
Enregistré le : mer. 16 févr., 2005 13:17

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Marie-france »

BluePhoenix05 a écrit :Effectivement, on chante facilement faux par manque de technique vocale (auquel cas il ne sert absolument à rien au "prof" de chant de marteler la note au piano pour faire chanter juste son élève #-o ).
Là, je ne suis pas d'accord. Le fait de chanter faux ne relève pas de technique vocale. C'est un problème d'écoute intérieure. Pour chanter juste il faut écouter et entendre intérieurement pour ajuster la voix.
Avatar du membre
Okay
Messages : 5212
Enregistré le : mar. 13 juil., 2010 17:32

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Okay »

Pour le coup je serais totalement d'accord avec BluePhoenix. Avoir une bonne écoute intérieure est une condition forcément nécessaire pour chanter juste, mais à mon avis bien loin d'être suffisante. Il faut aussi nécessairement de la technique vocale pour faire sortir les sons avec la hauteur qu'on a dans la tête.
Je pense avoir une bonne oreille relative et polyphonique, et les sons absolus prêts à l'emploi dans ma tête. En gros, je peux me dire "imagine un ré, un si bémol, ou un accord de la bémol", et si je vérifie au piano, la hauteur de ces sons est telle qu'anticipée mentalement, sans décalage. Je serais donc plus que suffisamment armé pour chanter juste. Mais si j'essaie de sortir ces sons de ma bouche, je suis horrifié par l'écart entre ce que j'entends et ce que j'avais en tête. Après je suis peut-être un spécimen bizarre aux cordes vocales peu coopératives ...

Je pense que mon oreille s'est formée en improvisant au clavier, en cherchant à reproduire ce que j'entendais ou imaginais. Du coup, j'ai sûrement court-circuité l'étape vocale. Rétrospectivement, cette approche me semblerait presque une bonne alternative à solfier. Il me semble plus simple d'ajuster les intervalles de son oreille intérieure en les cherchant intuitivement au clavier parmi des sons tout faits, que d'utiliser sa voix qui peut produire tous les sons "faux" intermédiaires. Ca permet de façonner du même coup l'oreille harmonique.

J'ignore si mes idées sont généralisables, mais si j'étais directeur de conservatoire dans une utopie, les cours de solfège/théorie/formation musicale tels qu'ils existent aujourd'hui exploseraient totalement. J'insisterais énormément pour faire développer l'aptitude de reproduire d'oreille au clavier ce qu'on entend. Je pense que ça permet de développer bien plus efficacement l'oreille relative et harmonique, l'instinct digital, et donne un sens rythmique intérieur sans avoir à créer tout ça ab initio à partir de composantes élémentaires (les maudits cahiers de solfège avec lecture de notes, de rythmes, l'harmonie théorisée...). C'est soit trop débile, soit trop révolutionnaire ...
Avatar du membre
Oupsi
Messages : 4421
Enregistré le : ven. 31 juil., 2009 14:06
Localisation : S.-O.

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Oupsi »

Je suis d'accord avec ceci (et m'inscris à tes cours en Utopia) avec une toute petite réserve, c'est que, idéalement (en tout cas dans certaines écritures), la voix est un modèle pour le piano et non l'inverse, je veux dire que l'idéal sonore de bien des compositions est inspiré par la voix, le bel canto, l'expressivité vocale, y compris dans ce que tu appelles "faux" est qui est juste "vrai" d'un point de vue vocal. Il y a aussi les motifs d'écriture qui s'inspirent de ce que "peut faire" la voix, les sostenuto, la recherche de quelque chose qui vibre entre deux notes et qui est une pure rêverie vocale, la sensation de la distance d'un intervalle dans sa perception vocale, qui est bien autre chose que perçue sur un clavier.
Avatar du membre
Lee
Messages : 11345
Enregistré le : lun. 09 sept., 2013 0:09
Mon piano : Pleyel 3bis 1925

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Lee »

Malheureusement chanter juste est difficile voire impossible. Beaucoup de chanteurs réussis ne font même pas. :mrgreen:

Au lycée les camarades, nous avons essayé d'aider une étudiante dans notre chorale qui chantait horriblement fausse. On a joué une note et demander qu'elle écoute intensement à l'intérieur et tendre sa voix au même son. Elle a beau essayé en étant receptive mais elle chantait toujours faux.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Avatar du membre
Okay
Messages : 5212
Enregistré le : mar. 13 juil., 2010 17:32

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Okay »

Oupsi a écrit :Je suis d'accord avec ceci (et m'inscris à tes cours en Utopia) avec une toute petite réserve, c'est que, idéalement (en tout cas dans certaines écritures), la voix est un modèle pour le piano et non l'inverse, je veux dire que l'idéal sonore de bien des compositions est inspiré par la voix, le bel canto, l'expressivité vocale, y compris dans ce que tu appelles "faux" est qui est juste "vrai" d'un point de vue vocal. Il y a aussi les motifs d'écriture qui s'inspirent de ce que "peut faire" la voix, les sostenuto, la recherche de quelque chose qui vibre entre deux notes et qui est une pure rêverie vocale, la sensation de la distance d'un intervalle dans sa perception vocale, qui est bien autre chose que perçue sur un clavier.
Réserve très justifiée (et en premier lieu par la musique de Chopin !).
J'imagine que pour ce qui me semble "faux" mais est "juste", tu fais par exemple référence au glissement d'un son à un autre, qui implique d'autres hauteurs que les sons "purs" ?
La notion de distance expressive est très importante, et je reconnais que la voix peut permettre d'en prendre réellement conscience. Ensuite, je ne suis pas certain qu'une personne qui ressent bien ça physiquement en chantant avec la voix, prendrait intuitivement le supplément de temps requis par les intervalles plus larges lorsqu'il faut les chanter au clavier. J'ai croisé il y a longtemps des personnes qui chantaient juste et expressivement de leur voix, mais dont on aurait pu lourdement questionner la musicalité une fois devant un clavier. La transposition expressive d'un medium à l'autre n'est pas du tout immédiate pour moi. Là dessus, j'ai souvent en tête ce que ça représente pour un violoncelliste, qui doit physiquement aller chercher les sons éloignés, ça m'aide à faire le pont.
Avatar du membre
Oupsi
Messages : 4421
Enregistré le : ven. 31 juil., 2009 14:06
Localisation : S.-O.

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Oupsi »

Okay a écrit :'imagine que pour ce qui me semble "faux" mais est "juste", tu fais par exemple référence au glissement d'un son à un autre, qui implique d'autres hauteurs que les sons "purs" ?
Tout à fait, et aussi le fait que les accords, donc l'écriture verticale, contiennent parfois "en puissance" des sons, que l'oreille devine mais qui ne sont pas entièrement là (je ne sais pas bien l'expliquer), et qu'un chanteur ressent aussi.
ce sont des expérimentations fructueuses quand on se met à chanter les accords. puisque tu ne peux chanter simultanément trois ou quatre notre, il faut bien passer de l'une a l'autre, et là c'est intéressant ce qui se passe.
Plus tu fais ça mieux tu entends ensuite. mais, si tu as déjà l'oreille polyphonique tu n'as pas besoin de faire ça, grand veinard que tu es :)

(je chante faux. c'est le grand chagrin de ma vie)
BluePhoenix05
Messages : 2148
Enregistré le : sam. 10 août, 2013 11:32
Mon piano : The piano chooses the pianist!
Contact :

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par BluePhoenix05 »

Lee a écrit :Bon, tu m'accordes que quand on solfie, on ne peut pas bien écouter AU MEME TEMPS, ou non ? Je voulais juste dire ca par rapport solfier et écouter.
Again, you seem to miss the point.
Le but de chanter et jouer en même temps est de comparer ce que tu chantes avec ce que tu joues, alors oui il faut essayer d'écouter la note jouée en même temps. En effet c'est difficile, on se concentre d'abord sur ce qu'on chante puis petit à petit on essaie d'écouter autre chose, puis revenir à l'écoute de sa voix, etc. C'est parce que c'est difficile que ça a un intérêt à être travaillé. On ne travaille pas ce qu'on sait faire sans aucun problème #-o .

D'autre part, quand on travaille ainsi, il ne s'agit pas tant d'écouter le son, la réalisation d'un beau son ou ses sensations dans l'exécution du geste, si c'est cela que tu voulais dire par "écouter". On ne peut pas se concentrer sur trop de choses à la fois à moins d'avoir un cerveau très puissant (cf. ce que racontait Marie-France plus haut en 2010), donc on décompose les difficultés. Jouer du piano est une tâche complexe qui recquière le développement de multiples compétences, désolé pour cette platitude #-o .
Lee a écrit :Je ne vois aucun avantage de pouvoir m'entendre dire le NOM de note. Si je connais bien de quelle note il s'agit dans ma tête pourquoi faut-il correctement nommer ?
Tu as complètement raison, peu importe le nom donné à la note que ce soit do-re-mi-fa-sol-la-si ou 1 2 3 4 5 6 7 ou gong-che-fan-shang...
Mais tu ne regardes que la nom d'une note donnée, alors qu'il faut regarder les noms utilisés pour l'ensemble de notes.
L'accent n'est pas de savoir où est le do, mais de savoir où se situe ce do si on part par exemple d'un sol à une hauteur donnée. Et comment se situe ce do et ce sol par rapport à la tonique de référence. C'est cela qu'il faut garder en tête et avoir conscience, et apprendre à mémoriser cet écart entre sol et do.

Effectivement il existe plusieurs méthodes dont le "moveable-do" et la méthode Kodaly (cf. le fil "solmisation relative") - mais Mathieu a déjà plein de connaissances solfégiques à partir desquelles on peut partir et construire. Le problème est qu'il sait lire les notes mais qu'il n'a pas de représentation intérieure de leurs intervalles... On lui a tout appris à l'envers en cours de solfège :evil: . Je pense que chanter avec le nom des notes pourrait l'aider.
Lee a écrit :Tiens, que dit ton Chang ? :mrgreen:
Tu n'as quà regarder, je ne vais pas faire ton homework à ta place. Pourquoi continuer à donner des références puisque tu n'iras même pas regarder après, seule la lecture du forum t'intéresse, pourtant ce n'est qu'une source parmi d'autres.
Modifié en dernier par BluePhoenix05 le mer. 19 août, 2015 21:34, modifié 2 fois.
Quelques traductions de poèmes chinois à ma sauce
https://www.instagram.com/penseesaupinceau
BluePhoenix05
Messages : 2148
Enregistré le : sam. 10 août, 2013 11:32
Mon piano : The piano chooses the pianist!
Contact :

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par BluePhoenix05 »

Okay a écrit :Étonnant, je pensais qu'on pouvait très bien les entendre dans sa tête et les identifier à l'oreille tout en ne pouvant pas les produire vocalement.

J'ai envie de poser une question débile : à quoi ça sert de développer sa technique vocale si le but est de jouer du piano, et qu'on n'a aucune envie particulière de chanter ?
mm...^^ c'est tellement dommage, tu aurais sans doute une magnifique voix de basse (voire de basse profonde peut-être !) qui pourrait faire trembler tous les meubles :)

J'ai du mal à croire que tu ne soit pas capable de chanter quelques notes juste, dans un ambitus réduit confortable. Je ne parle pas de plein de notes rapides, mais seulement de quelques notes lentement.

Par ailleurs tu ne peux pas tout montrer non plus au clavier si tu veux expliquer quelque chose musicalement, il faudra bien que tu essaies de chanter quelques notes ^^.

La méthode Kodaly est basée sur les chants (populaires hongrois). Autrefois on chantait beaucoup à l'église, l'oreille se formait facilement. Récemment un candidat à la présidentielle à proposé de réintroduire les chorales dans les écoles...

A mon avis, si tu penses te passer de chant dans ton école de musique, tu fais fausse route. Le chant fait partie intégrante de la musique. Dans mon école idéale, les profs sauraient enseigner des rudiments de technique vocale (surtout gestion de la soufflerie) pour permettre à tout le monde de chanter plus facilement, libre ensuite à ceux qui veulent approndir ensuite ou choisir un autre instrument.
Okay a écrit :Je pense avoir une bonne oreille relative et polyphonique, et les sons absolus prêts à l'emploi dans ma tête. En gros, je peux me dire "imagine un ré, un si bémol, ou un accord de la bémol", et si je vérifie au piano, la hauteur de ces sons est telle qu'anticipée mentalement, sans décalage. Je serais donc plus que suffisamment armé pour chanter juste. Mais si j'essaie de sortir ces sons de ma bouche, je suis horrifié par l'écart entre ce que j'entends et ce que j'avais en tête.
Emettre les sons sollicite encore plus son oreille active (comparer/se corriger) plutôt que simplement une oreille passive (reconnaître [pas forcément savoir nommer mais "reconnaître"] les intervalles).

Chanter une voix tout en jouant une ou plusieurs autres (sans jouer celle qu'on chante) est difficile mais terriblement bénéfique pour développer l'écoute polyphonique. Ensuite il y a le travail sur table pour continuer à entendre tout ça intérieurement...
Okay a écrit : Après je suis peut-être un spécimen bizarre aux cordes vocales peu coopératives ...
Encore cet argument "tous les autres ont un don sauf moi !" :mrgreen:
Okay a écrit : Je pense que mon oreille s'est formée en improvisant au clavier, en cherchant à reproduire ce que j'entendais ou imaginais. Du coup, j'ai sûrement court-circuité l'étape vocale. Rétrospectivement, cette approche me semblerait presque une bonne alternative à solfier. Il me semble plus simple d'ajuster les intervalles de son oreille intérieure en les cherchant intuitivement au clavier parmi des sons tout faits, que d'utiliser sa voix qui peut produire tous les sons "faux" intermédiaires. Ca permet de façonner du même coup l'oreille harmonique.
Le problème c'est qu'on ne se représente pas forcément intérieurement les sons (relatifs) forcément comme sur un clavier (d'ailleurs, non, je ne crois pas que ce soit le cas, le clavier présentant pas moins de 12 notes et que 12 notes).

D'autre part le clavier est tempéré, ce qui signifie qu'il n'est ni vraiment faux, ni tout à fait juste. Or quand on chante, on ne chante généralement pas tempéré. Pour moi il est important de développer à la fois son oreille mélodique et son oreille harmonique par une intonation intuitive. J'avais ouvert ce fil ou j'en parlais un peu.
Quelques traductions de poèmes chinois à ma sauce
https://www.instagram.com/penseesaupinceau
Avatar du membre
Okay
Messages : 5212
Enregistré le : mar. 13 juil., 2010 17:32

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Okay »

Pour en finir avec mon petit cas personnel, même en l'absence de don pour le chant, je pourrais certainement faire quelques notes justes si je travaillais dur dans ce sens. Tout se travaille. Mais peu importe.

Mon propos dans ce fil, c'est suggérer que le chant vocal n'est pas une condition indispensable au développement de l'oreille ou à la pratique instrumentale. Développer le rapport au clavier pourrait être le point de départ qui se confondrait ultérieurement avec le point d'arrivée. J'aime bien cette idée de boucle dans l'apprentissage, que je considère comme un processus qui n'a rien de linéaire ou de déductif, qui ne consiste pas à aller d'un point A à un point B. Je vois ça plutôt comme une nasse de lianes enchevêtrées qu'il faut démêler et dans laquelle on finit par trouver nos propres raccourcis dans toutes les directions.

Mais je comprends ton point, après tout les écoles de musique forment des musiciens, et on est supposé être d'abord un musicien avant d'être un pianiste, un hautboïste, ou un chanteur. Le chant parait offrir un accès plus pur à la musique, car conceptuellement plus universel. Mais pour rester dans le conceptuel, la voix n'est après tout qu'un instrument parmi d'autres, qui tire le gros de sa noblesse du fait qu'elle n'a besoin d'aucun moyen extérieur au corps humain, elle est complètement naturelle. Mais s'il faut la travailler pour qu'elle fonctionne (c'est d'évidence le cas), il y a un coût d'entrée comme pour les autres instruments. Je ne pense pas produire un sophisme en concluant qu'un autre instrument pourrait du coup tout aussi bien faire l'affaire pour intégrer des notions musicales comme les intervalles ou l'expression. Et tant qu'à faire, autant utiliser directement l'instrument qu'on souhaite in fine apprendre.
BluePhoenix05
Messages : 2148
Enregistré le : sam. 10 août, 2013 11:32
Mon piano : The piano chooses the pianist!
Contact :

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par BluePhoenix05 »

Okay a écrit :Mais s'il faut la travailler pour qu'elle fonctionne (c'est d'évidence le cas), il y a un coût d'entrée comme pour les autres instruments.
Il ne faut pas exagérer non plus, on parle de chanter des choses simples et courtes en octaviant si on a du mal à monter/descendre... Quand on peut parler, on peut apprendre à chanter.
Okay a écrit :un autre instrument pourrait du coup tout aussi bien faire l'affaire pour intégrer des notions musicales comme les intervalles ou l'expression. Et tant qu'à faire, autant utiliser directement l'instrument qu'on souhaite in fine apprendre.
Je comprends, d'ailleurs je recommande de travailler ses exercices de solfège sur son instrument ou en chantant, c'est le début de la lecture à vue à une voix (d'où l'importance d'avoir des exercices de solfège tonals et non atonals #-o ). Alors que les profs font seulement dire le nom des notes à leurs élèves, ils ne se rendent pas compte que les élèves peuvent mémoriser et réciter parfaitment le noms des notes sur la portée mais n'avoir aucune conscience d'à quoi peuvent correspondre ces notes concrètement, auditivement (peu importe le diapason).

Il ya un autre écueil de certains instruments (comme le piano) : si on a mémorisé où il s'agit de jouer les notes, on peut jouer mécaniquement sans faire fonctionner l'oreille du tout (Ca nous arrive tous quand on déchiffre et qu'on a loupé un changement d'armure... :mrgreen: ). Un auditeur attentif/bon prof peuvent déceler le défaut mais quand c'est chanté c'est immédiat.

D'autre part je crois également que sentir vibrer quelque chose en soi est une expérience particulière. Quand les grands pédagogues recommandent par exemple de compter à haute voix, ce n'est pas du tout pareil que de compter silencieusement dans sa tête. On se rend compte de l'écart entre le rythme intérieur et le rythme effectivement joué.

Peut-être est-ce une des raisons pour lesquelles les chanteurs sont si souvent peu rigoureux rythmiquement ? :mrgreen:
Quelques traductions de poèmes chinois à ma sauce
https://www.instagram.com/penseesaupinceau
sylvie piano
Messages : 1819
Enregistré le : dim. 25 mai, 2014 23:59
Mon piano : Schimmel K230
Localisation : Nantes [44000]
Contact :

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par sylvie piano »

Ce travail si bien expliqué par Marie France et Blue phénix n'est qu'une étape parmi tant d'autres lors de l'apprentissage. Tout le monde d'ailleurs n'en a certainement pas le même besoin. "Chanter "( c'est un meilleur mot que solfier) peut être en réalité juste " "murmurer ", en anticipation, pour assurer que c'est dans la tête qu'on entend et pas avec le doigt. Il permet au cerveau d'intégrer réellement l'intervalle exact.
Ce travail au démarrage d'une oeuvre permet, comme lors de mémorisation de textes Poétiques complexes, de décortiquer le vocabulaire, de s'en imprégner CONSCIEMMENT et d'approcher le sens vrai. Avant même que tout automatisme n'entrave le véritable contrôle. La mémoire mécanique si elle est utile peut-être notre pire ennemi.
Le texte ainsi compris sera d'autant plus vite assimilé.
Pour ma part, je reviens souvent à ce travail lorsque la pièce est sue. Comme un coup de chiffon propre et doux qui fait briller et luire les harmonies et les intervalles avec encore plus de scintillements !
Il y a toujours des petites poussières qui se sont déjà déposées, encore invisibles.
Avatar du membre
Mylène
Messages : 546
Enregistré le : mar. 11 mars, 2008 9:44
Mon piano : Casio PX110 ; Kawai BL61 ; Ibach FII
Localisation : Seine Maritime
Contact :

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Mylène »

Un peu comme okay, j'ai aussi l' oreille absolue, et j'ai toujours eu de très gros soucis avec le chant. Je ne pense pas que ce soit un problème d'intérioriser les sons, ni même de technique vocale, mais plutôt en ce qui me concerne, d'éducation, de personnalité.
Lors de mes leçons de piano, je voulais faire du piano, pas chanter! J' étais très timide et j'avais déjà du mal à parler, j' étais cachée sous mes vêtements amples et masculins... Et dès que quelque chose n' allait pas au piano, ma prof me disait"chante-le" forcément que j' étais alors incapable de sortir le moindre son juste, c'était pour moi la pire humiliation, chanter!!! Alors que je pouvais très bien le faire au piano... Je ne comprenais pas
Il y a peut être un peu de ça chez okay?
Puis dans mes études musicales, chanter pour former l'oreille... A quoi ça sert je me demandais comme j'ai tous les sons à disposition dans ma tête!!! Paresse? Je ne pense pas. Je ne comprends pas pourquoi.
J'ai pris des cours de chant 3 ans tellement c'était catastrophique, la"technique vocale n' a rien donné, le problème était en moi.
Mais doucement ça s'est débloqué. A cause de mon orientation professionnelle il a bien fallu que je me fasse violence. Et aujourd'hui, pour moi, je chante beaucoup. Comme une casserole, mais c'est vrai que le chant (avec ou sans les notes) me permet de mieux percevoir un phrasé, principalement par la conscience des intervalles. Avant, je ne savais pas ce qu'était un intervalle. Mi-do... Bon une sixte et alors? Sauf qu'on ne chante pas une sixte, physiquement comme on chante une quinte. Ça, le chant permet d'en prendre conscience. Tout comme la direction de la phrase. Je savais où elle commençait, où elle finissait, je croyais faire... Mais je ne faisais pas, les notes n' étaient que succession de sons. En ce sens, je pense qu'il ne s'agit pas de"solfier" mais de pouvoir ressentir physiquement les mouvements. Or, le seul moyen qu'on a de le faire nous même est la voix (je dis volontairement la voix, et non le chant).
Après, au niveau de l' enseignement, insister pour que l' élève chante alors que celui ci le vit comme un traumatisme, c'est que le professeur manque un peu d'humanité... Il faut prendre en considération l' élève, et ne pas "faire parce qu'il faut faire" ça ne sert à rien.
Avatar du membre
Okay
Messages : 5212
Enregistré le : mar. 13 juil., 2010 17:32

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Okay »

Mylène a écrit :Il y a peut être un peu de ça chez okay?
Ca me rappelle en effet quelques souvenirs, ou du moins un peu la manière dont j'aurais plus ou moins vécu les choses gamin, si je n'étais pas parvenu à esquiver le solfège/formation musicale du début à la fin de mon parcours. Sans quoi le dégoût aurait pu avoir raison de ma passion. Idem, il m'a fallu au moins une bonne année pour me délier un peu la langue durant mes cours ... de piano.

Néanmoins je me suis fait "rattraper" lorsque mon prof m'a envoyé au concours d'entrée du CNSM, qui compte une épreuve éliminatoire de solfège avant le premier tour de piano. Une simple formalité de rien du tout quand on a été formé dans le moule, mais pour moi une véritable épreuve du feu. Devant l'urgence, mon prof a recontacté une prof de solfège à la retraite, et j'ai pris des cours privés pendant 2-3 mois avec une très vieille dame très patiente et très pédagogue habitant à deux pas du conservatoire, qui m'a fait faire plein de dictées et chanter (deux grandes premières). Que ce fut laborieux, mais néanmoins indispensable car ça aurait été du suicide d'aller à l'épreuve de solfège sans cette préparation. Je me souviens de l'épreuve de chant comme si c'était hier, une mélodie de Beethoven en fa majeur, à chanter accompagné après une courte préparation en loge avec la partition (le couvercle du piano de la loge était verrouillé). Quel moment humiliant de solitude lorsqu'il a fallu tenter de "chanter" ça. Je me souviens avoir dit le nom de notes en rythme, et émis des "sons" qui laissaient la mélodie totalement méconnaissable (évidemment j'entendais très bien comment ça devait sonner). L'accompagnatrice m'avait fait recommencer 2-3 fois tellement c'était pathétique, elle était dépitée devant mes difficultés. J'ai fini par lui dire que ce n'était pas la peine d'insister, et que je rattraperai les points de cette épreuve avec ceux des épreuves écrites (ce que j'ai effectivement réussi avec une marge confortable).
Gracou
Messages : 2078
Enregistré le : mar. 19 juin, 2012 14:31

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Gracou »

Ce forum est décidément plein de surprises. A part ici, je n'avais jamais rencontré de pianiste ou de prof de piano hostile à l'idée même de faire des exercices, et voila que je découvre maintenant qu'il y a des musiciens convaincus que le chant ne sert à rien. :mrgreen:

Pour ce qui est de la formation musicale, le chant présente de multiples aspects qui le rendent incontournable, notamment de permettre au débutant de refaire "à l'identique" une phrase musicale, avec les bonnes notes, les nuances, le phrasé, etc, chose impossible à faire à l'instrument dès le début.

Mais c'est intéressant de croiser des gens passés complètement à côté de choses qui paraissent a priori indispensables. Dans un autre genre, j'avais déjà croisé quelqu'un qui de sa vie n'avait jamais lu une note de musique, pas même un accord chiffré et qui jouait du feu de dieu.
La différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou. Salvador Dali.
Avatar du membre
Okay
Messages : 5212
Enregistré le : mar. 13 juil., 2010 17:32

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Okay »

Gracou a écrit :Ce forum est décidément plein de surprises. A part ici, je n'avais jamais rencontré de pianiste ou de prof de piano hostile à l'idée même de faire des exercices, et voila que je découvre maintenant qu'il y a des musiciens convaincus que le chant ne sert à rien. :mrgreen:
Le pire, c'est que ces deux tares peuvent être cumulées chez la même personne :mrgreen:
Mathieu79
Messages : 1587
Enregistré le : jeu. 20 févr., 2014 22:36
Mon piano : SE122 Silent PE Yamaha
Localisation : Montauban (82) FR
Contact :

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par Mathieu79 »

Pourtant à vous lire , je me dis que si je continue à apprendre le piano s'en apprendre/éduquer la petite voie en moi , et à l’extérioriser correctement. Je n'arriverai pas à aller d'une note vers l'autre naturellement.
Ça restera purement mécanique ... Non ?

Penser la note , la chanter , la jouer C'est une étape bien difficile qui demande un travail supplémentaire qui est déjà très conséquent quand on apprend le piano.

Sortir une partition et la chanter dans sa tête aussi naturellement qu'une personne qui lie un livre.
ça doit être génial.

Je ne suis pas le plus alaise aussi pour chanter , alors je murmure ...

"L'homme qui murmurai à l'oreille du piano ..... C'est un peu moi en ce moment."

Math
sylvie piano
Messages : 1819
Enregistré le : dim. 25 mai, 2014 23:59
Mon piano : Schimmel K230
Localisation : Nantes [44000]
Contact :

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par sylvie piano »

Murmurer c'est très bien Mathieu. C'est même mieux, c'est juste la matérialisation de la voix intérieure. Une simple vérification. Trop de voix, c'est comme trop de son. C'est un autre travail.
Certes c'est un temps conséquent mais vous verrez qu'au final c'est un gain de temps tout aussi conséquent.
Et puis encore une fois c'est un passage de l'apprentissage. La voix et surtout l'oreille intérieure prend le relais tout naturellement !
pochette
Messages : 114
Enregistré le : mar. 28 juil., 2015 23:30

Re: Nous sommes les seuls à solfier ?

Message par pochette »

Sans avoir lue toute la discussion, je confirme que vous n'etes pas les seuls, nous aussi nous solfions en notre 1/6 de terre :) Des le meme debut a 6-7 ans vers conservatoires (chez nous a 17-19 ans) le solfege est obligatoire
Répondre