Bonjour Pianiste des Alpes,
Alors je dirais que c'est normal quand on prend une décision importante, de se poser des questions, surtout si on n'a pas l'habitude de se faire plaisir avec de petites (ou grandes) "folies". Il y a eu le coup de coeur, et tu dois seulement faire confiance à ton instinct qui t'a menée à ton Schimmel. Sans doute ta raison te triture-t-elle les méninges parce qu'au fond de toi il y a une sorte de combat entre la raison et le coeur, la prudence et le plaisir du coup de coeur, et ton éducation peut t'influencer, et la raison revenir à l'assaut pour te faire t'interroger sur ta décision, et le doute s'installer. D'où tes listes sur le bien fondé de ton choix, les atouts de ton futur piano, mais aussi les tout petits éléments source d'interrogation.
Nick a parlé avec sagesse et expérience, je ne dirais pas mieux. Parfois il faut s'en remettre totalement à notre instinct, et ton instinct de musicienne, ainsi que celui de ta fille, t'a confirmé ton choix.
Pour ma part, j'ai eu le coup de foudre total pour mon B, des modèles encore supérieurs (en terme de longueur de cordes, de catégorie concert par ex) ne m'ont pas autant attirée que lui, de ce fait, et bien qu'en ce moment il chante comme une splendide casserole de cathédrale (je compte les 9 jours avant l'accord), je n'ai eu aucun doute après la commande rapidement passée.
Avant de me mettre en quête de ce piano, quelques jours avant de monter sur Dijon, je n'avais pas de budget fixé au départ dans le sens où je pensais que l'achat d'un tel piano se produirait dans 10 ans peut-être... Après avoir fait mis en balance rêve de confort et rêve de musique, j'ai carrément décidé de ne pas faire les travaux que j'attends de faire depuis 20 ans chez moi pour profiter de la moitié de ma maison, et passer plutôt les années à venir face à un instrument de rêve. Je n'ai pas eu à faire de choix entre les études de ma fille et ce piano (évidemment le piano aurait attendu !) et grâce à un prêt sur 10 ans qui ne m'impactera pas mois après mois, j'ai réalisé mon rêve.
Et je n'ai aucun doute sur ce choix, le choix du coeur, des rêves... Je dirais que l'attente de l'accordeur est une étape de plus, tout comme l'étape durant laquelle j'ai attendu mon piano (avec péripéties liées à la météo, à mon absence lors de la livraison : savoir faire confiance... et essayer de ne pas trop se poser 1000 questions... ce qui est ma nature aussi!).
Pour le moment le piano est sublime, le toucher délectable, la profondeur des basses, le cristal des aigus merveilleux, mais c'est une horreur tant il est désaccordé. Surtout quand je pose deux mi ensemble, on dirait la sonnerie du métro

Je me dis que l'accord va me le révéler, ce sera l'étape ultime, l'extase...
Focalise-toi désormais uniquement sur ton Schimmel dont tout le monde ici (dont des spécialistes) t'a vanté le bon choix, prends le temps de l'attendre avec enthousiasme en étant sûre que tu n'as fait aucun mauvais choix (Schimmel est une super référence).
Quand tu le recevras, apprécie sa beauté, apprivoise-le, prends le temps de l'adopter et qu'il t'adopte. C'est comme l'être aimé, on l'aime et on aime ses petits "défauts".
Quant à l'ivoire...euh...c'est fini de nos jours je pense... j'espère...
Moi aussi j'adore le bois, mais avec mon piano laqué comme un miroir, le "meuble" reflète les éléments de ma pièce, dont les poutres en bois de Douglass qu'on a rabotées nous-mêmes (quel beau bois, ce résineux aux veines sinueuses, d'abord rosé puis qui devient blond avec le temps)... Et tu sais quoi, au départ je me serais plutôt dirigée vers des modèles au design classique avec belle console (les 2 "pattes" avant) et surtout le bord arrondi. Et bien, en testant les pianos, j'ai suivi le critère du son et du toucher, de la mécanique... J'ai bien fait, car si j'étais restée campée sur mes critères esthétiques, je n'aurais pas su voir mon modèle Millenium qui, lui, est moderne : les bords sont droits, pas de console. Par contre il a un look unique en son genre que j'adore et dont je ne pourrais désormais plus me passer...
Ce fil me plaît car il fait écho à ce que l'on ressent quand on est passionné de piano, de l'instrument lui-même... On ne peut pas parler de toutes cs émotions à quelqu'un pour qui est un piano est juste "beau", digne de servir de support à un pot de fleurs

(ce qu'il ne faut surtout jamais faire ! C'est même marqué sur la garantie : ne pas poser de plante ou tout contenant rempli de liquide...

)
Hâte de voir et d'entendre ton Schimmel !
PS : tu verras, quand tu l'auras chez toi, tu te découvriras un certain plaisir à passer un coup de chiffon doux (tb les réf. de Nick) sur ton piano. Cela me rappelle le même petit cérémonial qui se pratique à l'aïkido ou au iaïdo, quand l'on revêt le hakama (cette sorte de grande jupe culotte noire des samouraïs) et que, par le laçage et l'enchevêtrement codifié des immenses lanières, l'on se prépare à entrer dans un autre monde, hors du monde du "dehors". Idem lors du pliage de celui-ci (très codifié là encore !), je n'y avais pas songé mais au fond de moi, quand je passe un petit coup sur une trace de doigt, c'est cette sensation que je retrouve alors qu'hélas je ne pratique plus d'arts martiaux depuis des années... Je dirais qu'il y a autant de plaisir à le garder lustré comme un miroir que de caresser un chat au poil lisse. Même quand le chat s'installe sur le piano
